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( 109) Ro b ertT ournieres , de l’ école Françoife
, né à Caen en 1676,. fie le portrait avec
»fiez de fuccès pour être reçu de l’académie
royale. I l le fit enfuite recevoir de la même
académie en qualité de peintre d’hiftoire,
fur un petit tableau représentant un effet de
nuit. V o ilà , ditJouvenet, un homme que nous
venons. de recevoir pour un bout de chandelle.
I l eft mort en 1752., âgé de Soixante & dix-
fept ans.
(3 10 ) Jacques T o r n h il l , de l’ccole An- '
glaiSe , né dans le comté de Dorfec en 1676,
étoit fils d’un gentilhomme qui Se mina par
fes profufions. Jacques , obligé de Se faire un
état pour iubfifter , prit à Londres les leçons
d’un peintre médiocre , S* forma Surtout par
les ouvrages des bons maîtres qu’ il parvint a
raflembler, & par un voyage en France & en
Hollande. Les grandes compofitions qu’il a exécutées
à l’églife de Saint-Paul de Londres, au
château d’Hamptoncourt, à l’hôpital de Gré-
enwick, Sont des preuves de Son génie : les
vices de Son deflin & de Sa. couleur peuvent
être- attribués aux défauts de Son éducation
pittoresque. I l eft: mort en 1732, âgé de cin-
quante-fix ans.
( 3 1 1 ) Jean Rao u x , de l’école Françoife,
né à Montpellier en 16 7 7 , fut élève de Bon-
Boullogne, remporta le premier prix de l’école,
Ôc fit le voyage d’ Italie avec la penfion
du roi. Quoique Ses études euflent été dirigées
vers le genre de l’ hiftoire, & que ce fût pour
ce genre qu’ il eût été reçu de l ’académie
ro y a le , il crut Sentir que le génie lui maa-
quoit, & il Se borna Sagement aux Sujets de
fantaifie & au portrait. Il avoir le bon goût
qui accompagne la fimplicité. Son deflin, un
peu rond, conyenoit bien aux figures de femmes
5 Sa couleur étoit Suave, peut-être un peu.
trop careflee, il rendoit bien les reflets des
étoffes SoyeuSes. La nature ne l ’avoit deftiné
qu’ à représenter des objets agréables. Il eft.
mort à Paris en 1 7 3 4 , âgé de cinquante-
Sept-, ans.
J. Daullé a gravé d’après lui le repos de
Vénus, 8c les Grâces au-bain-, Beauvarlet, le
rendez-vous agréable & Télemaque dans l’ifle
de CalypSo; Nie. Dupuis , un concert.
(3 1 1 ) Jacob Am i g ois i , de l’école Vénitienne,
ne tient pas de la couleur vigoureufe
de cette école qui étoit alors dégénérée. Sa
couleur efi: fade & doucereufe, quelquefois
jaunâtre , quelquefois tombant dans la farine>
I l étoit aflez bon deflinateur, 8c dans Ses meilleurs
ouvrages, Son pinceau étoit aflez moël-
leux. S’ il n’avoir fait que ceux que .j’ai vus,
il ne mériteroit pas une place dans ce difiionp
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naire i mais il a eu de la réputation en Italie
, en 'Allemagne, en Efpagne ; & il faut
croire que l’efiime qu’ il obtenoit étoit appuyée
fur quelques titres. I l efi mort à Madrid
en 1754*
Wagner a gravé plufieurs eftampes d’après
ce peintre.
(3 13 ) Koenraet Roepel , de l’école Hollandaise,
né à la Haye en 1678, fut élève de
Netfcher qui le deiVnoit au genre du portrait:
la foiblefle de fa fan té , peut-être même celle
de fes difpofitions, l’ empêcherent de faire aucuns
progrès. Ses parens l’ëmmenerent à la
campagne pour êflayer d’y rétablir fon tempérament
: là il vit des fleurs, il eflaya de les
copier, il réufîir, il reconnut que c’étoit le genre
dans lequel la nature lui avoit deftiné des fuccès
*, & il en eut de très-grands, parce qu’ il
Sut Se contenter de Son partage. Sa vie Se paf-
Sa en quelque Sorte dans un jardin qu’ il cul-
tivoit, dont il faîfoit les objets de fes études,
& qui lui procuroit une moiffon de prpfits &
de gloire. En refpirant un air pur, il fortifia
Sa poitrine , & cet homme que Ses parens
avoient craint de ne pouvoir élever , ne
mourut qu’ en 1748 , â l’âge de Soixante-neuf
ans.
