
4°. On le polit avec un morceau de fergé j
qu’on tient en forme de tampon. On trempe I
cette lerge dans un feau d’ eau dans lequel on a I
mis beaucoup de poncé en poudre, paffée au tamis
de foie : on lave à mçjure avec une éponge , j
pour voir fi on adoucit également. Il ne faut pas
épargner l’eau pour cette operation -, elle ne peut j
rien gâter.
5°. Ghoififfez la teinte dont vous voulez décorer
votre ouvrage. Qu’ elle foit bien broyée à
l ’huile & détrempée à l’effencç; paffez-la au tamis
de foie très-fin ; donnez-en trois ou quatre
couches bien étendues ; mieux elles le font, &
plus la couleur eft belle. Toutes fortes de couleurs
peuvent être ainfi employées à l’huile & à
l ’ effence.
6°. Donnez deux ou trois couches d’ un vernis
blanc à l’efprit de vin , fi ce font des appartenons
-, & de vernis gras , fi ce font des panneaux
d’équipages.
Si l’on veut polir le vernis , il faut en mettre
fept à huit couches au moins', & bien étendues ,
avec grande attention de ne pas charger un endroit
plus qu’ un autre ; car cela feroit des taches,
7 P. On polit encore avec de la ponce ert poudre,
de l’eau , & un morceau de ferge , comme
en vient de le dire. On effuie l’quvrage avec des
linges doux , de façon qu’ il foit bien luifant, &
qu’on n’ y voye aucun&raie : quandîl eft fec,on
le décraffe"avec de la poudre'd’amidon ou du
blanc d’Efpagne., en frottant avec la paume de
la main, 8c effuyant avec un linges c’eft ce qu’on
appelle lujlrer. Au lieu de la pierre-ponce , ré- J
duite en poudre impalpable, dont on fe fert
pour les vernis gras , on employé le tripoli pour
les vernis à l’efprit de vin.
Peinture au blanc vemi-yoli à l’huile. Ce
blanc à l’huile répond au blanc-le-roi de la détrempe.
Si on i’ employe fur bois , on donne uireim-
preffïon de blanc de cérufe broyé à l’huile de
noix , avec un peu de couperofe calcinée ; on
détrempe ce blanc à l’ effence.
Si on l’ employe fur la pierre, on fait ufage de
l ’hu:le de noix pure , avec la couperofe calcinée.
Enfui te on broyé du blanc de cérufe très-fin à
l’ effence, & on le détrempe avec un beau vernis
gras blanc au copal.
On en donne fept ou huit couches. Le vernis
employé avec le blanc de cérufe , fiche fi promptement
, qu’on peut donner jufqu’ à trois couches
par jour.
On adoucit & on polit toutes les couches ;
comme on l’a indiqué pour la manière précédente.
On donne deux ou trois couches de blanc de
plomb broyé à l’huile "de noix , & détrempé à
î’effence pure.
On les fait fuivre de fept à huit couches de
Iémis blanc à l’elprit de yis pur.
Enfin on donne le poli.
Peinture au vernis. Peindre au vernis,
c’eft employer, fur quelque fujec que ce foit,
des couleurs broyées & détrempées au vernis,
foit à l’efprit de vin , foit à l ’huile. Cette maniéré
approche de la beauté du chipolin , fans
cependant y atteindre ; mais les opérations en
font plus promptes & moins minurieules. E i^ a
l’avantage de n’avoir pas longtemps , comme la
peinture à l’huile , une odeur défagréable 8c
même nuifible.
I l faut, pour ce genre de peinture , commencer
par les trois premières opérations du chipo-
/i/ï dont nous avons donné le'détail •, c’ eft-a-dire,
qu’il faut encoller, apprêter de blanc , adoucir
& poncer.
