l ’objet qui doit être réfléchi, en laiffant tomber
une perpendiculaire d , e , fur la diagonale au
point de diftance» Cette mefure du plan fe doit
prendre au niveau de l'eau., lieu où doit commencer
la réflexion > car le pied du bâtiment
J>eut fe prolonger jufqu’en ƒ , ƒ , ƒ , & plus bas
encore. I l ne faut pas y avoir égard: ainfi c’eft
du point e , produit par la leélion que fait la perpendiculaire
furîa diagonale , qu’il faut mè'urer
les hauteurs de l’édifice au-delà du talus qui doiv
ent le réfléchir dans l’eau.
I l en eft de même du petit fanal élevé fur un
mallif de maçonnerie , Jîg. 4 , même planche.
On voit qu’ayant pris au niveau de l’eau le plan
de ce mallif q. , & ayant tracé des lignes occultes
c , vous avez une partie de fetlion par le
moyen de la perpendiculaire abbaiflce du centre
du fanal A . C’eft donc du point de cette fec-
tionque vous mefurez la hauteur du fanal & du
mallif.
On obfervera que le mallif don n an t fa réflexion .
dans l’ eau, cache une partie de la réflexion,
du fanal, dont on ne voit que^depuis d jufqu’en
Il en feroit de même fi i’ ob;et A étoit élevé
lu r une partie de terre qui pût cacher une partie
du corps qu’il porreroif , & qui ne feroit pas affiz
éloigne du bord de l ’eau pour qu’on s’en apper-
jçût par la réflexion.
Obféryons aulîi que les mêmes lignes parallèles
qui tendent au point de vue B , dans l ’original
, y tendent aulfi dans ce qui eft réfléchi. Il
«en feroit de même fi elles tendoient à un point
•accidentai.
Si notre fujet n’étoit pas reflreint à la partie de 3a perfpeétïve utile à Yartj ce feroit ici le lieu
d ’entrer dans le détail des perfpeSives curieufes ,
foit qu’elles tiennent à la catoptrique, ou
i)ien à.la dioptrique. Mais ces îciences de
pur amufement,Portent de notre projet. Lespér-
lonncs qui voudront s’en inftruire profondément,
pourront confulter le P. Dubreuil, ou mieux
encore les ouvrages donnés par les PP. Mersen-
ve 8c Niceron , Minimes. Voici en quoi eor.-
fiftent ces perfpe&ives.-
Leur but eflênriel efl de furprendre en amu-
fanr, & en montrant les objets difformes fi on les
regarde fans moyens, & qui prennentdes figures
régulières , fi on les regarde d’un point de vue
donné, ou dans un miroir difpofe de maniéré à
les rapprocher, ou à travers des verres qui ne
prennent de certaines repréfentations que ce qui
efl néceffaire pour en produire une toute diffé*
rente.
Sur la première forte de perfpe&ive curieufe
nous citerons les peintures qu’on voyoit dans la
maifon habitée par les.Minimes de la Place
Royale avant leur deftru&ion. Voici en quoi
elles confiftôient. Sur-le mur d’ un long corridor
Jbien éclairé3 on avoit peint, dans une proportion
côîofïale! , un S. Jean écrivant dans l’ îfe dé
Pathmos. Tous les traits parallèles à l’horizon ,
écoieat ptodigieufement prolongés ; ceux qui
étoient perpendiculaires, ou qui y tendoient,
confervoient leurs julles proportions. Cette incohérence
dans toutes les parties qui compo-
foient cette figure, la rendoit tellement difforme.,
qu en fe promenant dans cet étroit corridor ,
on ne reconnoifi'oit aucunes formes qui appar-
tinffent à la figure humaine* Pour mieux la dé->
guifer encore , les maffes d’ombres, ou de demi-
teinte, paroilfoient ê tre , de près, de petites
pierres , des parties de payfage, & autres objets
répandus fans ordre ni liaifon. Arrivé à l’extrê-
mite du corridor , on faifoit regarder celui qu’on
vouloit furprendre, à travers un trou pratiqué
a cet effet dans la porte qui fermoit cet endroit,
8c il etoit lurpris d’y voir le tableau que nous
avons annoncé» Cela 1e concevra aifément, fi
l’on fe rappelle cette loi d’optique qui répond à
™figure 3* de Ja planche première •. que noies ne
■ voyons de grandeur réelle, que ce qui fe p; éfente
en Ligne parallèle avec nos yeux. Il y avoit dans
un autre corridor de la même maifon , une Madeleine
qui offroit la même fingularité. On difoic
que le P. Niceron, auteur du Traité de Perspective
, avoit fait ces peintures. D’après cela ,
on conçoit que ces effets peuvent fe varier à l’infini
, en les accordant à un point de vue donné;
On a imaginé de faire des tableaux fur des
planchettes étroites, difpofées en angles, & placées
les unes à côté des autres, de maniéré qu’en
les regardant parallèlement à l’oeil, on voit une
figure difforme , féparée par des bandes ; mais fi
on les voit en racotirci, d’ un point donné de maniéré
à n’appercevoir qu’un aes rangs de planches
, vous aurez une figure très-reconnoiffable.
