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un pot de terre verniffee plein dreau bouillante.
On y joindra , par intervalles , gros comme deux
noix d’alun de Rome en poudre, dans la fuppofi-
tïon où l’on employera gros comme une noix
tfindigo : telle eft à-peu-près l’échelle des proportions
que l’ on doit obferyer. On mettra le
pot fur le feu. La matière ne rardera point à gonfler.
Il faut prendre garde qu’elle ne s’élève hors
du vafe -, pour éviter cet inconvénient, on la remue
avec une cuiller de bois , en l’éloignant de
temps en temps du feu. Quand elle aura jetté
fix ou fept bouillons , on la laiffera refroidir &
repofer quelques heures ; on jettera la majeure I
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partie de l’eau comme inutile ; on verfera le dé-»
pot fur un filtre de papier foutenu par un linge ;
on l’arrofera d’eau chaude pour enlever tout l’acide
vitriolique de l ’alun. Quand l’eau aura été
paffée au travers du filtre , on ramalfera la fécule
qui fera reftée deffus , pour la faire broyer fur
le porphyre. Si l’on a mis tout l'alun néceffaîre ,
& que le lavage en ait bien emporté l’acide , &
n’ en ait lailfé que la terre qui s’eft incorporée
avec l 'indigo, les crayons feront aufli friables
que le blanc de Troies. ( Traité de la peinture
au paflel.)
L
JLiAQUE , (fubft. fém. ) La laque a pour bafe
une fubftance terreufe ou crétacée à laquelle on
ajoute une teinture. Cette définition fuffir pour
faire fentir qu’on peut faire bien des différentes
fortes de laques.
La laque en pain eft la terre qui fert de bafe à l’alun, colorée par la cochenille. Pour fabriquer
cette laque , on peut faire bouillir dans •
deux pintes d’eau le réfidu qui a produit le carmin,
( voÿez carmin ) en y ajoutant cinq onces
d’alun. Il faut filtrer cette li.qifeu'r , & y'ajouter
■ quelques gouttes de diffoluîion d’étaln > enfuite
ôn verfe dans cette teinturè de l’alkàli fixe en
liquéur ; il décompofe l’alun & en précipite la
terre qui s’empare de toute la couleur1 rouge. On
filtré cette liqueur; la laque refte fur le filtre ;
on paffe de l’eau deflus à plufieurs’ fo is , pour enlever
& diffoudre le tartre vitriolé qu’elle poür-
rbit contenir; enfuitè on fait fécher. Cette laque .
fera plus ou moins colorée’, fuivant la quantité |
de cochenille qu’on aura employée pour la préparer.
Sa couleur variera au ffi ,. fuivant la proportion
de diffolütion d’étain qu’on aura mife.' ■
( Note trouvée dans lès papiers,, 'de M . Watelet, •
& annoncée comme1 extraite d9un manûfc'rit dé \
M. Sage ). Cette laque eft celle'qu’on appelle !
de Venife , parce qu’on la droit autrefois de
Cette v ille ; ou du moins elle, eft colorée de
mêm'e par le réfidu de la cochenille qui a ferVi
à la compofition du carmin. On ne tire plus cette
laque fine de Ventfé , parce qu’on en fait d’aufii
belle à Paris. ! '
D’autres laques .ayant toujours pour foutién
d e là terre d’alun*,' avec de l’ eau de féche , &
même d e là craie , font teintes par des bois colorés,
tels que ceux de Fernambouc , de Bréfil, de
Santal rouge !, de Rocou , de Sainte Marthe &
de Campeche avivés par un acide. La racine
d’orcanette, la fleur de carthame, ou fafran bâtard
, la graine de kermès fourniffent aufii des
teintures dont on peut faire des laques.
On trouve un grand nombre de çècéttes pour
faire àèriaques. En voici une pour compofer la
laque colombine. Prenez trois chopinès de vinaigre
diftillé , du plus ïu b til, Une livre du plus
beau bois de Ferriambouc, coupez-le par morceaux
, & faites-le tremper dans ledîc vinaigre
pour le moins un mois; s’ il y trempe davantage,
ce fera encore, mieux Faites bouillir le roue au
bain-marie , trois ou quatre bouillons 5 puis le
làiffez repofer un jour ou deux. Enfuite, vous
préparerez un quart d’alun en-poudre que Vous
mettrez dans une terrine bien nette : vous paierez
la liqueur à travers un linge , en la faifan
couler fur l’alun , & vous la laifferez repofer ne
jour. Faïres réchauffer le to u t, jufqu'àce que
la liqueur frémiffe , laiffez-la repofer vingt-
quatre heures, & mettez en poudre deux os de
féche, par-deffus lefquels vous verferez votre liqueur
un peu chaude. Vous la remuerez'avec un
bâton , jufqu’à ce qu’ elle s’amortiffe ; enfuite
vous la laifferez repofer vingt-quatre heures, &
la pafferez.
Laiflez fécher le marc de la laque colo mb
qui tombe au bas dé la fiole où il y a des os de
féche ; broyez ce marc ; il n’y a point de laque
fine qui foit fi v ive , & en la mêlant avec de la
laque, elle en augmente la force. {Traité de
mïgnature. ) !
On trouve d’affez bonne laque fous le nom de
laqué carminée. Elle eftordinairement en grains
Ou tfpcnifques. On l’éprouve , ainfi que la laque
colombine, en répandant deffus un peu d’alkalï
fixé en liqueur , ou de vinaigre. La laque eft
bonne fi elle ne devient pas violette avec l ’alkali
fixe , & jaunâtre avec le vinaigre.
’ Les Vaques ordinaires ont le défaut de n’être
pas folides. L’auteur du Traité de la peinture au
paftel, croit qu’eilés feroient plus belles &
qu’elles ‘auroient plus de foliditéj fi l’on remplaçait
l’alun par la diffolution d’étain. I l donne
le moyen de faire cette diffolution ; le voici :
Verlezdans unecaraffe une once d’acide nitreux
& moitié moins d’acide marin. Ce mélange eft
ce qu’on appelle de l’eau régale. Joignez-y, s’ ils
foht très-fumans, un petit verre d’eau de fontaine
ou,dé riviefe très-limpide : faites diffoudre
dans . cè mélange de l ’étain de Malaca ou de
Cornouailîé réduit en petits fragmens : le plus
court moyen de réduire ce métal en grenailles
c’eft de le faire fondre fur le feu dans une cuiller
de fer, & de le verfer par gouttes dans un vafe
plein d’eau. Ajoutez par intervalles de cet étain
eh grenailles jufqu’ à ce que le diffolvant n’agiffe
: plus. Alors mettez la caraffe fur la cendre chaude
, pour que l’ eau régale achève de fe faturer
Le même auteur offre la recette fuivantp d’ une
laque par laquelle il fupplée à la terre d’alun par
la diflolution d’étain. Mettez dans deux pintes
j d’ eau , trois ou quatre petites branches de peu-
( plier d’ Italie, ou de bouleau, coupés en crès-
! petits fragmehs. Tous les bois donc on veut ex-
I traire la couleur , doivent toujours être effilés ou
j hachés. Que ces branches fdient vertes ou fé