
F A L
jT ^ f* A IS E , ville du département du Calvados,
, r -^nté , à dix lieues nord-eft de Séez. Cette
vule eft dans une fîcuation fort agréable : c’ eft une
des plus anciennes du pays des Marches. Elle eft
longue & étroite. 11 y a un ancien château conf-
tpUlt . .une grande malle de rochers que je nomme
Roc vif, dont il y a d'ailleurs plufieurs échantillons
aux environs d eS é e z , & particulièrement le Ro-
cher-du-Diable, qui occupe une vallée au nord-
eft de Falaife, & qui mérite l'examen des naturalises
qui defireroient faire une étude des mâffes
de Roc v i f , qui font recouvertes par les couches
horizontales de la nouvelle terre. Dans Falaife &
dans (es faubourgs il y a des fabriques de ferges,
de toiles fines, de dentelles façon de Dieppe, de
coutellerie & chaudronnerie, auxquelles on peut
ajouter les tanneries abreuvées parles eaux abondantes
qui y ont leurs fources. La foire , connue
parmi les négocians fous le nom de Cuibray J fe
tient toujours dans un des faubourgs de Falaife.
Fa l a is e ( l a ) , village du département de
Seine & O ife , arrondiffement de Mantes, & à
deux lieues de cette ville, ,fur la ManJrç. Il y a
des preffoirs pour les vins & les bons cidres qu'on
ÿ récolte.
FALAISES ( le s ) : ce font de grands & fameux
rochers qui fe trouvent fur les bords de la Manche
, & qui font lavés par les vagues de la mer.
F a la ise s : ce font les bords efcarpés de la mer, I
& qui éprouvent, de la part de îa vague qui en
fappe le p ied , une deftru&ion continuelle. On
connoît les falaifes des environs de Dieppe, qui
ont deux cents pieds de hauteur perpendiculaire
& q u i, foit par le jeu de la vague, foit par faction
de la gelée fur les marnes crayeufes, tombent
par morceaux dans la mer, & fournilfent, parleurs
débris, les matériaux primitifs des galets quiinfef-
tenttous Içs ports bt toutes les anfe&de cette côte
depuis l’embouchure de la Seine au Havre, jufqu'à
peu près l’embouchure de la Somme. Cesfalaifes
font des témoin s de l ’a élion de la mer &du progrès
de la deftruétîon de fes côtes, & des principes de
l ’élargiffement continuel & journalier des golfes
& des détroits. C ’ eft en fuivant les progrès de ce
travail, qu'on peut, fans rien hafardér, déterminer
le tems qu'il a fallu à la Nature pour franchir l’in-'
tervalle immenfe qu’il y avoit entre les petites
vallées primitives qui occupoient le centre de la
Marche & l'état aétuel dè'te g o lfe , qui a fini par
devenir un détroit. D’abord j ’y vois l’affemblage
de lits de quelques rivières ? plus, la réunion de
ces lits ou petites vallées en une feule? enfuite fin
golfe qui s'élargit par la deftru&ion des falaifes,
& enfin un long & large détroit par la deftruc-
tion de l’ ifthme des falaifes. Voilà ce que j'ai reconnu
aux pieds des falaifes de Dieppe. ( Voyc%
les articles MANCHE, GALETS & 1.STHME DE
C a l a i s , .& c . )
f A LU N , FALUN IÉR ES :. *c'eft un amas con-
fidérable, formé, ou de coquilles entières qui
ont feulement perdu leurs couleurs & leur vernis,
ou de. coquilles brifées pai fragmens & réduite's
en pouflière, ou enfin de d'ebris de fubftahces
marines, de madrépores , & c . L’on donne fur-
tout le nom defalun à la portion de cet amas où
la fübftance des coquilles eft la plus divilée , bt
celle qui eft réduite en pouflière foit fine. Les
falunieres de Touraine ont trois grandes lieues &
demie de longueur, fur une largeur moins confi-
dérable, mais dont les limites nefontpasauflî pré-
cilément déterminées ni connues. Cette étendue
comprend depuis la petite ville de Sainte-Maure
juiqu’au Mantelan, & renferme les paroiffes cir-
convoifines de Sainte-Catherine , de Fierbois ,
de Louan, de Boffée.
