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« belles; il femble cependant que la tête de
» la Vierge foit plus jolie que b e lle , & que
» 1 Enfant-Jéfus ait les jambes trop écartées ».
Le Saint-Jofeph eft appuyé fur un fac qui a
donne fon nom au tableau. On prétend que le
peintre a voulu 'témoigner par cet accefloire
la forte de payement qu’il avoit reçu de fon
ouvrage.
- André réufiiffoit parfaitement dans le portrait
par la vérité des traits, le moelleux du pinceau
^ la beauté du coloris.
I l avoit le talent de copier de manière à
tromper non-feulement les plus habiles con-
noifleurs,^ mais les artiftes même qui avoient
travaillé a l’original. Sur fa copie du portrait
de Léon X peint par Raphaël, voyez l’article
Copie.
Le Roi pofféde quatre tableaux de ce peintre.
Le T o b ie , dit un habile artifte , foutient la
réputation d’André par le beau pinceau & par
le mérité des têtes. La charité eft du même
faire. c< La planche für laquelle étoit peint
* ce tableau, dit M. Lépicié , étoit entièrement
M vermoulue, & bientôt l’ouvrage entier fe-
» roit tombé en pouffièrë. Le Marquis de Ma-
» r igny, alors Dire&eur-Général des bâtimens,
9 penfa qu’on pourroit lui redonner la vie ,
» en fai fan t üfage du fecret du fleur Picault,
» qui a trouvé le moyen d’enlever la couleur
» des tableaux peints fur bois, & de la tranf-
» porter fur une toile. Le tableau fut remis au
» fleur Picault : il eut ordre d’y travailler,
» & la reftauration s’eft faire avec un fuccès
» étonnant; car le tableau eft actuellement fur
» toile , fans qu’on puiffe s’appercevoir de
» l’opération en aucun endroit : il n’a fouftèrt
» la moindre altération ni dans la partie du
» dellin, ni dans celle de la couleur, te
La figure principale de ce tableau eft noble
& d’ une grande manière ; mais pour bien con-
noître tout le mérite d’André del Sarto , il
faut le voir a Florence, où font fes ouvrages
capitaux.
Le portrait d‘André del Sarto, peint par lui-
même , a été gravé par T h . Cruger ; la Ma-
donna del Sacco l’a été par Grégori.
(14) Jean-François Penni, de l ’école de
Florence, né dans cette ville en 1488. Il fut
furnommé i l fattore , parce qu’il faifoit les
affaires de Raphaël, qui avoit pour lui une
tendreffe paternelle, & qui l’ inftitua un de
fes héritiers. S’il ne peut être compté entre les
grands maîtres, il fut du moins un artifte d’un
grand talent & d’une habileté très-variée. Il
traitoit bien le genre de l’hiftoire, celui du
portrait , le payfage qu’ il enrichiffoit de fabriques
agréables. La peinture à frefque, à l’huile,
en détrempe lui étoient également familières. Raphaël
l ’employoÿ: utilement, furtout aux frifes
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& aux cartons des tapiffëries. Après la mort de
ce maître, il fut chargé d’achever avec Jules
Romain les peintures commencées au Belve-
dere, & peignit au Vatican la falle de Conf-
tantin fur les defiins de Raphaël.
I l fe fit un grand honneur par la manière
dont il conferva, dans ces travaux , le caractère
du maître qui en avoit formé le projet-, & il
foutint enfuite fa réputation par les ouvrages
dont il décora differentes églifes de Rome.
Ç’ étoit pour François I q u e . Raphaël avoit
entrepris le tableau de la transfiguration : ce
fut pour le même prince que Penni en fit une
copie : mais nous étions deftinés à n’avoir pas
même une excellente copie de ce célèbre ori?
ginal. Penni. fut mandé à Naples par le Marquis
del V a fto , à qui il vendit cet ouvrage.
Il mourut dans cette v ille en 1528-, âgé de
quarante ans. Quoiqu’ il fe 'fit une étude d’imiter
le caraélère de Raphaël, fon maître, il
ne put dépouiller entièrement celui de fou
pays. C’eft ce qu’on reconnoîj à fon goût un
peu trop gigantefque, & à fa manière trop peu
gracieufe , & qui a même de la fécherefTe.
