
Manière ie nétoyer les tuileaux les plus vieux
& les plus noirs. Cette condition fuppolëe du
tableau, exige des remedes violens, & qui ne
peuvent guere manquer de fatiguer les fuiets.,
Prenez une bonne quantité d’ofeille, & ayant
étendu à plat le tableau fur une table ou fur le
plancher, prenez ces feuilles à poignée & frot-
tez jufqu’à ce qu’ elles mouffent & fe réduifent
en une forte de boue. Renouveliez les poignées
d’ofeille, jufqu’à ce que le tableau en foit entièrement
couvert.; Alors ôtez les feuilles & le
marc, &ne 1 aillez que ce qui eft réduit en boue.
Prenez une déerottoire un peu forte que vous
pàffer'ez partout. Enfuite vous laverez le tableau
avec de 1 eau claire, vous l’elîuyerez avec un
linge & le Iaifferez fécher.’ On prend après cela
de la mie de pain , on la froide entre les mains
& on en frotte encore la peinture. Enfin on
prend des blanss d’oeufs frais, on les bat, on les
fait mouffer, on en paffe une ou deux couches
avec une éponge, & on les laifTe fécher. Heureux
fi , après une fi dure opération, l’ouvrage a
çonfervé quelques unes de fes premières fineffes.
Autre. On commence par bien dégraifler le
tableau avec une brode ou avec une éponge
trempée dans une lelfive commune, bien chaude*
enfuite on le lave avec de l ’eau claire & on lé
laide fécher. Il eft alors en état de recevoir le
vernis fuivant.
Prenez un pot neuf dé terre vernidëe; rem-
plidez-le de moitié d’huile de noix & de moitié
d eau commune ; ajoutez environ deux poignées
de verre concalfé& non broyé, & faites bouillir
le tout fur un feu de charbon .jufqu’à confomma-
tion du tiers. Laidez refroidir. Verfez très-doucement
la liqueur refroidie dans un autre pot,
de maniéré qu’elle n’entraîne pas de verre.’
Eaidez-la repofer & tranfvafez-la dans une bou-’
teille degrés, en y ajoutant une égale quantité
d urine toute fraîche. Expoféz cette bouteille
au lôleil pendant un mois, ayant foin de la remue^
de temps en temps. Laidez-la repofer une
huitaine de jours fans la remuer. Enfuite coulez
toute l’huile pure dans une autre bouteille , pre
nant garde qu’il n’y coule en même temps de l’u-
fine : il vaut mieux perdre un peu d’huile.
Quand elle eft ainfi tranfvafée, on y ajoute , à'
proportion de la quantité de l’huile, vingt ou
trente clous de gérofle, gros comme un pois de
litharge d’or, & autant de blanc de plomb, fans
tien piler. Les clous de gérofle ne fervent qu’à
getruire 1 odeur d’urine que l’huile peut avoir
contrariée. Il faut ferrer ce vernis dans une bouteille
bien bouchée. Pour s’en fervir , on en
Verfe tin peu fur une éponge dont on frotte toute
la furface du tableau. Ce vernis eft fort ficcatif
& ne change jamais.11
j w le «bleau craque , lorfqu’on paffe le doigt
BPffus, ç eft une prepye que lçs pouleurs en font
ufeesgr ne peuvent revenir,, On entreprendrait
envain de le nétoyer. r
Autre, Mettez tremper un peu d’alun en pou-
are fine, & autant de fel commun dans de l’u-
rtne chaude , & lavez-en le tableau doucement.
Vous le vernirez enfuite avec la compofition
îuivanre. Deux onces de carabé blanc, autant dé
tandaraque , de la gomme laque', & de la gomme
anime , infufés dans une pinte d’efprit de
vm. Un peut auffi compofer le vernis de la manière
fuivante. Mettez de l’huile de noix nouvelle
dans une bouteille de verre , & ajoutez-v
le tiers de bon efprit de vin. Expofez cette liqueur
au foleil pendant deux ou trois mois .dans
les chaleurs de l’été. Ce vernis eft excellent Si
ne maroquine jamais.
Ea note fuivante de M. Robih, indique les
procédés que fuivent en général les perfonnes
les plus exercées à nétoyer les tableaux.
