
femblable. On doit sroire feulement qu*il fut
élève de fon père , -8c qu’ enfuite à Rome, à
V enife ', à Parme, r\ étudia les ouvrages de
Michel-Ange , de- Raphaël1, du Titien 8c du
Correge. I l devint le ch e f de l’académie de
Milan. Son .deffin étoit correél , fa couleur
vigoureufe, fa compofition grande, l’on génie
facile , les ordonnances riches. Il étoit fort
Supérieur à fon frère , plus pur , mais moins
fier d’ exécution. Son pinceau eft aimable êc
la rge, fon coloris admirable, & dans cette partie*,
il femble près d’égaler Rubens. Il a quelquefois
imité le Corrége & quelques uns de
les tableaux ont été pris pour des ouvrages de
.ce maître. I l mourut fort riche à Milan en
1626 , âgé de foixante-dix-huit ans.
J. Came rata a gravé d’après Camille Pro*
xaccini , Saint Roch guériffant les peftiférés,
dè la galerie de Drefde ; & d’ après Jules-
Cefar , une fainte-famille de la même galerie.
( J7 ) Charles V an - Mander , de Bécole
Flamande , naquit à Meulebeke près de Cour-
tray en 1548. Il comptoit entre fes parens des
ïambaffadeurs , des prélats ; mais il conçut de
i>onne-heur-e qu’ il pourrait furpalfer aifément
les honneurs dont ils éroient revêtus , s’il
parvenoit à fe diftinguer dans les arts, & il
eut l’ambition du joindre les lauriers littéraires
aux palmes pittorefqües. Tantôt il décorait
de lès tableaux les temples & les maiïons des
■ riches ; tantôt il faifoit jouer avec applaudif-
femelit fur les théâtres fes tragédies & fes comédies,
& j l en peignoir lui-meme les décorations.
Déjà célèbre dans fa patrie, comme peintre &
.comme poète , il ht le voyage de Rome, où
i l palfa trois ans. Il ÿ deffin a des débris de
temples & de ftatues antiques qui furent déferrés
pendant fon féjour; il y peignit à fref-
que & à l’h u ile , & y fit des payfageS qui
furent très-recherchés. .A fon retour d’Italie,
i l travçrfa la Suilfe , & enrichit la v ille de
Bâle des productions de fon pinceau. I l le préparait
à revoir fa patrie, lorfque Spranger, fon
am i, l’engagea à faire le voyage de Vienne ;
il refufa dans cette v ille de s’engager au
fervice de l’Empereur, &: v in t fe -rendre aux
embraffemens de fa famille.
Chéri de fes parens & d’ une jeune.èpoufe,
aimé de fes concitoyens, partagé entre les
plaifirs que lui offraient les lettres & les arts ,
il vivoit heureux, lorfque la guerre l’obligea
de quitter fon pays. Plufieurs charriots l’ ac-
compagnoient chargés de ce qu’ il avoit de
plus précieux, lorfque rencontré par un parti
de foldats fànguinaires, il vit égorger, fous
fes yeux, fes domeftiques & les conduâeurs.
Lui-même, déjà la corde au c o l , alloit être
attaché à une branche d’arbre. I l vit paffer
un officier qu’ il crut reconnoître , 8c implora
fon fecours en italien. L’officier, avec fa fuite,
parvint a l’arracher aux bras de fes affaflins,
8c reconnut , dans le malheureux qu’ il venoit
de fauver, un homme avec qui il s’étoit uni
à Rome1 par les liens de l ’amitié. S’il eut le
plaifir de conferver les jours de fon am i, il
n eut pas affez de crédit pour lui faire rendre
ce que les brigands lui avoient enlevé.
Van-Mander , par un travail affidu , réparait
a Bruges les pertes qu’ il avoit fupportées, lorf*
.que la peffe & l’approche des ennemis le
forcèrent à quitter cet afyle. I l s’embarqua
pour la Hollande avec fa femme 8c fes enfans,
oc s’établit a Harlem, où les fruits de fes ta-
lens réparèrent fa fortune. Il fonda une académie
dans cette v ille , & introduifit en Hollande
le goût italien.