( 3 1 4 ) Sebastien Conca , de l ’école Napolitaine
, né à Gaëte en 1679, fut élève de
Solimene. I l vint à Rome , oc y jouit de ia
première réputation. Clément XI le choifit pour
décorer de peintures à frefque & à l’huile
l’égliSe de Saint - Clément. Le Succès de cet
ouvrage lui procura toutes les grandes entre-
prifes qui Se firent à „Home de' Son temps. Sa
renommée ne refia pas renfermée dans l’Italie ,
& les étrangers difputèrent aux Italiens l’avantage
d’exercer Son pinceau. I l entendait bien
les grandes compofitions & les difiribuoit avec
fagefl'e. Il defllnoic bien , à voit un beçu pinceau
, une paflable intelligence d.i clair-dbfcur ,
& de l ’art de draper : mais pour vouloir être
agréable, il tomboit dans le jo li, & n’étoic
que mefquin : on voit qu’il a cherché le.grand,
mais que lui-même étoit petit.. Son coloris a
la prétention d’ être brillant & il eft manière ,
il Sent l’éventail. Il parut un grand artifte
parce que l’ art étoit lui-même dans Sa décadence
, 8e il ne fit qu’ en accélérer la ruine à
Rome. Il apporta dans cette ville , dit Mengs,
la manière de Solimene 8c des principes
moins bons que faciles , qui firent tomber
tout à fait la peinture. Cet artifte efi
mort à Naples en 1764 , âgé de quatre-vingt-
| cinq ans.
Jacques Frey a gravé d’après ce peintre, la
I Vierge apparoifiant à Saint-Philippe ds Néri 5 la
p e 1
Vierge donnent le fcapulaire à Saint-Simon
Stock.
(3 15 ) François de T roy, de l’école Fran-
çoife , fils de Nicolas de Troy , peintre de 1 hô-
tel-de-ville de Touloufe, naquit en cette v ille
en 1645. I l fut envoyé de bonne heure a Pans,
dirigea d’abord fes études vers le genre de
l ’hifioire dans l’école de Loir , entra enluite dans
celle de le Fevre & Se confacra dès lors au
portrait. Il fut cependant reçu de l ’academie
royale en qualité de peintre d’hiftoire : Son tableau
de réception repréfente Mercure coupant
la tête d’Argus. Sans comparer de Troy au
Titien, à Van-Dyck, on ne peut disconvenir
qu’ il n’âit été l’ un des fort bons peintres
de portraits de l’école Françoife , 8c qu il n ait
traité avec beaucoup de talent le portrait hil-
torié. C’étoit un peintre chéri des femmes, i
•parce qu’ il avoit coutume de les reprefenter
en déefles, & de donner même aux laides un
caradère de beauté , en confervant cependant
aflez de leur phyfîonomie pour qu’on pût les
reconnoître. On voit de lui deux grands tableaux
à l’hôtel-de-ville : on en voit un aum
dans l’égliSe de Sainte-Genevieve, & il eft
aflez voifin de ceux de Largilliere & de Ri-
gaud, pour qu’on puifle aiSément comparer entre
-eux ces trois artiftes. De Troy paroit inferieur
aux deux autres ; mais on peut , Sans honte
céder la vidoire à de tels rivaux. I l eft
mort à Paris en 1730, â l’âge de quatre-vingt-
cinq ans. r v j
Jean-François de T roy , fils & eleve de
François, naquit à Paris en 1680. I l pafla neuf
ans en Italie a étudier les grands maîtres fans
adopter leur goû t, & revint jouir en France
d’ une très-grande' réputation. I l eut tous les
honneurs accadémiques, fut nomme directeur
de l ’&c&létnie de Rome, & décore de 1 ordre
de Saint-Michel. Ce n’étoit pas un homme ordinaire
, mais c’étoit un de ces hommes dont
le talent & les fuccès peuvent êtres nuifibles a
une école. Son deflin avoit peu de caradere &
de corredion , Sa couîëur étoit agréable, les
agencemens de fes compofitions avoient de la
grandeur-, mais c’étoit une grandeur théâtrale.
