
Son fils a gravé d’après lu i , la Vierge appa-
ioifiant à Saint-François de P aule , Sainte Thé-
rèfe ravie dans le c i e l> une fuite & un repos
en Egypte, &ç.
(33Z) C harles Corrado, de l’école Napo-
lita in e , né en 16^3 , élève maniéré de Soli-
mène, facrifiant tou t, & même la raifon, à
c e que les modernes appellent la machine,
faifant confifter l’art dé peindre dans l’adrefle
de remplir le champ qui lui étoit propofé,
d’ imaginer des attitudes tourmentées,de trouver
des contraftes & des oppofitions de figures,
de grouppes & de mafles. I l eut beaucoup de
réputation , & fut appelle en Efpagne ,
où fe trouve le plus grand nombre de fes ouvrages.
I l eft mort, à Naples en 1768, âgé
de foixante & quinze ans.'
(333 Pierre Bianchï , de l’école Romaine,
né à Rome en 1694, étoit perfuadé que l’ef-
prit d’un peintre doit être orné par la culture
des lettres. I l peignit l ’hiftoire, le portrait,
le payfage , les marines , les plantes ,
les animaux , les fleurs , à frefque , à
l ’h u ile , & à gouache. L’eftime qu’ il obtînt,
le fit choilîr pour peindre un tableau dans la
tafilique de Saint-Pierre. I l étoit un juge févère
pour lui-même, & il lui arriva fouvent de
détruire fes ouvrages après les avoir terminés :
il difioit qu’ ils n’étoient pas dignes de fatis-
faire ceux qui les avoient demandés , puifqu’ils
ne fatisfaifoient pas même leur auteur. I l eft
mort à Rome en 1739 > âgé de quarante-cinq
ans.
( 434) Jean de Wi t ; de l ’école Hollan-
doife, né en 1695 , à Amfterdam, eft le meilleur
peintre d’hiftoire, que la Hollande ait
produit en ce fiècle. I l étudia beaucoup Rubens
& van-Dyck, copia leurs ouvrages au crayon
& au pinceau, & pour fe confoler des obfta—-
clés qui ne Jui permirent pas de voir l’Italie,
il raffembla une riche colle&ion de delîïns &
d’ eftampes des meilleurs maîtres Italiens, de
bas-relièfs , de figures en ronde-bofle, & con-
fulta toujours la nature. Son pinceau étoit facile,
fa touche brillante, fes compofitions riches,
fon deflin foible il ne peut-être furpaffé ,
dit-on, dans l’ imitation des bas-reliefs en pierre,
en marbre, en bronze, & c . On ajoute que
fes rivaux redoutoient fes talens; 8c ne pou-
voient s’ empêcher d’aimer fa perfonne, On
ne marque point l ’année de fa mort.
( 335 ) Louis T ocqué, de l’école Françoife,
né en 1695, élève de Bertin , tient un rang
honorable entre les peintres de portraits, que
la. France a comptés en ce fiècle. Sa réputation
'paffa jufqu’au fond du nord', 8c il fut
mandé par la cour de Ruflie pour faire le por*
trait de l’ Impératrice Elifabeth. Il eft mort
en 1772 » âgé de foixante & dix-fept ans.
Niç. Dapuis, a gravé d’après lu i , le portrait
de M. de Tournehem, J. G, W ille , celui
du Marquis de Marigny, & Smith, le portrait
en pied de l’iinpératriçe Elifabeth.
(336) Jean-Jérome Servandoni, do l’école
Florentine, né à Florence en 1695, eut
pour dernier maître Jean - Paul Panini. Son
morceau de .réception à l ’académie royale ,
prouve qu’ il fut un peintre eftimable dans le
genre des ruines; le portail de Saint-Sulpice
rend témoignage à fes talens en arçhiteélure ;
fes fpeélacles à décorations, dont on n’a pas
encore perdu le fouvenir, ont montré la fertilité
& la richefle de fon génie. Ses talens ont été
diftingués & richement récompenles non-feulement
en France, mais en Angleterre, en'Allema-
g n e , en Elpagne, en Portugal. En gagnant
beaucoup, il a toujours vécu pauvre & endetté,
I l eft mort à Paris en 1766, âgé de foixante
& onze ans. Quelques perfonnes ont
prétendu qu’ il étoit François, que fon véritab
le nom étoit Servan, 8c qu’ il étoit né dans
le pays d’Aunis.
