
LIMOGES ( Haute-Vienne ). On trouve du
tungflein aux environs de cette ville , &, à peu,
de diftance , des mafles de kaolin en exploitation ,
& des roches de béril ou d’éméraude très-volu-
mineufes.
LIMON. On entend en général par limon la
fubllance terreufe un peu graffe qui a été délayée
& entraînée par les eaux des rivières3 & qu'elles
ont enfuite dépofée. On voit par-là que le limon ne peut être regardé comme une terre fimple ;
mais, au contraire, on le confidère comme un
mélange de terres où celles de nature calcaire ou
marneufe dominent ; mais les dépôts où les fables I
font plus abondans, ne peuvent être ccnfidérés
comme limoneux. Les eaux des rivières, en parafant
par des contrées différentes, doivent entraîner
des terres d'une nature toute particulière : ainfî une
rivière qui traverfera des plaines crayeufes, fe chargera
de craie ou de terres calcaires > fi cette même rivière
paflè enfuite fur un fol argileux & glaifeux, le
limon participera de toutes ces fubflances terreufes.
Il paroît cependant qu’il doit y avoir de la diffé-,
rence entre ce limon & la glaife ordinaire, vu que
les matières qui fe font mêlées à là glaife l'ont
rendue plus meuble & moins tenace >. par confé-
quent elle a pris des qualités totalement différentes,
& fort fiuvent ce limon eft une terre très-
propre^à la poterie, à la tuile, comme font les
dépôts limoneux de la Meufe,.entre Roterdam &
Gouda.
Ce qui vient d’être dit du limon des rivières,
peut auffi s’appliquer à celui des marais, des lacs
& de la mer même..lin effet, les eaux des pluies,
des ruiffeaux & des fleuves qui vont s’y rendre
doivent y porter des terres de différentes natures
& de diverfes qualités., A ces terres il s’en joint
allez fouvent une autre qui eft formée par la dé-
compofition des végétaux. C’eft furtout à celle-ci
que l’on doit attribuer particulièrement la partie
vifqueufe &r la couleur noire ou brune de certains
limons qui ont réfidé long-temps au fond des
eaux courantes ou ftagnantes.
Le limon que déponent les rivières mérite
toute l'attention des natulaliftes 5 il eft propre à
leur faire connoître la formation de plufieurs des
couches dont nous voyons que certains, terrains
font compofés. On peut en juger par plufieurs ob-
fervations que nous citerons dans plufieurs articles
de ce Dictionnaire, & furtout par celles que
Schober, directeur des.mines de fel gemme,
de Wieliska en Pologne , a faites fur le limon que;
dépofe la Sala, (f^oyeç S ala , N i l .) Pour peu qu’on ait obiervé Icsgrandes rivières,
telles que le Rhin,, le Danube, la Meufe ,1a Loire,
la Garonne, la Dordogne, le Rhône,, on voit
qu'elles ont entraîné une quantité confidérable
de limon} tant le long: de leurs bords que dans la
mer,, au voifinnge de leurs embouchures. C’eft
par ces dépôts imrhejifes. &c fucceffifs^/que non-
L I M
feulement le lit de la mer s’eft hauffé confîdéra-
blement, mais même que les bords de fon baffm
fe reculent ^ffez rapidement. Les. fleuves tranf-
portent ainfî dans la mer une grande quantité de
terre qu’ils dépofent. à une diftance plus ou moins
grande, & en raifon de leur rapidité. Ces terres
tombent au fond de la mer & y forment d’abord
de petits bancs qui s’augmentent tous lès jours,
font des bas-fonds, & enfin ferment dès îles qai
deviennent fertiles à mefure qu’elles s’élèvent au-
deffus des eaux.
La Loubère , dans fon voyage de Siam, dit que
les bancs de fable & de terre augmentent tous
les jours à l’embouchure des grandes rivières de
l’Afie, pair les limons & les fédimens qu’elles y
apportent ; en forte qu i la navigation de ces rivières
devient de jour en jour plus difficile, & il
I préfume qu’elle deviendra quelque jour impof-
fible. On peut dire la même chofe des grandes rivières
de l’Europe , & furtout du Wolga, qui a
P plus de foixante-dix embouchures dans la Mer-
I Cafpienne (voyq; Wolga), du Danubg, qui en
.a.fept dans la Mer-Noire,. &c.