Lorfque , après ces opérations, le bois eft
bien u n i, luppofons que vous vouliez faire du
g r is , prenez une livre de blanc de cérule bi
tamifé , un gros de bleu de Pruffe, ou de noir
I de charbon ou d’ ivoire; mêlez le tout dans une
1 peau d’agneau que vous liez fortement pour que
la couleur ne s’ échappe pas •. fecouez fortement
cette peau , ou bien paffez le tout plufieurs'fois
par un tamis couvert : par-là vous mélangerez
bien votre couleur.
Prenez-en deux onces , que vous mertrez dans
un poiffonde vernis ; délayez bien le tout ; paffez
la première couche fur le blanc d’apprêt dont
votre bois eft couvert.
La première couche feche , mettez dans pareille
quantité de vernis une once feulement de
couleur , & donnez votre fécondé couche.
La troifiéme couche ne contiendra , dans la
même quantité de vernis, qu’ une demi-once
feulement de couleur.
Il faut faire attention , lorfque chacqne de ces
trois couches eft donnée , de la frotter à chaque
fois avec une, toile neuve & rude. Evitez cependant
d’emporter la couleur : comme les couches
féchent à-peu-près d’heure en heure , il faut ne
les frotter qqe lorfqu’elles font bien féches.
Si l’on veut donner un luftre parfait à l’ ouvta-
ge , il faut paffer une quatrième couche dotée de
même que la troifiéme. On peut la donner de
vernis pur. ♦
- On voit que, dans cette opérat on , on met
toujours la même quantité de vernis, & qu’a
chaque couche , on diminue de moitié la dofe
dès couleurs. Toutes les autres teintes s’em-
ployent de même.
Une autre maniéré de peindre au vernis, avec
beaucoup plus'de promptitude , & même en trois
heures, c’ eft de s’exempter de faire les encollages
& le blanc d’apprêt , & d’appliquer tout
de fûite les teintes au vernis, tomme ci-deffus :
mais le luftre ne fera jamais aufli brillant.
Detail des différentes teintes , peur tous Us
I M P
genres de peinture à Vimpreffion. |
Bleu. Cérufe & bleu de Pruffe , en différen- ,
tes proportions ; ftiivant la teinte que l’on de-
five. Cette couléurs’employe en détrempe ; mais
elle eft plus belle broyée à l ’huile d’oeillet &
détrempée à l’effence.
Brun. On n’employe guere dans la peinture
d’imprefiion/de teintes {'ombres , que pour imiter
Ja couleur des bois.. j
Couleur de chêne. Trois quarts de blanc de
cérule , un quart d’ochre de rut, plus ou moins
de terre d’ombre & de jaune de Berry.
Couleur de noyer. Blanc de cérufe , ochre de
•rut, terre d’ombre, rouge & 'jaune de Berry.
Maron. Rouge d’Angleterre, ochre de rut,
noir d’ ivoire. On éclaircit la teinte en mettant
moins de noir & plus de rongp.
Olive ; en détrempe : jaflne de Berry , indigo,
blanc d’Efpagne, ou quand on veut couvrir d un
vernis , blanc de cérufe.
A l’ huile : jaune de Berry, verd de-gris &
aoir , détrempés à i’huile coupée d’effence.
Couleur de rose. Du blanc de plomb , peu
de carmin , 8c une poinre de vermillon. Ces
deux teimes feront plus belles à l’huile d’oeillet,
6e détrempées à i’effence.
Cramoisi. De la laque carminée, du carmin,
& très-peu de blanc de cérufe.
,Gris. Le gris argentin, fe fait en prenant de
beau blane , 6e îe mélangeant avec du bleu d’indigo
8e du noir de vigne, en crés-petire quantité.
Ce gris de lin fe compofe avec du blanc de
cérufe , de la laque, & très peu de bleu de j
Pruffe qu’ on broyé féparémenc.
Pour le gris de perle, on peur fubftituer le
bleu de Pruffe à l’ indigo.
«.Legris ordinaire le compofe avec, du blanc , &
du noir de charbon. Toutes ces teintes s’em-
ployenc indifféremment à l’huile ou à la détrempe.
