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& une imitation Ccrupulenfe de la nature j |
heureux s’ il eût mieux étudie le deflin & s u |
eut été plus fév.ère dans le choix de les modèles. I
11 paroît que la nature lui avoit refufé le genie
de'l’ invention & Tefprit de la difpofition, i l
s’enrichit à Londres, & mourut à la Haye en
j 706, âgé de foixante & trois ans.
Le duc d’Orléans pofled'e quatre tableaux de- ce
peintre , dont un homme qui donne urie baguq
a fa femme , lu jet éclairé d’ une bougi,e. ^
J. Smith a gravé en manière noire , d apres;
Schalken , une 1 femme endormie 8c eclairee
d’une bougie , la Magdeleine à la lampe, &c.
On a aufli de J; G. Wille , le jeune joueur
id’ inflrument.
( 242) Jean Jouvenet , de l ’école Françoife,
né à Rouen en 1644, fut élève de Laurent
fon père , fils lui-même de Noël qu’on croit
avoir donné quelques leçons au Poufïin^Jean
vint à Paris à l’âge de 'dix-.fe.pt ans, & crus ne
devoir pas prendre d’autre maître que la nature.
Ainfi que le Sueür, il n’ a point vu l’ Italie , &
c’eft un.des p.eilitres..qui honorent le plus l’école
Françoife. Î1 ne tient pas,* comme le Sueur , du
• goût de Raphaël 8c des grands maîtres Romains . |
il eft abfo!lument lui-même-, il lemble q u ë ja
nature l’avoir'formé pour êtr-e ce.qu’ il fut. Son
de (lin eft de. -la plus grande fermeté & fièrement,
prononcé ; l’es exprelljons font fortes : fa
manière., auftère convenoic moins aux figures
de femmes & aûx compofitions gracieufes qû a
repréfenter des iujets fevères des écritures. Son
morceautde réceg t ion-àl’ académie , repréfentant
'Efther devant Affuérus,& fes tableaux dë,;Saint-
' Martin des champs fuffiroient à fa gloire; mais
‘ fa defeente de croix faite pour l’églifé des
'Caoucines, 8c tranfportée. depuis dans les falles
de* l ’académie , peut balancer la gloire des
' artifies de tous les temps. C’eft le Guerchin
réuni au Çarrachè,, ou plutôt c’eft , Jpuvenet
'défiant tous: les grands maîtres! :Si ce tableau
eût été fait à Rome , ayant. le. temps de Pouffin,
1(1, ce grand juge avoir pu l’y v o ir , on a Iiçu ;
de ‘ penfer qu’îl ï’auroit regardé comme le
quatrième chef-d’oeuvre de cette capitale des
arts, b- • . . ^ .• ,. |$ & .. s
Devenu paralytique du côté droit a-l’âge de
'foixante & neuf, ans , -8c confervant encore
tout le feu de Ion .genie , Jouyenet força .fa
main gauche à obéir à l’impulfipn; de fon efprit ;
if peignit dé cette' main le Magnificat qui fe
voie au choeur de Notre-Dame., & un plafond :
pour la féconde chambre des enquêtes au Parlement
de Rouén.
■ ; » Sa manoeuvre, dit Dandré - Bardon , étoît
'» .d ’ une facilite & d’une;. hardiefie qy’aqcun
p peintre n’ a furpaffé. Tous. fes. ouvrages io.nt
ÿ> pleins de feu & d’enthoufiafme »•. O.n peut
ajouter qu’ ils font tous profondément marqués
P E ï d’un caraâèré qui diftfogue le maître . & qu’ il
ne faut pas confondre avec la bizarrerie. C©
grand peintre eft mort à Paris, en 1717 , âgé
de foixante & treize ans.
La fameufe defeente de croix a été gravée
par Defplaces, ainfi que le Saint-Bruno qui eft
un chef-d’oeuvre d’expreffion. H. S. Thomaffin
a gravé le Magnificat; Duchange les vendeurs
chaflës du temple , 8c le repas chez le Pha-
rifieri ; Et. Picard, Jéfus-Çhtift guériffant le
paralytique , & J. Audran la réfurreélion du
Lazare.
