
33 q u em ent q u e des p etites p arties de fe r qu i
» n ’au ro ien t p o in t été diffoutes.
» On peut encore tirer de trèr-beau fafran
» de mars du réfidu de la diflillarion du vi-
» triol ; on en trouve chez les ap othicaires ,
» fous le nom de c olcothar de vitrio l ; on
s> fait calciner ce colcothâr à très-grand feu
» dans un teffon de pot de grès, fous une
» moufïle; on le met enfuite dans un' grand
» gobelet de fayance ; on verfe de Peau chaude
» pardeffus •, on agite le tout avec une lam e
» de verre ; on verfe tout de fuite Peau qui
» efl colorée d«ns un vafe ; on continue de
» mettre de nouvelles eaux chaudes fur le
» colcothâr , & de les décanter jufqu’àce qu’el-
» les ne fe teignent plus ; on laiffe repofer tou-
» tes ces eaux teintes, &: lorfqu’elles font
» claires, on les décante ; on remet de nourelie
eau chaude fur le fafran de mars qui
» efl refié au fond du vafe , que Pon vuide
» lorfqu’elle efl devenue claire ; on réitéré
» cinq ou fix fois cette derniere manoeuvte ;
» on fait fécher le fafran de mars comme il
a et# dit ci-delfus, & on le fait calciner
» avec deux fois fon poids de fel marin, en
» fuiyant pour le refie la manipulation qui a
» été indiquée.
» I l faut feulement avoir attention de ne
» pas pouffer à un trop grand feu la cal-
35 cination des fafrans de mars avec le fel ma-
» r in , lorkju’on veut avoir de beau rouge.
» Puifque la calcination des mars avec le 3> fel marin les rend fixes fur Vémail, & qu’ ils
» confervent, après cette calcination, à peu
» de chofe près , la couleur qu’ ils avoient
» auparavant, on petit en conclure qu’ il n’ efl
» pas difficile d’avoir des fafrans de mars fixes
» de différentes teintes, comme on va le voir
» dans les deux exemples fuivants.
Brun marort• » Prenez du vitriol de mars
33 ordinaire -, faites-le fécher peu à peu fur un
» petit feu ju(qu’ a le faire rougir; lavez ce
» fafran de mars à plufieurs eaux , & après
» que vous l’aurez fait fécher, mettez-le avec
» le double de fon poids de fel marin dans
» un mortier; triturez bien le tout enfemble
» pendant long-temps; expofez enfuite au feu
» ce mélange dans un tefïon de grès fous une
» moufïle, en donnant d’abord un petit feu ,
z> & finiffanc par couvrir la raouffle de char-
» bons ardents pendant deux heures. Retirez
» la matière du feu , & la mettez en poudre
» très-fine dans un mortier ; lavez-la dans un
» gobelet pour ne prendre que ce que l’eau
j> emportera; vuidez cette eau lorlqu’ elle fera
a> claire , & verfez fur la matière d’ autre eau
» chaude que vous changerez à plufieurs re-
» prifes; ôtez l’eau tout à-fait, & faites fécher
» Je fafran de mass qui fera d’ un brun tirant
» fur le café & très-fixe, en fuîvànt les pré*
» cautions déjà indiquées dans le premier pro-
» cédé.
Brun très-foncé. » Prenez de la limaille de
» fer épurée, telle que les médecins oc les
>3 apothicaires ont coutume de l’employer ;
» inettez-îa dans un. mortier avec le double
» de fon poids de fel marin qui ait été aupara.-
» vant rougi dans un creufet couvert; triturez
» ce mélange avec le pilon pendant très-long-
» temps ; plus la trituration fera longue, mieux
» l ’opération^ réuflira ; expofez le mélange à
» un petit feu dans un teffon de grès , fous
» une moufïle , pendant deux heures , en com-
» mençant par un petit feu , & finiffant par
» un feu très-fort; retirez la matière du f e u ;
» tricurez-la dans un mortier pour la réduire
» en poudré très-fine; mettez-la dans un go-
» b e le t , & verfez de l’eau chaude pardeffus;
» agitez le tout avec une lame de verre, &
» fur-tout, ayez grande attention , en vuidant
» cette eau, de ne prendre de la matière que
» ce qui fera entraîné par l’ eau ; continuez
» tant que l’eau fera teinte ; laiffez dépofer
» toutes ces eaux ; lavez; ce qui fera, dépofé a
»> plufieurs autres eaux ; & lorfque vous juge-
» rez le dépôt affez purifié, faitesrie fécher,
» en fuivant dans tout la manipulation indi-
» quée dans le premier procédé. Vous aurez
» un fafran de mars fix e, é’une couleur très-
» brune & très-foncée.
