aux A n g e s , par le même, . le maffaàre des
innocens, par Loir: la Magdeleine pénitente,
P^r Edelinek : la galerie de Verfailles, par
diftérens graveurs. La grande thèfe, gravée par
E d elinck , peut être aufli regardée comme un
beau monument du talent de le Brun.
(184) Herman Swanevelt , dit Herman
d'Italie , eft compté parmi les peintres de
l ’école Hollandoife, parce qu’ il eft'né en Hollande,
& que Ton premier maître fut un artifte
Hollandois : le long féjour qu’ il a fait
en Italie donne aux Italiens le droit de le revendiquer.
Il naquit en 16 *0 , on ne fait en
cjuelle ville ; quelques-uns croyent que ce fut
a Voerden , & l ’on foupçonne qu’ il reçut de
Gérard Douw les premières leçons de l’ art de
peindre. Ce qui eft plus certain , c’eft qu’ il
alla de bonne heure à Rome, & qu’ il y fut
élève de Claude Lorrain, Formé par ce grand
maître dans l ’art du payfage, il reçut de la
nature des leçons encore plus favantes. On le
rencontroit fouvent feul hors de Rome, tantôt
.etudiant les beautés de la campagne, tantôt
pelles de l’ art antique dont cette contrée pof-
féde tant de débris. Ses promenades ftudieufes
& folitaires le firent appeller l’Hermite. -
I l a de la fraîcheur , de la légéreté , une
touche fûre & Pavante : fa couleur eft moins
ehaude que celle de Claude Lorrain, fes tableaux
font moins d’ effet, fon payfage eft
moins beau , mais il lui eft bien fupérieur pour
la figure & les animaux. Il gravoit bien à
Feau-forte , & les épreuves de fes planches
font recherchées des amateurs. Ses tableaux
font rares, du moins hors de l’ Italie. On en
voit deux au Pal ais-Royal ; l’un éft une yu,e
de Campo-Vicino, l’autre un payfage enrichi
de figures & d’animaux. I l eft mort à Rome :
JVI. Huber place & mort en 16^0,
(185) Bartholomée Bréenberg, de l’école
Hollandoife , n’eft guère connu en France que
fous le nom de Bartholomée. Il naquit à Utrecht
en i6zo , & il alla étudier en Italie la bellç
nature & les ouvrages des grands maîtres dans
le genre de l ’ hiftoirë & dans celui du payfage.
I l a peint en p etit, & fes tableaux font prp-
pieux. On trouve de la nobleffe , de F art,
de la vérité dans fes payfagès & dans fes figures.
I l ornoit ordinairement fes ouvrages de ruines
d’archite&ure, & les figures dont il accom-
pagnoit fes payfagès repréfentent le plus fou-
yént des fujets d’hiftoire. Il eû vraifemblablç
qu’ il a quitté de bonne heure fon pays, il eft
certain du moins qu’ il n’en a rien confervé,
à moins qu’on ne veuille regarder la fiheffe
de la touche comme un caraâèrë diftinftif de
J£art hollandois. On connoît plus cet artifte
$g France que dans fà patrie. I l a peint en
grâïid , maïs avec beaucoup moins de fuccés.
Ses gravures à l ’eau-forte , pleines d’ intelligence
, font juftement recherchées , de le«
bonnes épreuves en «font rares. I l eft mort en
1660 , âgé de quarante ans.
On voit deux tableaux de ce peintre au cabinet
du r o i , & un plus grand nombre au Palais
Royal,
( l8 6) Philippe \Touwermans , dç l’école
Hollandoife , né à Harlem en 1620 , eut pour
pere un très médiocre peintre d’hiftoire qui
fut fon premier maître: il prit enfuite des leçons
de Jean Wynants , artifte plus eftimé, & fi?
perfectionna par l’étude de la nature. Le peu
que l’on fait de fa vie eft affligeant. Ses ou-?
vrages aujourd’hui recherchés , étoiçjnt déjà
bien payés de fon temps ; mais il l’ignoroit 5
c étoit un fecret que fe réfervoient les qiar?
