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§. Ier. Etangs naturels de France. j
Ils font prefque tous littoraux, 8c fîtués fur les j
côtes de l’Océan , au defious de Bordeaux, ou fur I
les bords de la Méditerranée, depuis Perpignan
jufqu’ aii Var.
Etangs du département des Landes,
11 y a des étangs depuis l’Adour jufqu'à la Garonne,
& ces détails méritent d’être décrits.
Depuis l’Adour jufqu’ à l’embouchure de la rivière
de Bourette on trouve , dans l’ ancien lit de
l’A d ou r, onze étangs liés enfemble, qui n’ont
point d’autre débouché que cette embouchure.
Cinq de ces étangs reçoivent l’eau d’autant de ruif-
feaux. Outre cela , trois étangs intérieurs , donc le
plus conlidérable eft celui a Orn, alimentés par
plufieurs ruiffeaux , verfent leur trop-plein dans
lès étangs qui fe terminent, comme on v o it , au
même débouché ; ainfi ce font deux fyftèmes d’é-
tangs ou d’amas d’eaux formés par des fables entre
^embouchure de la rivière de Bourette & l’ancienne
embouchure de l’Adour ou Vieux-Bou-
caut. Il y a dans l’ancien lit de l'A d ou r , neuf
étangs qui ne reçoivent aucun ruiffeau de l’intérieur,
mais dont une partie verfe dans l’embouchure
de la rivière de Bourette, 8c une autre au
contraire reçoit de l’eau des débordemens du
Vieux-Boucaut.
Je dois faire obferver ici que , dans l’ intérieur
des terres , 8c au-delà des anciennes dunes, il y a
Xétang de Toffe qui’a plufieurs embranchemens, 8c
qui reçoit les eaux de plufïeürs ruiffeaux, lequel
fe décharge dans Yétang de Soûlions , alimenté
aufli par huit ruiffeaux 8c une r iv iè re , & qui fe
décharge par le Vieux-Boucaut dansfOcéah,
Le’ Vieux-Boucaut reçoit encore la rivière de
Moliets , donc le cours tli entre les nouvelles &
les anciennes dunes, & fért à lier trois étangs,
dont le plus conlidérable eft celui de Moiflac.
Étang de Léon. Il reçoit les eaux de fept ruilTeaux
& delà rivière de la Palue,, qui en reçoit fept autres
dans fon cours. C et étang verfe fon trop-plein dans
> l ’Océan, par lin canal qui traverfe les dunes.
Il faut obferver qu’entre les deux étangs de Soûlions
& de Léon ily a d’anciennes dunes, avancées
au niveau des bords intérieurs de chacun de ces
étangs Il paroît que les dunes, dans ces intervalles,
fe font avancées jufque-là > pendant que les eaux
des deux étangs ont empêché la marche des fables
dans les parties du rivage où elles le font affem-
blées.
Étang de Saint-Julien & de Lit. Il reçoit les eaux
de cinq ruiffeaux, dont deux allez confidérables 5
mais avant de fe jeter dans leballîn de cet étang,
les lits de ces deux ruilTeaux fe fubdiviferst en plu-
ü ’eurs canaux', occafionnés parles fables, comme à
l ’embouchure des grands fleuves. Cet étang verfe
fon trop-plein dans l’Océan, par un canal qui, après
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avoir traverfe les dunes par un cours de l’eft à
l’ oueft, fe déverfe vers le fud-oueft.
Etang de Cafau & de Bifcarojfe* Il reçoit les eaux
de qeux ruilïeaux au nord j il fe verfe dansTérà«/*
de Bifcarofïe, & celui-ci dans Yétang des Gaftes &
deParentis. Ce dernier reçoit outre cela, de l'intérieur
des terres, un ruiffeau au no'rd-ôueft qui vient
des dunes, 8c celle d’une ri vière 3 il verfe les eaux
dans Yétang de Mimifan, 8c dans ce trajet le canal
reçoit les eaux du ruiffeau de Sainte-Eulalie.
Étang du Mimifan. llreçoit deux petits filets d’eau
au nord-oueft, au pied des dunes, 8e trois autres
au fud , 8e deux rivières principales qui reçoivent
plufieurs ruiffeaux. Son trop-plein, apres avoir tra-
verféles dunes, décline au fud pour fe jeter dans
l ’Océan.
