mença , vers 1e point du jou r, à jeter plus de feu
qu à 1 ordinaire. Cela continua cinq à üx jours,
pendant lefquels le temps écoit couvert & obfcur,
j-ufqu>4 ce qu'en fin elle v om i tn o n - feulement
une flamme prodigieufe -, mais encore une vapeut
mûre fureofe .fi abondante , que les mailcm
d’Hiflo-., village le plus voifin de-la montagne
du coté dé IfeBeft*, en furent entièrement couvertes).
elles furent luivies d?un courant-continu
d i foufre brûlant, qui confuma tout ce qui fe
trouva Air fou paflagei
v Les habjtans- de . ce lieu s'aperçurent enfuite
qu’une partie-de la-montagne avoit été engloutie.
Une autre partie le fut trois Ou quatre jouts après,
&^ainfr-rie. temps en tetaips<, jufeu'à ce que1 lé lac
brûlant fut devenu prc.fqu’aiiflî-.grand que-la moitié
de 1 île.-Les hahitans fe.réfugièrent fur leurs vaif
féaux & leurs barques >*d’où i s vbyoient tomber
d- énormes maffes -ide -la montagne dans ce lac de
feu , comme-dans un abîme fans fond, avec, tin
fracas épouvantable. Mais ce qu'il y avoir de plus
remarquable i c’eft que plus le feu acquéroir de
v-éhémence* moins ftîle étoic ébrhnlée. Les hàbi-
tans-, d'une autre ’ville ; nommée à i ’eft-de
l’île-, fe cjroyant. plus en fûteré, parce que leîcr3A
tère ou- lac; de- feù étoit encore' éloigné, demeurèrent
un mois de plus dans leurs foyers, juf-
qu’-à ce;qu’iU viffçnt le lac s’approcher d’eiix fans
relâche. Ils obfervèrent qu’à mêfure qu’il tbmboit
de grandes^mafTes & que le gouffre s’agrândiffoit,
le bruit devenoitplus gFand forte qu'ils ne pu-
t§nt- plus douter que l’ile ne. dû.t être.'engloutie
toute entière. En conséquence ils réfolurent de;
fe tranfporcerà B-anJa, autre-île-du même groupe,
& laiffant tous leurs meubles- faute de vaiffeaux ,
ils arrivèrent à Amboine le 18 juif et 1693. - * > : Plulïeufs volcans fe font remplis & éteints ;
d.autcesjORt commencé à s’ouvrir & à'jeter du
feu» çommedans l’î^e Chians. - v ... --
Banda.,— -Là- montagne 4 ^ Banda vomit une
prodigieufe quantité:de.-femée.,? de-feui fou-
vent- beaucoup de cendre 1 elfe fait entendre un
bruit pareil à, celui d e4a plus forte batterie de'
canon.-Elle a jetérant-de.pierres , »dont quelques-
unes ont-pres de fix pieas-de: long-,'que la mer
adjacente, qui a eu quarante ou cinquante brades1
de, profondeur,- eft maintenant comblée à plu-
fieurs braffes au-deffus dudiiyeau de, lfeati; 1
2 y a 'aufli une montagne brûlante
dans I ue Çelebes ,• & dans un nombre infini riiten-'
droits, on n a qu’ à creiifer à dix pieds de profondeur
pour trouver des eaux-chaudéS* ’ lf fi
Ternate. — On entend perpétuellemerït un bruit
terrible dans la montagne de - Ternaie -, 'èommï fi
c ’étoient des cris d'un nombre infinité perfônnes
tourmentées par le feu r e l ié jette feuvent dés
pierres. Probibl^nent l’aj>îme; eft très-profond;
& c eft fans doute le même feu qui fe manifëfte.