çhands qui s’enrichiffoient de fon travail &
le^ laiffotent dans la pauvreté. Pouf fubfifter
miférableipent, pour fubvenir aux befoins les
plus preffans de faffamille, il étoit obligé de
travailler fans relâche, & l ’amour de fon arc
ne lui permertoit de négliger auçun de fes ouvrages.
Il n’en connut le'prix que dans fes dernières
années , & ne vécut pas affez pour tirer
un grand profit de cette découverte. On a die
qu’apres la mort~ de Bamboche, il avoit profit
te fecrettement des études de ce peintre qu’il
eut foin de détruire quand il fentit fa fin pro-*
chaîne , pour dérober fes plagiats à la poftérité,
On dit d’ un autre côté que le Bamboche ne
defljnpit pas d’études , & portoit du premier
coup fes penfées fur la toile ; ce qui eft contradictoire.
D’ailleurs on fait que Wouwerman«
montra le même talent avant & après la mort
du Bamboche.
» Ses fujets les plus ordinaires , dit M. Défi*
» camps , étoient des chaffes , des foires de
» chevaux, des attaques de cavalerie, & c .
» Plufieurs de fes payfagès font Amplement:
» compofés ; d’autres font enrichis d’archifeCtu-
». re : là ç’eft ur.e façade de château , içi c’eft
» une fontaine, partout c’eft une variété tou-
» jours nouvelle. Aucun peintre ne l’a farpafle
» dans Fart du defiin en çe genre ; fa couleur
» eft excellente ; il ayoit la magie d’adoucir
» fans ôter la force ; il eft gras & pâteux. Des
» touches fermes, mais pleines de fineffe, l’ont
» rendu impoflible à deviner. Il règne dans
» fes tableaux beaucoup d’harmonie & d*en-
» tente de clair obfcur. Ses compofitions font
» la rges , 8c la divifion de fes plans impercep-
» tible ; fes lointains & fes piels, fes arbres
» & les plantes, tout éft une imitation exa&e
» de la nature. On remarque que fes premiers
» ouvrages , avec le même flou & la même
» vapeur , n’ avoient pas tant d’intelligence :
» les oppofitions étoient trop crues : une mafTe
d’ombre.
» d’omtro. Il a dans la fuite mieux ménagé les J
» paffages de la lumière , & infenfiblement j
» l’oeil paffe d’ un ton à l’autre fans s’en apper-
» cevoir. ,
Il fautajefuter qu’ il avoit , dans la plupart de
fes compofitions, une nobleffe trop rarement
connue de fes compatriotes. Ses-figures avoient
de la grâce, elles repréfentoient des perfonnes
diftinguées & ‘ étoient noblement & pittoref-
quemënt vétuës. On peut lui reprôcher généralement
un ton trop bleuâtre d foible défaut,
réparé par les agréables qualités qui le diftinguent,.
I l ne quitta, jamais fa ville natale , & y mourut
en 1608, âgé de quarante-huit ans.
Le cabinet du roi renferme cinq tableaux
de ce maître : un retour de chaffe ; des cavaliers
à la porte d’une hôtellerie ; une écurie
avec quelques chevaux -, une chaffe au v o l;
une' halte de chaffe^ Cès tableadx font peints
fur toile. Ceux du duc d’Orléans font peints
fur bois : ils repréfentent une dame à ch e v a l,
l ’oifeau fur le poing ; un départ de chaffe; la
curée du cerf; une chaffereffe avec des chaffe
urs.
Son oeuvre gravée eft très confidérable : il
eft fâcheux qu’ on y trouve un fi grand nombre
d’eftampes deMoyreau, qui a gravé d’une
manière molle & fans èfprit, ce peintre qui
avoit de la fermeté dans la touche , & de l’ef-*
prit dans l’ exécution. Philippe Wouwermans a
eu deux frères , Pierre & Jean , tous deux
peintres,
Pierre Wouwermans peignoit dans le goût
de Philippe & lui étoit fort inférieur, quoiqu’on
ne puiffe lui refufer du talent.
Jean w oüwermans peignoit aufli le payfage
; il eft mort jeune , il a laiffé peu de tableaux.
Ils font eftimés.
