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moins que l’eau 5 elle fe taille facilement. Il y en
a de deux fortes, l'une d’un gris-cendré-clair,
I autre d’un jaune-orangé, 8c la première a plus de
coI-^ance que la fécondé, & fetire différente. d’une carrière
La faveur de l’eau pétrifiante eft très-mauvaife,
auffi feroit-elie malfaifante fi on en faifoit ufage.
Les animaux ne veulent pas en boire, quelqu’alté-
rés qu’ils foient. Elle n’a pas cependant a odeur
défagréable comme les eaux des bullicames d’Italie,
qui répandent au loin une odeur de foie dé
foutre : on s’en fert pour les bains, 8c l’on n’a pas
remarqué qu’elle ait jamais produit de mauvais effets
aux perfonnes qui s’en fervent pour cet ufage.
Ce qu’il y a de fingulier, c’eft que cette eau
qui pétiifie ainfi tft fi claire 8c fi limpide, qu’elle ne
paroît aucunement contenir de corps étrangers. En
cela elle diffère auffi des bullicames que je viens
de citer, 8c dont les eaux font louches 8c paroiffent
chargées de matières d’un blanc-terne.
Près de Guancavelica fe préfente une montagne
de hauteur ordinaire, que l’on appelle Potocohe. II fort du pied de cette maffe des fources , dont les
unes font très falubres & d’une faveur agréable,
& lès.autres extrêmement nuifibles, auoiqu’à peu
de diftance des premières : les unes fortent avec le
degré de température du climat ; les autres font
chaudes, & répandent une fumée qui, dans les tems
froids, y forme comme un nuage, tant elle eft
épaiffe. il n’y a cependant qu’une diftance d’un
dëmi-quart de lieue des unes aux autres. On voit
donc par-là que ces eaux n’ont aucune communication
dans les entrailles de la Terre, quoiqu’elles
fortent de la même montagne, 8c qu’on en voie
halotresr.nativement de chaudes 8c de froides au deLes
eaux chaudes font fort ordinaires dans la
partie haute du Pérou 5 elles fe rencontrent dans
plufieurs contrées, mais elles font plus abondantes
aux environs de Guancavelica. Il paroît que
ces eaux, chaudes à un certain point comme elles
le fonc dans leurs premiers baffins, ne forment pas
de dépôts, & que les incruftations n’ont lieu que
Jorfque l’eau a éprouvé un certain refroidiffement
& unè évaporation, comme quand elle s’échappe
des réfervoirs qü’on lui a pratiqués au pied de la
montagne d’où elle fort. C’eft par cette raifon
que les canaux fouterrains qui fervent à la circulation
intérieure de ces eaux ne s’obftruent jamais.
( ^°yei B u l l i c a m e s . ) { Frezier nous apprend que l’eau de Guancavelica eft blanche, tirant même fur le jaune; ce qui la
rapproche des eaux d’Italie : il ajoute même qu’il
fuffit de remplir de cette eau un vaifîeau de la
forme dont on veut avoir une.pierre, 8c quelques
jours après on obtient une pierre ainfi qu’on le
defire.
Les ftatuaires n’ont pas non plus befoin d’un
grand travail pour faire les draperies 8c les traits
de leurs Itatues dès que les moules font bien
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finis 8c bien réparés j ils n’ont befoin que de les
remplir d’eau à la fource , 8c peu après ils en obtiennent
des ftatûes auxquelles ils n’ont plus qu’à
donner le poli pour les rendre tranfparentes. De
ces faits on peut conclure que cette eau doit contenir
une prodigieufe quantité de matière hétérogène
, ce à quoi contribue fans doute en partie le
mouvement 8c en partie la chaleur que l’eau contracte
dans les entrailles de la Terre. Plus l’eau eft
chaude, plus elle doit en tenir en diffolution.
Or, la chaleur peut être portée à un degré étonnant
dans un lieu convenablement fermé, quoi-
qu’à l’air libre elle ne refte pas chaude à plus de
cent degrés. L’éloignement où la formation du fé-
diment ou dépôt pierreux s’opère , répond certainement
nu degré de chaleur avec lequel l’eau
peut en faire le tranfport jufqu’à cet endroit.
