
comme en flamme au couchant. LeshaBitânsétoîent
dans la confternation ; cependant ils n’effuyèrent
qu’un grand vent. Dès le 18 feptembre les mêmes
apparences s’obfervèrent. On reflentit dans l'île
quatre fecouffes de tremblemens de terre j mais le
jour étant venu, on vit la foufrière jeter de la fumée
plus qu’à l’ordinaire ; ce qui raflùra les habi-
tan$. On voit maintenant par quels motifs ils
furent raflijrés,
GUADIANA j rivière d’Efpagne. C’eft en Suivant
le cours de cette rivière, que nous allons faire
connoître la géographie phyfique de fon baflin. Une
chaîne de montagnes qui court dans la direction
du nord-eft au fud-oueft , & parallèlement à ces
deux fleuves , fépare le baflin de la Guadiana de
•celui du Tage.
Les fources de la Guadiana font les fontaines
qui contribuent à fon entretien dans la partie fu-
périeure de fon baflin. Ainfî les fontaines qui ver-
fent leurs eaux dans la Xiguela & le Zancara doiT
vent être confiiérées comme faifant partie des
fources delà Guadiana, outre celles qui portent ce
nom dans le pays 3 8s qu’il convient de faire con-
noître par leur Angularité.
Tout le pays qui eft au nord-eft eft fort éievé :
c’eft là que les eaux fe divifent pour fe rendre d’un
côté dans l’Océan, & de l’autre dans la Méditerranée.
C’eft cependant à ces points élevés que, dans
certains endroits, on trouve des amas de pierres
roulées & arrondies, des pierres de fable & de
quartz 5 & à côté, dans la même chaîne , on
trouve, à la furface de la terre, .des rochers de
pierres à chaux, mêlés avec des pierres de fable.
En defcendant de toutes ces hauteurs on parvient
aux grandes plaines de la Manche ; elles font fi
vaftes, que, dans une étendue qu’on ne peut parcourir
d’un coup-d’oeil, on ne trouve ni arbres ni
arbuftes. Une pierre calcaire, fans culture & fans
fources ni fontaines, n’y laifle croître que des
plantes foibles & rares, telles que le thym &
i’abfinthe.
En fe rapprochant des fources de la Guadiana on commence à s’appercevoir du voifinage de
l’eau par la quantité de joncs que la terre produit.
Dans certains endroits l’eau paroîtn’être qu’à quelques
pieds fous terre , & dans d’autres les puits
cteufés ne donnent de l’eau qu’à près de cent pieds
de profondeur. On a obfervé que ces puits ne
manquent jamais d'eau, quoiqu’ils n’en contiennent
jamais plus que cinq à fix pieds : c’eft vers le midi
que fe trouvent les fources de la Guadiana.
Elles • fortent de plufieurs étangs que dans le
pays on nomme lagunas : ils reçoivent les eaux de
fources perpétuelles, & les verfent au dehors pour
former la Guadiana ; elle coule pendant quelque
tems vers le nord-oueft, puis difparoît dans des
prairies j elle a peu d’eau en été, mais un gros
volume en hiver. A quelque diftance, à l’oueft,
la; rivière reparoit dans d’autres étangs que l’oji •
nomme les Yeux de la Guadiana. Au fortir de ces
marais oh voit une rivière qui a cent pieds de largeur
& qui fait tourner plufieurs moulins. On appelle
Pont de La Guadiana l’efpace de terrain qui fe
trouve entre les premiers étangs & les fecopds.
Un peu plus bas, en fuivant le lit de la Guadiana
, on trouve Almaden, célèbre par fes mines
de,vif-argent. ( Voyeç P article A lm a d e n . )
En allant d’Almaden à Alcocer on ne trouve
que des montagnes de pierres de fable. Il eft vrai
que le terrain change en s'approchant de ce dernier
endroit j car au fortir des montagnes on voit
une belle plaine traverféee par des couches de
pierre calcaire 8c des bancs d’ardoife. C’eft aflez
près d’Alcocer & d’une montagne de pierre de
fable avec des filons de quartz émeri d’Efpagne. que l’on tire le bel
Au-delà du fleuve eft une mine de fer dans de
la pierre de fable & de bel ocre. C’eft dans ce
canton que fe trouve la chaîne de montagnes appelée
Sierra de Guadalupë. Cette partie de l'Efpagne eft curieufe par fes
pparoced uf&oriot npse um éinteénradlue s: : on y trouve, dans un esi°.