» On peut être affuré de réuffir à fixer tous
» les différents fafrans de mars dans - la pein-
» ture fur l’émail, pourvu que l’on ait eu la
» précaution de les faire calciner avec le double
» de leur poids "de fel marin ; & en leur ajoute
tant alors le triphs de leur poids de notre
» fondant, ils donneront des couleurs très-fixes,
» très-luifantes 8c très-durables à tous les
» feux »•
Les pourpres & les autres couleurs tirées de
l’or. Les anciens alchymifles n’ont pas ignoré
que l ’on pouvoir tirer une couleur rouge de
l’or ; leurs livres font remplis de flatteufes espérances
aue leur faifoit concevoir cette couleur
, à qui ils donnoient les noms pompeux de
lion rouge , de manteau royal, d’âme pourpre
de l ’or y & c .
La précipitation de l ’or en rouge par la dif-
folution d'étain , demande beaucoup d’attention
; mais on efpere faire voir que quand
une fois on a trouvé ce qui peut l ’empêcher
de réüfïïr, on efl en état de l'obtenir fans la
manquer, & même de plufieurs façons. Toutes
les précipitations d’or donnent différentes couleurs
fur Vémail ; mais chacune tient cependant
plus ou moins de la couleur pourpre^
comme les gris de lin , les Violets , les bruns*
& même certaines couleurs prefqtie noires. La
diverfité de ces couleurs dépend particulièrement
de l’alliage qui peut fe trouver dans 1 e-
tain , & de la qualité des différents d flolvants
qu’on peut employer à le diffoudre; elles font
toutes très-fixes; & comme elles ne font pas
vitrifiées , elles fe couchent fort aifément au
pinceau, pourvu q.'.’après qu’elles ont ete préparées
, on ne les ait pas fait réverbérer a trop
grand feu ; dans ce cas on retomberoit prefqtie
dans la difficulté que l’on éprouve a peindre
avec des verres colorés. Ce défaut fe rencon-
troit fou vent dans les pourpres dont on s’eft
fervi jufqu’ à préfent, & dans ceux que l’on
acheté à Venife, Le feu de réverbéré augmente
la couleur pourpre des précipitations d o r , &
même la donne à celleà qui ne l’ont point;
aînfi il y a toute apparence que ceux qui font
réverbérer ces couleurs , n’ empioient cette manoeuvre
que dans cette vue ; mais il^ faut remarquer
que fi le feu efl trop f j r t , il calcine
la précipitation au point de la rendre prefque
aufii difficile à fairè couler au pinceau , que
fi elle avoit été vitrifiée ; parce que la pointe
du pinceau devenant bourbeufe , la couleur
ne s’ applique qu’avec beaucoup de peine.
Opération. » Pour avoir de beau pourpre,
» l’or & l’étain que l’on 'emploie, doivent
» être de la plus grande pureté, c’efl-a-d;re ,
» Contenir le moins d’alliage qu’ il efl pqfïible.
