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métré fera creufée d’environ trois lign e s , Sé
ainfi des autres à proportion.
Les parties à vuider fur les bords d’ une planche
fans filets, comme aux fleurons, aux figures
de mathématique , & c. le feront à coups de gouges
& de maillet, & prefque à moitié de leur
épaiffeurfur leurs extrémités, pour peu que les
places foient grandes, afin d’empêcher les balles
Sc le papier d’y atteindre. Ces places n’étant
point foutenues, les balles y pochent le plus, &
il y faut vuider plus creux, plus d’à-plomb , &
plus en fond qu’ailleùrs. V o y e \p l.ïiî. fig. 63.
Malgré toutes ces précautions , s’il arrive de
faire quelqu’échappaae, & qu’il y ait quelque
trait ou taille brifée, éclatée, il faut y remédier
par une pièce, ainfi que nous allons l’ indiquer.
Vuider & mettre pièces. Quelque bien
mifes que foient des pièces, elles peuvent fe
renfler à l’impreffion après avoir été mouillées,
ou par d’autres caul’e s , excéder alors le refte de
lafuperficie, & marquer plus noir; ou fi elles
n’ cxcédent pas , laiffer leurs limites fur l*e£-
tampe.
Si une planche eft échappadée, on prendra
un fermoir de grandeur convenable ; on en
tournera le bifeau vers le dedans du trou qu’on
veut pratiquer à l’ endroit échappadé, & l’on
fera ce trou qu’on tiendra d’abord plus petit.
On tracera les limites du trou- à petits coups ;
puis , avec un fermoir plus petit, on enleverâ
tout le bois de l’enceinte. L’attention principale,
c’eft de ne pas froiffer & meurtrir les
traits contigus à cette ouverture. On la creufera
de deux lignes plus profonde que le trait
jébréché. On en appianira le fond , on en unira
bien les cotés, on lg repaffera à la main & au
fermoir. On en rendra les bords bien vifs &
bien nets ; on obfervera d.e la creufer un peu
plus large à fon fond qu’à fbn entrée , afin que
la pièce s’y étende, fe refferre d’autant à fa fur-
face , & n’ en puiffe fortir que difficilement.
Cela fait, on taillera un morceau de bois,
de manière à remplir ce trou le plus exactement
qu’ il fera pofïible. On l’y placera, le bois plein
tourné en - deffus', & le bois de bout tourné vers
un des côtés. Après avoir enduit toute l’ouverture
d’un peu de coller forte ou de gomme arabique
, ou même fans cette précaution, on
l ’enchâffera fortement à l’aide d’un maillet &
d’un morceau de bois qu’on appuiera deffus &
fur lequel on frappera. On enleverâ enfui te
avec un fermoir l’excédent de la pièce ; on la
polira, on deffinera deffus, & l’on recommencera
à graver fur la pièce comme on a gravé fut
le refte de la planche.
D e s pajje- par - tout s. On entend par ce mot
des morceaux de bois troués , où l ’on place
tgli.e lettre de fonte que l’on veut. Pour le?
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bien faire prenez un morceau de boî's équarrî,
de la hauteur de la lettre : tracez deffus & def-
fous au trüfquin le trou que vous y voulez
percer. Arrêtez enfuite votre bois dans l’entaille :
évuidez le deffus 8c le deffous au fermoir à une
ligne ou deux de profondeur ; puis le tranf-
portant de l ’entavlle dans un étau, arrêtez - le
dedans , & le percez d’ un ou de plufieurs trous
avec un villebrequin , jufqu’à moitié de l ’épaif-
feur du bois.,Faites-en autant de l’autre côté.
Remettez-le enfuite dans l ’entaille, & , avec
des fermoirs de différentes formes , achevez
d’emporter le bois qu’occupe l’intérieur du- trou
que vous avez à percer. Cela fa it , poliffez-en
1 l’ intérieur 8c lès bords; tracez à la plume c e 1
que vous y voulez graver , & achevez.
Epreuves. Voici comment on aura des épreuves
de fon ouvrage fans recourir à l’imprimeur.
