
ment convaincu que la plus grande partie cfe
la végétarien ligneufe d'entre les tropiqnes , no- i:
tamment le c a fé , les épiceries, 8 c c., ne s'accommoderait
pas mieux de la faifon où le climat
de Y Egypte opère cette variation-oppofée
du tableau n°. 2 , où.le thermomètre defeend du
deuxième degré au deffous de zéro.
De ce qui précède il réfulte que la couche
végétale eft partout la même , aux modifications
près., que nous avons expliquées; mais partout
où les puits à roue s’éloignoier.t des rives du
Aeuve & fe rapprochoient du défère, l’eau étoit
faumâtre à ne pouvoir être bue ; ce qui prouve
que le fond de la terre eft très-fortement imprégné
des Tels que la mer y laiffa : c’eft au
point que, diflous par l'eau 8c attirés par les
rayons du foleil qui. l'évaporent, les Tels reftent
criftallifés fur la furface de la terre. On les apper-
çoit particuliérement fur les terres Bour 8c en-
cheraquées : les premières font celles qui reftent
plusieurs années fans culture» mais dès qu'on veut
les remettre en é ta t, leur produit fournit à peine,
les trois premières années, les frais de labour &
d’enfemencement. Ges caufes, que je développerai
en traitant des cultures, font oppofées à ce qui eft
connu’ en Europe pour les terres nouvellement
défrichées ou qu'on a iaiffié repofer.
Ce fait explique pourquoi, dans les baffes eaux
le fel fe criftailife fur les bords du lac Caron 3c
fur ceux du lac Gara, qui font environnés de fa-
lines , comme on le voit fur 4e plan des lagons fai-
fan t partie denotre.Atlas. L’eau excefîivemenr faiée
qu'on rencontre dans les baffins qui embelliffbient
les palais de Carnack , celles d’Hermonts , d’Ele-.
thia ou Elcàb.j de même que la fource d'eau faumâtre
qui eft dans la colline de W’ouadé-d'Erac
dépofent en faveur de cette affertion.
Il faut auffi ajouter aux caufes de la falure du
fol celles dues aux collines de fel gemme, qui fe
trouvent fur le flanc des chaînes de montagnes qui
bordent la vallée. On remarque ces mires de fel
gemme près d’ Ilaou-Ofci ri ne us, au diffus de Mi-
nié: ces témoins inconteftables prouvent des dépôts
marins/On en rencontre aufli dans le Delta,
près des petites, collines naturelles dont nous
avons parlé.,.
Si les coquillages qui fe recentrent fur l’ une 8c
l'autre montagne , fi les lits de poudingnes à
petits grains qui font fur la rive orientale du fleuve^
près Guebel - Silcilÿ, fi ces pierres pareiiles à
5 celles que l’on trouve fur le rivage de ta rner^. en
allant au cap Bourios, fi enfin tous ces faks éroiem
i infuffifans pour établir lies rpreuves que la mer a
i baigné le pied des rochers de Siène, je vais en
rapporter une dernière .qui, fans être étayée des
.autre s, pourra feule Je-perfuader.
En e ffe t, quel eft l'agent affez puiffant pour
ofer coupera pic le mont Mokaltam fur prefque
toute fa longueur, & particuliérement les parties
qui font tête au nord & nord-oueft de l’une 8c
Tàutre chaîne ? La même chofe a lieu dans la
montagne qui fépare le défère de Fayoum 8c qui
borde le lac Caron. La chaîne orientale préfente
prefque partout l’afpeét d'un mur de fortification ,
tant elle eft efearpée ; raifon qui l’a fait appeler
par les habitans Mokaltam , C*eft-à-diré , Montagne
taillée. On diftingue fut fon efcarpemenr les couches
qui la forment : quelques - unes font d’ un
jaune-rougeâtre plus ou moins foncé.
Ces couches font horizontales, fujvant l’ordre
naturel 3 mais on en voit par intervalle (telle que
celle en face de Gyrgey derrière Syour] 8cc.)
de plus ou moins inclinées, dont les filons commencent
au pied de la montagne , 8c vont fe terminer
au fommet aune plus ou moins grande dif-
tancej d'autres, mais plus rarement, font prefque
■ verticales. (On remarque celle-ci à Guebeltar,au
bas de Minté8c au monaftère de la Poulée.) J'ignore
ce qui a pu occafionner ce défordre » à moins que
ce ne foient les volcans, dont il exifte, dit-on ,
des traces dans les montagnes qui réparent l‘Egypte
de la Mer-Rouge.
