
lie enfemble les molécules de fable dont cette'
pierre eft compofée en grande partie,. & les proportions
des divers principes qui ont concouru à
fa formation.
Puifqueles rochers, les terres fuperficielles&
le fable des environs de Laufanne contiennent des
parties marnéufes & calcaires, il n’eft pas étonnant
que les eaux qui circulent dans l'intérieur
de ces différentes couches , foîent chargées à un
certain point d’ un principe de même nature ; cependant,
en général, les eaux de fou rce s ,‘ les
eaux courantes, qui font abondantes dans le Jorat,
font 1 impi des 0 légères, bonnes à boire, & propres
à tous les ufages domeftiques & économique
s.La plupartdes fources font très abondantes ;
mais quelques-unes diminuent ou tarifent pref-
q^entièrement dans les grandes féehereffes, & fe
troublent après des pluies fortes & foutenues pendant
un certain temps.
On trouve auffi quelques eaux minérales qui
jouiffent d'une certaine réputation: telles font les
eaux de la Poudrière , légèrement alcalines , fer-
rugineufes & gazeufes.
En fuivant les différens ruilfeaux & torrens distribues
à la fuperficie du Jorat, on ne peut mé-
connoîcre les progrès étonnans du travail des eaux
dans les maffifs de la pierre.de fable5 en forte que
ces eaux'circuloient autrefois à un niveau bien
plus elevé qu’aujourd’hui. Ainfi, dans les coupures
des gorges étroites, au fond defquelles les
ruilfeaux coulent à préfent, on trouve les traces
vifibles de l’aétion des eaux qui couloient à
trente ou quarante pieds au-deflüs du fond de
ce s gorges, & que par conféquent toutes ces
gorges, routes ces vallées'font l'ouvrage des
eaux courantes à la fuperficie du Jorat, Ces ob-
fervations , au refie, font rapportées i c i , moins
comme attefiant un phénomène particulier , que
comme une preuve des opérations générales de
l'eau à la furface de la terre.
Voici encore d'autres monumens naturels qui
attellent les changemens que les eaux ont opérés,
dans le Jorat. Ce font les blocs immenfes, ifolés,
de pierres d’une nature différente de celles qui
eonfiituent tes rochers du pays , lefquels font
jetés çà & là à la furface de la terre , & dans des
endroits où d’aiileurs on ne trouve que d.s fables
modvans : n’ayant pu fe former où on les trouve
aujourd’hui, ils ont donc été tranfportés d’ ailleurs.
Oesmalfes, trop groftes,. trop pelantes pour avoir
été arrondies aufii parfaitem.nt que les cailloux
roules que l’on rencontre aufii én grande quantité
‘ partout dans les premières couches de la terre ,
ont confervé prefque toute leur forme ; cependant
leurs arêtes anguteufes, un peu effacées & faiblement
arrondies, prouvent que ces blocs ont
éprouvé un frottement affez violent j & comme
ce font des fragmens de granités de roches quart-
zeufes, micacées & feuilletées, (err.blables à ceux
qui compofent les rochers de certaines parties des
Alpes, il eft vifible que cès blocs en ont été détachés
& tranfportés enfuite par les eaux courantes.
Il eft difficile, au refte, de dire par quelles
fuites de tranfports ces blocs fe trouvent aux environs
de Laufanne, ou même dans les baffins des
lacs de Neuchâtel & de Morat ; plufieurs circonf-
tances ayant pu contribuer à des déplacemens fuc-
ceffifs y on voit un de ces blocs du côté d’Echal-
lens, à un peu plus d’une lieue de Laufanne. Cette
pierre eft prefqse d’ une forme cubique 5 elle a
onze pieds de hauteur & fept de largeur. Non
loin du Toîard , un autre bloc , femblable & de
même nature, a dix-fept pieds de hauteur & cent
neuf pieds de circonférence. Nous ne citerons
pas d’autres blocs qui lé trouvent dans les différeras
cantons du Jorat ; on peut juger de leurs di-
menfions par celles des blocs que nous venons
d’indiquer.
