
& les autres fols font peu favorables au froment,
& encore moins à l’o rge, & furtout à celui de
mars. Cesefpèces réuffîffent parfaitement dans les
plaines des premier, deuxième & quatrième ar-
rondiffemens, dont la nature, généralement calcaire
, e f t , e n plufieurs,points, mélangée d’argile
& de gravier quartzeux. La pomme de terre donne
des récoltes, & réuffit furtout dans la gatinè. Dans
les marais de la Sèvre nionaiféon a fait , dans ces
derniers tems , des plantations très-confidérables
d’ofier. Les charrues font traînées par des boeufs
ou des chevaux. Les grains les plus cultivés font
le froment & le feigle , qui occupent chacun une
portion égale de terrain. L’orge vient enfuite, &
l’avoine ne remplit guère que la moitié de Tefpace.
Le relie du terrain eft employé en grains de diverfes
natures. Les meilleures terres de ce département
font cultivées deux années fur trois ; en forte
qu’ un tiers relie continuellement en jachère. Le
furplus des terres n’eft cultivé que fur deux ou trois
années, fur neuf ou dix. Le terme moyen eft trois
années de culture fur douze : il en relie annuellement
les trois quarts en repos, & pendant cet
intervalle elles ne fervent qu’au pacage. Les baux
font à. de courtes échéances, & jamais ils n’excèdent
neuf années.
En nous dirigeant de ce côté , à l ’e l l , vers
les départemens du centre, nous trouverons des
contrées peu fertiles Sc encore plus mal cultivées:
Les départemens de l’Ailier, de la Lozère , de la
C r e u z e , de la Loire , de l’A ve yron, de la Corrèze
& de la Haute-Vienne lont les pays les plus
pauvres de la France, après la Champagne pouil-
leufe , les lande« de Bordeaux & de Bretagne.
Cependant on doit conlîdérer que ces contrées
reçoivent de grands dédommagemens par leurs
différentes limites, qui font riches. De même, à
l’exception du vallon de la Loire à Roanne , & de
l ’efpaee compris entre Clermont & Thiers, qui
forme ce beau vallon de l’Auvergne qu’on nomme
la Limagne, de Clermont à Lyon tout eft ftérilité,
& fur trente lieues de pays ii y en a vingt-quatre
de ftériles. En général l'agriculture eft languiffante
dans le midi de la France, & un auteur habile
obferve que fur cent huit départemens que la
France renferme, quarante font très en retard fous
ce rapport, & que ce font précifément ceux qui
en occupent le centre, & font fitués dans la zone
la plus heureufe & le climat le plus tempéré. On
attribue ce défaut de culture à cinq eaufes principales
: à Tufage de l’ araire ou petite charrue
généralement employée dans les pays au midi de
la Lo ire, aux jachères abfolues, à l’enfemencë-
ment biennal de près de la moitié du fol en feigle ou
en grains encore inférieurs, à l’entretièn de la plus
petite quantité d’animaux poffible, à l’économie
domeftique des payfans, qui eft plutôt négative
que pofitive. Ces défauts de là culture , fuivant
nous, font furtout très-frappans dans la contrée
fituée entre la Loire , la Dordogne, le Rhône &
1* Océan, qui renferment les anciennes provinces
de Sologne , Berry, Nivernois, Poitou , Bourbon-
nois, F o r e z , Velay , Vivarais , Limoufin , la
Marche, l’ Auvergne, leGévaudan, les Cévennes,
le Rouet gue, & partie du Quercy , efpace im-
menfe compofant vingt départemens , qui eft le
fiége de l’ignorance, le triomphe de la routine
en fait de culture.
Si l’on jette un coup-d’oeil général fur le département
du Cher on trouve , au levant, particuliérement
fur les bords de la Loire , & au fud-eft*
fur ceux de l’Arnon, un terrain fertile ; au fud &
au fud-fud-eft, un fol médiocre ; au nord, une
longue fuite de bruyères & de fables connus fous
le nom de Sologne ; au centre, un mélange de bonnes
terres & une grande quantité de mauvaifes. 11
fe fait, dans l’arrondiffement de Saint-Amant, département
du C h e r , furtout du côté de Château-
Meillant, une récolte confidérable de châtaignes.