(243 ) Francisque Mu é , de l’école F lamande
, eft né à Anv.ers en 1644, & a eu pour
maître;Franck , peintre Flamand: mais il étoid
François d’origine, & c’eft en France qu’il a
exercé fon talent. I l pëignôit eh grand le pay-
fage ^chercha à imiter .l,e. Pouffin. Ses tableaux
peuvent être confidérës comme faifant un genre
mixte d’hiftoire & de payfagé, 8c c’eft comme
peintre 4’hiftoire qu’ il a été reçu, à l’académie
royale de peinture de Paris & qu’ il y eft devenu
prpfeffenr. Il avoir une mémoire heu-
1 reûfë quoiqu’il fit d’après nature des études
pour les pâyfages, c’étoit de mémoire qu’il
lés coloroit, & qu’il rendolt avec vérité les
tons qu’il avoit obférvés. Il faut avouer cependant
que cette pratiqué dangereufe l’a fait
tomber dans l’égalité de couleur. I l mourjit à
Paris en 1680, âgé de trente - fix an«: on
croit qu’il fut empeifonné par des artiftes
jaloux.
Lé roi pôfïede ónze . tableaux de ce martre.
On voit de lu i , dans Peglife de Saint-Nïcolas
du, Chardonnet, deux grands payfages hiftori-
ques : l’ un repréfente le facrifice d’Abraham^
l’autre , Élifée dans le deferc.
H (2,44) A rnould de Ge ld e r , de l’école
Hol.làndoife, né à Dort eji 1.645 > fut élève de
Rembrandt, & eut la façon de penfer, les
qualités ., les défauts & les bizarreries de fon
maître. Il peignoit, comme lui , l’hiftoire &
lé portrait , & comme lui , dans les fujets
d’hiftoire , il bravoic le coftume 8c les convenances.
Les ouvrages de!ce peintre , encore
inconnus en France, font admirés 8c recherchés
en Hollande. Ils font d’ uneyéllè force de cou,-
leur , que peu de tableaux peuvent en foutenir
le voifinagé. Il eft mort fubitemenc en 172,7 ,
à l’âge de quatre-vingt-deux ans.
(245 ) Jean Glaù b e r , de l ’école Hollan-
doîfe , naquit à Utrecht en 1646, mais il étoit
d’origine Allemande, Il fut élève de Berghem;
mais dès qu’ il, eut vu des tableaux d’I ta lie ,
il trouva .qu’ il mahquoit encore quelque chofe
à fon célèbre maître , 8c réfolut de . n’en plus
avoir d’autre que les chefs-d’oeuyres dés grand»
P E î
exprime les différentes. efpeces d arbres , la
touche variée n’ a pas de manière & eft inlr.
pirée par la nature ;fes plans font bien raifonnes.:
& la vapeur favamment répandue en_ indique
les diftances -. il joint à un fini précieux une-
facilité qui ferait croire que fes ouvrages lui
ont peu coûté , & une couleur en même temps
chaude & vraie. On reconnut dans fes com-
pofitions que les études en ont été faites au
environs de Rome, ou dans les montagnes des
Alpes. I l eft mort en 17 16 , a 1 âge de quatre
^ I lV g r a v é lui-même un grand nombre de
fes payfages, dont la plupart font dans le genre
^ J ean' g o t i ie b G laubf.r , frère de Jean,
, ’eft aufli diftingué dans le paÿfage ; les com-
pofitions font agréables, fa couleur ^vraie, fes
figures & fes animaux d’un bon delltn.
Ces artiftes avoient une foeur, nommee Diane,
qui a réufli dans le portrait, & qui a peint quelques
tableaux d’hiftoire.
(0.46) Jean V an C ié e f , de l ’école F la mande
, nè à Venloo, dans le pays de Gueldre ,
en 1646, fu t élève de Cafpard de Crayer,
peintre d’hiftoire , admiré même par Rubens.
Van Cléef -devint lui - même l ’un des plus
habiles maîtres de la Flandre, acquit de la
fortune & de la célébrité, & décora de les
ouvrage la plupart des églifes de Gand.