P4r -plu fa urs foupirauX dans-les diffère ns volcans
Mvluques.- , î, ; i r. , 1
Après avoir plufieurs fois tenté vaingfnent
d examiner fe conformation des cratères de la
montagne brûlante dans l’i’e de T*r/iate, oh at-
riva enfin à ton fommét, nch fans avoir éprouvé
de grandes diffk u té s ,'& fans avoir été oblige de
grimper à travers dés précipites très-dàhgérèux.
En approchant de" ce terriblè got/ffre'de fe 1 1 ®
lequel on entendit un bruir inexprimable, on 1
ne put rien voir des parties intërieùrt s à caufe
de la fumée. On s-éloigna en cbhfé(|!iehçe à quelques
pas pour attendre un momérit plus favorable ;
quelque' temps aptèiSj voyant que jà fumée étoit
beaucoup moïndiè ; onr;tàifît rihftânt pçfer s’ a-
jvâncer vers le cratère.' Qn vit une ôbÿertùré qui
étoit en. delfous dii côté du nord , d’où là cavité
s ’eTendOic vêts lè (tvd jufqu’a L en â fo it: où fe s
bords^ des deux eotëîs verïoient 's’tiriîr' à "celui
du_coté du nord qui s’e'ft âbîrbé. Orï a- ança à
1 eft pour y voir là-càvitè' op'pofëe ; mais bn ne
vit autre chofe qu*une fubftante brûlanfe & en-1-
flammée , &• les- volés par bù' elle ’ pâfcit : on
n ofa pas ailer du t ’ôfé dii nbfd pobrcvifitér lt s
cavités du fû-d , tant à 'Calife dû' •vèht’Ûii mi’.li qui
fouftloit ,• que parte qiie ,’ füivàfit ‘toute6-apparent
è:.,.les antres dé? pins fpacfebtf'Ton't; du-t oté
du midi, & poullent la fümëé du-CÔté'feppofé.
Le côté feptentriôbal de cét abîme brûlant forme
le faite de la-montàgné.On'voit à f'efl & àTbu ft ,
de.-chaque c ô t é u n e ë.niftehce plus' élevée qûe
les bords’au cratèretoutes' deux font côuyëftts
d une efpèce de rôfeau, 'que' les hàbitans nomment
CMina canna. Cellé de Ü’oüeff elt lk plus p: o-
cne de la partie feptentrionale’dU crâtère , 'bu T'on
monta^ du coté dù; midi;' cellè- de 'l fceft en eft
pJus éloignée & va vers le fud. L’orifice de ce
gouffre terrible eft comme défendu , 'dii-côté de
l ouelt du côté du fud - e f t p a r tin large
.pile. Les petites éminencès lès plus voifines
du gouffre font entièrement ;ftëriles Ôc de pierre
nue j mais la plus éloignée eft couverte rie fo-
ieaux épiis.i Autour-‘riii cratère on trouvef en
quantité h matière'qui a é të ’ lancée^ & ÎVn
reconnoît qu’eiié-a dû btrè fnolls' en fort an t ,
parce cjuelle^s-cft applatie: & a pris1 là’formè tiu
lieu ou d ie eft tombée'.' Sà' coüUür éft d’un vèrt-
foncé tirant fur fe gris;'fa ebufiftance èft-communément
peu folide, & elle fë divîfe comme
la boufe de vache. Il y en a dé gros & d é pe tits
fragmens, qui font mLir.tenant des piçrres noirâtres'
Ôr fpohgie'üfts dans lé milieu, àveC des
taches blanches1. ^ - -îvr 4
Le 9 novembre 169^ , un autré volcan dans
I île de Ternate ht une éfuption vefs le fommet du
mobt Gowoong- Apy. Le ï l 3 la flâmme parut'; les
jours fuivans , te feu alla toujoürs en atigmi htanc
pu coté de 1 oueft, & il étoit aCcompagbë d'ex-
ploftons pareilles à là ’décharge dès: pivi's' grofl.s
