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quelquefois^ par ce moyen, dans, les parcs des breb
is , où il fait de grands ravages. La peau du lynx
eft très-belle, 8c suffi recherchée que celle du
renard noir. On trouve auffi, dans la Norwège,
des renards blancs & rouges j ils reffemblent d'ailleurs
aux renards de tous les pays. La rufe qu'ils
emploient pour tirer les homars ou éçreviffes de
mer, eft foitplaifante > ils laiffent pendre leur queue
fur la furfa.ee de l'eau : l'écrevifîe s’y accroche, &r
le renard l ’entraîne à terre. .Le glouton, qu’on
nomme ervam 8c viefîas, refîemble à l'efpèce de
chiens dont on fe fervoit autrefois pour tourner la
broche. J1 a le corps alongé, de groffes pattes,
des griffes & des dents tiès-aiguës. Sa fourrure,
jafpée de différentes couleurs, eft fi précieufe,
qu'on a grand foin, d’émouffer les dards qu’on lui
lance, dans la crainte d'endommager la peau. Cet
animal eft très-hardi, 8c fi vorace qu'il dévore ,
dit-on, des carcaffes plu,s volumineuft s que la fienne.
Lorfqu'il fent fon eftemac trop chargé, il le dé-
barraffe en le mettant à laprefle entre deux ar-,
brespvefque contigus, où il tache de fe gliffer.
L'hermine eft un petit animal très-timide & très-
propre : fa fourruie contribue en partie à la magnificence
royale. Il y a fort peu de différence entre
le martin & le chat des bois de la groffe efpèce : fa
tête & fon mufeau font un peu plus pointus.
La Norvège eft le pays où l'on trouve la plus
grande variété d’oifeaux de tonte efpèce. Les faucons
font leurs nids fur les rochers i ils volent quelquefois
en fi grand nombre, qu'ils obfcurçiffent le
jour : le bruit de leurs ailes refîemble à la tempête j
ils font généralement delà taille d’un gros canard 5
ils font, comme lu i, aquatiques., & leur chair eft
beaucoup plus eftimée. On compte, en N o rvè g e ,
trente fortes de grives. Il y a une grande quantité
de pigéons dedifférentes.efpèces, & de très-beaux
canards fauvages, Le coq faù.vage eft d'une couleur
noire ou gris-foncé : fes yeux reflemblent à ceux
du faifan : c 'eft, dit-on, le plus gros de tous les
oifeaux mangeables. LaNorvrègeproduitdes aigles,
de deux efpèces, celui de terre 8c celui de mer.
Les premiers font fi vigoureux, qu'on en a vu
enlevef un enfant de deux ans. L'aigle de mer eft
plus gros que l'autre|il fe nourrit d’animaux aquatiques
: on en. a vu le précipiter fur de gros poif-
fbns avec tant d'impétuofité, q u e , n’en pouvant
plus débarrafîer leurs ferres., ils ont été entraînés
dans la mer, 8c fubmergés»
Laponie. Tout le pays de la Laponie s’étend ,
autant qu’ il eft connu , du Nord-Cap, à 71 deg.
30 min. de latitude nord, à la Mer-Blanche, fous
le cercle ardique.
Une partie de ce pays appartient aux Danois ,
8c eft compris dans le gouvernement de Wardhusj
une autre partie eft aux Suédois, & c'eft la meilleure
j. quelques autres, à T e f t , appartiennent à
la Ruflie. Il eft inutile de connoîtré l’étendue de
chacune de ces divifions: on peuç l ’évaluer à cent
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milles ci, Allemagne en longueur, Si quatre-vingt-
dix en largeur. Elle comprend touc le pays depuis
la Baltique jufqu'aux montagnes qui féparent la
Norvège de la Suède. La partie ruife s’étend vers
l’eft., entre le lac Enarak& la Mer-Blanclîe. Ces
pays, malgré la rigueur du climat, font divifés
en petits diftrièts qui la plupart tirent leurs noms
des îivieres. Mais a l'exception de la partie fué-
doife , qui eft adminilîrée par un p réfet, on peut
dire que les Lapons ne vivent fous aucun Gouvernement
régulier. La Laponie fuédoife eft donc
celle que les auteurs ont eue principalement en
vue dans les deferiptions de ce pays. On regarde
les Lapons comme defeendans des Finlandais
chaffes de leur pays, & qu’ils avoient tiré leur
nom du mot lampes (exilés). En Laponie, le foleil
e ft, pendant quelques mois de l’é té , fans fe coucher
, Si quelques mois de l’hiver fans fe lever s
mais les habitans tirent un fi grand fecours du
crépufcule & des aurores boréales, qu’ ils n'interrompent
point leurs travaux pendant la faifon
de l’obfcurité.
