de marbre réduit en poudre , ou d’un ciment fait
de tuiles bien pulvérifées : on étend cet enduit |
avec la truelle, & on l’imbibe d’huile de lin au
moyen d'une grofle broffe. Enfuire on fait une
compofition de poix grecque, de maftic & de
gros vernis qu’ on fait bouillir enfemble dans un
pot de terre, & au moyen d’une brode, on cou-
vr.el’ enduit de cette mixtion , qu’on frotte avec
une truelle chaude pour la bien étendre & en
détruire toutes les inégalités. Cette préparation
faite , il ne refte plus, comme dans l ’autre procédé
dont nous venons de parler, qu’à la couvrir
d’ une couche d’imprefïion au blanc de cérufe &
à l’ochre dotrempés à l’huile de lin.
On peut aufli faire un enduit fur le mur avec
du mortier compofé de chaux , de ciment de
briques , & de fable ; cet gnduit étant bien fec,
on lecouvre d’ un fécond enduit fait de chaux ,
de ciment bien fafle & de mâche-fer en quantités
égales. Cette compolition étant bien battue,
& incorporée enlemblê avec des blancs d’oeufs
& de l’ huile de lin , formç un enduit fi ferme
qu’on n’ en peut trou ver de meilleur. Mais il ne
fat t pas interrompre cette opération’, elle doit
être continuée & terminée pendant que la matière
eft encore fraîche, & on doit étendre la
compofiiion avec une truelle jufqu’à ce que le
mur l'oit entièrement couvert. On doit auffi avoir
•foin de bien unir cet enduit. Si on opéroità plu-
fieursfois, en laiffantHfeeher une, partie avant
d’enduire l’autre , il fe. feroit fur la furface du
mur des fenresqui gâteraient toute la préparation.
On imprime fur cet enduit de la même maniéré
que fur ies deux autres.
On peint ordinairement furdes murailles enduites
de plâ r e , parce que la furface en eft plus
unie. Cependant on pourroît faire un mairie
compofé de réfine & de beaucoup de brique pilée.
Çet enduit, appliqué à chaud , & uni avec
la truelle , fur un gros enduit de mortier ordinaire
, prépareroit la muraille à recevoir les couleurs
à l ’h u ile , qui s’ incorporeroient avec les
parties de la brique. Cette incmftatiori auroit
l ’avantage de durer bien plus que le plâtre qui
ne peut fubfifter long-temps dans les lie.ux humides
& expofés aux injures de l’air.
Le fécond procédé que nous avons•srapporté^
eft celui que fuivoit Sébaftien de Veijife pour
peindre fur les mura de pierre. Mars; quelque
moyen qu’on employé^ Ja peinture ’en huile fur
les murailles n’a jamais la lblidicé de la frefqué:
I mpression. (Peinture & impr efjîon*') C’eft
un des noms que l’on donne à la peinture des
bâiimens, qu’on appelle aufli peinture à la grofle
broffe, 8c que M. Robin, dans un article de
notre dictionnaire théorique, a propofé d’appel-
ler peinturage. Cette forte de peinture n’eft
point un art; toutes les opérations en font pure-
fuçpt mécaniques. Elle ne tienne à Part de la peiflturô
quô par 1 emploi des mêmes fùbftancej.
Cependant la reflemblance des noms pourra
perfuader à quelques leéleurs qu’ ils trouveront
ici les détails de ceite manoeuvre, & il ne faut
pas que leur efpérance foit trompée. Ce- qu’on va.
lire eft extrait de l’ouyrage d’un homme du métier,
M. Watin, qui a publié l ’art du peintre ,
doreur, vern ;JJeur.
Dans le métier comme dans l’art de la peins*
ture , il faut que les couleurs foient broyées avec
plus ou moins de foin. Voyezd’article Broyer.
Pour la peinture d’ impreflion , il eft des préceptes
généraux qu’il faut connoître & obferver.
i°. Ne préparez que la quantité de couleurs
néceffaire pour l’ouvrage que vous entreprenez,
parce qu’elles ne fe confervent jamais bien , & ,
que celles qui font fraîchement mélangées font
toujours plus vives &. plus belles.