En le rapprochaht de la partie occidentale du
Jorat, on trouve le bailliage d’Echallens, limitrophe
de celui de Laufanne, où l’on vo it, aux environs
de Goumoëns, le Crau, Effertines, & c . , des
carrières de pierre calcaire marneufe, dont les
couches font un peu inclinées vers le fud. Lts
aflifes,^ découvert dans cette carrière, montrent
d abord du terreau, enfuite une couche
de terre mêlée de fable, d’ environ deux pieds
d’épaifleur ; puis un lit de marne àrgileufe & fer-
rugineufe, de quatre pieds d’épaiffeur> plus bas,
un banc de pierre à chaux, de quatre pieds,
enfin , le fond de la carrière offre une couche de
pierre marno-fablonneufe, de deux pieds.
On voit aifément que la pierre à chaux de la
carrière de Goumoëns, par les fubftances qui l’accompagnent
, n’eft pas étrangère au Jorat ; elle
ne 1 eft pas davantage non plus par fa nature. Cette
pierre, a non - feulement des-rapports très-marqués
avec celle qui accompagne les couches du
charbon minéral du Jorat, mais encore , ce qui
eft bien important, elle en a par lesfofllles qu’ elle
renferme, lefquels font femblables à ceux des
couches du pays de Vaud.
Le dernier bailliage dont nous ayons à parler
ici , & qui eft aufii limitrophe de celui dé Laufanne
, eft celui de Morges. La plaine de ce bailliage
eft caillouteufe & fablonneufe, comme toutes
celles de ce pays, formées par les dépôts des rivières
: dans les coupures des vallées on trouve
d’abord du terreau ou terre végétale 5; deffous,
un banc de mauvaife mollafté qui fe délite à l’air
& fe répare par feuillets, dont l’épaiffeur eft de
quatre pieds ; plus bas, une marne pierreufe &
fablonneufe qui forme plufieurs lits , puis un lit
peu épais de marne bleue** enfin , le fond des vallées
offre un banc de mollafté mêlée de marne.
L A U T A R E T , montagne du département des
Hautes-Alpes, canton de la Glave j elle eft très-
haute & très-dangereufe pour les voyageurs qui
fe rendent en Piémont, à caufe des cols & des
précipices qu’ils doivent traverfer , de la grande
quantité de neiges & de glaces qui y féjournent,
& des ouragans qu’on y effraye en hiver.
LAUTERBRUNN ( Vallon d e ) , en SuiiTe.
Le premier objet qui fe préfente dans ce vallon
éft le ruiff: au qu’on nomme Le Lutfchm blanc,
pour le dfférencier de celui qui vient du vallon
du Grindelwald, dont les eaux font noires. Les
rochers qui bordent le vallon font fort refferrés;
il n’y a fouvent d’efpace que pour le ruifieau &
le chemin. Ces rochers font calcaires, compofés
de couches horizontales & parallèles entr elles ,
d’environ fix pouces d’épaifieur. On peut remarquer
aufii la correfpondance des couches d un
bord à l’autre du vallon, & on ne peut douter ,
d’après ces circonftances, qui fe trouvent d’ ail-
“leurs prefque partout, que les eaux n’aient creufé
la vallée en s’y frayant un paffage. Dans les endroits
du vallon plus ouverts, il y a en quelques
points, au pied de ces rochers, des monticules
& de petites collines adoflees qui ne font formées
que de leurs débris ; elles font couvertes d’arbres
& de broufTailles. On voit enfuite un très-gros
rocher, q^ui offre une coupe droite & perpendiculaire
à l’horizon comme un mur. Les couches en
font parfaitement diftinétes & parallèles entr’elles;
mais fi on le. confidère fur une autre face, on voit
que fes couches s’ inclinent de fix à fept degrés du
côté de la montagne.
C ’eft alors qu’on découvre tout:à-coup une ef-
pèce de vapeur & de brume * ç eft le Staubach qui
fe précipite d’un rocher à pic ; il tombe d abord
de la moitié de fa hauteur fur un banc de rocher
d’où il eft renvoyé', & l’eau défeend enfuite par
différentes cafcades ]ufqu au bas. La hauteur de
fa première chute eft fi considérable, qu’une partie
de fon eau fe divife en petits globules que l’ air
emporte au loin; c’ eft ce qui lui a fait donner le nom
de Staubach ou ruijfcau de poujftere, de. forte qu’ il
n’y a qu’une partie de l’eau qui parvienne jufqu au
bas du rocher , où fa chute a creufé cependant un
baffin dont le contour s'eft élevé par les matériaux
que l’ eau a précipités par fa .chiite. Cette
cafçade fait beaucoup de bruit, & occafionne un
grand courant d’air qui entraîne avec lui des par-
tirs aqueufes. Nous né parlerons pas ici des couleurs
de l'arc-en-ciel que réfléchit l’eau de cette caf-
cade quand le foleil donne defîus.