Dans l'hiver, le froid eft fi exceflîf chez les Lapons,
que leur vafe fe gèle fur leurs lèvres en
buvant, & que, dans quelques thermomètresyi’ef-
prit-de-vin fe glace. Il n’eft pas rare de voir les
membres des babitans gelés par le froid. Le voyageur
eft fouvent menacé d'être enfeveli fous des
monceaux de neige, & la terre en eft fouvent
couverte d’une couche de quatre ou cinq pieds.
Quelquefois un dégel arrive, & la gelée qui reprend,
offre aux Lapons une furface de glace unie,
fur laquelle ils voyagent avec une vitéffe inconcevable,
dans un traîneau attelé d’un renne. Les
chaleurs de l'été font exceflives pendant quelque
tems, & les cataraéles qui fe précipitent des montagnes
, préfentent à l'oeil les tableaux les plus
pittorefques. r
Pour avoir une idée de la Laponie, il faut fe
former celle d ’une maffe énorme de montagne*
entafîees fans régularité, féparées, dans quelques
endroits, par des rivières & des lacs qui embar-
raflent une multitude d i le s , dont quelques-unes
offrent des habitations délicieufes, & paffent,
dans l ’efpritfîés naturels, pour le Paradis terreftre!
Dans l’é té , les bords en font ornés de rofes &
d autres fleurs> mais ce font de courts momens de
douce température, car en général le climat eft
fort rude. Dés forêts fombres, des marais malsains
& des plaines arides couvrent une grande
partie du pays plat} en forte que rien n'eft plus
trifte que l’exiftence des habitans.
On a découvert & exploité avec grand avantage
, .en Laponie, des mines d’or. & d'argent,
ainfi que des mines de fer , de cuivre & de plomb/
Cé pays a de fort beaux criftaux, quelques amé^
thyftes & topazes, diverfe* efpèces. de pierres minérales
, polies d une manière fqrprenante par la,
main meme de la Nature, On a également trouvé
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dans les rivières, mais jamais dans les mers adjacentes,
des perles de prix.
Danemarck. Ce pays eft féparé delà Norwège,
au nord par la mer de Seagerac 8c de la Suède > à
l'eft par le Sund, borné au fud par l’Allemagne &
la mer Baltique. La mer d’Allemagne le fépare à
l’ouell de la Grande-Bretagne.
Le Danemarck proprement dit eft divifé en deux
parties : la péninfule du Jutland, connue des Anciens
fous le nom de Cimbrica Cherfontfus, 8c les
îles fituées à l’entrée de la Baltique, dont il eft
fait mention dans le tableau général des poflél-
fions du Danemarck.
Le Jutland eft une des provinces les plus vaftes
& les plus fertiles de ce royaume. Il produit toutes
fortes de graines en abondance, b lé , farrafin,
navette, légume, foin, lin , houblon. Du côté de
l'oueft le teriain eft gras & humide , 8c on prend
beaucoup d’huîtres. Il eft couvert de pâturages ,
8c on peut le regarder en tout tems comme le grenier
de la Noiwège. On y élève une grande quantité
de beftiaux qui paffent dans le Holftein , où
on les engraiffe pour les vendre aux marchands de
Hambourg, Lubeck & Amfterdam. Les chevaux
y font fort eftimés. Le Jutland eft de toutes parts
entrecoupé de montagnes. Du côté de l'e ft, on
trouve de bellés forêcrde chênes, de fapins, de
hêtres, de bouleaux, 8cc.i mais le côté de l’oueft
ne jouit pas du même avantage , & les habitans
font réduits à brûler de la tourbe & des bruyères
dans prefque toute la Zélande. Le fol eft fablon-
neux , mais fertile en grains & en pâturages, &
agréablement varié en bois 8c en lacs. Les vapeurs
de la mer, dont ce pays eft environné , rendent
fon climat plus tempéré que celui de quelques
contrées fituées 3U midi de VEurope.
Le printems 8c l’automne font deux faifons
prelqu’inconnues dans le Danemarck: onpaflefou-
dainement du froid au chaud, 8c de la chaleur au
froid. Dans toutes les provinces fituéek au nord de
ce royaume, les hivers font fi rigoureux, que les
habitans traverfert fouvent la mer en patinant fur
les glaces q u i, pendant l’hiver , ferment tous les
ports.