Je vois que toutes les eaux des trop-plein prennent
leur cours au fud, étant détournées apparemment
par l’aètion du courant de l’Océan, ou par le
vent du nord-oueft : tels font les boucanx de Yétang
de Léon , celui de Yétang de Saint-Julien , 8c enfin
celui de Yétang de Mimifan.
Etang de Carcans. 1,1 paroît ver fer au dehors fes
eaux dans des foffes d’ecoulement, ou bien d’en
recevoir par des ruiffeaux. A l ’oueft il eft adoffé
aux dunes, & à T eft au landes plates, en fui vaut la
ligne de fon grand diamètre au nord , outre le canal
de décharge, environ une vingtaine de flaques
d’eau, dont l’intervalle peut être marécageux.
Etangs des départemens des Pyrénées orientales , de
VAude , de 1'Hérault & du Gard.
Ces étangs, quiferont décrits fpécialementàleurs
articles reipeétifs., font :
L’étang des Roufes, alimenté par un ruiffeau 8c
fans débouché dans la Méditerranée.
Le lac de Villeneuve de la Raho , dans l’ intérieur
des terres.
Le lac de Poulaftres, fitué dans un vallon 8c fans
iffue.
L’étang de Saint-Nazaire y alimenté par une rivière
conlidérable 8c deux ruifleaux tans débouché apparent
dans la mer Méditerranée.
Le grand étang de Leucate, qui débouche dans la
mer par les deux extrémités 8c qui eft ,alimenté
par deux ruiffeaux 8r le trop-plein d’un lac.
L’étang de laPalmic 3 alimenté par deux petits
ruiffeaux communiquant à la mer par deux grands.
Celui de la Franqui 8c celui de Jongraujfe.
L ’étang de B âges, alimenté par plufieurs ruiffeaux
8c une rivière conlidérable, 8c qui communique
à la Méditerranée par le grau du fort de la Nouvelle.
Vétang de Gruijfan , dont les deux embranchemens
communiquent àlaMéditerranée par les giaus
de la Vieille-Nouvelle 8c par celui de Grazelle.
Les deux étangs de Pcck-Menau , l’un intérieur,
alimenté par un iuiffeau ; l’autre alimenté par deu^
ruiffeaux 8f-communiquant par un.grau obftrué,
L’ étang
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L’étang dè Fleury, alimenté par un ruiffeau, 8c
communiquant à la Méditerranée par le grau de
Piffevaques, 8c le grau de Vendres à l’embouchure
de l’Aude. f
L ’étang de Vendres , alimenté par l’Aude 8c par
deux petits ruiffeaux ; il communique àla Méditerranée
par le grau de Valleras.
L’étang de la Redoute de Roque; il ne communique
point avec la mer.
. L’étang de Carouqui reçoit les eaux de deux à
trois ruiffeaux, 8c communique avec la mer au def-
fus du grau d’Agde.
: L’étang de Laino, qui ne communique point avec
la mer, non plus que Yétang d’Embonnes : celui-ci
n’eft pas alimenté par un canal apparent.
L’étang de Cap eft ang 3 dans l’intérieur des terres,
alimenté par fept ruiffeaux; il communique à la
mer par l’Aude.
' L’étang de Bagnes., alimenté par un ruiffeau 8c
digue par le canal.
L’ éiàng de Tkau, alimenté par feize ruifleaux ;
il communique à la mer par le canal de Yétang de
Maguelone.
L’ étang de Maguelone, alimenté par plufieurs
ruifleaux 8c étangs communiquant à la mer par le
grau de Maguelone, 8c celui de Paîavas, qui eft à
l’embouchure du Les.
L’étangdePérols3 alimenté par un ruiffeau 8c par
des communicatiônsavéc le Les, fe décharge dans
la mer par le grau de Pérols.
Il eft uni avec Yétang de Manguio, qui reçoit
neuf ruiffeaux 8c trois rivières ; il ne communique
à la mer q je par une décharge dans Yétang de Re-
pauffet 8c dans celui de Pérols.
L'étang de Repaujfet 8c autres étangs d’Aigues-
Mortes, qui reçoivent du côté des terres piufierrs
canaux 8c rivières, 8c qui fe déchargent dans la mer
par le grau du Roi.