^ Le nombre de fes tableaux efl confidérable,
ainfi que celui de fes cartons pour des tapif-
feries. Il étoit ingénieux dans fes compofitions,
brillant dans fa couleur, affez correél dans le
dellin ; mais, dans les derniers temps, il de-
vint maniéré. Ses oeuvres littéraires compofent
plufieurs volumes. Indépendamment de fes
pièces de théâtre & de fes autres poéfies, il
a publié une explication de Ta fable, & la
vie des peintres anciens, Italiens & Flamands*
jufqu’en 1604. On trouve dans cet euvrage
des jugemens très-fains & une grande impartialité.
Van-Mandèr , dit M. Defcamps, fut
bon peintre, bon poète, fa van t éclairé, {'âge
critique , & furtout homme de bien. Il mourut
en 1606, âgé de cinquante-huit ans , à Amf-
terdam , ©ù, depuis deux ans, il avoit fixé
fa demeure.
H. Hondius a gravé, d’après ce peintre, le
jugement de Salomon , J. Saenredam , S. Paul
& S. Barnabe déchirant leurs vêtemeijs y J. d©
Ghein, Perfée & une fuite en Egypte.
(58) Corneille Kétel , de l’école Hof-
landoife, néàGoüda en 1548, fut élève, de fon
oncle qui l’ inftruifit encore mieux dans les
belles-lettres que dans la peinture. Il vint
en France, fut employé, avec quelques-uns
de fes compatriotes, aux travaux de Fontainebleau
, 8c fe vit obligé d’ interrompre fes
ouvrages commencés, parce que les fujets d©
PEfpagne reçurent ordre du Roi de quitter le
Royaume.
Il trouva peu d’occupation dans fa patrie,
& paffa à Londres, où fes ouvrages furent
très-recherchés. I l s’ adonna principalement
alors au genre du portrait, qui étoit le mieux
récompenfé en Angleterre.
De retour à Amfterdam, il peignit une compagnie
entière d’arquebufiers , tableau remarquable
par la„ richeffe de l ’ordonnance y la
jufte imitation des étoffes & la reffemblance
des
des portraits. I l fit encore un autre tableau |
du même genre pour la compagnie de S. Se- j
baftien, ouvrage comparable au premier, 8c
dans le qu e l, malgré le .grand nombre des
portraits, rien n’eit froid ni confus. On cite
uufii, parmi fes ouvrages remarquables, ‘les
portraits des artîfles & amateurs de fon temps
fous la figure de Jefus^-Chrifi: 8c des Apôtres.
Ses ouvrages , dont on ne peut louer le
delfin , font remplis d’efprit. Il modeloit en
terre & en c ir e , peignoit l’hiftoire en grand
& en p e tit, le portràit & l’archite&urey &
étoit un des poètes eftimés de fon pays. C’efl
ce même Kétel dont nous avons parlé à 1 article
Ma in , qui s’avifa de peindre avec les
deux mains, fans pinceau , & qui enfuit© employa
fes pied# au même ulage. On ignore
l ’année de fa mort -, on- fait qu’ il vivoit encore
en 1600.
( $9) Henri Van - Stéen.vick de l’école
Flamande, né en 1550 dans la v ille dont il
porte le nom, doit être compris entre les peintres
eftimables, quoique le genre dans lequel
i l excelloit ne fût que fubalterne. Il peignoit
des perfpeélives, & vit fes ouvrages fort recherchés
& payés très cher. Il aimoit fur tout
à repréfenter des édifices gothiques, & fe plai-
foit à ne les éclairer que .de la lueur des flambeaux,
cherchant à fendre plus myfférieux encore,
par l ’effet, ces lieux déjà myflérieux par
le genre de leur conftruétion. Il joignoit la
vérité de la couleur au piquant des effets. La
guerre 4’obligea de fuir fon pays & de fe retirer
à Francfort fur le Mein : fes talens n’y
furent pas moins bien récompenfés que dans Ta
patrie , il y trouva des amis , & y laiffa des
regrets lorsqu’ il mourut en 1604, à l’âge de
cinquante - quatre ans.
(6 0 ) Paul de las' Roelas , d e ,l’école
Efpagnole , naquit à Séville vers 1550 , &
vint à Venife prendre des leçons du Titien.