Les vins du Sancerre font affez eftimés. On cul-
j tive aufli des chanvres. •
Dans le département de l’Indre il faut, ainfi que
nous l’avons d it, diftinguer le bois-chand, qui
eft là partie entrecoupée par des haies vives ou «
mortes, par des foffes, par des bois, des étangs ,
d’avec la Champagne, qui eft la partie du pays plat,
fans haies, fans foliés & fans bois. La rotation des
récoltes, la plus générale dans le bois-chaud, eft une
année en froment,, méteil ou feigle , une année;
en o rg e , avoine ou farralïn , une année en jachère,
& la quatrième en guérets. On enfemence
dans le bois-chaud plus de feigle que de froment,
& plus d’avoine que d’o rg e , & l’on laboure plus
généralement avec des boeufs. La Champagne eft-
un pays de grande culture. On laboure la terre
à la grande charrue, & prefque généralement avec
des chevaux. Les terres labourables ont trois fols
ou réâgés, i° . le froment ou le feigle ; 2° .l’ orge ;
3°. l’ avoine. Ces fols relient deux ans en jachère,
& font mis, la fixième année, en guérets. La
charrue & l’arau font également en ufage dans ce
département. L’arau eft tout en bois, & il n’y entre
aucun ferrement. La culture de la vigne eft répandue
dans tous les arrondiffemens, mais en général
on y donne peu de foin. Le farclage n’eft ufité
prefque nulle part : on moiflbnnedes blés partout
à la faucille, & dans plufieurs endroits.on Les.
coupe affez haut au delTus du fol.
La culture du fo l, dans le département de l’Ailier
, varie pour le moins autant que celle du climat.
La partie baffe, où coulent les grandes ri-:
vières, eft en terre argfleufe, la plus fertile du
pays. Une autre partie, fur la Rouble, la Sioüle ,•
laB èb re,e ft en terre forte. Sur les hauteurs font
de vaftes étendues d’argile plus ou moins décom--
pofée à la furface, Ces trois fortes de terres fo r - .
ment à peu près la moitié de ce département. Leurs
principales productions font le froment, l’ avoine,
l’orge , le foin, les légumes, de bons pâturages,
• des vins rouges , propres au tranfport > des grains
de toute efpèce, quelques feigles médiocres; &
dans les parties argileufes, des avoines, des feigles
de bonne qualité, des foinsI des vins blancs,
& principalement une grande quantité de bois
maintenant détruits en partie. L ’autre moitié des
'terres eft un terrain fablonneux ou mêlé d un gravier
d’une couche mince , fur un fond graniteux.
Ses principales productions font de beaux feigles,
des vins blancs, des fruits, des pommes de terre ,
des graines à huile. C ’eft aufli dans cette portion
que fe trouve la plus grande partie des veines métalliques
connues dans ce département.
Le fol du département de la Charente eft généralement
calcaire, fec & brûlant : les collines s’y
élèvent toutes à la même hauteur ; elles font com-
pofées de couches horizontales, dans lefquelles fe
trouve une immenfe quantité de coquillages & de
débris de corps marins. On remarque une différence
toüt-à-fait étonna te entre le territoire de la Charente
& celui des départemens environnans. A
mefure qu’on s’éloigne, on apperçoitquela pierre
calcaire fe change en filex, & enfuite, au-delà de
la Haute-Vienne, on ne rencontre plus quelle granit
en maffe ou décompofé, mélangé avec l’argile
îjui forme à peu près la terre végétale du ci-devant
Limoufîn , avec les débris de granit. C ’eft là
où l’air eft plus froid que fur les bords de la Charente
, le caraétère des habitans moins gai, & où
les moeurs, les habitudes, les productions, l’ i-
diôme, font différens. On cultive à peu près le
tiers du département de la Charente en grains de
toute efpèce, tels que b lé , feigle, o rge, maïs ou
blé d’Efpagne, farralïn ou blé noir. Un fécond
tiers eft employé à la culture de la vigne, dont le
produit eft converti en eau-de-vie juftement célèbre,
fous le nom d‘eau-de-vie de Cognac. Il s’en ex-
portoit jufqu’à la concurrence de quinze mille
pièces de vingt-fept veltes ( environ deux hectolitres).
