
tk lïiis des plus hautes e a u x , & forme des amas
où l'on démêle quelques lits diftin& s, renfermant
beaucoup de moules fluviatiles brifées ou
en t iè re s , mêlées de cailloux roulés. Lorfque de
pareils lits d e fable viendront à fe d u r c ir , il en
réfultera des pierres de fa b le , des poudingues,
des couches co q u illiè re s , & c .
La plupart des coquillages qui fe trouvent dans
le lac de Neuchâtel font à peu près les mêmes que
ceu x du lac de Genève. On trouve outre c e la ,
dans le même la c . & furtout le lon g de fes bords,
une grande quantité de morceaux de bois roulés &
arrondis par les eaux-qui les ont châtiés, entraînés
& dëpolés dans fon badin ; ces morcraiîx de bois
ont contrac té , par un certain fé jo u r , une couleur
du plus beau noir, comme les buis fofliles que l ’on
trouve dans le fein de la terre en pîufieuis endroits
dç la Suide. Plufieurs de ces morceaux font enfe-
v elis dans les fables à une profondeur plus ou
moins conlïdérable ; mais beaucoup d’autres 'ré-
fîdent feulement au fond des eaux , dans les différentes
parties du baflîn du la c , tant au milieu que
le long des bords j & fi l’on en vo it plus communément
près de fe s t iv e s o r ien ta le s , c’ eft que le
lac y étant moins p ro fon d , laiffe apercevoir de
ces bois lorfque l’eau eft calme & tranquille : c ’eft
furtout depuis 1e bois d’ Yverdun jufqu a la Sauge
qu’on en rencontre plus abondamment & qu’on en
v o it de toutes dimenfions ; ils font couches fur le
fond fablonneux du la c , les uns à cô té des autres,
fans aucun ordre.
Il paroît que ces arbres ont é té déracinés par les
torrens aux bords defquels ils é to ien t , lorfqu’ ils
on t éprcuvé des débordemens confidérables , en-
fuite entraînés & dépofés dans les lacs 5 c e font
des ch ên es , plus rarement des ch â ta ign iers , &
quelquefois des aunes. On fait d’ailleurs que la
B ro yé charie un a llez grand nombre de troncs
d’ arbres dans le lac de M o r a t d ’où il eft probab
le que.cette même rivière en tranfporte aüifi dans
le lac de Neuchâtel ; mais les ri vières qui s ’y jettent
immédiatement paroiffent avoir contribué davantage
à ces convois de bois & à leurs dépôts dans
fe la c , que la Broyé.
Les bords du lac de Neuchâtel, furtout fa rive
o t ien ta le , offrent une grande abondance cie' cailloux
roulés , de fubftances pierreufes infiniment
variées. II feroit intéreffant de. bien déterminer
leur nature & leurs ca ra& è res, & de les indiquer
fous les dénominations qui leur conviennent.
N EW E N H AM ( Çgp ) . L e promontoire auquel
on a donné le nom de cap Newenham eft une pointe
de rocher affez é le v é e , qui fe trou ve dans la cô te
oueft d è l'Amérique feptentrionale &. très-près du
continent. Sa latitude eft de y8 deg. 4 2 / & fa longitud
e de 197 deg. 36' (méridien de Greenwich ).’
Il y a par-deftus ou en dedans de ce cap deux
collines hautes q ui s'élèvent l ’une derrière l’autre ;
la plus intérieure ou la^plus orientale eft la plus
élevée . L e pa ys , dans i’ efpace qui a é té examiné,
ne produit ni arbres ni arbiiffeaux. Les collines
font pelées j mais, fur les terrains plus b a s , or>
vo it de l’herbe & des plantes. On n'y découvrit
d’animaux qu’ une daine & fon fa o n , & le cadavre
d’un cheval marin ou d'une vache marine gifanc
fur la grève.
La cô te fe prolongeant au nord depuis te cap
Newenham, ce cap eft la borne feptentrionale de
la grande baie ott du golfe fitué devant la rivière
de Briftol. Le cap Ooncemak en forme l'extrémité
méridionale. Il g ît à quatre-vingt-deux lieues du
cap Newenham. y dans la direction du fud-fud-
oueft.
A peu de diftance de ce c a p , la cô te eft com-
pofée de co llin es , de terrains b a s , & elle femble
former plufieurs bai-s. La mer a peu de profondeur,
& la fonde ne rapporte que fix brades, quelquefois
même deux feulement. Ôn vo it en dehors
de ces terrains bas , un banc de fab'e & de pierres
qui eft à fec vers le milieu du julfant. T o u te çette
partie de la côte eft remplie de bas-fonds qui
rendent la mvigation dangereuL. L e flot porte au
n o rd , & le juffant au fud. La mer s’élève de cinq
ou fix pied s , & C o o k c ro it qu’elle eft haute à huit
heures dans Us pleines & les nouvelles lunes.