L e f alun ne forme point un banc ferme & fo-
lide : c ’eft un maflif dont î’ épaiflèur n’eft ni fixe
ni déterminée. On fait feulement qu'il a plus de
vingt pieds de profondeur.
Voilà donc un banc de coquilles d!environ neuf
lieues carrées en furface , fur une épaiffeur au
moins de vingt pieds. Ce prodigieux amas dans
un pays éloigné de la mer ne doit pas étonner tous
les naturalistes qui ont fuivi les dépôts immenfes
de la mer3 & les dépouilles des animaux marins,
; que l’on rencontre au milieu des Cdntinens.
C ’ eft l’ ufage qu’on fait du falun qui l’a fait
connoître aux naturalises. Les laboureurs & petits
cultivateurs dont les terres fdnt naturellement
ftériles, tirent des falunieres de quoi les féconder,
& répandent cette pouflière de coquilles fur leurs
champs. C et engrais les rend fertiles, comme dans
beaucoup d’autres provinces de France jâ marne
ou les craies.
Mais parmi les falunieres ôn n’exploite que celles
qu’on peut travailler avec profit. On commence
donc par faire une fouille à l'aide de laquelle on
pW e s’aflurer à quelle profondeur eft le falun ;
quelquefois il fe montre a (fez près de la furface,
mais ordinairement il eft recouvert d ’une couche
de terre de trois à quatre pieds d’épaiffeur. Si la
couche de terre a plus de huit à neuf pieds, il eft
rare qu on faiTe la fouille. On fait que les endroits
bas, aquatiques, peu couverts d’herbes, promettent
du falun proche de la flarface de la terre.
Quand on a percé un trou, on en tire , dans le
jour, tout ce qu’on peut en extraire. C e travail
demande une grande célérité, parce que l’eau fe
préfente de tous côtés pour remplir le trou à mefure
qu’on l’approfondit, & on eft obligé d’épuifer
l ’eau à mefure qu’on travaille.
Il eft rare qu’on emploie moins de quatre-vingts
ouvriers à la fois, & l’on en affemble fouvent plus
de cent cinquante.
Les trous font à peu près carrés, & les côtés
.ont jufqu'à quatre toifes de longueur. La première
couche de terre enlevée, & l e falun qui peut être
extrait étant jeté fur les bords du trou , le travail
fe partage j une partie des travailleurs creufe,
.& l’autre épuife l'eau.
A mefure qu'on creufe, on ménage des retraites
en gradins pour placer les ouvriers : on les diftribue
fur ces gradins, depuis le bord du trou jufqu’au
fond de la minière , où les uns puifent l’eau à
feau, & les autres le falun y l'eau & 1 e falun montent
ainfi de main en main : l ’eau fe jette d’un
côté du trou, & le falun de l’autre.
On commence le travail de grand matin , bc ,
fur les trois ou quatre heures après midi, on fe
trouve communément obligé de l’abandonner ?
mais on ne revient plus à un trou abandonné,
parce qu'on trouve moins pénible & plus avantageux
d’ en percer un autre , que d’épuifer le premier
de l'eau qui le remplit. Cette eau’, filtrée à
travers les lits de coquilles, eft claire & n’a pas de
mauvais goût.
Quoiqu’on foit parvenu jufqu'à vingt pieds de
profondeur, on n'a jamais trouvé la limite du fa-
lün. Les bancs de ce foflile n'offrent aucun mér*
lange de matières étrangères, qui ne foit pas un
débris de coquilles blanches. Il feroit fans doute
curieux de creufer dans un très-grand nombre
d’endroits, & d’extraire le falun à la plus grande
profondeur où l ’on pourrait en trouver, afin de
reconnoître quelle peut être à peu près l'épaifleur
.de cette mafîe fingulière.