Tenez votre broffe bien droite devant
vous, & qu’il n’y en ait que la bafe qui loit
coucheefur le lujet : fi l’on tenoic la broffe pen**
chee, on péindroit inégalement.
3°. Il faut coucher les couleurs hardiment &
a grands coups , & cependantdes étendre le plus
également qu’il eft poflible. On prendra garde
d’engo ger les moulures, & les fculptures ; fi
cet accident arrivoit , on retireroit avec une
broffe la couleur des endroits engagés.
4°. On remue fouvent les couleurs dans le
pot, your qu’ elles conlervent toujours la même
teinte, & qu’elles ne faffent pas du dépôt au
fond.
j° . On n’empâte jamais la broffe ; c’eft-à-
dire, on ne la furchargë pas de couleur.
6°. On n’applique jamais une nouvelle couche
fur la couche précédente, que celle-ci ne foit
abfolument féche : on1 en fait l’eflài en y portant
légèrement le dos de la main : la couleur eft:
féjche quand il ne s’ en attache à la main aucune
partie. 7°. Pour que les couches fe feçhent plus
promptement, & d’ une maniéré plus uniforme ,
on a foin de les rendre les plus minces qu’ il eft
poflible.
Détrempe. On employé çettç forte de peinture
fur les plâtres , les bois , les papiers , dans
les endroits qui ne font pas expofés aux injures
de l’air. Cette forte de peinture fe conferve
long-temps, quand elle eft bien traitée. I l y a
trois fortes de détrempes : la détrempe commune y
le çhipolin , le blanc-le-*roi. Les obfervacions
fuivantes conviennent à toutes.
: i ° . S’ il y a de la graifle fur le fu je t, c’eft-à
dire, fur le fond qui doit recevoir la peinture ,
on gratte çe fond, ou on le leflive avec de l’eau
fécondé , ou on le frotte d’ail ou d’abfynthe.
a°. Il faut que la couleur détrempée file au
bouc do la broffe quand on la retire du pot : fi
elle y refte attachée , c’eft la preuve qu’ il n’y a
pa* allez de colle.
3°. Toutes les couches fe donnent très-chaudes
, mais non bouillantes. Avec une chaleur
fuflil’ante, la couleur pénétre mieux. Si la couleur
étoit trop chaude , l’ouvrage bouillonne-
ro it, & fi le fond étoic du bois, jp pourroît éclater.
La derniere couche fe donne à froid.
4°. Lorlqu’on veut faire de beaux ouvrages,
& rendre les couleurs plus belles 8c plus folides ,
on prépare les fujéts qu’on veut peindre par des
encollages & des blancs d’apprêt qui fervent de
fond pour recevoir la couleur. Cela rend la fur-
face fur laquelle on veut peindre bien égale &
bien unie.
^°. Cette impreflion doit fe faire en b lanc ,
quelque couleur qu’on y veuille appliquer ; elle
eft plus avantageufe pour faire reflbrr.ir les couleurs
qui empruntent toujours un peu du fond.
C ’eft ce qui a déterminé des peintres arciftesa
faire imprimer en blanc les toiles ou paneaux
fur Iqfquels ils fe propofoient de peindre.
6°. Si l’on peint fur du bois , & qu’on y rencontre,
des noeuds , ce qui lurtout arrive fouvent
au fapin , il faut frotter ces noeuds avec une tete
d’ail’ ; la colle y prendra mieux.
On doit fe rendre compte de la quantité de matière
& de liquide dont on aura befoin pour
couvrir la furface que l’on veut peindre. C’eft
ce qu’on ne peut indiquer qu’ à peu près, parce
qu’ il y a des fubîlances qui boivent plus 8c d’autre
« moins., Les plâtres 8c les lapins pompent
beaucoup. Les, premières couclies conl’omment
plus de matières que les fuivantes.- Les moulures
& Fculptures font qu’à égalité de toifé, la
furface confomme plus que fi elle étoit unie.