Dans le Danemarck 8c le Holftein, prefque toutes
les terres font des fiefs, & au moyen des donations
fucceflivement extorquées à la Couronne
par les anciens nobles, ceux-ci devinrent fi puif-
lâns, 8c opprimèrent fi impitoyablement leurs fermiers
& ceux qui vivoient fur leurs domaines , qu'à
la fin ils les réduifîrent entièrement à l’efclavage.
Ils furent regardés comme la propriété de leurs
feigneurs, qui les vendoient & les achetoient avec
les terres, dont ils étoient cenfés faire partie,
Il réfulte de cet afferviffement, que les neuf
dixièmes des habitans font dans la ffiifère. Si les
fermiers étoient fûrs de conferver leurs pôflfef-
fions, 8c de retirer le fruit de leurs peines, les téï-
res du Danemarck fèroient rriiéu* cultivées, &
leur produit pouiroit faire fubfiftet une pôpülâ-
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tion beaucoup plus nombreufe que celle d’aujourd'hui.
IJlànde. Cetté île prend fon nom ( Iceland, qui
lignifie, en langue du nord, pays des glaces ') des
énormes glaces de fes environs.
Quoique cette île foit très-reciilée vers le nord,
les tremblemens de terre 8c les volcans y font plus
communs que dans des climats beaucoup plus
chauds. Les premiers y ont fouvent répandu la
défolation , & particuliérement dans les années
1734,17 51 & I7JJ. Des éruptions de feu s ’échappèrent
du fein dé la terre, 8c eurent des fuites
très-déplorables. Des montagnes couvertes de
neige ont été peu à peu converties en volcans.
Dans le nombre de céux-ci, le mont Hécla eft le
plus connu, particuliérement des étrangers. Il eft
lïtué dans la partie méridionale de l’î l ë , à environ
cinq quarts de lieue de la mer. Le fommet forme
trois pointes : celle du milieu eft la plus haute. 11
faut quatre heures de marche pénible pour y parvenir.
On a eftimé fon élévation perpendiculaire à
huit cent quarante toifes au deflus du niveau de
la mer. Il en fort fouvent des flammes & un torrent
de matières brûlantes. Ce fut en 1693 que ces
éruptions firent leurs plus grands ravages. Elles
étoient fi violentes, que les cendres furent lancées
dans toutes les parties de l’î l è , jufqn’ à la dif-
tanee de foixante lieues. Elles commencèrent le
5 avril, 8c continuèrent fans interruption jufqu’au
7 feptembre fuivant i mais il ne vomît point de
laves. D’autres montagnes, furtout celles d ’O -
craife & de Kotlegau, en ont eu d affez violentes
pour répandre la terreur dans ce pays peut-être
efltiéremenLvolcanifé.
Parmi les curiofités de l'IHande, rien ne mérite
autant de fixer l’attention, que les four ces d’eaux
chaudes jaiiliffantes, dont cette île abonde. C elles
d’Aix-li-Chapelle, de Carlsbad, de Bath, &
plusieurs autres qu'on trouve dans la Suiffe & çn
Italie, paffent pour des phénomènes i mais à l’ exception
de quelques-unes des dernières, on ne
connoît point de fource chaude dont l'eau forte
aufîi bouillante, ni qui jailliffe à une aufîi prodî-
gieufe hauteur que celles de Tlflande. Tous les
jets d'eau , cônftruits avec tant d'art & des frais
fi énormes, n’en approchent point, & ne peuvent
entrer avec elles eh comparaifon. À Saint-Ciou<î
dont les cafcades 8c les jets d’éau paffent pour les
plus curieux dé la France, il y a un jet d ’eau qui
monté à quatre-vingts pieds de hauteur, tandis
qüe des foûtcésde l'Iflandë o’fi voit jaillir des colonnes
d’eau de plufLurs pieds d'épaiflfêur, qui
s’élèvent à la hauteur d’ün grand nombre de toifes
o u , comme quelques-uns î’afîurent, à quelques
centaines de piéds.
^ Ces four ces n’orit pis toutes le même degré de
chaleur. L’eau fort de quelques-unes, auffi paifibîè-
; ment que dès four ces ordinaires : on lés appelle
' alors bains. Les autres lancent à grand bruit dés
1 eau* bôûitlânt'ès 8c ô’n lés* nommé' chaudières
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