Comme il pl£ut très - rarement en Egypte,.
Tinôndation régulière du Nil vient des torrens
„qui y tombent dans l’Ethiopie. Il charie une
grande quantité de limon ; & ce fleuve a non-
feulement dépoféfiir le terrain de l’Egypte, qu’il
couvre de fes eaux, plufieurs couches annuelles,,
mais même il a jeté bien avant dans la mer les
i fondemens d’une alluvion qui pourra former avec
- le temps un nouveau pays; car avec la fonde on
trouve, à plus de vingt lieues de diftance de la
côte, le limon du Nil au fond de la mer, qui
s’élève tous les ans, On prétend même que la baffe
Egypte, où eft maintenant le Delta, étoit autrefois
un golfe fort profond &rfort étendu.
La ville de Damiette, éloignée maintenant de
plus de dix milles de la mer,. étoit,. en 1243, du
temps de Saint-Louis, un port de mer.
( Voye1 , à ce fujet,.les articles M is s i s s ip i 6”
A m a z o n e s , où l'on décrit Ls-immenfes dépôts
produits par le limon de ces fleuves. )'
Cependant tout le limon ne vajpoinr à la mer;,
il en refte une grande partie "(fui fe dépofe en
route dans les parties des bords des rivières qui
font favorables à ces amas de terres. Suivant la
nature du limon qui fe dépofe ainfî, il s’ëft formé
& il fe forme tous les jours différentes couches,
qui, par la fuite des temps, fe durciffent & fe pétrifient,
C’eft de cette manière que fe font agrandis
les bords des rivières, & que fè font accumulés
une multitude de lits terreux que nous voyons
fe fuccéder les uns au< autres dans la plupart des
plaines fujettes aux inondations des grandes ri;
vières.
Nous diftinguons ici les dépôts fablonneux des
rivières, des dépôts terreux ou limoneux : ceux-
ci produifent ordinairement de bons effets fur les;
terres qu’ils.recouvrent,,parce qu’ils.les;engraif-
L 1 0
fent. C’eft ce qu’on voit furtout dans les inondations
du Nil, dont le limon gras & on'Ctueux fertilise
le terrain fablonneux de l’Egypte. Le plus
fouvent, au contraire, les dépôts fablonneux,.les
graviers nuifent aux terres fur lefquelles ils font
répandus. (Voye^ G r a v i e r . ) A u refte, le limon ne fiait du bien aux fols qu’il recouvre, qu’autant
qu’il réfùlce de fon mélange avec le foi, une terre i fubftanttelle & meuble. A /
L imo n ou T e r r e s l im o n e u s e s . On appelle
ainfî des terres qui s’affailïènt aifément, &
qu’on eft obligé de divifer par le moyen des marnes
calcaires blanchâtres, par du crau 3 du falun
de même dés matières crayeufes. Ces fortes de
terres fe retournent d’ufie feule pièce avec le foc
de la charrue, &~on ne les ameublit, comme nous I
de ces terrés en Brie, dans le Soiffonnois, dans le
Thimeraisdans le Perche.
LINCOLNSHIRE, l’un des comtés d’Angleterre.
Le marais qu’on appelle ordinairement \ île
j£Axolm3 fttué en partie dans le comté de Lincoln
& en partie dans celui d’Yorck, a été autrefois
un pays de bois : témoin la grande quantité de
chênes, defapins& d’autres arbies qu’on a trouvés
dans ce marais. Il y a dé ces chênes qui ont cinq
braffes de tour & feize de long $ il y en a de plus
petits & de plus longs. On trouve encore près
d’eux une grande quantité de glands un peu plus
enfoncés que le pied de l’arbre, & près d’eux, leurs
racines, qui font toujours• plantées dans la terre
ferme au deffous du marais, comme fi les arbres
étoient encore debout. Les fapins font plus nombreux
, & d’un pied ou quinze pouces plus profonds
que les chênes. Il y en a plufieurs qui
ont jufqu’à trente braffes de long; on en a tiré un
qui en avoit trente-fix, outre la tête ; il étoit couché
près de fa racine , qui étoit comme fi' l’arbre
eut encore été fur pied > il n’avoit pas été coupé , :
mais brûlé. Les hibitans du pays ignorent abfoiu-
ment à quelle époque ces arbres ont été enfouis.