N IA G A R A ( Cafcade ou Saut d u ). C*eft ainfi
que l’ on nomme une cafcade formée par la chute
des eaux du Niagara ou fleuve Sa int-Laurent,
dans l’Amérique jnéridionale, qui produit un des
fpeétacles les plus étonnans qu’ il y ait au monde.
Suivant les delcriptions que les voyageurs du C a nada
nous en ont données y ce tte cafcade forme
la figure d’ un fer à ch e v a l, coupé en deux par une
île fort étroite / & qui peut avoir un demi-quart
de lieue de longueurs c e qui fait deux nappes
d’eau d’ une largeur confidérable, & que l’ on juge
avoir â peu près cent vingt pieds de hauteur perpendiculaire.
C e tte prodigieufe cafcade eft reçue
fur un rocher qu’elle a creufé , comme on en juge
par le bruit qu’ on entend , qui relfemble à celui
d ’ un tonnerre fouterrain ou éloigné . La rivière fe;r
reffent très-long-temps de la fecoufle qu’elle
éprouve par ce tte chute p ré c ip ité e , dont le fracas
fe fait entendre à une diftance très-grande;
d’a illeurs, l’eau divifée & atténuée par la violence
de fa chute forme un brouillard épais que l’on
aperçoit de fo r t .lo in , & qui fert encore à relever
un fpeélacle fi merveilleux.
Le Niagara eft la partie du fleuve Saint-Laurent
qui traverfe le pays des Iroqubis. Il fort du lac
E iy ê & va fe je ter dans le lac Ontario. La cafcade
ell fituée à quatre lieues au-deflùs de fon embou chure
; fans elle on pourroit aller avec de grandes-
barques à deux cents lieues plus lo in , & ne point
interrompre la navigation dans fa courfe.
Mais la plus, fameufe cataracte eft celle de la,
rivière Can ada , en Canada j elle tombe de cens
cînquante-fîx pieds de hauteur perpendiculaire
comme un torrent prodigieux , & elle a plus d’un
quart de lieue de largeur ; la brume ou le b rouillard
que l’eau fait en tombant fe v o it d e cinq lie u e s , &
s'élève jufqu’aux nues : il s’y forme un très-bel
arc-en-ciel lorfque le foleil donne delîus. Au-
defious de cette cataraéle il y a des tournoiemens
d’ eau fi terribles, qu’ on ne peut y naviguer jufqu’ à
fi< milles de diftance j & au-deffus de la cata racte,
la rivière eft beaucoup plus étroite gu ’elle ne l’eft
dans les terres fupérieures. ( V o y e z Tranfacl.phi-
lofopk. dbr., v o l. V I , part. I I , pag. 1 19 .) V o ic i
la description qu’en donne le Père Charlevoix' :
« Mon premier foin fut de vifiter la plus belle
« cafcade qui foit peut-être, dans la nature ; mais.
» je reconnus d’abord que le baron de la Hontan
w s’é to it trompé fur la hauteur & fur fa figu re ,
de manière à faire ju ger q u ’il n e T a v o i t point
m vue.
« II eft certain q u e , fi on mefure fa hauteur par
» les trois montagnes qu’il faut franchir d’ ab o rd ,
» il n’y a pas à rabattre des fix cents pieds que lui
« donne la carte de M. D e lif le , qui fans doute n’a
» avancé ce paradoxe que lur la foi du baron de
» la Hontan &: du Père Hennepin ; mais après que
« je fus arrivé au fommet de la troifième mon-
*> ta gn e , j’obfervai dans l ’elpace de trois lieues
» que je fis enfuite jufqu’ à ce tte chute d’ e a u , quoi-
•»3 qu’ il faille quelquefois m o n te r , il faut encore
» plus de fcén d re, 3 r c ’eft à quoi ces voyageurs pa-
» roiflènt n’avoir pas fait affez d’attention. Comme
»3 on ne peut approcher la cafcade que de c ô t é ,
»3 ni la voir que de p ro fil, il n’eft pas aifé d’en mess
furer la hauteur avec les inftrumens. On a voulu
>3 le taire avec une longue co rd é attachée à une
»3 longue p erche; & , après avoir fouvent réitéré
>3 cette manière, on n’a trouvé que cent quinze
»s ou cent vingt pieds de profondeur ; mais i; n \ ft
»3 pas poflïble de s’affurer li la perche n’ a pas été
»s arrêtée par quelque rocher qui avançoic; car
»3 quoiqu’on l’eût toujours retirée mouihes , aufii
» bien qu’un bout de la corde à quoi el;e é to it at-
>3 ta ch ée. Cela ne prouve rien , puifque l’eau qui
» fe précipite de la montagne rejaillit fort haut en
»5 écumant. Pour moi, après l ’avoir confidérée de
» tous les endroits d ’où on peut l’ examiner à fon
»3 aile , j ’eftime qu’on ne fauroit lui donner moins
»3 de cent quarante ou cent cinquante pieds.