Ce genre d’amufement produit une illufion plus
complette , s’ il eft donné à l’oeil par la réflexion
d’un miroir-plan. On le doit placer au-deffus du
tableau préparé, qui étant fens deffus-deffous
devient encore plus étranger à l’objet qui en eft
le réfültat.
La Catoptrique offre encore des effets très-1
amufans par les miroirs cylindriques qui , pofes
au milieu d’une carte fur laquelle on a peint des
figures fort étranges & méconnoiffables, lui font
p'rendre des formes naturelles, quand leurs traits
épars font prél'entés à l’oeil par l’effet de la réflexion
fur un point du corps cylindrique qui en
rapproche tous les rayons.
Quelques nuages peints fur un ovale par M.
Amedée Vanloo , & vus dans un miroir plan ,
fitué au-deffus , de maniéré qu’ il fait à-peu-près
angle droit avec la toile fur laquelle font les
nuages, offrent dans le corps fpéculaire le portrait
du Roi Louis XVI.
Ce même artifte a montré publiquement un
effet àe Dioptrique déjà connu dans les ouvrages
que nous ayons cités 3 mais dont l’application, a
4 été parfaitement heiireufe. Il avoit reprefênté
en plufieurs figures allégoriques, la réunion des
vertus qui conviennent-àun lbuverain, telles
que la prudence, la force, & c . Ce tableau fort-
agréablement peint, ne montroit rien qui prévînt
fur ce qui en devoit faire le réfültat.
Mais il y avoit une efpece de lunette longue en
face de cet ouvrage, au travers de laquelle on
voyoit feulement le portrait reffemblant du Roi
Louis X V alors régnant.
Le méchanifme de cette opération confifte ,
comme nous l’avons dit3, à fe fervir d’un verre à
^facettes, qui dirigeant diverfement les rayons
que lui porte l’objet, n’ en rapportent à notre oeil
que les points néceffaires à former une reprefen-
tation qui lui eft étrangère. On voyoit dans la
bibliothèque de Sainte Genevieve des effets de
jDioptrique de ce genre fort intéreffans, & dont
l’exécution n’ eft pas très-difficile, fi l’or, en juge
par les livres de Perfpeftiye curieufe du P. Duhamel
8c du P. Niceron,
P e r s p e c t i v e propre aux Théâtres*
Lorfque l’on veut imiter la nature par l ’art de
peindre , fur des champs feparés les uns des autres
, ainfi qu’ il fe pratique dans ce qu’on nomme
des décorations, on fent qu’ il faut ufer de moyens
plus compliqués que pour un tableau peint fur
une même fuperficie ; car les chaflis offrent des
intervalles qu’ il faut remplir de maniéré qu’ ils
femblent ne faire qu’un feui 8c même tableau,
& ils font pofé* à des diftances diverfes qui exigent
une méthode propre à les unir tous enfem-
ble. Le choix de l’horizon , celui du point de vue,
demandent encore une attention particulière.
Nous allons donc indiquer les principes adoptés
fur tous ces points , pour la perfpeéfcive confide-
rée relativement aux décorations théâtrales.