Detrempe commune. C’eft celle qu’on employé
pour les gros ouvrages qui demandent peu
de foins , & n’exigent pas de préparations. Elle
fe fait en infufant des terres à l’eau & en les dé-
trempantavec de la colle. En voici les procédés.
i° . On écrafe du blanc d’Efpagnedans de l’eau,
& on l’y laifle infufer une couple d’heures. On
fait infufer de même du noir de charbon ; on
mélange le noir avec le blanc , & on fait ce mélange
peu-à-peu jufqu’ à ce qu’on ait trouvé la
teinte que l ’on defire. On détrempe cette teinte
avec de la colle chaude & d’une force fuffiiànte.
I l ne refte plus enfuite qu’à coucher cette couleur
fur ce fujet.
Si l’on veut couvrir de cette teinte une toife
quarrée , on employé deux pains de blanc d’Ef-
pagne, pffant enfemble deux livres & demie,
on in fuie dans une chopine d’eau; la quantité du
charbon varie fuivant la teinte; le tout doit être
détrempé dans une pinte de collé; .
Pour employer cette détrempe fur de vieux
murs, il faut les bien gratter ; y paffer deux ou
trois couches d’eau de chaux, jufqu’ à ce que le
roux loit mangé; époufleter la chaux avec un
balai de crin. Si les murs font neufs , on met
plus de colle dans le blanc pour en abreuver la
muraille.
On peut faire ufage , dans la dérrempe commune
, de toutes fortes de couleurs, ün fait de
même la ceinte, on l’ infufe de même à l’eau, on
la détrempe de même à la colle.
D e t r em p e v e rn ie , appelléeC h ip o l in . C’eft
la plus belle des peintures d’jmpreffion te lle approche
de l’éclat 8c de la blancheur de la porcelaine
; elle ne jette pas de Iuifant comme la peinture
à l’h u ile , & peut, à tous les jours, être
regardée avec le même avantage.
Cette forte de détrempe exige fept différentes
opérations.
Première opération. E n c o l l e r . i °. Prenez
trois têtes d’a i i , & une poignée de feuilles d’ ab-
lynthe : fai;ës-les bouillir dans trois chopines
d eau que vous réduirez à une pinte. Paflez ce
jus au travers d’ un linge & mêlez-y une chopine
de bonne & forte colle de parchemin : jetrez-y
une demi-poignée de fel & un demi-feptier de
vinaigre : faites bouillir le tout.
z°. Imbibez le bois de cette liqueur bouillante,
avec une broffe courte de fanglier; imbibez
en les fculptures 8c les parties unies, ayant
foin de bien relever la co lle , & de n’enlaiffer
dans aucun endroit de l’ouvrage pour qu’il ne
refte pas d’épaifleur.
3°. Laiflez infufer, l’ efpace d’une demi-heure ,
deux poignées de blanc d’Efpagne dans une pinte
de forte colle de parchemin , ■ à laquelle vous
joindrez un demi-feptier d’eau , 8c que vous
ferez chauffer. Remuez bien ce blanc , & don-
nez-en une feule couche très-chaude , mais non
bouiliante, en tapant également & régulièrement
, pour ne pas engorger les moulures &
fculptures, s’il y en a : c’ eft ce qu’on appelle
encollage blanc , qui fert à recevoir les blancs
d’apprét.
Seconde opération. A r r ê t e r de b l a n c . Les
couches fuivantes doivent être égales , tant pour
la quantité du blanc, que pour celle delà colle.
Si une couche foibie de colle en recevoit une
plus fo r te , l ’ouvrage tomberoit par écailles.
Evitez de la faire bouillir, parce que la trop
grande chaleur, l’ en graiffe roi t ; il ne faut pas
même qu’ elle foit trop chaude , parce qu’ elle
dégarniroit les blancs de deffous,
A mefure qu’on laiffe à chaque couche le
temps d efécher, il faut en abbattre les bofles ,
& boucher les défauts avec un mélange de blanc
& de colle qu’on appelle gros blanc. Il faut
aufli avec une pierre-ponce & une peau de chien
V de me r , ôcer à fec les barbes du bois 8c toutes