Ses tableaux représentent moins des feenes hif-
foriques que des feenes d’opéras : un excès de
riohefle régné dans fes parures & fes décorations
*, les attitudes de fes figures manquent
Souvent de la juftefîe que pourroient même
avoir de bons adeurs. Ses expreflions Sont
foibles & triviales ; Ses têtes n’ont ni le caractère
du grand, ni celui du beau. Enfin il eft plutôt
un brillant décorateiir qu’un vrai peintre
d’hiftoire. Tout le monde connoît Son hiftoire
d’Efther, & Sa conquête de la toifon d’o r,
Sujets exécutés en tapiflerie aux Gobelins. I l eft
jnorc à Rome, en 1751 y à l’âge de Soixante
p E 1 13*
Si douze ans, lorfqu’ il Se préparoit a revenir
en France.
J. Beauvarlet a gravé d’après de T ro^ , Elther
devant Affuérus, & Efther couronnée par Af-
Suérus; J. Ch. le Vafleur, la punition d Ac-
céon.
(316) Jean GftiMoux , de l’école Allemande,
né à Romont, Canton de Fribourg en 1680,
n’eut point de maître, 8c devint un peintre
fort eftimable, en copiant des tableaux de Van-
Dyck & de Rembrandt dans le magafin d’un
brocanteur. I l fe fit une manière particulière,
qui tient cependant, à quelques égards, de
celle de Rembrandt , 8c il n’avoit pas l ’humeur
moins bizarre que ce grand peintre. Avec
un grand talent pour le portrait, il en fit
peu, parce qu’ il fe rendoit inaccefiible a ceux
qui auroient pu lui en demander. La plupart
de fes tableaux repréfentent des femmes en
bufte ou à mi-corps, ajuftées & coëffées dune
façon fingulière , mais pittotefque. Ses têtes
& fes attitudes font agréables , fa , couleur eft
belle & vigoureufe, tellement fondue, qu’on
croit la voir à travers une vapeur; fes maffes
font larges & d’ un grand effet. I l eft mort a
Paris vers 1740, âgé d’ environ foixante ans.
(317) Jean van H u y sum , de l’école Hollandoife
, naquit à Amfterdam en 1682., da
Jufte van Huyfum, qui étoit moins un peintre
qu’un ouvrier tenant manufaûure de tableaux.
Ce fût dans cette boutique que Jean
fe forma au métier de la peinture : fes difpofitions
naturelles & l’afpea de la nature lui
en firent trouver l’art. Ce fut les fleurs qu il
prit furtout pour objet de fes imitations, 8c
quelques tableaux de Mignon lui indiquèrent
d’abord la manière de les imiter : mais il
furpaffa le maître qui lui avoit fourni les exemples;
il fembla même égaler fes modèles , &
quelques-uns de fes admirateurs ont prétendu
qu’ il en avoit furpafle la fraîcheur : il ne tarda
pas à voir payer fes tableaux douze cens florins
de Hollande, & « prix fut bientôt augmenté.
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Les amateurs du fini tres-precieux , & c elt
le très-grand nombre , mettent Van Huyfum
au-deffus de tous les peintres de fleurs. Ceux
qui aiment dans les ouvrages de l’ art une
touche facile & légère ; qui préfèrent le fen-
timent à la patience , jointe même à la plus
grande intelligence; qui trouvent que la vérité
acquiert ,un nouveau p r ix , quand on apper-
çoit qu’ elle a coûté.peu de peine à trouver,
confervent le premier rang à Baptifte ; mais
le nombre en eft peu conhdérable, il eft en-
! fièrement compofe de peintres. Le foin que
donnoit Van Huyfum à choifir les couleurs
les plus éclaiantes & les plus folides, à les
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