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qui retranche fur-tout & accorde il peine ce
qui eft abfolument néceffaire.
Les vers du yo'ète fe c font dénués de grâces,
de liaifon , de richeffe , de cette forte d’abondance,
fuperflu néceflkirë aux agrémens de la
poëfie. Le muficien qui ne donne aux Ions qu’ il
tire de la corde & de l’archet aucune rondeur ,
qui retient les vibrations, femble ne produire
qu’a regret les fons qu’ il fait entendre. Le def-
finateur qui a le même défaut trace fes figures
avec un trait ammaigri qui n’a rien de moelleux ;
fes contours ne font point préparés, fa touche
eft épargnée. S’ il devient peintre, fes teintes
feront fans paflages , mal fondues, & cette arid
ité , cette fécherejje, comme on le v o it, ou
comme on peut le fentir, ont un rapport avec
le ta& foit de la main, foit du palais ou de
la langue. Ces idées fe font jointes naturelle!-
ment a celles qui ont rapport a la nature des
fols arides & fecs, en oppofition avec les terreins
gras.
Il refteroit à indiquer les moyens de ne pas
tombe* dans ce défaut •, mais il faut obferver
qu’il peut tenir à plufieurs caufes qu’ il faut auffi
défigner.
Dans les premiers eflais de l’art de la peinture
, l’ imitation tend & entraîna, les .ar-
tiftes à la fécherejje , par l’ effort qu’ ils fe
croient obligés de faire pour imiter dans les
plus petits détails les objets qu’ ils prennent
pour modèles. Cette fécherejje tient à la
marche générale de l’ art ; ,& la preuve qu’ elle
peut être indépendante du talent de l’ar-
tifte, c’ eft que Raphaël, imitant les maîtres
qui l’avoient précédés & qui n’étoient pas éloignés
de la renaiffance de l’a r t , a eu ce défaut
dans fa première manière, & l’â perdu ab-
folument dans fa dernière. Ce défaut eft donc
corrigible par la méditation &: le travail, lorf-
qu’ il n’ eft pas inhérent au cara&ère del’artifte.
On peut comparer la plus grande partie des
jeunes artiftes qui commencent à defliner, aux
rations q u i, pour parler figurément, commenc
en t, dans leur jeuneffe, à pratiquer les arts.
Les jeunes artiftes font naturellement portés
à la fécherejje dans les premiers-eflais qu’ ils
font du crayon, à moins que les bons modèles
qu’on doit leur offrir à copier, & les bonnes
inftru&ions ne les détournent de cette fécke-
rejfe qui les place au rang des artiftes qui
commencent ou à établir ou à faire renaître
l ’art. I l y 11 "encore une fécherejje qui tient aux
moyens d’imitation. L’artifte qui fe fert de la
plume a befoin de fe défendre d’une fécherejje
attachée à l’outil qu’ il employé. Le graveur qui
fe fert ou de la pointe ou du burin, eft conduit
à la féchertjfe, li la méditation de fon a r t , &
l ’exemple des habiles artiftes, ne lui font trouver
des moyens d’éviter ce défaut.
S E C
... , HC point
trop aiguiler leur crayon, pour que leur trait
loit plus gras & plus moelleux. On trouvera
aux articles. Académie &. Dessin des détail»
lur ce mechamfme , St dans ces détails, les
moyens qu on peut & qu’on doit employer pouf
ne pas tomber dans la ficher elfe. r
Mais fi ce défaut a fa fource dans la nature,
S S moyens dont je viens de parler leronc
d inlufhlans préferyatifs , & i’amite dont le cav
raélere fera fe c l’efprit aride , l’imagination
lterile, aura une fécherejfc que rien .ne pourra
corriger : elle le démontrera dans fa manière
de s exprimer, dans fes mouvemens, dans fes
actions & dans l ’exercice de toutes les parties
n o LeS _Pr°duétions de cet art font,
il eft vrai, deftinées à imiter les objets extérieurs
; mais en même tems, elles trahiffent
toujours , dans cette imitation , aux yeux de
ceux qui le donnent la peine de la bien ob-
lerver, le caractère intérieur & moral de l’artifte.
