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L'air de cette ville eft fort fa in., 8c tous les dehors
font agréables. Elle eft féparée en deux groupes de
maifons, par l'E p te , qui remplit une partie de fes
foifés. Son commerce c on lifte en fron c nt. On y
fabrique des draps façon d'Angleterre , des rubans
de fil, des blondes 8c des dentelles. Il y a une verrerie,
fix tanneries, plufieurs mégi fie ries 8c quatre
corroieries. Les tanneries fabriquent des cuirs
forts de vaches, de boeufs, de veaux 8c dés bafa-
nes. On trouve, près de Gifors■ , les eaux minérales
de Tintryj elles ont delà réputation. Leurs
propriétés approchent beaucoup de celles d'Aumale
8c de Forges pelles font moins favonneufes,
8c plus falutaires pour les eftomacs foibles. On
les dit très-bonnes contre les vapeurs, les chaleurs
8c les douleurs chroniques, d'entrailles, 8cc. Aux
environs eft une mine de fer appelé Daugn , dont
la marcafiite eft pleine de brillans.
G IVO N N E , village du département des Ardennes,
arrondiffement 8c canton nord de Sedan
, à une lieue nord-eft de cette ville. U y a une
platinerie, ou l’on fabrique des faulx, des uften-
files de cuifine 8c de la poçlerie.
G IV O R S , ville du département du Rhône,
arrondiffement de Lyon , 8c: à quatre lieues 8c
demie lud de cette ville. Givors eft ficué fur le
bord du Rhône. Le paffage continuel des fers 8c
des charbons de terre de Saint-Étienne à Lyon
en fait un lieu très-»vivant. Il -y a une verrerie
qui fait fubfifter piès de deux cents ouvriers ; on
y confume çent cinquante bannes de charbon par
jo u r , 8c il en fort cinq cent mille bouteilles par
an. Outre cela il s'y fabrique du verre plat. Les
environs de Givors font fertiles 8c agréales : on y
recueille de très-bon vin. Les roches que l’on découvre
aux environs de cette ville font prefque
talqueufes, feuilletées 8c couleur de plomb.
GIVRAINES , village du département du
Lo ire t, arrondilîement 8c canton de Pithiviers,
8c à deux lieues de cette ville. On cultive, avec
fuccès, le fafran dans cette commune. Un fei-
gneur de Boynes apporta, dans le quatorzième
fiè c le , cette plante d'Avignon, 8c la fit cultiver
chez lui. Çette culture s'étendit dans fept ou huit
communes des environs, 8c elle s'éft beaucoup
plus répandue depuis le commencement du fiècle
dernier : c'eft une culture difficile, coûteufe 8c
fujète à des aceidens’. Les terres déftinées à recevoir
le fafran ont été affermées autrefois jufqu’à
yo francs l'arpent > mais depuis que la culture de
cette plante a franchi les bornes du Gâcinois, depuis
que les contrées voifines de la ci-dëvant
Beauce lui ont offert des terres neuves 8c en
quantité confidérable , les fermagès font diminués
d’ un quart. Les moindres terres à fafran s'afferment
encore 24 à 30 francs, prix ordinaire de la livre de
fafran, poids de marc, de bonne qualité : on le
p tif T
VJ il 1
vend quelquefois un peu moins. En général, îe
fafran au Gatinois eft de la meilleure qualité : il n’en
eft aucun qu'on lui préfère. La plus grande partie
eft enlevée par les étrangers , 8c furtout par les
Hollandais, pour la confommation des peuples du
nord, qui en. font un très-grand ufage.
GIVR AN V AL , yifiagjê du département de la
Meufe, arrondiflèment de Bar-lur-Ornain, 8c à
trois lieues trois quarts de cette ville. Ori y exploite
des carrières de pierres de taille.
GHILAN. L'étendue du pays qu'on appelle
aujoud'hui. Ghilan3 autrefois connu fous le nom
à.'hircanie, borde la mer Cafpienne dans une
longueur d'environ cent vingt-cinq werftes depuis
Keskar jufqu’à un mille au-delà du village de Sckà-
larut. Comme lés montagnes qui accompagnent les
côtés de cette même mer Cafpienne, depuis Ber-
bent jufqu’ à Aftrabat, décrivent une efpèce de
demi-cercle qui s'éloigne plus ou moins du plat-
pays, il enréfulte que l’étenduç à u -G h ila n , en
largeur, eft très-diverfe. Cependant là où il y .en
a le plus,, l'avoir depuis Enzelli jufqu'aux monta!-
gnes, en prenant par Kèskar, cela ne va pas aur
delà de vingt verftes. Cette province fe di-vifant
naturellement en haute 8c en baffe , fes producr*
tions doivent varier comme l'élévation du terrain j
8c différer, confi lérablement. Cette différence le
manifefte furtout dans les productions qui font un
objet d’économie ruftique, 8c dans les animaux.