Si ces accidens furent occafionnés par la puif-
fance volcanique, il s’enfuit que les éboulemens
du mont MoKaltam en feroient les fuites nécef-
faires s'ils n’exiftoient qu’en face des endroits
que nous venons de citer. Mais ces éboulemens
qui fe remarquent d’une de ces extrémités à
l'autre, 8c plus fortement dans les parties' qui
regardent le nord 8c le nord-oueft , prouvent
l’exiftence d’un agent au moins auffi puiffant 3
car fi c’étoient des effets volcaniques, ces blocs
énormes , détachés des montagnes , exifteroient
dans leur voifinage 3 mais ces veftiges font très-
rares du-côté du mont Mokaltam,:
Ils font plus communs fur l’autre chaîne. Ils fe
font remarquer à l’entrée d’Ylaon , derrière Syout-
d’ Indera , en face de Kené 8c fur l’angle qui regarde
Karnacrk, où il paroît que les blocs réitèrent
fufpendus plus long-tems, puifque l ’on ne voit
au deffous du refte que les traces d’une dégradation
occafionnée par les intempéries de Fat-
mofphère.
Mais où font paffées. les parties qui manquent
au mont Mokaltam ? 'Qui peut avoir eaufé un
pareil défordre, dont il refte des traces auffi remarquables
? C ’eft une puifiance dont ie voifinage
n’eft guère moins redoutable, que celui des volcans
3 c’eft la mer q u i, avec le tems, a opéré ce
grand ouvrage. Les mêmes effets fe fonç remarquer
fur les côtes où elles! fe brifent continuellement.
Les vents du nordr régnent dans ces parages
plus de neuf mois de l'année. Ne font-ce
I pas les . vagues de: la mer, pouffées dans ce golfe
| étroit avec la violence 8c limpétuofité de ces
i vents, qui caufèrent, par leurs fecouffes continuelles^
ces profondes excavations, 8c qui précipitèrent
fous les flots ces maffes énormes détachées
fuccefiivement des montagnes ? De proche
en proche cette adtion s’eft répétée, au poipt
que dans certains endroits la moitié de la montagne
a difparu 8c a été recouverte par les
al) avions. '
Tel eft l’afpeft que préfentent le mont Mokaltam
8c les parties de la chaîne libyque expofée au
nord. Elles offrent un coutrafte lenfible avec les
parties qui furent moins maltraitées par les vents
oppofés 3 de forte que la majeure, partie de la
chaîne occidentale 8c les endroits de. la chai. e
orientale qui furent refptêtés , fe terminent dans
la. vallée, plus ou moins rapidement, par la modification
des collines dont elles font flanquées
par gradins.
Objeêleroiton que l’efcarpement des montagnes
qui bornent Y Égypte , eft le réfultat de la conltruc-
tion des villes 8c des grands monumens égyptiens ?
Je répondrai qu’ il paroît certain qu’il n'y eut en
ce pays que les édifices publics bâtis en pierre
de grès, que ces matériaux ont été tournis par les
carrières qui font au deffus d’Edfon 3 que les
temples d’Acmocium & de Gao font en pierres
numifmales prifes dans leur voifinage. Les villes
modernes d’Antinoë , Oxirmeus 8c Alexandrie
furent conftruites en pierres tirées des carrières-
_qui font dans leurs environs. D’ailleurs, les parties
du mont Mokaltam qui ont difparu , fçroient
plus que fuffifances pour couvrir de pareils mônu-
. mens la furface de 1 Egypte.
T e l eft l’afpeêl de ia vallée depuis les pyramides
jufqu’aux cataraétes d’Afovan , où elle
fe termine par le.rapprochement des montagnes.
Certe jonétion s’opère par une ramification de la
. branche orientale qui vient joindre la chaîne oc-
; cidentale , 8c forme les premières catarattes au
deffus de l’île éléphantine.
* C'eft i cette jonction que fe ferme la digue-;
naturelle où fe term.inoit cet ancien golfe : c’eft
auflî le point où le pays change brusquement de
figure 8c annonce fon antiquité, par fon élévation,
8c Siène offre à ia fois par gradins le tableau
des, trois âges. La couche, granitique la
plus élevée forme le premier 3 celle de grès 8c
calcaire le fécond3 la vallée,de [Egypte le troi-
-fième.