3» L’étain fans alliage efl plus difficile a trou-
» ver que l’or pur. Cependant l’étain dont on
» s’efl fervi pour faire le blanc, & qu’on vend
> chez les potiers d’étain , fous le nom detain
» dou x , reufïit affez bien* il faut commencer
» par le réduire en lames aufii. minces qu’ il
» efl poffible, en le battant entre deux feuil-
» les de papier fur une enclume avec un mar-
3» teau.Si l’on veut s’épargner la peine de mettre
» l’ étain en lames, on peutfe fervir des feuil-
» les d’étain dont les miroitiers érament leurs
» glaces. I l fayt aufii mettre l’or en lames
» très-minees, en le battant entre dés feuil-
33 les de papier fur une ençlume avec un mar-
» teau ; cela donne la facilité d’ en couper des
» morceaux , & de n’en mettre à chaque fois
»^que la quantité que l’ on veut dans la diffo-
53 lution. On fait djffoudre l’ or dans l’eau que
»- l ’on trouve toute faite chez ceux qui vendent
» de l’efprit de nitre & de l’efprit de fel. On
» peut 'auffi. en faire foi-même, en mettant
» une partie de fel ammoniac fur quatre par-
» ries d’ efpnt de nitre; on met l ’efprit de
» nitre dans un vafe fur les cendres chaudes ;
» on y ajoute peu à peu le fel ammoniac par
5» petits morceaux : on attend, pour en mettre
» de nouveau , que ceux qu’on a mis l'oient en-
» tiéremettt diflbus.
» On met l’ eau régale fur les cendres chau-
» des, jk on laiffe tomber dedans l’or par
» petits morceaux. Lorfque cet or eft diffout ,
» on a foin d’en remetrre de nouveau jufqu’à
» ce qu’il en refie au fond du vafe qui ne
» veuille plus fe diffoudre. On peut même
>3 porter au nez la diffolution ; & lorfqu’elle
>3 n’a prefque plus d'odeur acide , on eft affura>
» qu’ elle efl à fon point.
» I l y a encore une autre façon de faire
» une eau régale , dans laquelle on peut faire
» diffoudre l’or. On prend de bon elpric de fel
» que l ’on met dans un gobelet de verre ;
» on met dedans de petites lames d’or très-
» minces ; on ajoute enfuite dans ce gobelet 33 de l’ efprit de hure goutte à g ou tte , en eb -
» fervarit au travers du gobelet le moment oà
» l ’or commence à être attaqué; ce qui fe voie >3 lorfqu’ il monte, dans la liqueur de petite»
» bulles qui partent de l'or ; ordinairement il
» faut tres-peu d’ efprit de nitre pour produire
,>5 cet effet. Alors on ceffe d’ajouter de l’e ljr it
» de nitre , & oh fe contente de mettre dans
P la liqueur de nouvelles lames d’ or à la
» place de celles qui auront été diffoutes; ce
» que l’on continue de faire jufqu’ à ce qu’ il
» en refie au fond du vafe qui nefe diffolvent
» plus. On fe fert aufii de çette diffoîurion
» d’or , parce qu’elle donne quelquefois des
» couleurs d’une nuance différente de celles
» que produit la première eau régale dont on a
» parlé d’abord.
» La diffoîurion de l’étain demande une at-
» tention beaucoup plus grande, parce que
» tout le fuccès de la précipitation de l’or en
» roùge dépend de la façon donc elle efl coni-
» binée avec l’ eau, qu’on doit néceffairement
» y mêler, afin d’afïbiblir le diffolvant de fa-
» çon que la diffoîurion fe fafle lentement 8ç
>3 fans ébullition.
» On fera l’ eau régale propre à cette opéra-
f> rion, en mêlant enfemble cinq parties ( en
» poids) de bon efprit de nitre avec une par-
» t ied e bon efprit de fél. On prendra plein le
» quart d’ un dèmi-poiffotj de çette eau régale
33 (cette mëfure fe vend chez les ootiers d’é-
>3 tain ),, qu’on verfera dans une bouteille de
>3 verre ; on ajoutera à cette eau régale une
» double, ou , fi l’on v eut, une triple quan-
» tité dans la même mefure d’ eau de rivière
» filtrée. On mettra dans ce mélange une pe-
» tire feuille d’étain battu mince a peu prè»
» comme du papier ; ou , pour abréger, on
>3 prendra un petit morceau de ces feuilles
» d?étain que l’ on vend chez les miroitiers,
» qui s’en fervent à écamer les glaces ; on en
» prendra environ ce qu’ il en faudroit pour
» couvrir une pièce de vingt-quatre fols (1 ).
( 1 ) La picec de vingt-quatre fols a un pouce dç
diamètre»
y v v î i