( 187) Pierre-François Mola , que nous
appelions le Mole , de l ’école Lombarde, naquit
à Goldre, dans le Milanéz, en 162.1. Son
père qui étoit peintre & architeCie , féconda
les difpofitions naiffantes de fon fils. Il le plaça
d’abord à-Romedans l’école du Jofepin, & fes
affaires l’appellant êüfuite à Bologne, il le mit
fous la difeipline de l’Albâne. Ni l ’ une ni l’autre
de ces écoles ne s’accordoient avec le caractère
particulier du Molé , qui le faifoit incliner
vers lé ton le plus vigoureux de couleur.
Il craignoit de ne pouvoir jamais le monter
affez h au t, & lè Guerchin étoit fon maître
favori. I l s’apperçut cependant, que ce peintre
n’avoit pas affez de fraîcheur , il efpéra de
trouvera Ver.ife de meilleures leçons, & il alla
étudier en cette v ille lés ouvrages du Titien.
I l joignit à cette étude celle du Baffan , peintre
qui donneroit de mauvaifes leçons de la
poëfie hiftorique dans la peinture ; mais qui
peut en donner d’excellentes pour la couleur.
Beaux-Arts. Joute 11%
Il revînt à Rome jou'r de la plus grande repu’
tation & fut employé par les papes Innocent X
& Clément VIL On admira furcout un grand
tableau repréfentant Jofeph reconnu pas les
frères , qu’il peignit dans la galerie de Monte-
Cavalîo®
Louis X IV l’appelia en France , & le Mole
alloit fe rendre à l’ invitation de ce prince ami
..des arts, lorfqu’ihmourut fubitenent en 1666
‘"‘à l’âge de quarante-cinq ans.
Comme il donna beaucoup de temps à l’étude
avànt de fe faire connoîtré , il n’a pas
laiffé un grand nombre d’ouvrages.
Le roi pofféde cinq tableaux de ce peintre :
une fainte-famille , ouvrage fin de defiin, fuave
de couleur , harmonieux d’effet, élégant dans
la noble {implicite des figures : la prédication
de Saint Jean , tableau d’une manière forte ,
d’un faire fac ile, d’un bon caractère de defiin.
La compofition en eft bien rai fon née -, Hermi-
nië fous l’habit de bergère 3 Tancrede bleffé ,
ouvrages dignes de fon auteur ; mais fur-tout
Saint Bruno dans le délërt ; l’attitude du Saint
eft b e lle , la figure bien drapée, la tête d’ une
excellente exprefiion ; un beau ton de ciel ,
une couleur vigoureufë & dorée.
Le tableau de Joîëph fe faifant reconnoître
par fes frères a été gravé par Carie Maratte.
Jean-Baptiste Mola ou Mole y vivoic dans
le même temps , & étoit né en 162.0. On le
dit François , fans donner aucune preuve de
cette opinion. On ajoute même qu’ il fréquenta
quelque temps l’école du Vouet. II fut , ainft
que le célèbre Mole , difciple de l’Albane, &
fut toujours imitateur de fon maître ; mais il
eft dur & fec de pinceau dans les figures. I l
1 peignoit très bien le payfage, & avoit un excellent
feuillé.
( 188 ) Les deux frères Courtois n’appartiennent
à l’école Françoife que par leur naif-
fance. C’eft en Italie qu’ ils fe font perfectionnés
dans leur ar t,' qu’ ils l’ont ex ercé, qu’ ils
ont vécu , qu’ ils font morts.
Jacques Courtois , dit le Bourguignon,
& beaucoup plus connu par ce furnom que
1 par le nom de fa famille, naquit en 1621 dans
la v ille de Saint-Hippolyte en Franche-Comté.
Son père qui étoit peintre lui donna les premiers
principes de fon art. Mais dès l’âge de
quinze ans Jacques alla à Milan , fe lia avec
un officier François, & fui vit l’armée pendant
trois ans , defiinant les marches , les attaques,
les batailles. Il fe mit enfuite fou? la conduite
d’un peintre Lorrain , eut occafi'on dans cet
attelier de fë faire connoîtré du Guide qui le
prit en amitié & le mena à .Bologne1 où il lui
fit connoîtré l’Albane, Jacques puiià de favan-
: tes leçons dans la familiarité de cés de
maîtres. I l paffa enfuite à Florence y fe
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