Tels font;les.vaftes, les fublimes caractères que
la nature a tracés fur la furface du globe pour
nous tranfmettre la connoiffance de fa marche.
Je ne veux point terminer cet article fans dire
i deux mots fur ie Fayoum, Sc fans revenir fur l’article
important des canaux. Celui de Jofeph ne
"fut jamais une déviation artificielle, mais bien
le lit principal du fleuve qui s’ inclinoit, fuivanc
.fa pente naturelle, le long de la chaîne libyque.
■ ’Sqn lit eft dénaturé ,obftrué au deffus de Taroute-
el-cherif, d’où il tire ;a£tuellement fes eaux , qui
’ coulent dans un canal defféché par intervalles
. Une partie de l’année. Ce canal eft pour le moins
.auffilarge, auffi profond 8c auffi finueux que celui
.où coule aujourd’hui le Nil. On ne voit le, long
de fes bords, aucun veftige.de déblais 3 Çeulement
fes rives, comme celles du N i l, font plus élevées
que le refte du terrain.
Cette caufe phyfique des bords plus élevé,s
du Nil fut attribuée comme phénomène particulier
, quoiqu’elle lui- foie commune avec tous
les fleuves, rivières ou ruifleaux de la T e r r e , à
qui il eft naturel d’élever leurs bords. C'eft pour
cette raifon que les cultivateurs riverains des
courans qui débordent, font obligés de faire des
fuignées où foffés pour rappeler les eaux dans
leur lit ordinaire iorlque les terres labourables
8c les prairies font fumfamment imbibées.
Le défaut de ces précautions occafionne ces
va fi es marais 8c ces lacs le long des grands fleuves.
Les lacs de Scindas, des Ofvegos 8c du Saint-
Sacrement , dans le voifinage du fleuve Saint-
Laurent, nous en fourmillent un exemple.
Mais la branche improprement nommée canal
Jofeph couloit le long de la chaîne Occidentale
dans la Liby e , en paflant dans le Fayoum par le
détroit d’Illaoum. Cette petite province , encadrée
dans les déferts de la Libye, eft fenfibiemenc
plus baffe que Y Égypte. Le courant du fleuve y
trou voit une pente plus rapide 3 en forte que ie
Fayoum fut très-long-tems ravagé par les eaux,
qui le d iffèrent par de grands ravins, & par fa
fuite le courant s’y trouva encaiffé fans pouvoir
for tir de fon lit.
La branche du Nil »dont il eftqueftion, fe divi-
fo it , au deffous du détroit d’ Yllaoum, en deux
principales parties, qui contournent-le Fayoum
dans*le lac Caron, qui débouchoit par la vallée du
fud-oucft , pour fe rendre au lac Maréotis. En
Cuppofant le contraire, on fubmerge totalement
le Fayoum.
Il paroît que cette communication a été obftruée
par les dunes de fables dès le moment que le courant
a diminué , 8c fes branches ne font plus que
de larges & profonds ravins qui portent l’ empreinte
de la puifiance du courant d'alors. Ces ra-r
vins oat par fois jufqu’à quatre cents toifes de large.
On peut juger du volume d’eau qui coûloit jadis
en Égypte, par celui qui paffoit par le Fayoum,
époque fans doute où les terres furent arrofëes
naturellement par le débordement du Nil. Les
machines hydrauliques lî ufitées aujourd’hui par
toute Y Egypte n’étoient pas en ufage dans ces tems
.reculées 5 du moins on n’en voit aucun veftige
fur les monumens égyptiens, tandis que l’effigie
des inftrumens d’agriculture s’y rencontre partout.
Pourquoi eût-on oublié de rapporter les
«•.moyens qui font le principal mobile de l’ agriculture
dans cette contrée, où il ne tombe pour ainfi
dire jamais de pluie. Néanmoins, d’après un examen
particulier des bas-reliefs, il m’ a paru que
les anciens Egyptiens avoient imaginé un moyen
(impie, par lequel ils répandoient les eaux du
Nil fur les terres lorfqu’ il étoit rentré dans fon
«fl
Mais les eaux ayant diminué à leur fource, 8c