
iês travaux -, & l’artifte Flamand peignit les
fonds depayfàges dans les tableaux du Vénitien,
Cependant fes talens ne reftprent pas lo n g temps
confondus avec ceux dé\fon nouveau
maître: il eut la-gloire,-de ■ voir fè&\ ouvrages
recherchés- dans la patrie des arts , fit en
Italie un grand nombre de portraits & de* tableaux
d’hiftoire. Il fut employé par les Mé-
d ic is , & c’eft dire affez qu’ il, fut plaire aux
amateurs, éclairés. Il avoit une couleur agréable
, un Seffin correét , un pinceau facile ;
fes têtes fe reflembloient entre elles, mais elles
étoient gracieufes -, fes compofitions étoient un
peu froides , -mais naturelles ■ ; fes draperies
un peu maniérées ; fes- beautés n’étoient pas
du premier ordre , mais fes défauts n’étoient
pas choquans, & ils obtinrent l ’indulgence d’une
nation qui n’eft pas indulgente pour les ar-
tiftes étrangers. Il dut fans doute la faveur
des Italiens à l’art avec lequel il peignoit-,
dans fes tableaux d’hiftoire , le payfage & les
animaux«
L’efHme qu’ il obtenoit des Italiens ne lui
fit point oublier fa patrie ; il revint à Anvers
où l’attendoient la réputation & la fortune. Il
y décora de fes ouvrages un grand nombre
d’egliles & y mourut en 1604 âgé de foixante
& dix ans.
On voit chezTe due d’Orléans,deux tableaux
de ce maître. Dans le premier les figures, font
de grandeur naturelle-, il repréfente, les principaux
fleuves de l’Afie & de l’A fr iqu e , des
nayadès , des tygres , des crocodiles. L’autre
repréfente Pan arrêté par Sirinx qui l’empêche
de combattre des tygres.
Les Sadelers & d’autres artiftes ont beaucoup
gravé d’après Martin de Vos, On recherche
lurtout les pères du défert gravés par Jean &
Raphâel Sadeler.
( 45 ) I£AN B o t , de l ’école Flamande , né
à Malines en 1534, Il fe diftingua d’abord entre
les peintres en détrempe qui étoient alors
en fi grand nombre qu’on en comptoit dans
la feule v ille de Malines jufqu’ à cent cinquante
atteliers. I l fe dégoûta bientôt d’être confondu ■
avec ces ouvriers de fabriques , 8c de voir fou- j
vent les copies de fes meilleurs ouvrages vendu
aufii cherés que les originaux. I l fe livra
à la peinture en petit à gouazze & à l’huile',
& v it fes ouvrages recherché^. I l peignoit des
vues , des marines*, des fujets d’hiftoire , &
fes tableaux ne le cèdent point aux peintures
les plus précieufes du même"temps & du même,
pays. Il mourût à Amfterdam en 1583 à l’âge
de quarante-neuf ans. On a beaucoup gravé
d’après lui. Dire que fes tableaux ont occupé
le burin des Sadeler , e ’eft annoncer l’ eftime
4ont ils jouifibient.
(46) J oseph P ort a , dit S ttlv iati, de-
le co le Vénitienne , naquit à Cafloilo nuovo
oella Grafignana en 1535. II fu r conduit à
Home par un do fes oncles ,■ & mis dans l’école
*du Salvîdti 1 peintre Florentin dont nous avons
parlé. On s’accoutuma à lui donner le nom de-
fon maître , fous lequel il eft plus connu que
fous le fien. Il fe fit une manière compoIëe.
qui tenoit à. la fois des écoles de Rome & de
Venife , & qui fit rechercher fes ouvrages par
les Vénitiens : mais il conferva de fon maître
1 habitude d accufer trop durement les muf-
cles.
I l fut. rappelle à Rome par le Pape Pie IV
f *W f i î fit. pendre au Vatican l’Empereur
Frédéric I. bailànt les pieds d’Alexandre I I I .