( 337 ) Corneille T roost , de l’école HoK
landoil’e , né à Amfterdam en 1697, peignit
le portrait, l’hiftoire &des fujetsde la v iep r i-
. vée. Les directeurs de la plupart des compa-.
gnies de Hollande & même de Flandre, vou-»
lurent avoir leurs portraits de fa main, pour
en décorer les lalles publiques. Ses petits Tableaux
font très-recherchés : on peut en général
leur• reprocher d’être trop libres; mais ils
font d’une bonne couleur, d’une touche libre,
bien compofés & plein d’ intérêt. I l eft mort
en 1758, âgé de cinquante trois ans.
(338) Pierre Subleyras , de l’école Françoife
, né à Uzès en 1699, fut élève de Ri-
v alz, & avoit déjà fait des ouvrages très-im-
portans à Touloufe, quand il vînt fe mettre
au rang des élèves de l’académie royale
de Paris. I l n’étoit déjà pas indigne de prendre
place entre les maîtres; dès la fécondé année
de fon féjour en cette v ille , il remporta le
premier prix. Son tableau repréfentoit le fer-
pent d’airain , & âuroic pu mériter de lui
fervirde morceau de. réception. Il alla à Rome
avec la penfion du ro i, 8c y refta quand le
temps de fon penfionnat fut expiré. I l fie fit une
tel le-réputation dans cette capitale des arts,
où les talens étrangers ne font pas légèrement
accueillis , qu’ il fût chargé de faire un
tableau pour la bafilique de'Saint-Pierre, 8c
qu’il le vît exécuter en mofaïque de fon v ivant.
Le fujet de Sainc-Bafile célébrant la inelfe,
&
8c l ’Empereur Valens, prote&eur- des hérétiques,
tombant évanoui dans les bras de fes
gardes. Différentes villes d’ Italie & des princes
étrangers, exercèrent les talens de^ Subleyras,
qui mourut à Rome en i 749> âgé de cinquante
ans.
On voit, de lu i , dans les falles de l’académie
roy ale, le portrait du pape Benoît XIV.
Son tableau placé à Saint-Pierre de Rome,
a été gravé• par D. Cunego. I l a gravé lui-
même à l ’eau-forte Saint-Bruno, reffufeitant
par fes prières un enfant mort.
(3 3 9 ) Joseph Nogari, de l’école Vénitienne,
né en 1699 , & élève de Balefîra,
fe fentant’trop peu de génie, né crut pas devoir
fe livrer à l’hiftoire , 8c fe fit' de la réputation
par des têtes de caractère qui ont
été recherchées & qui fié trouvent dans dif-
féreiîs cabinets de l’Europe. Elles font d’un
defïm jufte , 8c d’une couleur brillante. Poi-
roleri en a gravé un grand. nombre. Il failbit
aufli le portrait. Il eft mort à Venifs en 1763,
âgé de loixante. & quatre ans#
( 340) Charles Natoire, de l ’école Fran-
çcnfe, né à Nifines en 1700 , eut fur-tout la
réputation de bon defllnateur , & contribua à
r.amener en France le goût de la pureté des
formes que des maîtres maniérés avoient fait
négliger. Il a été directeur de l’académie de
France à Rome, 8c eft mort en cette ville-
en 1775 , âgé de ,foixante & quinze ans.
Les peintures dont il a décoré la chapelle'
des enfans trouyés de Paris , 8c qui font aujourd’hui
fort altérées , ont été gravées par
Et. Feffard. Diane & Aftéon par Defplaees,
Vénus donnant à Enée les armes fabriquées
par Vulcain , par J. J. Fljpart,
1 (341) JeAn Dumont le Romain, de l’école
Françoife *, né en 1700 , eft un de ces
âytiftes dont la réputation n’eft guere fortie
des limites de l’ académie; I l a peu travaillé.
