
rhent dans Jës ferrés Voifines du Tucuman j mais
fous ces faits Ont grand bèfoin d!être -.vérifiés''8c
éclaircis. ' "
L’opinion de l’exiftehce des pygmées eft très-
ancienne. Homère, Héfiode & même Ariftote
en font egalement menti on. M. 1-abbé Banier à
fait une fàvânté differration'à ce fujet. Après avôir
éompirétotis les tefoôignages ;des Anciens fur
cette race de petits hommeà, 'il eft d’avis qu’ ils
fôtmoient effectivement un peuplé dans- les montagnes
d’Ethiopie, & q ue ce peuple étoit leroêmè
que celui délîgné fous le nom de Péchiniens par
lés hiftoriens & les géographes 5 mais i f pente y
avec raifon, queces “hommes , quoique de très-
petite taille'y avoienV bien plus1 d’une ; on. deux
dbitdéès dé hrureur j ’ Sc qu'ils étoiènt â peu près-
de la: taille des Lapons. Lès Quimos des* mon-
tagtiës de Madagaftar Scïe$ Péchiniens d’Ethiopie
pourroient bien rrëcré que Ihjmêrrte race, quLs’eft
maintenue dans les plus hautes montagnes de cette
partie du monde.
MADÈRE1 (Ile de). Oetfe île à environ cin-
quantércinq milles anglais dé long Sc dix de large 5
elle fut dëcoüVertè en 1419 pâr Gbrzalès Zarco.
‘ Fùrichjalè'éft la feule cité; L’île a d’ ailhurs fept
v illes , € alh ;tta, Camara dé Lobos , Rtbeirà ,
Braba & Ponta de S o l, dans la capitainerie de
Funchiale. Les trois autres font dans la capitainerie
de Mexico, & portent les noms de Mexico , San-
Vincënto 8c Saeta Gru2. \ -
- L ’îie de Madère; vue de la-mer, pféfente un1
frès-beL afpè& ; les flancs des collines foiit ehtiè-
femènt couverts de vignes, prefque jufqü’à la
hautetifooù l’Oéil peut diftingûér les Objets : èlles y
font vertes, tandis que tous- les autres végétaux
font abfolurnent brûlés, excepté'dans les endroits
ombragés par les vignes, & çà & là fur les bords
des pètitS'ruiffeàux.
L/îlëeft cbmpbfée d’ une grande montagne j les
flancs s’ëlèvfrrt de tous' côtes faë*la mer, St fe
réunifient au Tomfnet & au centre, & l’on dit qu’ iï
f a au milieu une vallée qui eft toujours couverte
d’ une herbe délicate & tendre. I! y a dé grandes
raifons ^e croire que toute .cette île eft fortiè an-'
ciennement du fein dé la mer parTexplofioh d’un
volcan. Toutes les pierres fefob'l'ent avoir été brûlées
; elles font1 remplies de trous & d’uné couleur
noirâtre r la principale; partié_eft de la lave. -Le fol
eft partout Sri terreau mêfé’d’ùri peu* de craie , dé
chaux & d e fa b lë , & il refferrrble beau coup à
quelques terres que l’ on trouve fur i’ile de l’Àf-
Cerrfion. Cette-ctrcohftance & l’élévation du fom-
met dé la montagne portent à croire que jadis un
Volcan prodaifit la lave & les parties oehreufes; &
que la vallée étoit alors le cratère. ‘
Les différentes monta’gnes qu’ on trouve dans ce
pays font très^élévées; la plus haute, le pic Rnivo*
a ic è8 pieds de hauteur, c’eft-à-dire-, près cL*tin
mille anglais perpendiculairement au-detïus de la
plaine qui lui fert de bafe, & qui eft très-haute.
Les;côtes des diverfes montagnes font couvertes
de vigtàeVjufqu à une'certaine élévation, au-deffus
defquellës fe trouvent des bois de pins & d'e châtaigniers
d’tine étendue immenfe'; Sc enfin, plus
Haut, des forê:s d’arbres de différentes efpèces
inconnues en Europe, comme le 'mirmulano b: le
pàobranco, dont les feuilles, furtotit celles du dernier,
-font fî'bslîès', -qu’ellés feroient un grand ornement
dans n'os jardin,s.;
Plufiçürs fourcës' d’èàu & plufieurs ruiffeaux
defcèndeqt des parties ha'utes dans des va lions Sc
dés creVaffes profondes qui entre-cbupent l’île,
maison n’y aperçoit point les plaines dont parlent
plufieurs navigateurs : lè cours des eaux s’y por-
tëroit vraifemblàblement s’ il y eri avoit quelques-
' unes. Les lits des petites rivières font couverts de
pierres de différent^ gfoffeürs, qué la violence
des pluies d ’hiver, ou la foncé des neiges, à entraînées.