pièces d artillerie ;■ de fôrt'é que l’on* rrûigncic
que la montagne entièrè né vînt à s’écrouler. 0'fël-
quefois la montagne failbit ehteiirire uh briiit par'eii
à celui ,que caufe la pms violente tempête
dans les agrès ,d,'un vaifîèau.ou dans un édifice.-Il
Vènfiiiv.it I|ll côté de rpueft-Uiiie g.rêfe de pierres
qui atceignpic jufqu’à la mer * & formoit un hor-
riblei fpeélacle^ ;Les . pêcheurs , rapportent qu’il
eft tombe tant de pierres., que. l’endroit où .l’on
avoir .couturiié de pêcher à la ligne, à quarante
braifes.de profondeur s eft îpainpenanc à fec. Le
feu fortoit rie .1*eau ayec véhémence, ,& cette
eau étoit fî chaude, qu'on ne pouvoit en, approcher
: là montagne?a continué long-temps de
brûler' du,,’cô té . rié I^outoir. Les arbres à l’eft. furent
entièrement détruits., & Je c ô té .de l ’oueft
éft couvert d’une,çpuçhe d,e. pierres orl ne
connoîc pas l epaiueur. L’ odeur de foufre pendant
la mouffon dp l’pueft; eft. fi infupportable,
qii’oV a dé.fe' peine à y r é fiû e rm êm e dans les
rues dé Niera ,. où elle caqfe une grande incommodité.
X-Jéau qui en tombe n’a pas.Je goût na-.
turel à'l’eau ; elle eft acide. Les,jardins qui.éxoient
fur fe mont G.ove'nong-.Apy, & qui rapportoient
line grande, quantité de fruits, furent en partie
couvefts.de pierres & en partie déferts. à
A . Niera il ne refta;ni: feuilles , ni herbes ;
la tér.re fut couverte .de ,cendres & de pierres,
&. dans la rpôitjé de la campagne haute, beaucoup
d’arbres étoient morts en tout ou en partie., les.
autres lahgüTfïan.s,; II n’y eut point dé.m.aiCpn dans :
Niérîf quj.^njéprpuyât.. quelques dbmnaages. j plu-;
fiéurs, fyré/if renverfées de fond en comble par
lé poidf des, cençlre^ ( .
, :Céllés.dé Pentpr ,, de. SVeyer;, de, Çelam.,&
de la ç.ptê intérieurejufqu’à W,a'ilcjn;g, .çraigni-i
rè.nt aufli çè t te c^lajpi t^., Les. trembfem.qns de? terré
alîaiilent àufli quelquefois çette contrée, & lui font
efluyérde i:uffes,fec:ou(fts.,
La montagne de iCe^r,...ou les EiCères.a dans
le tërritbiré'rie Manadb, a fait explofion en. 1697V
avec., un--, bruit àlfreux , femblabje, ’à. j celui, du
tonnerre ; l’éruption a ,été accompagnée d’une
grande obfcurité., d’un, tremblement de terre.,
de; cqups de vent furieux &: d’ autres,,lignes dé?
fiftreux à Ternate :,on a entendu 1e même bruit
à -Amboine., La montagne, de, foufre appelée IVa-
wàny y:Qi\{ efi.fur Amboine * brûlpic auffi d’une
manière.terribié,. ,
Il parbît. é/ideqt »^d’après tous. ces; détails
qu’il ’ y fa ,pan§. ces, pairàgçs .des,,-feux fouterrains;
qui cbmhiuqiqqent les jpns .ayec. les autres.) &
qui ppujrbiehc-,b.feu, pnujpur abirner la. plupart
de' çés î'.esi, 8$ opérer sun,. changeaient : nq.table
dans ' çerté. p^rjp ,de .:la furfeç^ du Globei. ;Des.
v oyageurs. dignes, de .fo i, a (lurent que, lorfqju’on
y çreqCe la terré Àdfx ou douze pieds., on trouve ■
toujours de la chaleur, d^ns ce terrain.