Le rocher d’où l’eau fe précipite eft à pic,
comme nous l’avons d i t , & entièrement calcaire;
il peut avoir neuf cents pieds de hauteur ; il s’étend
vers le fond du vallon. Trois autres cafcades , d un
moindre volume d’eau, fe précipitent du haut de ce
même rocher. L’humidité continuelle qu’elles y répandent,
a fait croître & entretient dans une belle
verdure des arbres & des arbriffeaux qui fortent
des fentes du rocher, ou qui font placés fin les co llines
formées des décombres que l’eàu amène.
fînn.ç rprro
la trouve toujours étroite ; elle fe termine en
montagnes arides & en rochers efearpes, dont la
plupart font couverts de neiges à une très-grande
hauteur, & fur leurs fommets inférieurs il y a
des glaciers qui s’écoulent du Gros-Horn & du
Breit-Horn. On voit qu’ on eft arrivé à des défères
affreux, couverts de glaces & de neiges. Outre les
deux montagnes que nous venons de nommervon
diftingue, parmi celles qui forment cette enceinte,
celles de Jungfrau - Horn , de Steinberg , dé
Breit-Eger-Horn. Le chemin pour parvenir à ces
déferts glacés eft très-difficile, & demande une
journée entière. ...
Dans les rochers, vis-à-vis du Staubach, qui
bordent la partie occidentale de la vallée, il y a
un grand nombre de grottes, & celle qu’on
nomme Chorbalm eft furtout intéreflante.
De Lauterbrunn, pour aller voir les glaces
les mines, on fuit le vallon, en côtoyant la Lutf-
chii.en jufqu’ à Sichellavinen. Le torrent de Si-
cheilavinen charie des ardoifes rouges femblables
à celles d’Engeftîen, & de la mine de fer
qui eft due à la grande couche de fer que l’on
voit en allant de Sichellavinen à Trachfellavinen.
Cette couche le trouve dans les rochers calcaires
de la partie orientale du vallon, ou du même côté
où fe trouve l’efpèce de promontoire qu’ on nomme
le Moine. Les mines de Lauterbrunn font, de .deux
fait, s , celles de la partie orientale de la vallée
& celles de la partie occidentale : les premières
fe trouvent fur la montagne Hohalp, q u i, comme
toutes les autres de cette v allé e , elt calcaire vers
le haut & granitique vers le bas. 11 y a deux filons
dans cette mine : le. premier donne de la mine
d’argent grife, femée en grains très-fins dans du
quartz; la mine-de l’autre filon eft une galène enveloppée
de fpath pefant, blanc, opaque. Le rocher
èft un mélange de quartz &ç de ftéatite un
peu verdâtre, auquel fe .joint du mica & même
un peu de feld-fpath. Près du filon la ftéatite eft
blanche, & donne à l’ ouverture & au chevet de
ce filon un faux air d’asbefte.
Les mines de la partie occidèntale de la vallée .
font fur le Steinberg. Le minéral eft une belle
galène., la gangue eft du fpath pefant, le rocher
un granit compofé de quartz, d’ollaire blanche
&■ de ftéatite v e r te , de mica' & de feld-fpath,
dans lefquels le quartz & l ’ollaire dominent ce
fingulier granit, en effet femblable au gneifs décrit
par M. Charpentier.
Le fécond filon en exploitation renferme une
fuperbe galène, dont la gangue eft auflî du fpath
pelant. -
Avant de quitter ce vallon, il nous refte une
chofe à remarquer, c’ eft que le paffage de la pierre
calcaire au granité s’y fait par une pierre calcaire
mêlée de points quartzeux, pendant qu’ au Grin-
delwald la pierre calcaire rcpôfe, comme en beaucoup
d’autres liéux du V a la is , fur le fehifte mi-
•cacé. Si d’ailleurs on veut Ypir les beaux glaciers