On doit appliquer au pinceau ce que j ’ai
* 5 “ fi cray ° n i & les moyens fouvent trop
miumians de fe corriger de la fécherctfe, fonc
de copier & d’obferver beaucoup les ouvrages
des grands maîtres' qui, pour parler le langage
de l'a rt, ont peint gras & fait des tableaux
dont la touche eft moëlleufo & donr'la couleur
fondue n’a point cette aridité qui' tient
à la fécherejfe. {Article de M . IVa t e l e t . )
S E N T IM E N T (fubft. mafe.) Ce mot peut
s employer, en parlant des-ouvrages de l’art
dans un des fens qu’on lui donne dans le
langage ordinaire , où il fe prend fouvent pot.r 1 eftet de la fenfibilite : Ainfi l ’on peut dire qu’il
y a du fentiment dans l ’ouvrage d’un arttfte
comme l’on diroit qu’ il y en a dans l’ouvragé
d un poète. Tous les peintres & ftatuaires qui
réunifient dans la partie de Texpreffion, montrent
du fentiment, puifque l’&prelfion dans
1 art ne peut être produite que par une fenfi-
bilité exquife.
Mais le mot fentiment a une lignification
dans laquelle il appartient à l ’ idiôme particulier
des artiftes, & il s’applique alors à uns
partie de l’art' qui tient a l ’exécution. C’ efi
ainfi que l’ on dit d’un contour qu’il y a di
fentiment, ou de quelque partie d’une figu'e
qu’ elle eft faite avec fentiment. Mais ce irot
en prenant une nuance étrangère à fon acctp-
tion commune, ne s’écarte cependant pas de cttte
acception, puifqu’il marque toujours un rébl-
tat de Ja fenfibilité. En effet, c’eft parce qi’un
artifte fent fortement ce qui fert à bien ex primer
les formes de la nature, qu’il lesrend
par un trait retfenti, & qu’ il donne à fol trait
ce qu’on appelle du fentiment. C’eft parc qu’ il
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s’ eft bien rendu compte de ce qu’ il y a de
principal dans une partie qui fait l’objet de
fon étude, c’ eft parce que ce caraâère principal
excite en fon ame une fenfation v iv e , qu’ il
exprime ce cara&ère avec fentiment. Comme
l ’orateur prononce avec fentiment ,*une vérité
capitale dont il eft bien pénétré , comme fon
accent eft alers plus appuyé, plus v i f , plus
véhément , de même l’artifte qui veut imiter
un objet de la nature, employé les moyens de
ion art pour appuyer , en quelque forte , davanta
g e , pour accufcr avec plus de force , pour
rendre d’une manière plus frappante, ce qui
contribue furtout à bien exprimer l’apparence
de ce qui cara&érife principalement cet objet.
Exprime-t-il ce cara&ère par un trait? on re-
connoît qu’ il l’a conduit d’une main plus vi-
goureufe, qu’ il l’a plus fortement appuyé dans
la partie qui annonce principalement ce caractère.
Frappe-t-il une tpliche ? il lui donne une
fermeté qui annonce le fentiment dont il étoit
rempli. N ’a-t-il qu’ un fentiment incertain fur
l ’objet qu’ il imite? I l le rend avec mollefle.