On mouillera, avec une éponge, le papier,-
deux à deux feuillets, quatre à quatre, fix à
fix. On intercallera une feuille fécne entre chaque
feuille mouillée. Orr maniera ces feuilles
humectées , on les changera de côté, on les
mêlera quelques heurès après la trempe, on lés
mettra enfuite , suffit pendant quelques heures ,
fous la preffe dont nous avons parlé dans l’énumération
des outils du graveur.; on recommencera
à les manier, 8c on les mettra èncoré en
preffe. On aura du noir d’imprimeur qu’on
broiera fur le marbre ; on en touchera, c’eft-à-
dire qu’on en enduira luffifamment la partie
inférieure de la balle. Oh promènera cette balle,
fur la planche en la balançant pour qu’elle
charge de noir la partie éminente de la gravure.
On étendra une feuille de papier encore humide'
fur la planche enduite de noir, & on paffera
le rouleau fur la feuille. On concevra mieux
cette opération en voyant travailler un imprimeur,
avec la différence que l’imprimeur fe
ferc d’une preffe au lieu de rouleau. Par le
moyen que l’on vient de décrire, on aura une*
épreuve fur laquelle on- pourra retoucher fon
ouvrage. L’art de retoucher e f t , fans contredit,
la partie la plus difficile de la gravure en bois*
Retoucher. Dans la gravure en taille-douce,
on entend par ce mot tantôt revenir fur festra-?
vaux ébauchés pour terminer fon ouvrage, &
tancôt rendre de la profondeur aux travaux d’ une
planche ufée. Il ne fe prend pas en ce dernierfens
dans la gravure en bois. On ne rétablit pas la
taille d;épargne , quand elle s’eft éctafée oq,
qu’ elle eft devenue filandreufe par le long fer-"
vice : ou du moins, s’il arrive que l ’ on répare
ainfi quelques ouvrages, çé ne font que-des
morceaux groiïiers &non àes gravures dél icates.
On auroit plutôt fait de graver une autre
] planche.
I jLe graveur en bois entend par retoucher,
revenir
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.févenlr fur ûfté planche nouvelle pour la pétv
feéUonner > en affoibliffanc les traits 8c les
concours que l’on trouve trop durs, trop roides,
ou trop marqués.
Tout fe réduit ici à exhorter le graveur à
faire cette retouche le plus judicieufement qu’ il
pourra, & à lui ob fer ver fur-tout qu’ il ne lup-
pléera pas le bois qu’ il aura enlevé mal-à-propos.
Nous en dirons davantage plus bas, 8c nous
expoferons, d’après M. Papillon^ les. reffources
qu’il a imaginées & portées dans fon art.
ImpreJJion. Lorfque la plancheeft fortie des
jnains du graveur, c ’eft fouventà l’ imprimeur,
pour qui elle eft deftinée, à la faire valoir fon
prix.
Les ouvriers d’imprimerie que l’on nomme
greffiers, ont coutume de n’encrer qu’une feule
fpîs les balles pour tirer cinq épreuves ; d’où il
peut arriver que les premières foient pochées1,
les fécondés boueufes , 8c les dernières grifes> :
autant de défauts à éviter. I l faudroit à chaque
épreuve prendre de l’ encre 8c n’en prendre que
ce qu il faut ; avoir des balles moins pelantes ,
toucher avec ménagement 8c moins de promptitude,
en un mot ufer des précautions nécef-
fèires.
. Si le papier eft tropfec , la gravure viendra
tieigeufe ; nouveau défaut à éviter. L agravure
e ft neigeufe, lorfque les tailles & les traits font
confondus, & qu’on n’apperçoit que de petits
traits interrompus , & en quelque forte ver-
«niculés.
Si le papier eft trop humide , on aura des
■ taches, parce qu’il le trouvera des places où
le papier aura pris trop de noir, 8c d’autres où
SI n’en aura pas pris affez.
Si la planche eft plus haute que la le ttre, >1 faut qu’elle vienne pochée. Laiffez - la de
fiiveau avec la lettre ; le tympafï foulera toujours
iaffez ; ou fi l’empreinte n’eft pas affez forte,
Vous aurez toujours .la reffource des fiauffes.