N. le Sueur a gravé en clair-obfcur, d’après
J. F. Penni, les Egyptiens fubmergès au pal-
fage de la Mer Rouge.
(15) F rançois Primatici ou le Primatice9
de Pécole Lombarde, né à Bologne en 1490 de
parens nobles. On l’appelle quelquefois Saint-
Martin de Bologne, parce que François I lui
donna l’abbaye de St. Martin de Troyes. Après
avoir pris des leçons d’ Innocenzio da Immola,
peintre eftimé , 8c de Bagna C avallo, élève
de Raphaël, i l eut pour dernier maître Jules-
Romain.
I l fut appellé en France en 15 3 1 , par François
I , qui avoit demandé un habile peintre
au Duc de Mantoue , & s’accorda mal avec le
Roffo, ou Maître Roux qui y étoit avant lui.
C’étoit la jaloufie qui divifoit ces deux artiftes..
Il fut envoyé par le Roi en Italie , pour acheter
ou faire mouler des antiques, & pendant fbn
t abfence, là mort le délivra de fbn rival. U
rapporta en France cent-vingt-cinq figures
antiques, un grand nombre de buftes, 8c les
creux de la Vénus de Médicis, du Laocoon
de la Vénus endormie , connue fous le nom
de Cléopâtre, de plufieurs figures très-célèbres,
& de toute la colonne trajane. Le Roi lui confia
l’ intendance des bâtimens, place qui n’auroit
jamais dû être occupée que par des artiftes, qui
auroit excité, entre eux l’émulation, & qui
feroit devenue la récompenfe' de ceux qui l’au-
roient emporté fur leurs rivaux, v
C’ eft le Primatice & le Roffo qui ont apporté
de Rome en France le vrai goût de la
peinture, & qui ont corrigé la manière des
artiftes de la nation. „Leurs principaux ouvra-
1
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ges font à Fontainebleau. Le premier ctoit b° n'
compofitear, avoit une touche légère, un bon,
ton de couleur', & montroitr de la fcience
dans les attitudes qu’ il donnoit a fes figures,
mais il cherchoit trop à expédier pour ménager
la correélion Se fe tenir dans les bornes du
naturel. Il devint maniéré, comme tous ceux
qui négligent la nature pour fe livrer à la
pratique. ' _
Il étoit en même' temps peintre & architecte.
Le château de Meudon 8c le tombeau de François
I. ont été élevés fur Tes defïins.
L’abbaye dont il étoit pourvu lui fournifloit
le moyen de vivre avec grandeur j. mais il fe
faifoit pardonner fa fortune par fes libéralités envers
les artiftes qui le fecondoient dans^^fes
travaux. I l eft mort à Paris en 157°» a ^ aë c
de. quatre-vingt ans. ^ _ .
, Antoinette Stella a gravé, d’apres le Prima-
t ic e , un plafond représentant Jupiter fur 1 0 "
lympe , entôuré de tous les dieux.. Les vertus
cardinales qu’ il a peintes à Fontainebleau,
ont été gravées par Ant. Fantuzzi-
, (1 6 ) Giu l îo P ip p i eft plus connu fous le
nom de Jule Romain, & ce nom apprend afr
fez à quelle école il appartient. I l naquit a
Rome en 1492. On ne connoît point fes^ parens ,
ce qui peut faire fuppofer qu’ il étoit d une j
naîflance oblcure; les hommes diftingues par ;
les talens peuvent illuftrer leur poftérite; mais
ils ne reçoivent aucune illuftration deleursan-
cêtres : ils font eux-mêmes les auteurs deleur no-
blefl’e , 8c n’ont d’autre tître à produire que l-eurs
fuccès
Placé dans l’école de Raphaël, Jules devint
le plus célèbre difciple de ce grand maure,
qui le fit cohéritier de fes biens avec le Penni.
