
dépôts ^ & pouffé fonapprofondiffement au-delà,
la mer s'eft élevée de nouveau dans cette vallée,
& a conftitué un golfe où des dépôts d'une
autre nature fe font formés , & même à une hauteur
très - conlidérable. Ces dépôts fécon d ai res
'-notant paru appartenir à la nouvelle terre depuis
qu ils ont été mis à découvert par la fécondé retraite
de la mer, laquelle a rétabli entièrement le
dernier état des vallées actuelles.
Je dois obferver que les eaux courantes, après la
fécondé invafîon de la mer & pendant la durée de
fon féjour, ont interrompu le travail d'excavation
des premiers depots > &q u'en fuite , après fa retraite,
elles l'ont repris, & o n t agi contre les deux
fortes de dépôts dont l’ancienne vallée avoit été
comblée. On v o it , par ces détails, que les eaux
courantes font rentrées dans la vallée, & qu'elle
a ceffé auffitôt d'être un golfe ; & comme les
derniers dépôts étoient peu folides, ils ont été les
premiers entamés, & actuellement même ils com
tinuent de l’être avec les premiers dépôts ; ce qui
a mis à découvert l'ancien fond de la première
vallée. Ainfi les eaux ont agi contre les granits
dès que les dépôts leur ont manqué ; & au moyen
de toute cette fuite de deftruftions on voit les
différens fonds, puis les dépôts de cailloux roulés,
fans aucune régularité de lits & de couches 5 en-
fuite les relies des dépôts foumarins qui relient
diftribués fur les bords des différentes vallées,
foit principales, foie latérales. Tous ces détails pré-
fentent à un naturaiifte des fuites de matériaux
fort infini Clives , à l’aide defquelles il peut remonter
jufqu'aux événemens qui fe font fuccédés
depuis la première excavation des vallées jufqu’à
la .fécondé & dernière retraite de la mer, ,qui a
conftitué l’ état aCluel de ces vallées, mis à découvert
les dépôts de la mer, & mis en adivité les
eaux courantes dans les parties inférieures des
vallées occupées par l'Océan.
GOLFOLINE , montagnes de Tofcane. La
grande reffemblance que ces montagnes ont entre
elles nous engage à en parler enlemble. En outre,
la plus grande partie des montagnes qui forment
la Tofcane font de la même nature que les deux
que nous allons faire connoître.
La montagne de la Golfàline & le mont Ceceri
font compofés de filons parallèles, pofés les uns
fur les autres, non dans une lïruation horizontale,
mais inclinés. Dans la montagne delà Golfoline^les
filons vont du nord-eft au fud-eft. La partie la
plus élevee du filon eft au nord-eft : la plus profonde
eft au fud-eft. Dans le mont Ceceri la partie
élevée eft au midi, la plus baffe au nord. Ces
filons ne forment pas une maflè continue de.
pierre, mais ils font compofés de différentes
maffes dont la longueur & la largeur varient, cependant
prefque de la même hauteur; de forte que
ces maffes approchent du parallélépipède, dont
les arêtes font vives. Ces maffes font fi près les
unes des autres par leurs faces latérales, qu’elles
paroiffent tenir enfemble : c'eft pourquoi on peut
y faire de profondes excavations, & faire fervir
de voûte l'un de ces filons. Ces filons varient con-
fidérablement dans leur hauteur : les plus hauts
vont jufqu’à quinze braffes , & les plus petits ont
à peine un doigt de hauteur. Entre ces deux extrêmes
, il y en a une infinité de grandeurs intermédiaires.
Ils varient encore beaucoup par la nature des
pierres qui les compofent : il y a peu de filons qui
foient totalement lemblables entr'eux.
Les noms que les architectes donnent communément
aux différentes pierres de la Golfoline &
de Fiefole, deux noms, celui de pierre ferène &
celui de pierre bigia > & ces deux efpèces de
pierres fonr groflîères ou fines , dures ou tendres.