GUBERLINSK en Sibérie. Les monts Guber-
linsk font compofés généralement d’une roche
cornée, groflière , tirant fur le brun-noirâtre 8c verdâtre, ou un fehifte qui devient bientôt plus
argileux ou talqueux , & fe change incontinent
après en fehifte calcaire, dont les couches fuivent
la même direction que celles du cos ou queux, qui
les précèdent. On trouve, dans quelques endroits
de ces couches, du vrai talc vert 8c de la ferpem
tine. Toutes ces montagnes, ainfi que celles qui
s’étendent en remontant le long de la Samara, qui
font de la même nature , paroiffent très-propres à
la production des métaux, & contenir furtout une
grande quantité de cuivre , &c. Guberlinsk, qui eft
féparé par une des plus hautes de ces montagnes,
cefet dcioftmriCpto.fée de ce même fehifte corné , affeCté à
On trouve le long des bords du Jaïk, outre
quantité de cailloux de jafpe, de gros morceaux
de feldfpath parfemés de petits grains de fchotl
noir, 8c qui paroiffent avoir été amenés d’affez
loin par le Jaik. Plus loin la chaîne s’élève encore
davantage, & deux hautes montagnes de roches
font revoir encore, fouvent à l’extérieur de leurs
flancs, un fehifte corné, uni & talqueux, dans
lequel on trouve quantité de morceaux dont la
fuperficie paroît filandreufe comme l’asbefte. Cette
pierre contient effectivement par-ci par-là quelque
peu d’amiante, mais on ne fauroit en détacher
qu’une petite quantité de filets, qui d’ailleurs
font.très-caffans. On trouve de ces pierres fibreu-
fes, 8c même en affez grande quantité, qui paroiffent
avoir éprouvé une forte de calcination
par l’aCtion du foleil 8c du grand air; elles en fonc
devenues toutes blanches 8c plus tendres, & leurs
fibres fe détachent facilement à leur fuperficie 5
cependant eftes réfiftentau feu, & ne font point
artaquées par les acides. On n’obferve cette efflo-
refeence ou maturité imparfaite que dans les
morceaux expofés à l’air & couverts de moufle;
mais, elle s’y manifefte dans tous les différens degrés.
On rencontre toujours de ces pierres tai-
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queufes, 8c affez fouvent des indires très-diftinCIs.
de mines de cuivre loçfque l’on va en montant
vers la redoute Rasboinoi, fur* ces fommités de
roches arides, où l’on rencontre, dans quelques
endroits, une roche parfemée de quartz blanc,
qui eft une forte de granit. Aux environs de la re-,
doute, il y a quelques montagnes d’une pierre
argileufe rouge, recouverte d’une terre graffe ar-
gileufe, rougeâtre. Il y a du côté d’Orskaja des
collines à pente douce : la pierre dont elles font
compofées préfente déjà un jafpe d’un vert pâle
ou ftrié de rouge, & ce genre de roche fe manifefte
de toutes parts aux environs d'Orsk, 8c dans
les collines qui s’étendent vers le nord , le long
du Jaïk. En remontant on en trouve des frag-
mens dans tous les ravins 8c dans tous les lits de
torrens fie de ruiffeaux. f
GUCHAN, village du département des Hautes*
Pyrénées , canton de Vielle, près de la Nefte. Sur
la montagne de Guchan il y a une mine de plomb
& argent, qui a été exploitée. Les travaux, défi-
gnés par numéros, occupent un petit efpace. v
GUCHEN, village du département des Hautes-
Pyrénées, canton d’Arreau,. fur la Nefte. Il y a du
marbre gris & des bancs de. fehifte dans le territoire
de ce village.
GUDANNES, village du département de l’Arrière,
canton de Foix , 8c à une lieue 8c demie de
Tarafcon. Il y a une mine de fer , qui paroît enduite
de l’émail le plus noir, 8c qui donne de très-
bdoe nc efetrte : mil iyn ea; paruëfclïi euunfee .forge pour l’exploitation
GUDINGEN, village du département de la
Sarre, canton d’Arneval, près delà Sarre, 8c à
deux lieues 8c demie fud-eft d’Arneval, Il y a une
miné de plomb.