Mille écus d’or , fomme alors très confidérable "
furent.la réçompenle de ce travail , & prouvent
la réputation dont jouiffbit l’artifte. Après
avoir fait encore quelques autres tableaux à
Rome , il retourna à Venife où font fes prin-
cipaux ouvrages. , ' r
I l compolbit & peignoit facilement. Ses or-
donnances , dans fes beaux ouvrages , ont
beaucoup de. grandeur; ori y voit cet enthou-
liafme que les Italiens nomment furie. I l en-
tendoit bien le plafond, & donnoit à fes figures
un grand caradère. Ses têtes étoient belles
la manière graife , fa couleur fouvent bonne
8c vigoureufe , quelquefois cependant un fleu
morne. Son deflin étoiç correél, même dans fes
peintures les plus foibles. Il n’ etoit pas heureux
dans l ’art de draper 8c donnoit fouvent à fes
plis trop de rondeur.
Il donnoit dans l’alchymie , 8c dans, cette
partie fuperftitieufe des mathématiques qui
etoit alors la plus cultives & qui eonfiftoit
à prédire l ’avenir par la fciencë des calculs.
Si l’alchymie ne lui procura pas les richeffes
qu’il s’en promettoit, elle lui fournit du moins
quelques découvertes qui lui furent utiles
dans la peinture à frefque. Il mourut à V e nife
en 1585-âgé de cinquante ans.
On voit de lui au palais-royal un enlèvement
des Sabines où les figures font grandes
comme nature.
( 47 ) Jean Stradan , de l’école Flamande
né à Bruges en 1536., d’abord élève de fon père,
&: enfui te de plufieurs peintres peu cjonnus ,
fit bientôt afiez de progrès pour ne pouvoir
plus rien apprendre d’eux. I l alla étudier en
Italie les chefs - d’oeuvres de l ’antiquité &
ceux de Raphaël & de Michel-Ange , & s’attacha
à François Salviati dont il emprunta en
partie la manière. I l confondit quelque temps
fes travaux avec ceux de ce peintre & de
Vafari , & trouva de l’occupation à Naples,
où il fut appellé par Don Juan d’Autriche
en Flandre, où il fut conduit par ce prince, y
à Florence où il revint fe fixer , & où l?on
voit fes principaux ouvrages. Il a fait aufii
plufieurs tableaux d’églife à Venife 8c a Rome.
I l peignoit à frefque, & à l’ huile , etoit bon
deflinateur quoiqu’un peu lourd 8c maniéré*,
il avoit de la fécondité dans la compofition &
de la facilité dans l’ exécution -, fa couleur etoit
bonne 8c vigoureufe,. quoique tirant fur lé
bleuâtre. Il fe diftingua furtout dans les fujets
de chafle & dans ceux où il entroit des chevaux.
Il fut un des principaux membres de l’Académie
de Florence -, on a même écrit qu’ il en
fut direéleur. Si ce fait eft v ra i, il falloit que
Stradan eût une réputation bien impofante pour
faire taire la jaloufie des artiftes Tofcans qui
ne rendent pas aifément hommage aux peintres
étrangers. Il mourut à Florence en 1605
âgé de foixante-neuf ans.
Philippe Gaue a gravé d’après lui le Chrift,
on croix au moment où on lui préfente l’epon-
ge , & la paflion traitée de deux, manières différentes
; H. Goltzius plufieurs feuilles de
chevaux -, Corn. Galle des chafies 8t des batailles.
Ce peintre a aufli.occupé plufieurs fois
le burin des Sadeler.
(4 8 ) Dario V arotari , de l ’école Vénitienne
, tiroit fon origine d’ une noble famille
d’Allemagne. Il naquit à Vérone en 1535» ,
étudia d’abord l’archite&ure , entra enfuite
dans l’école de Paul V'éronefe &devint 1 un
de fes meilleurs élèves. Il peignoit à.frefque
& à l ’huile ; 8c fut chargé de décorer de fes
ouvrages un grand nombre d’égliles & de palais.