Son trait, fa touche partagent l’ indécifion de
fe penfée. L’ indécifion, la mollefle* font le
contraire de ce que, dans l’ar t, on exprime
par le mot fentiment. Le fentiment eft toujours
accompagné' de fermeté; mais la fermeté ne
f .r t qu’à diflîmuler l’ ignorance, quand elle n*eft
pas le réfultat d’ une fenfation jufte imprimée
par l ’objet imité , & d’ une conneiflance parfaite
de cet objet, fans laquelle il ne peut
exciter que des fenfations incértaines. ( L. )
$ F U M A T O (adj. Italien pris fubftanti-
yement. ) Il confifte dans une manière de
peindre extrêmement moëlleufe, qui laifle une
certaine incertitude fur la tërminaifon du contour,
& fur les-détails des formes quand on
regardel’oqvrage de présumais qui n’occafionne
aucune in déc inon quand on fe place à une
jufte -distance. Cette manière eft agréable &
exprime bien la nature, qui , à une certaine
diftance, nous montre les objets avec une forte
d’ indécifion , parce qu’ ils font enveloppés de
plus ou moins de vapeurs. Cependant quoique
le mot sfumato lignifie proprement enfumé,
il ne faut pas croire que-pour atteindre
à la qualiré agréable de peindre sfumato, il
faille repréfenter les objets comme fi l’on ne
les appercevoit qu’au travers d’une fumée : c’eft
alors l’excès de cette qualité, & elle devient
vicieufe. Le Guerchin a bien faifi le point jufte
du sfumato •> Grimoux a quelquefois approché,
de l’ excès.
Le sfumato exclu d la qualité dont nous
venons de traiter dans le précédent article,
& que nous , avons exprimée par le mot fentiment.
La carrière de l’ art eft fi vafte, qu’on
peut la parcourir avec g lo ire , fans que les
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concurrens s’ y rencontrent les tms les autres, &
des couronnes y font promifes aux athlètes dons
les qualités font les plus oppofëes. La condition
des prix eft de bien rendre les apparences de
la nature, & il y a mille manières différentes
de voir & de faifir ces apparences. La nature
montre les objets plongés dans le milieu aérien
qui les enveloppe ; telle eft l ’apparence que
faififlent les artiftes qui peignent sfumato.
Les différentes parties qui compofent les objets
ont un cara&ère qui leur eft propre : & c’ eft
ce cara&ère dont font principalement frappés
les artiftes qui l’expriment avec fentiment. ( L . )
S G R A F I T T O , peinture a l fgrafitto \ c ’eft
une manière de peindre introduite par le Po-
lidore, & qui a été abandonnée après lui : le
procédé en tenoit plutôt de la gravure que de
la peinture. Voye\ É gratigné.
S I L E N C E (fubft. mafe.) Comme on dit
qu’ il y a du tapage dans un tableau, pour exprimer
qu’ il y a beaucoup de mouvement, on
dit aufli qu’ il y a dans un tableau un grand
filence, un beau f i e n t e , pour exprimer que la
composition en elt fage ainfi que l’effet, que
le tout-enfemble met l’ame du fpe&ateur dans
un état de calme dont il fe plaît à jouir. Le
filence fuppofe de la modération dans les mouvemens
, 8c de la douceur dans l’effet. Il ne
s’accorde point avec le grand éclat du coloris.
C’eft plutôt dans les écoles de Rome ou de
Lombardie qu’ il faut chercher un aimable f i lence
y que dans les écoles brillantes de Venife
ou de Flandre. (L . )
S IM P L I C I T E (fubft. fem.) Cette qualité
, jointe à la beauté conflitue le grand. Dès
qu’on s’éloigne de la fimplicité, on abandonne
le grand pour tomber dans l’apparat. Le grand
ftyle fuppofe la fimplicité dans toutes les parties ;
dans le fujet, dans les formes, dans les attitudes
dans les ajuftemens, dans la compofition,
dans l’ordonnance, dans les accefloires,
dans les effets, dans la couleur. Rien de
fimple au contraire n’entre dans le ftyle d’apparat;
tout y eft brillant, riche, faftueux.
Le ftyle fimple & grand fuppofe une grande
ame dans celui qui le poflêde, un grand goût
dans celui qui l’ applaudir. Le ftyle d’appa at
procure des ftccès plus faciles & plus univer-
fels , mais une gloire moins durable.
A Rame, dit Mengs, où l’on a confervé
plus qu’aitleurs le goût antique , on méprife
cette variété d’objets qui font, parleurs différentes
couleurs , le charme des tableaux du
Titien , & l’on cherche au contraire à rendre
les compofitions aufli fimples qu’i ï eft pofli-
ble. (L, )
S IN U E U X (a d j.) Ce mot n’appartient pas