GUÉMENE , ville du département ou arron-
diffement de Pontivy, 8c à quatre lieues oueft de
cette ville. On trouve aux environs des criftaux de
roche non exploités.
GUÉPIE ( la ), village du département de l’Aveyron
, arrondiffement de Villefranche, à cinq
lieues de cette ville. Le gouvernement a fait ouvrir
en 1671 une mine de cuivre rouge qu’on n’exploite
plus aujourd'hui.
GLiÉRANDE, ville du département de la
Loire-In fér ieure. On trouve-dans fon territoire des
marais falans. Le fel qu’on en tire, eft le plus,
eftimë de France. Il s’y fait un grand commerce de
beftiaux, de chevaux, de fel blanc 8c de foude.
GUEUGNON, bourg du département de Saône
8c Loire, à trois lieues nord de Digouin. Il y a deux
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forges, deux fourneaux 8c un martinet dans'cette
commune, fituée fur l’Arroux. Au nord & près de
Gueugnon on trouve des couches de deux ou trois
pouces d’épaiffeur, qui traverfent l’Arroux. Ces
lits font compofés de gravier quartzeux, uni par un
gluten fous la forge de Gueugnon. On trouve dans
lé lit de l’Arroux des couches dé fehifte grifâcre
très-mou, 8c qui fe détruit facilement à l’air. La
même efpèce de pierre a été découverte près de
la roue qui fait mouvoir le gros marteau ; mais ce
fehifte eft communément d'une couleur rougeâtre.
Le bourg de Gueugnon eft fitué au milieu d’une
plaine que l’Arroux arrofe, rivière qui l’a couverte
des débris des montagnes fans l’avoir ferulifé.-.
Comme ces dépôts ne confident qu’en terres U- bleùfes qui proviennent de là deftruCtiôn des granits,
on-ne doit pas être, étonné fi elles ne rapportent
pas de froment, efpèce de blé qui ne fe
plaît que dans- un fol dont la nature eft de bonne
qualité. Au-delà du château d’Effenlar, fitué à
mille toifes oueft de ce bourg, on trouve des ma'-
fes de granits 8c des couches de fehiftes. A Beau-
champ, dépendance de Gueugnon, il y a une fonderie.
GU’IANE. Cetté colonie .s'étend depuis la ri-
vière des Amazones jufqu’à celle de MaVony ; ce
\.qui offre un peu plus de deux cents lieues de
côtes, fur une profondeur auflï corifidérable que
celle de la France, & arrefée de grandes’rivières
plus larges que le Rhin , 8c d'un grand nombre de
petites, & de criques qui y affluent en tout fens.
Les rivjerës principales font, au fud, celles d’A-
ronari, :dë yipcent-Pin'çon, de Màcari.,. de Car-
fevène, de Conani , de Cachipour, d’Oyapotk,
d'Aprouague, de Kaw 8c de Mahury ; au nord ,
celles-de Kourou, de Malmanoury, de Sinnamary
de Conamama , d’Iracoubo, d’Organabo , de
Mail a ; enfin dé Marony. Elles fe déchargent toutes
dansTOèéan atlantique , 8c font fufceptibles plus
ôü:'moins de recevoir des bâtimçns de' différentes
grâiideurs ; cé qui eft bien avantageux pour l’expor-
tatiôn des denrées coloniales.
Depuis la rive droite de l’Amazone jufqu’à quelques
lieues de la rivière d’Oyapock, la côte eft
baffe, 8c couverte de forêts entières de cacaotiers,
plantés naturellement & par reprodu&ion,
qui font beaucoup plus forts 8c plus vigoureux
que ceux cultivés par les colons dans l'intérieur
des terres. L’exploitation de ces cacaotiers pr.odui-
roit, un revenu certain fi, non loin d’eux, on éta-
bliffoit les bâtimens néceffaires pour en faire fé-,
cher, reffuyer 8c refferrer le fruit.
S Jufqu à la rivière de Macari il y a des terres
excellentes, où l’on pourroit former des habitations
& des ménageries pour le :gros bétail : on y
trouveroit également des étangs très-poiffonneux.7
; C’eft au Macarique que Pon pourroit faire,
comme autrefois > la pêche du lamentin oupboque,