Son morceau de réception à l’académie royale,
qui repréfente Hercule & Omphale, n’ eft pas
une belle chofe : c’ eft feulement ce qu’on appelle
un ouvrage bien peint. l’Hercule eft bas,
l ’Omphale eft loin d’être belle. I l eft mort en
1781.
L’Hercule & Omphale a été gravé par S. C.
Miger.
;(34z) Michel-François Dandré Bar don ,
de l’école Françoife, né en 1700, a fait peu
de rableaux, & ne jouiroit guère que. d’une réputation
concentrée dans l’ enceinte de l ’académie,
s’ il n’a voit pas publie fon traite de
peinture & les côftumes des anciens. I l eft
t en 1783 .
Tome IL Beaux-Arts^
(343 ) Simon Chardin , de l’école Françoife,
né à Paris en 1701, a'peint, de la maniéré
la plus ragoutante & la plus vraie, la nature
morte : il ne deyoit rien à l’ imitation,
aux conventions d’aueuh artifte, & fembloit
avoir inventé l’art. Il a fait auflLde petits tableaux
de coriverfation dont on eftime, la vérité
naïve. Il poffédoit parfaitement l’art de
détacher les uns des autres , par les différentes
valeurs des tons, des objets d’ une même.couleur.
Son coloris "n’ a aucune beauté de convention
; .il eft bon , parce qu’ il eft une imitation
précife de la nature Son pinceau eft
inimitable. On peut dire que. Chardin a été on
très-grand peintre dans un petit genre , 8c
que perfonne n’a mieux poffédé que lui le' métier
de la peinture , quoiqu’ il, ne l’exerçât de
: la manière d’aucun autre peintre II eft mort
: à Paris en 1779 ,,.âgé de foixante & dix-huit
ans.
( 344) Pompeo Battonï , de l’école Florentine,
né à Luçques en 170Z, eft le plus
célèbre des "peintres que l’ Italie ait produits
en ce fiec^e. Ce n’étoit point un artifte très-
lavant, ni qui eût fuppléé au défaut, de fes
connoiffançes par de profondes réflexions. Ses
ouvrages ne fe fentent ni d’une étude aflidue
de l’antique , ni de celle des ouvrages de Raphaël
& des autres grands maîtres de lT taiie î
mais Ja nature l’avoit fait peintre & il avoit
'/fuivi l’impulfion de la nature. I l ne manq.uoit
ni de -caraélèrë ,v ni de correction , ni d’agrément
; 8c s’ il n’av.oit pas de, très-grandes conceptions,
il favoit du moins bien retndre ce
• qu’ il avoit conçu. I l auroit été dans tous les
temps un peintre très-eftimable ; dans le temps
où il v é c u t i l .devoït répandre un grand éclat.
Son nom eft connu dans toute l’Europe, 8c
partout fes ouvrages font recherchés. Mengs,
plus favant que lui , fut fon rival ; mais
moins favorifé de la nature , s’ il jouît d’une
réputation plus brillante, il la doit moins,
peut-être, à une fiipériorité réelle qu’aux éloges
de Winckelmann. Il auroit été à défirer que
Battoni- eût eu les connoiffances. & les pen-
fées de Mengs , ou que Mengs eût eu les qualités
"naturelles & les talens pittorefques de Battoni.
Cet artifte eft mort à Rome en 1786,
âgé de quatre-vingt-quatre ans.
(345) Pierre-Charles T rémolliere, de
l’école Françoife, né à Chollet en Poitou, en
; 1703 , d’une famille noble , avoit' de ^ l’ agrément
, de la fa c ilité , de la fimplicité. Sa
j vie trop courte ne lui a guepe permis de donner
que des efpérances. Il eft mort à Pari«
en 1739, âgé de trente-fix ans.
Son tableau repréfentant Diane accompagnée
I de fes Nymphes, a été gravé par Jac. Maillet,