Jaune. L’ochre de Berry donne un jaune foncé
, s’ il eft pur. On l’attendrit à volonté avec du
blanc de cérufe. Cette teinte s’employe en d é trempe
& à l’ huile. Broyée à l ’huile , on peut la
détremper à l’huile, à l’ effence, ou à l’huile
coupée.
Chamois- Blanc de cérufe, beaucoup de jaune
de Naples, une pointe de vermillon , & un peu
de jaune de Berry.
Jonquille. Cérufe, ftil-de-grain de Troie*.
Jaune citron 8e aurore. Blanc de cérufe , ftil-
de -grain de Troie , ou jaune de Naples.
Couleur d‘or. Plus ou* moins de blanc de cé-
, de jaune de Naples, 6c d’oçhre de Berry,
V erd. Verd " d 'e a u à la détrempe ; blanc de
cérufe avec plus ou moins de verd de Montagne ;
ou mieux encore , cérufe , cendre bleue, & ftil-
de-grain de Troies. Cette derniere teinte eft
plus vive & moins fu jette à changer.
Nié me teinte au vernis. Broyez féparément à
l ’effence du verd-de-gris diftiilé, & du bleu de
cérule : incorporez ces deux couleurs dans la proportion
convenable : détrempez le tout avec ua
vernis à l’effence.
Verd de compojition. Blanc de cérufe, ftil-
de-grain de Troies , bleu de Pruffe. Si l’on employé
ce v*»rd en détrempe , on le broyé à l’ eau ,
8c pn le détrempe | la colle de parchemin-. Si
l’on en fait ufage à l’nuile , on le broyé à i’huile,
& on le dé rempe à l’effence.
I,e verd. des treillages fe compofe de verd da
gris 8e de blanc de cerufe. On les broyé feparé-
ment à l’ huile de noix, & on les détrempe à la
même huile. Pour la campagne, on met deux
fois plus de blanc que de verd de gris,* mais à
Paris ,où l’air eft plus chargé de vapeur putride ,
on met trois fois plus de blanc.
V iolet. Laque , bleu de Pruffe, un peu de
carmin , très-peu de blanc de plomb.
INDE & INDIGO. ( Bleu df ) U Inde eft plu*
claire & plus vive que l’ Indigo ; ce qui vient
du choix de la matière dont o a les fait : car au
fond c’ eft la même : l’ indigo eft extrait de l’écorce
des branches, de la tige & des feuilles de
l’am i , plante qui croît au Biéfil, 8c VInde eft
extraite feulement des feuilles de cette plante.
L'Inde eft ordinairement par petites tablettes dé
deux à trois lignes d’épaiffeur; & VIndigo eft
par morceaux irréguliers d’ un bleu brun , 8c
quelque fois tirant fur le violet.
On fait ufage de ces couleurs dans la peintura
en les mêlant avec du blanc pour faire une couleur
bleue. L * Indigo peur s’employer ieul pour
les parties brunes des bleus. Dans la peinture à
l’huile, on fait peu d’ufage de ces couleurs,
parce qu’employées avec l’h u ile , elles finiffent
par pouffer au noir. On peut cependant s’en fer-
v ir , en glaçant par-deffus avec de l’outremer.
INDIGO. I l n’ eft point d’ufage dans la pein-
ture au paftel, apparemment parce que les fabri-
quans n’ont pas imaginé de moyen pour le réduire
& vaincre fa ténacité ; car l’efprit-de-viri
n’ y peut rien. C’ eft la couleur la plus folîde que
les végétaux aient jamais fournie. Il eft cependant
vrai que la peinture à f efque & celle en
émail, font les feules où cette fubftance ne puiffe
être employée.
Voici le moyen de/aire des paftels à'indigo y
& il donne un très-beau bleu-fuyant. Il faut d’abord
le faire pulvérifer dans un mortier chez ua
droguifte. On le fera broyer enfuire fur un porphyre
avec de l’eau chaude. On le jettera dan»