Un filon de fpathphofphorique, qui, comme
on fait, mis fur les charbons allumés, donne une
flamme d’un bleu- violet ;
ch2â°tr. eU, anvee cm dinue mdi’caar gbelnant cd ;ans une pierre blanble3u°
.& U dnee vmeirnte. de cuivre dans du fchifte jafpé de
Dans tout ce canton la pierre dominante eft le
granit, car les maifons en font conftruites.
En continuant de.fuivre la Guadiana on trouve
les pâtures^de la Serena , qui ont neuf lieues d’étgernandiute.
; elles paroiflent fituées fur un mafîif de
Plus loin eft une plaine de fable qui eft aflez
fertile en blé , en vin , en fruits & en légumes,
; parce qu’elle eft füffifamment arrofée. C’eft après
avoir traverfé plufieurs endroits fans cultures &:
des maflifs de granit que l’on arrive à Mérida ,
dont le fol mérite d’être connu.
Plufieurs ruiffeaux traverfent ce canton & vont
fe jeter dans la Guadiana. La rivière & les ruiffeaux
reftent ordinairement à fec pendant l’été,
parce que leurs eaux font abforbées au milieu
d’une large plaine de fable. D’un autre côté, ces
eaux minent peu à peu les collines, & favorifent
la décompofition du granit & des pierres de fable;
aufli voit-on dans la plaine les débris du granit &
de la pierre de fable dans le même ordre qu’ils
e?iflsnt dans les collines d’où les eaux les ont
entraînes. Ainfi, lorfque furies hauteurs dominent
les granits , on trouve dans la plaine une étendue
cprrefpondante de débris & de fables graniteux.
Si les collines élevées font de pierres de fable,
on le trouve comminué & réduit en gros fables
dans la plaine. Souvent toutes ces matières, tous
ces élémens font mêlés enfemble, parce qu’ils
Tétoient primitivement dans les montagnes d*où
les eaux les ont tirées.
En s’avançant, vers l’oueft , à Talavera, entre
Mérida & Burgos, on trouve une grande plaine
fablonneufe, remblayée par la Guadiana, qui mine
fans ceffe les collines fituées fur fes bords, &
qui forme dans fon lit un grand nombre d’îles
où paillent de nombreux troupeaux. Quelquefois
cependant la rivière, dans des crues fubites, emporte
, avec partie de ces dépôts, les troupeaux
& les bergers.
A Badajoz le terrain change : ce ne font plus des
fables, mais des pierres calcaires & des terres de
la même nature. Dans tout ce pays on ne trouve
aucune fource un peu abondante.
La Guadiana tourne enfuite au fud en côtoyant
d’abord une montagne calcaire à l’eft, puis vers
le fud les montagnes de l'Algarye, & fe jette, à la
mer.
GUANCAVÈLICA eft une bourgade fîtuée
dans une quebrada formée par une fuite d'émi-.
nences. Le mercure du baromètre y defcend , &
s'arrête à dix-huit pouces une ligne & demie, &
fa plus grande variation y eft de i £ à i }. La hauteur
du bourg eft donc de dix-neut cent quarante-
neuf toifes au deflus du niveau dé la mer. Au haut
de la montagne où fe trouve la mine de mercure
de Guancavelica, & qui eft habitable partout, le
mercure defcend, & s’arrête à feize pouces fix lignes.
Sa hauteur eft donc de deux mille trois cent
trente-fept toifes deux tiers au deflus du niveau
de la mer. Ainfi la haute fuperficie du mont où
eft la mine de mercure eft à trois cent quatre-
vingt huit toifes au deflus du fond de la profondeur
où fe trouve la bourgade.