On allure que le produit eft diminué d’un
lîxième. Le troilïème tiers confifte en prairies, bois,
terres incultes, landes & rochers. On cultive auflï
un peu de fafran, du lin, du chanvre & des pommes
de terre.
Dans le département de la Corrèze, le fol eft en
générai rocailleux, & la couche de terre végétale,
lorfqu’il en exifte une, eft très-mince. Dans les landes,
appelées de Dras3e lie eft à peu près nulle, & le
tu f eft a découvert. La partie feptentrionale, couverte
de montagnes, eft peu fertile, & ne produit
qu’un peu de feigle , d’avoine & d’orge. La partie
méridionale, plus fertile, produit du b lé , du maïs,
des pommes de terre, des vignes & un grand nombre
de châtaigniers, qui chauffent & nourriffentle
pauvre. Lès environs de Tulle produifent beaucoup
de noyers, donc on fait une grande quantité
d’huile.
Le département de la Dordogne eft un pays très-
montueux :fes vallons font généralement étroits &
peu fertiles. Si l’on excepte ceux de la Dordogne
& des principales rivières <^ui l’ arrofeut, les autrès
ne font que des gorges extrêmement reffer-
rées, ravagées la plupart par des ravines & des
torrens que produifent les orages fi héquens dans
cette contrée. Les différentes chaînes de monticules
qui coupent ce département dans tous les
fens, font affez fouvem couvertes de vignes ou de
bois ; mais plufieurs auffï font abfolument nues, &
ne pré Ten tent que des rocs & des couches.de pierres
arides. Sur toutes ces hauteurs on trouve d'im-
menfes étendues de bruyères, de genêts & de bois
de châtaigniers, où l’onn’apperçoit, pour toute
culture, que quelques feigles épars. Cependant les
cantons qui fe prêtent à la cultute , font affez
abondans & furtout très-variés. On voit quelquefois
fous un même point de vue des champs agréablement
entre-mêlés de blé, de maïs, de légumes,
& des coteaux couverts dé bois & de riches vignobles
; mais ces tableaux intéreffans ne fe montrent
qu’en peu d’ èndroits, & le département n’eft
véritablement fertile que dans une très-petite portion
de fon étendue. Le fol eft généralement pierreux,
fec & aride. Le rocher calcaire qui formé
communément la bafe des terres fe couvre alternativement
de fab le , d’argile graveleufe , de
pierres à fufil. Quelquefois un même afpeét offre
toutes ces variétés, & aucun intervalle ne marque
le paffage d’une fertilité moyenne au dernier degré
de ftérilité. On trouve un champ fécond à côté
du fol le plus ingrat, des marécages tout près
d’une terré aride , & des prairies qu’une fourcé
hèureufe fertiîife au milieu des landes & des
rochers. Indépendamment du maïs & du froment,
le département de la Dordogne récolte du feigle ,
du farrafin , du baillarge & des légumes.
La nature du fol du département de Lot & Garonne
ne doit pas être jugée d’après les larges &
fertiles vallées que préfentent la Garonne & le
Lot. Çes plaines, qui s’offrent feules aux regards
des voyageurs, les ont trompés fur la jufte appréciation
du territoire de ce département. S’il eft fitué
fous le plus beau ciel de France, fi fa furface eft
variée par des coteaux rians & productifs, il en eft
dans fon enceinte beaucoup d’autres dont le Commet
n’a que des terres médiocres & quelquefois
totalement ftériles & fouvenc incultes. Vers U
partie orientale, à peu de diftance de la Garonne ,
& fur les bords du L o t , fes coteaux deviennent
hideux‘& repouffent tous les travaux de l’agriculture.
Dans toute la partie du haut A g én o is ,le
pays change tout à coup d’ afpeCt & de nature, &
la terre n’offre plus , dans ces cantons, qu’une
argile ingrate, fortement colorée par le fer. Dans
les landes enfin, contrée glacée en hiver, & brûlante
en é té , l’air eft corrompu pendant neuf mois
par les exbalaifons des eaux ftagnantes : la confti-
tution des animaux & des hommes en eft>altérée ;
ils y font petits & maigres. Les terres fe fèment
en général de deux années l’ une. Outre le froment,
leurs produits fonE en maïs réfervés pour
les bonnes terres, & en feigle pour les fonds lé -