Cette fcience rencontre des difficultés infur-
monfables par rapport à l’horizon & au point de
vue qu’ on doit y mettre 3 car les fpeclateurs pour
qui les décorations font faites, étant places a
toutes les hauteurs &.à toutes les diftances que
comportent la falle , ne jouiffent pas tous fous le
Je même afpeét, du fpeâacle que leur 'préfente le
théâtre. Cependant l ’artifte ne peut partir que
d’ un point ; il le prend ordinairement au 'centre
de fon ouvrage, fur un horizon tres-bas, comme
fi les perfonnes qui font placées au milieu du
fond du parterre ou parquet, duffent feules regarder
fon ouvrage. C’eft fur ce parti ordinairement
adopté, que l’on doit compofer les ef-
quiffesou defïins qui fervent de modèles aux décorations.
Ces deffins offrent l’enfemble de la décoration
projettée , & ils doivent être faits de maniéré
qu’en les copiant, on ne puiffe rien perdre des
objets qui les ccmpofent, & qu’on n’ait rien de
fore confidérable à y ajouter. Pour cet effet, il
faut que lê peintre connoiffe parfaitement la dif-
pofition des canaux ou cbuliffes, 8c toutes les proportions
de fon théâtre, tout ce qui regarde la
découverte que peut offrir chaque couliffe, relativement
à la diftance qui fe trouve entre elles,
& leur plus ou moins de faillie réciproque.
Le choix de la diftance doit être encore un
objet de les réflexions. Quoîqu’à cet égard la
peintre ufe d’une allez grande liberté, puifque
d e l ’orcheftre au fond de l’âmphithéatre, la fa 11«
eft remplie de fpe&ateurs , il ne doit néanmoins
jamais porter Je point de diftance au-delà de l’ef-
pace qui fe trouve du bord de l’avant- lcene , a la
partie de l ’amphithéatre qui en eft la plus
éloignée. Si cependant la falle préfentoit très-
peu de'profondeur, comme celle de Virruve à
Verônne , ou à Paris celle de la rue I'eydeaia 3
alors , pour le meilleur effet de fon tableau théâtral
, il ponrroit fuppofer avec grande djfcrétion,
que cette diftance eft un peu au-dela de la pror
fondeur de l’amphithéatre, funout fi Pavant-
feene étoxt fort la ig e , & que. la feens ne fût pas
divifëe en plufieurs parties, ainfi qu’on le voit
fur le théâtre de Vitruve.
Le choix de l’horizon, du point de vu e , &
des autres points, étant une fois arrêté •, il faut,
comme nous l’avons dit, bien connoîtreîa firua-
tion des coaliffes ou canaux , pour s’occuper efficacement
du projet ; car on ne pourroit pas, for
une feene de cinq ou fix couliffes , produire les
inventions qu’on pourroit rendre fur celles qui ,
comme à l’ancienne falle des Tuileries, ou à
celles du château de Verfailles 8c de Bordeaux ,
en offrent douze ou quatorze.
Le deflin étant arrêté d’après les dimenfions du
théâtre pour lequel il faut opérer, il s’agit de
trouver deux chofes : i° . quel doit être l’avancement
des couliffes fur la feene ? i 0. à que’le
hauteur doivent monter les objets, fuivant les
diminutions perfpe&ives ?
On réfoudra la première de ces deux di \Tcultes
par le moyen que nous allons expofer dans la fig% '
de la planche X IL elle offre le plan d’ un théâtre
avec fix canaux ou couliffes de chaque côté.
Le point de vue étant en avant en V j à la diftance
convenue, & d’après les principes que
nous avons expofés au commencement de cet
aitîcle.
Votre projet eft de montrer un rang de piliers
à fept pieds de diftance l’ un de l’autre , lefquels
doivent paroître fe fuivre. Vous faites le deflin
du plan de votre colonade en a , a , a , & c. puis
menant un rayon de a y t , au point de vue V ,
vous obtenez une leélion fur le dernier cbaffis 7
en b. Du point donné par cette feélion, vous rirez
une tangente au plan de la première colonne
marquée fur le chaflis z , & cette ligne coupant
les autres couliffes 3, 4, S>^? 7» donnent des
points qui déterminent la faillie de tous les
chaflis»
il