
les moyens d’y atteindre, qu’on Ternira le vui'de
de cette queftion ridicule : doit-on, pour faire \
des progrès dans l'a r t, copier la nature telle
qu’elle Te préfente, ou corriger fe simperfeélions
en l’étudiant ? nous répondrons en un mot ,
que pour la rendre dans tes ouviages avec choix
Sc variété, il faut apprendre à l’imiter avec
toutes Tes différences.
C ’eft par cette fimple méthode que s’annulera
la recherche de ces diftinclions métaphy-
Tiques & puériles du vrai fimple, du vrai com-
pojè & du vrai idéaL, fi laborieufement difcuv
cutées par de Piles.
I l n’eft qu’ une manière d’être vrai pour les
yeux , dans l’art du ftatuaire & dans celui du
peintre; c’èft d'être vrai pour l’efprit ; & comme
nous l’avons d it , & ce à quoi fe réfument
toutes nos réflexions, on y parvient en n’offrant
le favoir que fous l’empreinte du jugement, du
goût & du‘génie. ( Article de'M. RoBiHf ,)
V U E ( fubft. fem. ) On appelle vue le portrait
d’un fite qu’on a fait d’après la nature. On
dit dejjïner des vues, peindre des vues, faifir 1
une vue.
Ce terme, comme, on le v o it, eft de la dépendance
du payfage, & j’ ai parlé déjà du fujet
de cet article dans celui qui a été confacré
au payfage.
Le genre des vues s’étend à une infinité,
d’objets particuliers. Une marine , une chaumière
, un terrein fingulier, des roches, tout
cela ( lorfque l’étude en eft faite fur la nature )
s’appelle des vues•
Une des occupations les plus amufantes qu’oc-
cafiônne la pratique de l’art dont je traite,
eft celle de defiiner ou de peindre des vues y
c’ eft pour les grands artiftes un délaffemnet,
parce qu’ ils' les faififtent avec une facilité qui
leur eft agréable, & qui fait fouir ceux qui les
voyent opérer de l’exercice de leur talent, &
parce que cet exercice qu’ ils en font leur donne
occafion de remarquer & de fentir une infinité
d’objets, de détails, de vérités qui ne
«’offrent jamais à eux fans leur procurer des
fènfations intéreffantes.
Pour les je.unes élèves, defiiner des vues eft
un amufement quelquefois trop attrayant par
l ’efpèce de facilité qu’ ils y trouvent & les libertés
qu’ ils fe croyent autorifes à prendre.
Dans les pays riches en vues pittorefques, les
artiftes fe livrent au plaifir de defiiner les fîtes
heureux avec une efpèce d’enthoufiafme, qui
peut les détourner des études plus effemielles
auxquelles ils doivent confàcrer des momens
précieux & courts^ mais pour les fimples amateurs
qui s’occupent à exercer l’ art du defiin,
faifir paflablement un fite eft une refîburce contré
le déloeuvremenr, qui peut flatter leur amour-
propre, par quelques fuccès, qui 1 eur font généralement
interdits dans, les genres plus difficiles.
Bien defiiner la figure d’après la nature
eft un de ces pas que peu d'amateurs ont
le temps ou le courage de franchir. C’eft le fruit
d’une étude alfidue d e la b o fle , étude fou vent
rebutante & toujours difficile : de ffiner,
compofèr & peindre avec l’ infpiration du génie,
ou tout au moins avec le fecours d’un véritable
talent, font des progrès qu’il eft extrêmement
rare de voir faire à ceux qui ne fe confièrent
pas entièrement à la peinture', & qui font difficiles
même à obtenir par les artiftes qui n’ont
pas d’autre occupation ni trop fou vent d’autre
reffource.
Mais lorfque ceux qu’ un goût naturel &
vrai entraîne à s’amufer de la peinture, ne
pouvant s’y dévouer exclufivement, fe trouvent
doués de quelques difpofitions, ils peuveht par*'
v enir, en les cultivant avec fuite, à defiiner 5c même à peindre , dans les momens de loîfir,
ce que la nature compofe fans ceffe autour
d’eux, pour leur donner l’ envie de l’ imiter
alors dans les campagnes, près des v illages ,
dans une ferme, cette douce occupation , en
leur fai Tant paffer délicieufement des momens
qui fouvent feroient vuides, les conduit à ob-
ferver & les effets de la lumière & des détails
même qui peuvent fouvent infpirer leur bien«-
faifancé & les rapprocher de la véritable humanité,
en les fixant à la véritable nature,
11 eft dans les arts, & dans quelques fcîences,
des plaifirs & des utilités qui ne font guère
connus que de ceux qui lés ont éprouvés.
L’exercice des feiences profondes a des avantages
inconteftables pour la fociété ; il en a
même pour ceux qui les exercent par l’attrait
qu’elles leur préfentent & l’occupation à laquelle
elles les fixent; mars on ne peut guère nier
qu’elles ne tendent à ifoler d’autant plus, qu’on
s’y applique plus excîufivemenr. La pratique des
beaux-arts, qui ont tous pour but l’ imitation
des hommes & des choies, en obligeant ceux
qui les exercent à tout v oir , à tout obfervei-,
doit naturellement les rendre plus fcciables
fi on l’olbit dire , plus humains.
Au refte, nous fommes peu maîtres de nos
peachans : l’art de lès diriger, c’eft-à-dire,
d’en tirer avantage pour les au;res & pour nous,
quoique dépendant de nous-mêmes,fuppofe encore
plus de bonheur & de réflexions qu’on ne penfe;.
On trouvera au mot payfage quelques détails
relatifs au fujet de cet ar tic le , & je
ne dois pas les répéter. {Article dç M , .4 t e *
l e t . )
Y
E U X . Les yeux , dans les draperies, font
les. points où fe caftent leurs plis.
Les peintres maniérés les ont prefque tous faits
de la même forte, Toit qu’ils les ayenc pris d’après
leurs maîtres, comme l’ont fait une infinité
de peintres allemands, qui ont imité la
manière d'Albert Durer; foit qu’ ils ayent adopté
certaine forte d’ étoffe qui leur préfentoit toujours
les mêmesyeitxy comme Frédéric Barocci,
Tiepolo, & autres, qui femblent s’être toujours
fervis de camelots, pour faire leurs draperies :
,ou comme le Dominiquin, Mignard, & c ,
qui paroiflent avoir adopté le drap, ou enfin
jcomme Rigaud à qui le velours fervoit ordinairement
de modèle.
C’ eft dans les yeuse des plis des étoffes que
les artiftes ont occafion d’ exprimer la forme
la plus fentie de leurs draperies, par la touche,
^ par |l|pM des Juafièjres des çmjjres. G’ eft
par les yeux que les étoffes fe caraôérifent;
ils font aigus dans le taffetas & le fatin, plus
ronds dans la ferge ou le drap, plus fins dans
les linges, & autres étoffes molles & très-légères.
Ainfi il n’y a pas de manière unique
qu’on puiffe choifir exclufivement pour les yeux
des draperies, parce que la nature en offre de
très-variées.
Le genre de l ’hiftoire, eft, comme la fculpture,
moins fufceptible de ces différences , parce que
les anciens fe fervoient le plusconftamment des
mêmes étoffes : cependant elles devenoient d ifférentes
fuivant leurs ufages, le fe x e , & le
rang des perfonnages qui s’en revêtoient; ainfi
un artifte inftruit & recherché peut toujours
varier les yeux dans les plis de fes étoffes, &
fuivre en cela les exemples que lui fourniflent
les peintures & les fculptures antiques. (Articli
<k M.-