Les caractères diftinCtifs de ces pierres font que la
ferène eft de couleur d'un bleu-clair : la pierre
bigia eft de couleur de terre ou fauve-fale. Généralement
cette dernière eft plus d ure , & réfifte
mieux aux injures de l'air jque la pierre ferène ,
quoiqu’il y en ait de celle-ci qui dure long-teros à
découvert.
| Daas les carrières de Fiefole on obferve que ces
maffes parallélépipèdes, retirées tout-à-fait du filon
& caffees avec des coins, paroiffent vers le centre
d ’une couleur de bleu-célefte la v é , & qu'elles y
font moins dures. Vers la circonférence elles font
de couleur de tufo ou de tabac de différentes
nuances, mais toutes plus foncées vers la fuper-
ficie externe., & plus claires vers le centre , juf-
qu'à la couleur bleuâtre ou plombée. Cette croûte
des maflifs de couleur fauve,s’appelle pierre bigia,-
& la partie moins dure, de couleur bleuâtre, qui
eft la partie intérieure de ces maflifs, eft la pierre
ferène. On obferve en 'outre que ces maffes, le
plus ordinairement parallélépipèdes quand elles font
dans leurs filons, ne s'adaptent pas parfaitement
les unes aux autres , excepté quelques-unes, mais
qu'elles font réparées plus ou moins , depuis l'é-'
paiffeur d’une feuille de parchemin, jufqu'à celle
de quatre ou cinq doigts. Ces interfiiees font remplis
d'un petit filon de bol ou terre tenace qui
happe à la langue, & fe liquéfie dans la bouche
comme du beurre , & qui ne diffère du bol d’Arménie
que par la couleur. Celui de la Golfoline &
de Fiefole n'eft pas d’un fi beau rouge , mais plus
pâle, & tirant fur la' couleur de chair. Il y en a
aulïi de couleur fauve.
Les maflifs de pierre de la Galfoline & de Fie-
io le ne font pas compofés d'une feule & même
matière fimilaire, mais ils renferment des corps
hétérogènes ; c e qu'avo't déjà obfervé Cefaîpitv
On voit dans la pierre ferène de petites lames de
taie argentin, des fragmens de pierre d’une autre
nature, parmi lefquels on remarque la pierre fuo-
caia , femblable à la pierre nojre d'Angleterre >
des lames d'une efpèce de pierre femblable à la
layagna, & beaucoup de charbon foflile. Ce charbon
exhale une odeur fétide quand on le brûle ,
& laiffe une cendre jaunâtre comme le charbon de
terre.
Quelques-unes de ces maffes de pierre ferène,
celles furtout entre lefquelles on ne trouve point
de bol, font couvertes, à l'extérieur, d’une matière
blanche, vulgairement appelée tarfa, delà
«nature du gypfe ou de la félénite > elle fe fend en
lamés, & eft compofée de criftaux prefque cubiques.
Quelques-unes de ces maffes ne font pas
feulement recouvertes de cette fubftance, mais
elles en contiennent, dans leur intérieur, qui eft
difpofée le plus fouvent en lignes droites, qu'on
diftingue très-bien quand ces pierres font fciées.
On apperçoit alors des lignes blanches marbrées.
Les ouvriers appellent ces lignes religatures; mais
on les trouve plus rarement dans la pierre ferène
de Fiefole, que dans celle de la Golf oline.On trouve
parmi les fiions de pierre ferène de ces montagnes,
des filons d’autres pierres. 11 y en a d'une efpèce
de pierre de couleur plombée, mais d'un grain
très-fin, qui contient beaucoup de lames de talc :
;0n i’euiployoit autrefois pour les manteaux de
cheminées, où elle faifoit un bel effet.
Il y a encore une autre forte de pierre dans ces
montagnes, mais moins dure que les précédentes,
cpii fe divife en tables minces à.peu près comme
1 ardoife > mais elle eft fèche, & ne réfifte pas
comme celle de Gênes. On la nomme trame[~
^uolo.
On y trouve aufli quelques filons de pierre de
çôrne ( faffocorrto ) oc de mortaione, forte de
pierre d'un grain plus fin que la pierre ferène,
mais peu dure, & qui fe détruit lorfqu'elle eft
expofée à l’air. On tire aufli à Fiefole la pierre
morte ou pierre de fable ; elle eft d'un grain plus
gros que la pierre ferène . commune, un peu plus
poreufe & moins dure j elle eft de la couleur du
tufo.