33 Qaant à la figure, elle eft en fer à ch e v a l, &
elle a environ quatre cents pas de circonférence ;
« mais précifém---nt dans fon milieu elle eft partais
g ée en deux par une île fort é t r o it e , & d ’un
»» demi-quart de lieue de lo n g , qui y .aboutit. Il eft
»» vrai que ces deux parties ne tardent pas à fe re-
s» joindre ; celle qui é to it de mon c ô t é , & qu’ on
»> ne voyoit que de p ro f il, a plufieurs pointes qui’
*3 avancent ; mais celle que je découvrons en face
»> me parut fort unie. Le baron de la Hontan y
»s ajoute un torrent qui vient de l’oueft : il faut
>5 q u e , dans la-fonte des n e ig e s , les eaux fauvages
»3 viennent fe décharger là par quelque ravine. •»
( Voyez Tranfaft. pk ilQ f. abr., vol. V I , part. I l ■»
pag. 1 19 .)
N IC A R A G U A , lac de l ’Amérique feptentriô-
nale i il participe au flux & reflux de la mer, donc
il n’eft éloigné que d’environ quatre lieues. On lui
donne environ quatre-vingts lieues de c ircuit, &
les vaiffeaux peuvent y entrer & naviguer commodément/
Dans la grande île fituée au milieu de ce
lac , il y a un volcan qui jette beaucoup de flammes
, & n’eft guère moins confidérable que celui
de Guarimala.
NICE (Comté & ville de). Le comté de Nice
eft un pays très mo'ntueux, occupé en grande
partie par les Alpes maritimes, borné au levant
par le Piémont & l’Etat de Gênes ; au mi li par
la Méditerranéè ; au couchant par le fleuve du
V a r , qui le fépare'dë la France ; au nord par le
Dauphiné & le Piémont.
Sa longueur eft de vingt lieues environ ; fa largeur
de dix; fa population de cent vingt mille
âmes.
La température de ce beau canton eft telle1,
qu’on auroic peine à en trouver une àuffi douce ,
tmême en Italie. Le climat de Naples n’eft pas plus
doux en hiver, & il elt plus brûlant en été. Le
mois de mai eft rarement aufli beau en France-,
que le mois de février l’ tft ï Nice'; & c ’eft au
mois de février que la température y eft moins
&douce, & le temps plus inconftant.
L’été eft fort chaud fans doute , car la température
moyenne eft de 22 degrés; mais le thermomètre
ne pafte prefque jamais 24, & cette chaleur
eft agréablement tempérée par tlne brife de
mer, qui tous les joiirs s’ëiève à dix heures du
matin , & fouffle jufqu’au coucher du foleil, moment
où commence la brife de terre, qui eft éga.-
lement rafraîchiIfante..
On vit long-temps dans ce pays. La pleuréfîe eft
pr-fque la feule maladie qui foit commune.
La campagne ou le territoire de Nice répond,
parfaitement à ce qu’un ciel fi beau femble promettre
; c’ eft une plaine coupée par des coteaux,
•derrière lefquels s’élèvent trois rangs de montagnes
gradués dans leur hauteur, dont le dernier
rang fe confond avec les Alpes. C ’eft à ce triple
rempart qu’on doit l ’avantage d’une fi douce température;
c’eft cet abri naturel qui met tant de
différence entre la température de Nice & celle
des lieux voifins qui n’ont pas la même expoficion :
aufii cette campa-gne eft très-peuplée.
Les coteaux font couverts de hajlides, ou petites
maifons peintes de différentes couleurs, qui
tranchent fort agréablement au travers du feuillage
terne des oliviers. Les terres font plantées
en vignes, foutenues d’ efpace èn efpace par des
figuieis, des amandiers, des pêchtrs, entre let-
T t t t 2