Il acquit la beauté de la couleur, & joignit
dit-on, à ce talent un deffin correél, une com-
pofition ingénieufe 8c le fentiment de l’expref-
fion. Il excelloit à repréfenter les affections
doulotireufes. On célèbre fon tableau de la
bataille gagnée par Clovis à Tolbiac : la con-
fufion & le trouble des vaincus y fait un
heureux conrrafte avec la tranquille fierté des
vainqueurs. Il étoit favant dans la perfpeciivé -
& l’anatomie , & avoit fait une étud,e approfondie
des proportions. Il fut fait chanoine d e.
l ’églife d’Olivarès , 8c mourut dans la ville où
il avoit pris naiffar.ee en 1620, à l’ âge de foi-
Xante & dix ans.
( 6 1 ) Christophe Schwartz , de l’école
Allemande, né à Ingoffadt'en 1550 , reçut dans
Beaux-Arts. Tome IL
fa patrie les éîémens de fini art 8c alla fe per-
feélionner à Venife dans l’école du Titien. Les
Allemans le nomment très improprement le
Raphaël de l’Allemagne : il n’ a ni la correction
ni la nobleffe de Raphaël, & femble avoir
cherché bien plutôt à imiter le Tintoret. Son
mérite confifte dans l’abondance de la compo-
fition , la beauté du. coloris 8c la facilité du
pinceau. Loin de chercher à imiter les maîtres
des écoles Romaine ou Florentine, il regar-
doit celle de Venife comme la première du
monde , 8c n’ a jamais cherché que l’ imitation
des parties brillantes de cettë école. On admire
pour Ta manoeuvre fes frefques qui font
inoëlleufes comme des peintures à l’huile. De
retour en Allemagne , il fe fixa à Munich &
fut employé par le duc de Bavière Albert V ,
le grand proteéleur des arts. C’eft dans cette
v ille qu’il faut voir 8c juger les ouvrages.
Il y mourut en 1594 à l’âge de quarante-quatre
ans. .
Plufieurs de fès tableaux ont été gravés par
les Sadeler. Luc Kilan a gravé d’après ce
"peintre l’entrée de Charles Quint emmenant
des captifs d’Alger.
( 6 2 ) Venceslas Koeberger ? de l’ école
Flamande , naquît à Anvers , on ne fait en
quelle année. Il fut élève de Martin de Vos.
L’habitude de voir la fille de cet artifte la lui
fit aimer, 8c fon amour fut malheureux. Dé-
fefpérant enfin de plaire , 8c tourmenté de
chagrin , il chercha dans les voyages une dîf-
fipation à fa mélancolie &_un moyen de faire
de nouveaux progrès dans fon art. Il étudia
les beautés de Rome , & fe rendit à Naples
où la fille d’un peintre Flamand nommé Franc
effaça , par fa beauté , l’impreflion qu’ avoit
faite fur fon coeur la fille de Martin de Vos.
Plus heureux cette fois, il fut aimé, & reçut
la main de celle, qu’ il aimoit.
I l avoit trouvé le bonheur en I ta lie , & ne
penfoit plus à quitter cette belle contrée. Ses
talens y trouvoient leur récompenfe , 8c fà
réputation qui paffa dans fon pays lui procurait
des ouvrages qu’ il envoyoir en Flandre. Ce
fut en Italie qu’ il peignit pour la ville d’A nvers
la confrairie de Saint Sebaftien -, ce fut
en Italie qu’il répara cet ouvrage qui lui fut
renvoyé, parce que des artiftes jaloux ou des
amateurs fans probité en avoient coupé 8c enlevé
deux têtes de femmes qui attiraient tous
les regards. L’auteur répara cet accident avec
tant de fuccès , qu’on ne pou voit appércevoir
l’ in fui te ou l’honimage qu’on avoit fait à fon
tableau. Cet ouvrage , dit M. Defcamps, efl
admirable dans toutes fes parties ; deffin , coloris
, difpofition du tout-enfemble.
Enfin Koeberger , toujours folliciré par les
concitoyens, ne put fe défendre de fe rendre