A Fiefole, vers la partie du nord, fous la tour
h Scojji & à Montent agherini 3 il y a des filons d’ une
efpèce de brèche, compofée de pierres roulées
écornées, femblables au gravier des fleuves ; elles
font de différentes- couleurs , mais tirant toutes
fur le vert-foncé, & réunies par une pâte pier-
reufe, de couleur noire ou vert-foncé, qui fur-
paffe la pierre forte en dureté ; elle a quelques
Veines de fpath blanc.,
■ Enfin on trouve mêlés avec la pierre ferène
divers filons de pierre compofée de grains de
fable groflier & d'un gravier fouvent très-dur,
qui reffemble à des morceaux de jafpe de différentes
couleurs , qu’on a nommé cicerckina à
caufe de fa reffemblance avec des pois. Cette
pierre varie beaucoup par la différence de grof-
feur & par la combinaifon des grains dont elle eft
compofée : on ne l’emploie point dans les orne-
■ mens des édifices, parce que la dureté de fon grain
11e fouffre pas le p oli, & qu'elle devient poreule-j
mais elle eft fort bonne pour les murailles, parce
qu'elle prend’bien la chaux.
La pierre ferène, étant brûlée, devient rouffe,
& perd beaucoup de fa dureté. Au feu du four à
chaux elle ne fe calcine ni ne fe vitrifie, mais elle
fe réduit en farine, & devient rouge comme de
la brique. Les faces des maflifs de cette pierre ,
qui ont été expofées pendant quelque tems à
l’air, foit dans la carrière ou dans les édifices, fe
Couvrent de pouflière, & fe réduifent en petites
écailles , félon la variété du grain qui les compofe.
Les eaux pluviales qui s'infinuent par les interf-
tices des filons & des maffes, & qui dégouttent
des fentes de la voûte des cavités, font très-limpides
, fort bonnes à boire, & ne contiennent
point de tartaro, fans doute parce qu’elles n'enlèvent
rien à cette forte de pierre, comme elles
font dans la pierre calcaire & dans le travertin.
Les montagnes de Fiefole & de la Golfoline ne
font pas les feules de la Tofcane, qui foient com-
pofées de pierre ferène (pierre de fable) , mais
encore les montagnes de Malmantile, celles d'Ar1-
timinio vis-à-vis de la Golfoline , celle de Laftra
vis-à-vis Fiefole, la chaîne des monts Scalari, &
une grande partie de celle di Prato-Magno ; le
mont de Monfoglio , une grande partie de la
montagne de Piftoia, de Lucques & de la Garfa-
gnana. Enfin il faut remarquer que les montagnes
de pierre ferène confinent prefque toujours à celles
qui font compofées d'alberèfe ou pieire calcaire*
& de galeftio.
GÔLO (Département d u ) , l’ un des départe-
mens dont eft compofeel’îiede Corfe. Une chaîne
de montagnes occupe le milieu de cette î le , &
s’étend en général du nord au fud. La partie la
plus haute de ces montagnes eft appelée Monte-
Rotondo ; elle eft fous le fixième degré trois minutes
à l’ eft du méridien de Paris, & fous le quarante
deuxième degré douze minutes de latitude.
On donne à fon fommet treize cent foixante-onze
toifes , & au Monte-d'Oro treize cent foixànte»
une toifes au deffus du niveau de la mer. C'eft
dans cette partie que font les deux plus grandes
rivières de l’île.
Le Golo 3 qui arrofe de l’oueft au nord-eft le
diftriét de la Porta, & le jette dans une lagune où,
refferré entre l'de & un banc de fable, il a le
nom de canal de Golo.
Le Tavignano commence de l’ autre côté des
montagnes, un peu au fud du Golo du nord-oueft
fud-eft, paffe tout près au nord & à 1’ ft de
C o r té , & fe rend dans la.mer après avoir arrofé le
diftriCt de Corté.
On peut encore regarder comme des rivières
confidévables le Tiravo & le T wart.1, qui fe rendent
à l'oueft dans le golfe de Valince.
En général , 1a côte occidentale n'eft pas à beaucoup
près aufli bien arrofée ni aufli laine que la
côte orientale.
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