Le netoyage des tableaux , dît cet artiftc f
exige de grandes connoiflances; car il fautchoi-
lir entre les divers moyens connus, ceux qui
lont propres au genre d’exécution & à la forte de
dégradation des morceaux qu’on veut reftaurer.
; m , on afFez heureux pour que le tableau
ait été couvert d’un vernis qui ait reçu toutes les
laletes qui le dégradent, fans qu’elles syent pénétré
jufqu’à la couleur, il fuffic d’enlever çe
verms, & l’ouvrage fe trouve nétoyé. On par-
vient à ôter le vernis, en prenant, à mefure que
le befoin 1 exige, de l’efprit de vin fur un linge
nn & bien fe c, dont on s’entoure Iç doigt. On
peutaufli l’enlevèr, en le faifant tomber en
pouffiere par un frottement répété. Si l’on agifc
foit fans ménagement dans ces deux procédés
on détruirait le tableau. Par le premier, on délayerait
la couleur ; par le fécond , on la râpe-»
roit comme avec du labié. r
Quelquefois une légère eau de favon fuffic
pour ôter la craffe produite par la fumée. Lorfque
la faleté fe trouve plus tenace , & qu’elle pro-»
vient autant des huiles que les çouleurs ont
pouflees au dehors,que de la crafle de l’extérieur;
quand cette crafle s’eft Jurcic par le long-,
temps qu’elle i réfidéfur l'ouvrage, on eft alors
obligé d’employer un moyen plus puiflant. Ce
moyen efficace, mais terrible, eft l’eau-forte 3
il faut la bien mitiger avec de l’eau fimple, &
après ce mélange ,elle fe nomme eau féconde. *
On peut auffi, dans les cas difficiles, faire
uffige du favon noir; mais en fe gardant bien dç
le laiffer fgjournerfur la peinture, & en le lavant
très-promptement avec unp éponge bien imbibée
d eau froide & bien çiaire.
Mais nous ne faurions trop le répéter ; en em»
"ployant ces moyens dangereux , il faut ufer de
la plus grande circonfpeélion, pour ne pas dé-,
truirç les teintçs dans l^fquellçs il entre
blancs bu Ôe l’outremer ; couleurs qui fe diflol-
venttrès-aifément, & enfuite pour ne pas enlever
les glacis, que'des yeux peu exercés dans la
pratique de fart de peindre , & dans celle du
netoyage , prennent fouvent pour de la crafle.
Une des grandes maladies des tableaux eft
caufée par les ordures de mouches. La fiente de
cet infefte eft très-mordante, & pénétre dans la
couleur au point d’y faire de petits trous. Je ne
fâche pas qu’on ait trouvé jufqu’à préfent aucune
liqueur qui puifle diflfoudre ces taches fans emporter
la couleur du tableau. Lefeul moyen que
j’aie vu employer avec fuccès pour les enlever,
eft de les attendrir autant qu’il eft poffible, avec
les liquides dont j’ai parlé, ou feulement avec
de l’eau tiede, & de les détacher enfuite l’une
apfês l’autre avec la pointe d’un bon grattoir ;
ce qui demande autant de patience que de légèreté
de main. Si cependant les chiures de mouches
fe trouvent fur un vernis bien épais, elles
s’enlevent en même temps que ce vernis.
On fe fert auffi du gratoir pour toutes les taches
de matières trop mordantes que les liquides
indiqués ne peuvent emporter fans altérer l’ouvrage
: mais on conçoit avec quelle adr.efle &
quelle attention il faut ufer de cet inftrumenc
Recette pour garantir les tableaux des ordures
de mouches. Faites tremper une botte de poreaux
dans un demi-feau d’eau , & lavez-en le tableau.
Ce lavage le préferrera des dégâts qu’y caufent
ces infëâes. Je trouve cefecret dans les Elémens
d e peinture pratique. S i , comme on l’aflure, il
eft éprouvé, on ne peut nier qu’il ne-foit fort
important. Il eft aifé d’en faire l ’efTai fur un
morceau de peu de valeur.
TAFFETAS, (fubft. mafe. ) Quand on veut
peindre à l’huile fur le taffetas , il faut le préparer
avec une gomme dont voici la compofition.