Auprès de l’embouchure du Rhône font beaucoup
de lacs, fans aucun ruiffeau ni graus : ce font
des flaques d’eau alimentées par des marais entre
deux terres.
L’ étang de Valcares3 qui ne reçoit d’aliment que
des marais de Valcarès 8c de celui du Pont-de-
Rofty.
* L’ étang deBeau-Duc3 qui communique à la mer,
ainfi que celui de Giraud.
Je ne m’étendrai pas davantage fur chacun de
ces étangs : cette indication fuffira ici. Je me contente
de renvoyer à leurs articles.
Etangs du département des Bouches-du-Rhône.
L ’étang de Berre eft circonfcrit par les territoires
de Saint-Chamas, de Califfane, de Rognac 8c de
Marignane. C et étang perd tous les jours une partie
du terrain qu’ il occupoit dans les premiers tems,
terrain qui étoit de l’ancienne vallée de l’Arc, qui
y verfe fes eaux ; c ’eft aufli lui qui y voiture des
fables. Il en eft de même de la Touloubre 5 il ne
Géographie-Phyftque. Tome I V .
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refte que l’ancienne embouchure de ces deux rivières,
qui fervent de débouché à Yétang. Les deux
ruiffeaux de Marignane y fourniflent aufli.
L’étang de Berre fournit du poiffon frais aux
bourgs & villages qui l’environnent; il'fournit aufli
environ quatre cenrs quintaux d’anguilles. On y fait
près de quarante quintaux de boutargue, préparation
faite avec les oeufs de mulet bien nétoyés ,
falés, aplatis 8c féchés au foleil. Cette boutargue
fe vend à l’étranger, 8c paffe pour être un mets fort
délicat 8c fort nourriffant : on en fait un grand ■
ufagë en Italie.
Il paroît que la digue qui fert à la retenue des *
eaux des rivières qui s’y rendent de plufieurs côtés
eft un amas de fables rabattus par la mer, qui s’en
eft retirée à mefure que les mêmes fables fe font
accumulés par les mêmes flots. ( Voyez Ma r tigues.
)
Etangs du departement du Var.
Dans ce département je diftinguerai les étangs
littoraux de ceux qui font formés dans l'intérieur
des terres, parce que leur origine 8c leur régime
font différens. Quant à ce qui concerne les étangs
littoraux du département du V a r , il s’en forme à
prefque toutes les embouchures des rivières dans
la mer, parle concours de toutes les circonftances
fuivantes : les vents d'eft 8cde fud-oueft, foulevant
les flots de la mer, forment des dunes élevées. Si.
en même tems les berges des rivières font plus
hautes que le terrain ,.les rives , fe liane aux dunes
8c au prolongement des coteaux voifins, forment
enfemble les bords continus d’ un baffm qui fe remplit
aux époques des débordemens.
Lorfque les vents d’ eft 8c de fud-eft foufflent
avec violence, le niveau de la'mer s’élève d ’environ
un mètre, 8c baifle autant par ceux du nord-
oueft. Les eaux des étangs littoraux obéiflant fî-
multanément à la même lo i , il y a lieu de penfer
qu’ils communiquent avec la mer, à travers la dune
qui les en fépare en apparence ; mais comme cette
efpèce n’eft entretenue que par les pluies 8c les infiltrations
de la mer , il doit arriver que l’époque
de fes plus balles eaux, foit pendant l’é té ,q u i eft
tout à la fois la fail’on la plus fèche, eft celle où la
mer baiffe le plus; 8c fi Yétang. cR alors réduit à
peu de profondeur, il devient marais, 8c en produit
les finiftres effets.
Étang de Villepey. Il eft fitué près de l’embouchure
de î'Argens, dans un fol fiiieeux. Il a commencé
par être un golfe ou enfoncement delà mer.
Les fables voitutés par les vagues ont fermé la communication
, 8c Yétang s’eft formé : c’eft ainfi que
prefque tous les étangs littoraux ont dû leur formation.
La fuperficie de Yétang de Villepey eft de
douze cents ares. Ses eaux, profondes pendant l’hiver
, baiffent confidérablement pendant l’été. Les
gaz paludeux qui s’en exhalent, prennent alors
un caradère effrayant de malignité, 8c tout ce qui.