Les endroits,de la plaine, qui.font marécageux,
foumiffent du riz à la nourriture .de l'homme, 8c
les endroits fecs produifent dé l’orge pourl’homme
8c pour les chevaux. Le froment 8c le feigle ne
fe cultivent que dans lès montagnes. En revanche
les^mûriefs, dont le fruit eft très-agréable au
goû t, 11e réuffiffent point du tout d'ans* la! mon-*
tagne, 8c viennent a,vec la plus grande abondance
dans les contréès les plù.s, baffes„ fouvent meme
les plus marécageufes d.e la province, ou le feul
ver à foie fait vivre une infinité de monde. Les
efpèces de bois de la plus excellente qualité, tels
ue le noyer, l'arbre aè fe r , croiffent tout le long
u rivage de la mer , & forment les!plus belles
forêts fur les baffes montagnes.
Montagnes du G k i l a n T ,
La chaîne de montagnes qui confine'au Gkilan
fèmble Tjenibraffer dans un demi-cercle ’ \8c no
préfente que des forêts d û , vu la nature graflè
8c argileufè du fo l, les arbres jouiffent d’üne
furabondance de fucs nourriciers qui fe portent
aux racines, dont l'accroiffement rend lés chemins
d’autant plus incommodes, qu'elles font
pour la plupart , pourvues d'épines, ou que d ’autres
plantes épineufes s'entortillent autour; *■
Les montagnes du Gkilan ne font autre chofa
! qu'un prolongement du Caucafe, qui fe fuit tou-
G H I 2 7 1
jours depuis De.rbent ; mais.ee prolongement n'a
lieu que dans fa longueur, car derrière les mon- :
tagnes du Gkilan il ne s’en trouve plus que deux
d'égale hauteur, lefque’des fe terminent'à une.
plaine qui conduit de Kasbin jiyfqu’à lfpahan , au
lieu que les alpes du.Derbent forment une chaîne'
non interrompue , qui s’étend jufqu’à la Me,r-
Noire. Cette plaine eft un prolongement de la
Morgane, qui commence entre Saiîian 8c Enzelli 5 j
8c avant que la Morgane commence tout à fait
derrière Schamachie, la principale chaîne tire entièrement
vers l'oueft, une feule branche exceptée
, q u i, s'étendant en longueur le long de fa;
mer Cafpienne, prend fa direction vers le fud-
oueft.
Du village de Tfchurdaft, qui eft pourrant déjà
fi tué. à la moitié de la montagne, on croiroit qu’on j
pourroit fe rendre, dans l’efpace d’une couple ï
d'heures , au fommei de la première montagne j
couverte de neige 5 mais lorsqu'on entreprend ce 1
voyage , on trouve qu’ il relie encore à monter j
quantité de montagnes , grandes 8c petites , qui j
font cachées les unes derrière les autres; & comme j
elles- font en même tems féparées par quantité de j
vallées , il faut au moins faire dix lieues avant de j
pouvoir parvenir au haut de la plus prochaine
montagne couverte de neige. Le tems change plufieurs
fois le jour dans ces montagnes. Les vapeurs
qui s'élèvent continuellement de la mer Cai-
pienne, 8c qui font produites tantôt par la chaleur
, tantôt par les vents , trouvent ici un lieu
très-propre à les raffembler; auffi viennent-elles
s'y condenfer en brouillards 8c former de vrais
nuages, qui font quelquefois fi épais , qu'on n'eft
pas en état de diftinguer un objet à la diltance
d’un pied. O r , ce font ces vapeurs qui caufent ces
continuelles variations de tems ; car la quantité
dé ces vapeurs eft déterminée par la nature 8c la
direction dis vents fur lefquels ces vapeurs réa-
giflent à leur tour, ainfi que l’expérience journalière
le démontre. Lorfqu’en été le tems eft fèrein 1
au lever du foleil, il peut très-bien arriver qu’il
vienne à pleuvoir au bout de deux heures; q-e
bientôt après le ciel s’éclaircilfe de nouveau , 8c
que cela -varie ainfï plufieurs fois jufqu’au foir. 11
arrive même qu'il ne règne pas le même tems fur
toute la montagne , car fouvent un amas de vapeurs
fe trouve pris entre deux montagnes plus
bafles 8c y occafionne de là pluie, tandis qù’on
jouit du tems le plus ferein Ïorfqii on s'élève un
peu au deffus. Sur certains fommets la neige fe
fond en très-grande partie pendant les mois de
l’été ; de forte que toutes les eaux qui prennent
leur fource dans ces montagnes grofliffent alors
confidérablement 8c vont fe précipiter dans la mer
Cafpienne. Les differens progrès de la fonte des
neiges, fuivant que la chaleur eft plus ou moins
/ forte , donnent lieu à une efpèce de rivières qui
ont un cours périodique. Les fommets lés plus
élevés de ces montagnes, malgré la plus puiffante
g -h 1
activité, des râyons. du foleil , refient ^ouverts
d’:iine neige éternelle, dont i’ufage qu’on en fait
pour rafraîchir les, .b.piffons apporte un grand fou-
lagement aux habitans des lieux fitués dans, les
plaines durant les chaleurs prefqu’mfupponables
de leurs êtes.