Prer.ez gros comme une fève de colle de poiflon ;
coupez-la par petits morceaux , & faites-la tremper
pendant douze heures dans un verre d’eau.
Enfuite faîces-la fondre fur le feu jufqu’au premier
bouillon, puis coulez-la & la laiflez refroidir.
Quand vous voudrez vous en fervir , vous
la ferez chauffer , & ayant bien étendu votre
taffetas, vous l’y appliquerez bien chaude avec
«ne éponge le plus également qu’il vous fera
poffible. Le taffetas étant fe c, vous pouvez y
coucher vos couleurs , fans craindre qu’elles ne
s’imbibent dans le tiflu de l’étoffe, ou qu’elles
ne s’étendent plus qu’il ne faut.
TAILLE. ( fubft. fém. ) C’eft le nom qu’on
donne , en gravure , à ce qu’on appelle hachure
dans la peinture & dansle deffin. f^oye^ l’article Gravure.
T A M P O N , (fu b ft. m afe.) Les grayeurs fur
cuivre appellent ainfi une bande de drap, de
feutre ou de lifiere, dont on forme un rouleau
de deux pouces à-peu-près de diamètre. On imbibe
d’huile un des bouts de ce rouleau pour nétoyer
le cuivre. Quand on adeflein devoir l ’effet
des tailles, on frotte d’abord le tampon fur l’huile
de la pierre à l ’h u ile , on le pafle enfuite fur
l ’ouvrage ; le noir dont l’huile eft mêlée, pénétre
dans les tailles , qui fe détachent alors en brutt
fur le brillant du cuivre. L’expérience apprend
que cet effet eft flatteur , & qu’ il ne faut pas
toujours en attendre un auffi agréable aux épreuves.
TA PE T TE . ( fubft. fém. ) C’eft un morcea«
de taffetas dans lequel on renferme du coton fans
l le fouler , enforte qu’on forme une forte de boule
aflez molle. L’ufage de la tapette eft de taper
fur le vernis encore chaud & fluide, pour l’ér
tendre également fur la furface du cuivre.
T A S . (fubft. mafe.) Les graveurs donnene
ce nom à une petite enclume armée d’aclertrem-
pé dur. Elle leur fert, quand ils ont effacé quelque
partie de leur ouvrage, & que cette partie
effacée fait fur le cuivre un enfoncement qu’at-
teindroit avec peine la main de l’ imprimeur , à
repoufler le cuivre du côté oppofé au travail. Le
tas ) dans fa partie inférieure , entre & s’engage
par une pointe ou queue , dans un billot qui lui
fert de bafe. Voye\ les articles Grayure & Re pous
ser.
TERRE. ( fubft. fém. ) Sur la maniéré de laver
& d’épurer les terres colorées dont on fait
ufage dans la peinture, vo y e\ à l ’articie Blanc ,
la maniéré de purifier le blanc d’Efpagne : voye^
auffi l ’article O chre , dans lequel on donne le
moyen de l’épurer encore plus parfaitement.
TERRE de Cologne. Elle eft très-bitumineu-
fe, d’ un brun noirâtre, grafle au toucher, ne
s’imbibant d’eau que difficilement, & répandant
une odeur fétide. Elle s’affoiblit employée .à
l’huile, inconvénient qu’elle perdroit, fi on la
purifioit par le feu. U faut la calciner longtemps
fur la braife dans une cuiller de fer ou dans un
creufet. Quand on l’aura tirée du feu toute rouge,
on la portera dans un lieu bien aëré, pour l’y
laifler brûler jufqu’à ce qu’e lle s’éteigne d’ elle-
même. Alors on la fera porphyrifer long-temps
avec de l ’eau claire, puis on la jettera fur le
philtre pour l ’arrofer abondamment : elle donnera
une couleur d’ un brun foncé & olivâtre.
TERRE à9Italie. C’eft une terre martiale à-
peu-près de la même couleur que l’ochre de rujr.
torfqu’on la calcine , elle pafle au rouge. A un
j feu très-violent, dans des vaifleaux fermés, elie
1 deyient noire, & eft alors attirable par l ’aimai»«