' Des canaux cbnduifent l’eaù au milieu des vignobles
i & chaque propriétaire en a l’ ufagé pendant
un cértairt tèrïïpfc': plufieursont la pérmifiian
d’en jouir continuellement yd^aiftfév £'en fervent
| deux fols, trois fois , ou uné feulé fois pàr.fei'minè.
L’ arrofèmeht' étant abfolurnent néceffairé’ aïix vignobles,
à caufe dë là chaleur du climat, on ne
peut planter qu’à grands frais un nouveau plant dé
vignes; & le propriétaire doit acheter l’èàu fort
cher de ceux qui en,ont la jouiffance-.
Oh cultive des vignes partout ou le fol , 1’expo-
fition & j ’eau le permettent. Des fé’ntiërs ^environ
trois pieds entre-coupent chaque vigne.'Ges rentiers
font renfermés par.dés murailles de piètres
dedeux pieds dé haut : des lattésformènt aù-deffus
des berceaux d’environ fept pieds de hauteur : le
lorig des bords , des colonnes de bois foutiennent,.
à des diftancés’ régulières,1 un treillage*de bam-
boui qui, retombant des deux côtés, jufqu a un
! pied Sc demi ou deux pieds de rèrre, s’étend à
cette éîévatipn fur tôùte la vrgne ï de cette
• niëre les raifins fe tiennent élevés, & les vignerons
p ônt de là place pour ôter les màuvaifes herbes. Au
I temps des vendanges iis fe gliffenc fous le treillage
i &r ils coupent les grappes, qui pèfent queVquefois
; plus de fix livres. Cette méthode de tenir le terrain
propre & humide, & dè faire mûrir le rai fin
à l’ombre, contribue à donner aux vins de Madère.
1 cette faveur excellente & ce corps qui les ont
rendus lî célèbres. On eft obligé d’employer certains
-cabrons à ia culture des bambous nééeftaires
aux treillages.
Les vins ne font pas tous d*une égale borné :.le
meilleur eft celui qu’on tire d’un plant que l’infant
de Portugal fit transplanter de Candie on l’appeile
Malvoifie de Mcderek "
Les vignes-font enceintes de mil rail les & rie
haies de p o ir ie r sd e ’ grenadrefs ; de myrtès,.<l2
ronces & de rofins fauvages. Les jardins offrent
une grande variété- de prodt;étions. On y trouve.
beaucoup de fruits de l’ Europe, tels que les pêches,
lès abricots, les coings, les pommes, les
poirés y &5C. j on y ’voit aûfli des plantés dès deux
Indes, entr’ aiitres le bananier, le goyavier, l’arbre
à pain, l’ananas, le mangouftier, qui fleurilfent
& donnent des fruits prefque fans foins^ Le fol de ;
cette île' eft fi riche, la plaine & les montagnes
ont des climats fi différens, qu’ à peine y a-t-il
une feule .production recherchée de l’ Europe &
des deux Indes que la culture ne puiffe donner
ici.
Les habitans plantent des patates douces, dont
ils font une grande confommation, ainfi que dès
châtaignes qui croiffent dans les bois, fur les
parties les plus élevées de l ’île où il n’y a point
de vignes ; ils fèment du blé fte de l ’orge dans
les cantons où la vigne eft trop vieille, & dans les
nouvelles plantations. Le blé, eft de la meilleure
qualité, d’un beau & gros grain : l’ile en pourroic
produire en grande quantité, mais lès habitans
n’en récoltent pas pour plus de trois mois, & ils
font obligés de recourir à ceux d’Europe & 'd e
l’Amérique feptentrionale, qu’ils échangent contre
leurs vins. La culture de la vigne eft la prin-
cipalé occupation du peuple 5 & cofnme cette
branche d’induftrie demande peu de foin la plus
grande,partie de l’année, il eft très-porte a i oifi-
veté.
On trouve à Madere tous les animaux domeftiques
d’Europe He mouton, le boeuf & Le porc y font
e^cellens. Les chevaux, malgré leur petiteffe, ont
le pied fû r , & ils grimpent avec beaucoup d’agilité
les chemins, qui font partout difficiles.
li y a peu de quadrupèdes fauvages : on n’y voit
guère que le lapin. Les oifeaux font plus nombreux.