LINGEART, village du département de la
Manche, canton de Poix. Il y a une carrière dt
granité gris qui eft exploitée avec activité.
LIOBART , dans le département du Lot. II y a I
près de ce village des mines de fer en exploitation.
LIORANT, pa!Tage ou défilé du Cantal, fur
la route de Saint-Flour à Aurillac, avant le village
des Chazes. Ce défilé eft remarquable par la beile
fuite de roches porphyroïdes qu’on y obferve.
C eft près de ce lieu, au village même des Chazes,
que l'on trouve le pechfiein - porphyre ou obfî-
dienne verte du Cantal. On y voit auffi des argi-
lotitfcs rubanées. Ls Liorani eft dominé par le
L I P 5 i 5
' Puy-Grioti , montagne bafaltique remarquable par
fa forme conique & la difpofîtion en faifeeau des
prifmes dont elle eft formée.
LIPARI, îles volcaniques. Ces îles font au
nombre de dix : elles font fituées dans la 'Mediterranée
, entre la Sicile & le royaume de Naples >
elles étoient autrefois cottaïues fous les noms de
Vitlcanu & Eolis, infuU. Leur état volcanique ,
Quoique connu des Anciens, eft devenu feulement
dans ces derniers temps l’objet des obfervations
de quelques naturaliftes.
Ils nous parlent d’abord de Stromboli, fîruée à
trente milles de Lipari & à cinquante de la Sicile :
elle a une forme conique, dont la bafe, divifée en
deux maffes, préfente une circonférence de trente
milles environ, &, au milieu de fa hauteur, un
cratère ouvert, & renommé par fes éruptions continuelles.
Il lance une grêle abondante & fomenue
de laves fpongieüfês de différens volumes , accompagnée
d’une pouffière très-fine de lapillo, auxquelles
on donne improprement le nom de cendres. Dans les plus grandes éruptions de ce volcan, on
voit au défias de fon cratère un grand nombre de
| débris de matières fondues, qu’il lance à la hauteur
d’un demi-mille & quelquefois d’un mille :
les moindres jets1 de pierres ne vont pas au-delà
de cinquante pieds, & font toujours accompagnés
d’un bruit éclatant.
Les laves enflammées forment, au-deflus du
volcan, une vive lumière, & enfuite des rayons
divergens qui fe diftribuent fur montagne. les pentes de la
Le cratère de Stromboli eft depuis plus d’un
ficelé placé au milieu de la hauteur de la maffe de
l’ile. En examinant l’ouverture du volcan de près,
on a reconnu que les intermittences des éruptions,
regardées par quelques voyageais comme périodiques,
étoient rarement de trois à quatre fécondes,
& dévoient par conféquent êcie confîdé-
rées comme continues.
Lorfqu'oncontemple l’intérieur du cratère , l’on
voit qu’il a très-peu de profondeur, & que TéS
parois internes, incruftées de fubftànces volcaniques
jaunâtres, fe rétréciffent en forme de cône
tronqué renvetfé. Jufqu’à une certaine hauteur,
le cratère eft rempli d’une matière liquide enflammée
, agitée fenfîblemen: d'un mouvement
intérieur, & d’un autre mouvement chalTant en haut
la matière liquéfiée, de laquelle s’élèvent de grolîes
bulles. Lorfque celles-ci fe crèvent, elles chaf-
fent les laves embrafées & encore demi-fluides 3 qui s'unifient encr’elles loifqu’tlles fe heurtent.
Une c ho fe digne de remarq ue, c’t ft que le trajt t
de mer où tombent les produits volcaniques de
Stromboli n’eft prefque jamais rempli de matière
volcanique. Les laves qui tombent en débris font
très-fpongieufes & fe broient facilement : il arrive
de-là que pi fîeurs d’elles font réduites en poudre
avant d’arriver à la mer, Sc que d’autres, qui y