C'eft dans ces mafles montueufes & élevées à
cette hauteur même dans la mine de mercure,
qu’on a trouvé des coquilles foflîles en très-grande
quantité & de diverfes efpèces. La plupart de ces
coquilles font de l'èfpèce des bivalves, & de celles
( ùrtout qu’on appelle communément coquilles
de pèlerin, ayant une écaille convexe d’un côté &
plane de l'autre, connues par les naturaliftes fous
le nom de peignes. Toutes ont dés côtes & des
parties Taillantes & rentrantes, qui s’engrènent
les unes dans les autres au bord des deux valves,
qui font pour la plupart complètes & couchées fur
le plat. Quelques-unes font corps avec la pierre
qui les enveloppe ; d'autres font par lits & par
amas fans aucune matière interpofée qui les lie;
enfin , elles annoncent ùn dépôt formé par la mer
& dans fon baflin. Le baflin de la mer a donc été
élevé à deux mille trois cent trente-fept toifes au
deflus de fon niveau aétuel, & la malfe des eaux
de l'Océan a recouvert tout le fol du Pérou , du
Chili, jufqu’à cette ligne au moins.
Si l'on tait attention à la hauteur extrême à laquelle
les montagnes qui renferment ces coquilles
«’élèvent au deflus du niveau de la mer & au giffement
de ces coquilles qu’on trouve dans les ro-
chers, on doit en conclure que ces mafles fe font
pétrifiées par là fucceflion des fiècles, tant au fond
du baflin de la mer, que depuis fa retraite ; que les
dépôts de la mer étoient primitivement compotes
de matériaux qui fe font lités par une juxtapofi-
tion fucceflive fous les eaux , & que c’eft par le
travail poftérieur de l’infiltration de l’eau, que ces
matériaux fe font liés enfemble, & ont formé dès
bancs & des couches folides & continues.
Ce n’eft donc qu’après la retraite de la mer- que
toutes ces mafles de dépôts foumarins, orgariiféës
par couches & par bancs horizontaux, ont été
dégradées par les pluies après avoir préfenté dés
fuperfieies planes, dont les fommets de certaines
montagnes ifolées par les quebradas font les reftés
& les témoins. Les coquilles pétrifiées qu’on
trouve dans les rivières où elles font entraînées
par les eaux courantes prouvent que les excavations
ont détruit les dépôts de la mer dans ces
vides, & continuent à le faire malgré la dureté
de leurs mafles. On trouve ces coquilles, ou totalement
féparéés des rochers qui les rër.fer-
moient, & avec toutes leurs ftries intâéhs, fur-
tout les peignes dont j'ai parlé, ou bien avec un
fragment de pierre, qui attefte la nature des bancs
d’où ces débris ont été tirés. Ces dégradations des
mafles font les effets, non-feulement des pluies,
comme je l’ai dit, mais des gelées & des neiges,
qui hâtent encore ces deftruétions. C'eft par cés
agens que les coquilles fe détachent de leurs lits
à proportion qu’elles y font moins retenues; elles
fuivent les eaux qui les ch arien tjufque dans les rivières.
( V oy e i les articles QUEBRADAS, P é r o u .
Pé t r i f ic a t io n s .)- Outre cet amas de coquilles marines intéreffant '
à ce niveau , Guancavelica nous offre encore le
phénomène d’eaux chaudes, qui couvrent d’incruf-
tations les corps qui y tombent, & qui forment
des dépôts fi conlidérables dans les baflins des
fources, qu’on les exploite comme des carrières
dtreè sc-easb opniedrarnetse qs.u L’oen b toiruer gd ed el’ eGauua.ncavelica eft bâti
L’eau de ces fources pétrifiantes eft fi chaude,
qu’elle fume continuellement, furtout en for tant
de la fource. Quoiqu’elle ne foit pas au degré
d’ébullition, on ne peut y tenir long-tems la main.
Cette eau ne forme aucune incruftation fur les
côtés de fon baflin ni fur le fond : on y voit croître
certaines efpèces de plantes ; mais dès que ces
eaux s’échappent de ces réfervoirs, & baignent les
terrains extérieurs, elles dépofent partout une
croûte mince, de couleur jaunâtre, & qui prend
différens accroiffemens avec le tems. Ces dépôts
n’ont pas d’abord urie certaine dureté ; mais à me-
fure qu’ils prennent du volume, ils prennent plus
de confiftance. Les plantes, les feuilles qui s’arrêtent
dans les endroits où l’eau eft moins rapide ,
s’incorporent avec les memes incruftations. Cette
pierre eft légère; mais malgré fa porofité elle l’eit