Tant que fon maître vécut, il confondit fes
talens avec ceux de ce grand peintre , & ne fit
rien de lui-même: ce ne fut qu’après la mort
de. Raphaël qu’on pût reconnoître le véritable
caractère de fon talent. On vit alors qu’ il avoit
un efprit élevé, une tête poétique, de grandes
•conceptions, un deflin c o r r e â , mais maniéré
dans certaines parties, furtout dans les extrémités.
Il montra plus de fêu que fon maître, où
plutôt il ne craignit pas de fe livrer à une fougue
imprudente, qui ne lui permeroit pas d’étudier
8c de refpe&er les vérités de la nature,
qui le forçoit de produire, fans lui.laifler ce
repos de l ’ame, ce calme heureux pendant
lequel elle s’occupe de la perfe&ion. Son def-
fin dûr & févère étoit ennëmi de ces grâces
qui avoient prodigué leurs faveurs à Raphaël ;
fes demi-teintes étoient noires, fes chairs tiroient
fur un rouge de brique. Ses têtes, fes draperies
manquoient de variété. Mais ces defauts étoient
réparés ou balancés par une grande fécondité
d’ imagination, par toute l’érudition qui peut
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être convenable à un artifte, la fcience de
l’ hiftoire , celle _de la mythologie , de la
perfpeélive, & c . La nature fembloit l’avoir
furtout deftiné à traiter des fujets terribles ou
gigantefques.
I l quitta Rome fous le pontificat d’Adrien
V I qui ne protégea point les arts ; il la quitta
une fécondé fois pour fe fouftraire à la punition
dont il fut menacé , lorfqu’il eut fait les
defiins obfcènes que grava Marc-Antoine, & qui
font connus fous le nom de.pofttires de l’Aretin.
Il chercha alors un afyJe à Mantoue, & comme
il pofiedoit bien l ’architeélure c ivile & militaire
, il fortifia cette v ille , & y fit conftruire
fur fes defiins le fameux palais du T , ainfi
nommé, pareeque le plan reflemble à cette
lettre de l’ alphabet.. Il fut l’architeéle & le
peintre de ce bâtiment.
Sa fortune commencée à Rome, s’accrut à
Mantoue par les libéralités du Prince. Il fe fit
bâtir dans cette v ille une maifon qu’on pou-
. voit regarder comme un Palais, & y forma
un très-riche cabinet d’antiques. I l alioit retourner
à Rome pour y remplir la place d’ar-
chiteéle de la bafilique de S. Pier re, lorfqu’il
mourut en 1546, âgé de cinquante-quatre
ans.
Merigs obferve que Jules Romain joignoit
à une manière extrêmement dure 8c froide,
un pinceau fort timide, lifle & léché; qu’en
cherchant à imiter le goût grave & exprefiif
de Raphaël, il tomba dans le noir & que fes
figures ont une exprefiion théâtrale & affec-;
tée.P
our mieux caraélérifer cet artifte , nous
croyons devoir rapporter les détails dans le s quels
eft entré M. Cochin fur le$ principaux
ouvrages que ce peintre a laifles à Mantoue.
» L’architeélure du palais du T eft fort
» b elle, dit-t,-il, à la façade 8c dans la cour.
» Toutes les peintures font de Giulio Romano,
» Dans une grande chambre cm voit la chûte
» desGeans : ces geans ont plus de quinze pieds
» de proportion. En haut font tous les dieux
» & le trône de Jupiter. La compofition eft
» de figures d’ un beau choix 8c les grouppes
». font affez bien liés ; le deflin en eft d’un ca-
» raftère fort grand, quoique plein d’ incor-
» reéüon. Les têtes font, pour la plupart, d’une
» grande' beauté de caraélére & de belles
» formes : cependant il y a peu de finefle dans
» le deflin, 8c beaucoup de manière dans les
» formes ; elles font outrées (1) : les exprefiions
(j) ce Malgré le feeours des confeils & des exemples de
» Raphaël j d ailleurs le même artifte 3 la plupart de.les
» élèves font tombés dans la bizarrerie. Leurs contours ont
39- du grand , mais ce font des membres tortueux -, de gros
» mufdes qui, à la vérité , font bien à leur place &
s> dans leur a&ioft, mais outrés & fans les adouci(Temcn*