- §11 n.e ^aut Pas cr0ire qu’ une planche en bois
foit ufee lorfqu’elle donne des épreuves grifes
ou neigeufes. C’eft la faute de rimprim.eur &
non de la planche. Ceux qui p.enfent que la
foibleffe de l ’épreuve eft caufée par lavétufté
de la planche, font trompés par l’opinion qu’ il
y a entre la gravure en cuivre & la gravure en
pois une conformité qui n’ exifte point entre
ell(es. Lorfque la planche d’une gravure en
.cuivre .eft jU.fée, les traits s’affoibliffent, s’ ïn-
terrqnjpenc dans leur continuité, & quelquesr
«ns s’effacent entièrement : la .taille arrondie
ije contient plus le noir, 8c ne peut en fournir
au papier. Le contraire arrive dans la gravure
en bois,: les tailles fe pâtent, fe groft&ftent, .
£e confondent & ne font plus qu’ une maffe.
Jamais, en fuppofant d’ ailleurs les conditions
JgUi tirage égales , une planpfiç ça bois ae don- «
P ea ux -d n s, Tome iL
G R À ÿjjnera
des épreuves plus noires que lorfqu’elîe
fera uféè.
Supplément. Il y a peu de graveurs en bois
qui ne fâchent ce que nous avons dit jufqu’ à
préfent fur leur art. Nous allons ajouter ici par
fuppiément ce que M. Papillon a découvert, 8c
ce qui lui appartient en propre.
La première de fes découvertes eft relative à
la manière de creufer 8c de préparer le bois pour
graver des lointains ou des parties éclairées, 8c
de gratter les tailles déjà gravées, pour les
rendre plus fortes & les faire ombrer davantage.
La fécondé eft relative à la manière de retoucher
proprement la gravure en bois.
Nous finirons par fes idées fur la méthode
d’imprimer les endroits creux.
Pour creufer, à une planche , un lointain
un ciel ou autre chofe, on deffinera tout le refte,
alaréfervede ces objets. Enfuite, pour ébaucher
le creux, on prendra une gouge de la grandeur
convenable ; on enleverâ le bois p eu -à -p e u ,
& , autant qu’ il fera poffible, à contre-fil ; &
l’en en ôtera peu fur les bords, afin que la pente
du creux commence en douceur, & qu’elle aille
imperceptiblement en glacis. Cela eft important.
Si les bords étoient creufés trop profonds, ou
d’à - plomb, la gravure ne marqueroit pas en
ces endroits à l’impreffion , parce que la balle
ne pourroic y atteindre ; & quand la balle y
toucheroit, les hauffes qu’on feroit forcé de
mettre au tympan feroient caffer le papier à ces
bords du creux.
On polira cette ébauche avec la même gouge
le plus proprement qu’on pourra , afin d’avoir
moins à travailler aji grattoir à creufer. .La- lame
de ce dernier inftrument fe fera avec un moiv
ceau de reffort de pendule , comme la pointe à
graver. On trempera cette lame plutôt molle
que fé ch e , afin qu’étant aîguifée, le mdrfil y
tienne mieux. Il faut quMle foit tranchante fur
l ’épaiffeur, comme âu racloir ou grattoir ordinaire,
& que cette partie foit courbe à droite &
à gauche, 8c non de niveau comme à un fermoir :
les angles feroient des rayures qu’on auroit
beaucoup de peine à atteindre & à effacer.
On prendra garde de n.e pas trop creufer l’endroit
que l’on voudra graver. Il ne faut donner
qu une demi - ligné de creux'à un cfpace d’un
pouce, 8c cela encore à l’endroit le plus profond.
Le creux étant ébauché parfaitement à la
gouge, on le repaffera & on le polira au grattoir
a creufer , jufqu’à.ce qu’ il ait la concavité con -
venable, & qu’ il foit fans rayures , fans dentelures,
fans inégalités. Pour l’achever on fe fer-
vira de la prêle.
Ce creux étant fini, on le frottera avec d
fiujdîfaç en poudre, 8c l’on y deffinera ce qu’o
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