Plus grand deffinateur quç fon maître , mais
moins brillai,t colorifte , il fe fit une belle &
large manière. Son pinceau étoit coulant &
facile. Quoiqu’ il n’ait pas vu l’ Ita lie , fes com-
pofitions tiennent moins de l ’école où il s etoit
formé , que des grands maîtres Italiens. I l eroit
intelligent dans fes difpofitions & riche dans
fes ordonnances , mais fans confufion. Quelques
uns de fes tableaux pourraient être pris pour
des ouvrages du Pouffin. I l eft regardé comme
celui des Flamands’ qui ait le mieux entendu
l ’art de draper. Ses têtes de femmes font pleines
d’agrémens, fes figures d’ enfans font cfiar-
mantes. I l eft mort en 1716 , âgé de foixante &
dix ans.
Comme il n’a guère fait que des tableaux
d’autel & des plafonds, fes ouvrages font très
rares dans les çabinets,
(247) Jeajv V an H ugtenburch , de l’école
Hollandoife, n.é à Harlem en 1646, eut pour
dernier maître le célèbre Vander Meulen.
Cpwme Vander Mteulen peignit les yi&oîres
p e 1 ù y
de Louis X IV , Hugtenburch peignit celles,
du prince Eugene. Il avoir une couleur vigou-
rèufe & vraie , une expreffion très ju fte , une .
touche fpirituelle, l’ art de diftinguer les na-
’ tions non feulement par le coftume , ^ mais
par le caraétère de phyfionomie,^ Il avoir vu
Rome ,,il fit fon féjour ordinaire à la Haye , &
mourut à Amfterdam en 1733,, âgé de quatre-
vingt-fept ans. s ü
Il a gravé .à l’eau-forte & en mamere-no.ire
' d’après lui - même & d'après Vander Meulen.
(2.48 ) Marie Sibtjie Mï RIAN, de l’école
Allemande, née.à Francfort en 1647, & fille
d’un habile graveur, qft célèbre comme peintre
& comme nàturalifte. Quoiqu’elle ait époufé
un peintre & architqéle nommé Graft, on lui
a confervé le nom de Merian qu’ elle a illuftre*
Elle a peint avec: une fingulièra perfeôion les
infea es, & les plantes dont ils fe nourriffent.
Elle a aufli écrit l’hiftoire de ces animaux.,
& non contente d’étudier ceux qui naiffent en
Europe ,.elle a voyagé à Surinam pour étudier
ceux qui.font particuliers à cette contrée. La
plupart de fes ouvrages font à Pétersbourg dans
le cabinet de l ’académie des feiences. Ils font
admirables par la précifion de l’étude & par la
vivacité de la couleur. Ceux qui m’ont femblé
les plus beaux fe trouvent dans fon manuferit.
Cette femme eftimable eft morte à Amfterdam'
en 1 7 1 7 , à l’âge de foixante & dix ans. -
( 1 4 9 ) Godefroy Kneiier , de l’école
Allemande, naquit à Lubeck en 1648 , & fut
éléve de Rembrandt! mais il fit le voyage
d’ Italie & ne fuivit pas la manière de fqn
maître. L’amour du gain le fixa au genre du
portrait & l’engagea à s’établir en Angleterre.
Dans fon meilleur temps, il imita Van-Dycfe ;
mais ce qu’ il chercha le plus dans la fuite fut
de fe faire une manière très expéditive, &,<
par avarice , il chargeoit des peintres très médiocres
de traiter les acceffoires. I l eft mort à
Londres en 17 16 , âgé de foixante & dix-huit
ans.
(250) Antoine F ranceschisi, de l’école
Lombarde, né à Bologne en 1(548, fut élève
du Cignani. Il avoit de la grâ ce, un bon goût
de deflïn , de l’art & de la grandeur dans la
compofition , de la fineffe dans la touche &
dans les formes; il faifoit très bien les enfans,
& avoit une bonne manière de draper. Sa peinture
a fouvent de la féçhereffe , mais dans fon
bon temps, il avoit une couleur douce, claire
& fort agréable. Ses frefques étoient très vigou-
reufes, I l a coloré foiblement dans fa vieillefle
mais il a toujours confervé la correéïion Après
avoir joui d’une réputation méritée, & avoir
été occupé à Rome , à Genes, à Bologne , il