On ouvre ordinairement les falunieres vers le
commencement d’oétobre , parce qu’alors on
craint moins l’affluence des eaux? mais comme
c ’ eft le tems des labours , on fe trouve dans une
faifon peu commode pour cette exploitation. Quelquefois
on a hafardé ce travail au printems, mais
cela eft rare.
Quand le falun a été t ir é , & qu’ il eft bien ef-
foré, on l'étend dans les champs. Il y a des terres
qui en demandent trente à trente-cinq charretées
par arpent, & d’autres pour lefquelles quinze à
vingt fuffifent. On ne donne aux terres qu'on fer-
tilife ainfi aucune préparation particulière : on laboure
comme à l’ordinaire, & l’on répand 1 e falun
comme le fumier.
Il y a de la marne dans le voifïnage des falunieres
, mais elle ne convient pas aux terres pour
lefquelles 1 e falun eft bon. Les terres qu’ on fertilité
avec 1 e falun ne produifent feules que des
bruyères ? les autres plantes y croiffent à peine :
on les appelle, dans le pays, des bornais. La moindre
pluie les bat & ie s alfa i fie ? le falun les entr'ou-
vre & les ameublit. Telle eft la fertiiifation qu’elles
reçoivent de ce mélange, comme un grand nombre
d’autres terres où l’on répand des marnes
dans d’autres provinces.
Sur l’obfervation que le falun & la marne ne
fertfiifoient pas également les terres , M. de
Réaumur a conclu que la nature de cet engrais
étoit entièrement différente ? mais il devoit feulement
en conclure que la marne n’agiffoit pas de
la même manière, & ne produifoit pas une divi-
fionauffi complète. ( Voyei Varticle MARNE, où
nous expliquons cette manière d’agir des engrais
terreux.)
Une terre une! fois falunépl’eft pour trente ans.
L’effet du falun eft moins fenfible la première année
que les fuivantes, parce qu’alors le falun eft
mêlé plus uniformément dans la terre du champ,
& c’eft alors que les terres falunées font d’un très-
bon rapport.
Le falun tiré après lesprenvères couches eft extrêmement
blanc : les coquilles entières qu’on y
remarque, font toutes placées horizontalement bc
fur le plat : d’où fi réfulte qu’on ne peut attribuer
ces dépôts à des mouvemens violens, qui auroient
produit une confufion & un défordre qu’on ne
remarque point dans les falunieres.
Le maffif des falunieres eft diftribuépar couches
diftinétes & réparées les unes des autres ? ce qui
prouve encore qu’il eft le réfultat de plufieurs dépôts
fucceffifs formés dans le balfin d'une mer fixe
& tranquille, & dont les mouvemens ne s’oppo-
foient pas à la difpofition horizontale. On trouve
dans cet amas les coquilles les plus communes fur
les côtes du Poitou, comme les palourdes, les la-
vignans, les huîtres? mais en même tems on y
trouve abondamment des efpèces totalement inconnues
fur ces côtes , telles que les cardium>
les maélres, les vénéricardes, les cythérées, les
cérithes, les pyrules, lescafques, les cônes, les
vol utes, les pleure tomes, les turritèles, les huîtres
pliffées, ainfi que les madrépores, les rétipores,
les champignons de mer.
Ces corps s’étant accumulés par des accroiffe-
mens infenfibles au fond de la mer, & ayant fé-
journé un tems infini fous les eaux , il n’eft pas
étonnant que la plupart, réduits en petits fragmens,
n’ aient formé un maflif uniforme fans vides, fans
interruptions , fans ruptures , fans inégalités.
( f^oye^ Mém. de VAcad. ann. 17.20. ) Vo yez FOSSILES
& les articles de Grignon, de Courtagnon,
où l'on décrit plus amplement les dépôts de coquilles
fufïiles.
FANGE (Forêt d e ) département de l’A ud e ,
ârrondiffement & canton de Quillan, & à une lieue
V i