Il continua d’exercer l’ architeflure & il
ornoit de fes peintures les palais qui avoient
été conftruits fur les deflins. V i f & fécond dans
fes conceptions, il compofoit bien , poflèdoit
bien l’art de groupper , 8c difpofoit ingénieu-
fement fès plans. Son deflin etoit un peu rond,
& n’ étoic pas fort correél, mais Tes têtes étoient
belles , de ce genre de beauté qui a été connu
de Técole Vénitienne , & qui ne s’élève pas
au deffus de la nature telle qu’on la rencontre
fouvent dans le pays. Il peignoit bien , avoit
en général un bon ton de couleur, 8c favoit
établir de grandes mafies d’ombre & de lumières.
On lui reproche d’avoir travaillé fouvent
d’un pinceau trop fendu. Il mourut en
1596 à l’âge de cinquante-fèpc ans.
Clara Varotari , fa fille & fon élève ,
fe diftingua dans le portrait.
(49 ) François Porbus , de l ’école Flamande
, né à Bruges en 1540 -, fut d’abord
élève de Pierre Porhus Ton père , habile peintre
& géographe ; né à Gouda en Hollande,
& qui s’établit à Bruges , où il mourut en
1583. Pierre a peint des tableaux d’autel à
Bruges & dans fa patrie. Le plus eftimé eft
celui qu’ il fit pour la grande églife de Gouda ;
mais le plus beau de fes ouvrages cfi le portrait
du duc d’Alençon qu’ il peignit à Anvers.
François pafla de l’école de fon père dans
celie de Franc-Flore & le furpafia. Il peignit y
comme fon père , des tableaux d’autel d’ une
couleur vraie , & d’ un pinceau agréable : fa.
touche etoit fine te décidée , fa couleur forte
& harmonieufe. Il fe fit diftinguer dans le-
genre du portrait, 8c il excella fur tout dans-
la peinture du payfage 8c des animaux. Il avoic
foin de faire reconnoître par le feuille les-
différentes efpèces des arbres qu’il repréfentoiu
11 mourut en 1580 à l’âge de quarante ans.-
F rançois Porbus , le jeune , fils & élève
du dernier, fe fixa de bonne heure à: Paris. Il
eut des fuccès dans le genre de l ’hiftoire 8c
fut furtout employé pour le portrait. Sa couleur
eft chaude & vraie , fa compofition, fimple ,
fon deflin a de la finefle. C ’eft lui qui- a peine
le tableau de la cène qui eft au maître - autel
de la paroifie Saint Leu à Paris , ouvrage eftimé
, 8c fort fupérieur à l’Annonciation qu’il
a peinte au maître-autel des Jacobins de la rue-
Saint Honoré : ce dernier ouvrage a des beautés
de détail , mais il manque trop de chaleur..
Les deux tableaux de l ’hôtel - de - v i l l e , dont
l ’un repréfente ;la minorité de Louis XIII &
l’autre la majorité de ce prince, peuvent faire
eonnoîtré le mérite de Porbus dans le V enre-
où il a eu les fuccès les plus décidés. .On voit
de lu i , au cabinet du rp i, deux portraits. de*
Henri IV . Cet artifte mourut à Paris en-
162.2.
J. Sadeler a gravé d’après François Poibus-
le père , la converfton de 'Saint Paul. Le portrait
de Henri I V , peint par Porbus le T ls , a
été gravé par Marfénay de Ghuy, & parTardieu.
( 50 ) Félix R rce io , dit Ærufafong. , de
l ’école Vénitienne , né à Vérone en 1540
fut éiève de fon père & fit dans l ’art des propres-
rapides. I l alla enfuite à Florence étudier le^
deflin des grands maîtres de cette école ,* mais-
fon goût naturel le porta toujours à l’imitation-
de Paul Véronefë. Ses principaux ouvrages-
font à Vérone. Son pinceau étojt facile, doux
agréable , quelquefois un peu léché. Sa manière
éft grande , fes têtes ordinairement
belles , bien peintes, bien deflinées, & même
quelquefois remarquables par la force de l’ex-
preflion. Il plaît par fa couleur , fouvent un-
peu griie , furtout dans les demi-teintes ; mais
toujours'agréable , &.faifant en même temps-
de reffet' : dans fes bons ouvrages , la ccmpofo.
tion tient dé celle de Paul Véronefe , l8 c1
malgré fon féjo-ur à Florence , I l lui reffembl®
même pour le deifin.