11 n’ y a aucun ferpent à Madere, mais les maifons
& les jardins fourmillent de lézards.
Les côtes de cette terre & des îles voifines ne
manquent pas de poilfons.
On trouve peu d’inft&es, & les efpèces en font
connues. On fera à cette occafion une remarque
générale qui peut s’appliquer à toutes lesTles.où le
capitaine Cook relâcha dans fes vx>y,agës. Les quadrupèdes
, les reptiles amphibies & les infectes ne
font pas nombreux dans les îles un peu éloignées
d’un continent, & tons ceux qui y font, ont été
tranfportés par les hommes. Il y a une plus grande
quantité de poiffons & d’oifeaux, parce que ceux-
ci ont plus de facilité pour s’ y rendre.
Le climat eft excellent à Madere : le temps eft
en général doux & tempéré en été : la chaleur eft
très-modérée fur lès. parties les plus élevées de
l ’île , où fe retirent les gens riches durant cette
faifon : en h iv e r , la neige y fubfifte plufieurs
jours, tandis qu’elle ne dure jamais plus de vingt-
quatre heures dans les parties baffes.
Les marées vont au nord & au fud dans les
pleines &c les nouvelles lunes : les. hautes s’élèvent
de fept pieds, & les baff.s de quatre.
Le.Sas peuple’ a le teint bafané : il eft d’ailleurs
bien fait, quoiqu’il air de larges pieds, ce qui
provient peut-être de ce qu’ il eft obligé de gravir
les fentiers èfcàrpés de ce pays rnômueux. Les vi-
fages des infüjaires font oblongs, avec des yeux
noirs : leurs cheveux noirs fe bouclent naturellement
; quelques Indiens les ont crépus, probablement
à caufe de leur mélangé avec les Nègres ï
en général leurs traits, quoique durs , n’ont rien
de défagréab e. La nature ne fenible 'pas avoir fa-
vorifé les femmes : elles n’ont point ce teint brillant
& fleuri qui eft le complément de la beauté;
elles font petites, brunes ; elles ont les os des joues
proéminens, un large' pied, Sc un maintien dénué
de grâces. Les juftes proportions de leurs corps, la
belle forme de leurs mains, leurs yeux grands &
animés, compenfenren quelque manière ces défaut^
La fobriété & la frugalité des gens de la campagne
font extrêmes j ils fe nourriffent de pain
& d’oignons, ou d’autres racines , & ils mangent
peu de viande. Ils boivent ordinairement de l’eau
pure, ou une piquette qu’ ils font en jetant de l’eau
fur la peau du raifîn, après qu’ il eft forti du pref-
foir. Cette eau acquiert, par la fermertation, un
goût aigrelet, mais elle ne le conferve pas longtemps.
A'peine ayalent-ils quelques gouttes du vin
que préparent leurs mains, & qui rend leur île fi
fameufe. Ils ne recueillent que quatre dixièmes du
produit de leurs vendanges ; ils en paient quatre
en nature au propriétaire, un dixième au Gouvernement,
& un dixième au clergé. Travaillant
ainfi pour les'autres, & jouiffant d’un fi petit bénéfice
, ils fon? peu d’amélioration de culture.
Malgré leur oppreffion, ils confervent cependant
du contentement & de fa gaieté : ils adouciffent
leur travail par des chanfons , & le foir ils s’affem-
blent & danfent au fon d’une guitare.
Les habitans des villes font plus malheureux
que ceux de la campagne j & outre.la pâleur & la
maigreur de leurs vifages, il y en a d’aiitres preu-
ves. Les hommes portent .des habits français,
communément noirs, qui ne leur fiéent point du
tout} les traies de leurs femmes .ont de la délica-
teffe & de l’agrément.
Les maifons & les édifices publics préfentent,
dans les détails de l’archiceéhire, cette élégance &
cette fimplicité orientale qu’on ne trouve point
dans nos maifons étroites. On ne voit aucune voiture
à roues dans le pays, privation qu’il faut peut-
être moins attribuer au défaut d’ invention des
habitans, qu’ à leur manque d’ induftrie pour former
des chemins praticables. Les routes font^en effet
fi mauvaifes , qu’ il feroit impoffible à aucune voiture
d’y paffer. On ne fe fert que de chevaux Sc de
mules, qui font très-propres à de pareils’ chemins;
on ne les emploie cependant pas pour le transport
des vins : des vignes où on lès fait, on les tvanf-
porte à la ville, dans des outres ou peaux de
t boucs, que des hommes chargent fur leurs têtes.
Z z z 2.