MONdMÔTA^A. Oni comprend.fous ,.çe nom
toùte ia partie de l'Afrique ,prienrale qui s’étend
depuis ,1e .-ïipfxvp de .Zamb.efé jufqu’à la riyièfce
Manicâ- ou du Saint-Éfprit , dans une étendue
d’environ cent foixante lieues du midi au ncr l »
mais le Monomopata s’élargit dans l'intérieur des
terres depuis les embouchures jufqu’aux fources
de ces deux fleuves, qui en font une prefqu'ïle.
Ce pays eft habité par les Caffres.
Le Zambefé fe jette dans la mer par plufieurs
embouchures ; mais fori origine eft fi loin dans les
terres, qu’ on ne la connoîtpas : celle-ci , au reftej
a , cpmme le N il, des cataractes qui coupent là
navigatiou * ,& . des crues- réglées,' pendant lef-,
quelles fes eaux engraiffent & fertilifent les rerre^
voifines de fes bords. Ce fleuve, celui, du Saint-
Éfprit, &r toutes les rivières qui s’ y-déchargent ;
font, remarquables,par le,fable chargé de paillettes'
d’or qu’ils vpiturent avec leurs eaux.
Une grande partie de cette contrée jouit d'uri
air affeztempéré, & ne manque pas de fécondité.;
On y nourrit de grands troupeaux de moutons ,*
dont le s . habitons, emploient-fes.-peaux pour fe>
couvrir.,Le. long du Zambefé le pays-eft montuenx,
couvert de b o is , & arrofé par quantité de ruif-
feaux.
La haine des Caffres pour les-Portugais leur a*
fait abandonner les,côtes de la, mérpour fe retirer
dans l’intérieur des terres , où l’on .prétend qu’ ils
font fort nombreux; mais ils nous ont fait con-
Inoître., par leur comm^rcsayec les Européens:, les'
!produaions de feur.pays,.qui;font de l’o r , de l ’i-
; voire , de l’ambre & des efqiayes, que ces-peu-'
ïpies donnent en échange.pour des foies.& des-
; toiles des Indes, dont;, ils compofent leur : parure
^ordinaire. La culture:de la terre.& Je foin,des trouA
ipeaux fpnt,. la principale occupation de ces peu-
Ipies ; Je riz , .fe. maÏÂ, les légumes font les denrées
qu’ ilsfeultivent àycc le plus de foin. .
Les Jaggàç occupent.,, dans l’intérieur de l’Afri- *
ique, des régions.immenfes, & forment une na- ^
jtion puiffaritô. Ces peuples; ne fe plaifent que dans
lies liêii.x c,ù abondent,les palmiers, -dont ils iai-
■ méntla Iiqùeur.ayet; pàffîo.n» Leur méthode; pour
-obtenir cé vip-eft de. couper ces arbres ipar'la iraci- i
ne, & dé laiifer l e ,tronc à.terre,pendant,p.îufieûrs ;
jours. Ils y fontenfuite deux trous, l’ un au milieu
& l’autre au f o m m e t i l èn fort chaque jour,
pendant près1 d’ un mois-, quatre oaj cinq pintes de
liqueur ; àprès quor f arbre fe defïech'è & périt.
! Depuis te tropiquè du cancer, jufqu’à celui du
tapricorhe , cette contrée'ëft peuplée d’habitans.
noirs j demi-noirs & bafanés : cette divérfité de
çouteùrs eft vifiblément l’effet du climàt. La noirceur
des nègres 'eft donc une qualité;açcUentelte
qui n’a d’ailleurs aucun principfe dans la nature des
habitans. Ce fut le premier fujet d’étonnement
gui frappa les voyageurs lorfqu’ils. a perçurent ces
peuplés,- & leitr furprife ayant été communiquée
^ux favans de -l’Europe1, on a vu naître à ce fujet
des conjectures1 & des drfputes fans nombre. Les.:
, ^ns, pour expliquer ce phénomène , ont eu recours
à Uboiffon'de certaines eaux, qu’ils ont
confidéiées comme très-propres à produire cette
LU I i