Cés montagnes font formées de pierres de
roche, dont on rencontre tantôt» des maffes d'une
grandeur énorme, tantôt des morceaux détachés,
qui ont roulé à de certaines diftances , 8c qui font
extrêmement incommodes au voyageur. Ces pierres
font quelque fois ham ogèn es, 8c quelquefois mélangées
8c parfemées de quartz Sc de mica : on y trouva
fréquemment une pi. rre cornée , difpofée par couches
, fans être feuilletée, ainfï qu'une pierre de
roche parfemëe de cailloux , qui eft également
très-commune. Quant aux coquilles pétrifiées qui
font fi abondantés aux environs de Baku 8c de
Derbent, ces montagnes n'en offrent pas les
moindres veftiges.
Au revers de ces montagnes couvertes de neiges
on voit les tulipes fleurir deflbus la neige, pendant
que les autres fleurs liliacées reftent fermées,
Dans les lieux où le foleil peut exercer fon activ
ité , on y voit de belles plantes qui varient fui-
I vant les niveaux. On retrouve,dans la plaine les
plantes particulières à la province, 8c fur les hauteurs
des plantes alpines. La juliane ( hefpens').s’y
montre furtout en grande abondance 8c embaume
toute la contrée de fon agréable odeur.
Les montagnes qu'on appelle les monts tawlif-
chiniens , qui font une continuation des moga-
niens, fé réunifient enfuite avec les montagnes du
Gkilan, derrière Lagifchau 8c Langorod, Çette
triple chaîne de montagnes, tout en décrivant
beaucoup de finiiofriés , ne fe dirige qu'en longueur,
8' s’étend très-peu en largeur; elle forme
pour ainfï dire un mur de réparation entre la.
Gkilan & l’intérieur de la Perfe ; car aufiïtôt qu’on
les a îaiflees dérriëre foi , l’on fe trouve fur uns
fteppe aride qui mène vers Kasbin.
Il faut croire que M. Gmelin s’étoit efiouffié eh
montant , 8c qu'en même teins le préjuge agilfoit
avec trop de vivacité fur fon imagination, d'amant
qu’il y a même grande apparence qu’il n’a pas
monté jufque fur les pointes couvertes de neiges >
au moins n’en parle-t-il pas dans fa relation.
J’ai gravi les cimes les plus élevées de l’Europe,
bien au deflus de l’hofpice des capucins du mont
Saint-Gothardjj’ai monté jufqu'aufommet d'autres
montagnes très-élevées de la Su i fie , 8c n’y ai jamais
éprouvé là moindre gêne dans la refpiration ;
je fn’y trouvois au contraire beaucoup plus difpos
que dans la plaine. M. de Luc aflùre la même chofe
dans la relation de fon voyage aux glaciers de Savoie.
( Voyez Recherches fur les modifications de
l'atmofpjiere ? &c. , tom. / / , '§ . 0 4 0 ,9 4 1 , 942. ^
C e què les'voyageurs racontent des effets de l’extrême
fubtilitë de l’air dans les montagnes du
Pérou paroît être très-fondé fur d'autres caufes.