
le in e s , les odeurs fortes, & craindre même,
dit-on , la préfence des femmes, ïorfqu’elles
éprouyeftu des infirmités ordinaires à leur fexe.
PafTons maintenant aux nombreufes opérations
de la doru e , plufieurs de ces opérations demandent
même à être réitérées.
i . Encoller, Faites bouillir dans une pinte
d’eau une bonne poignée de feuilles d’abfynthe,
& deux ou- trois têtes d’ail. L’ eau, réduite à
moitié , paffez ce jus dans un linge , ajoutez-
y une demi-poignée de fel , 8t un demi-feptier
de vinaigre: mêlez quantité égalé de cette
> compofition faite pour préferver le bois de la
jpiquure des vers & tuer ceux qui pourroient
y être, avec autant.de bonne colle bouillante,
pour l ’employer dans cet état: encollez vos
bois chaudement avec une broffe courte de
fangliër.
La colle dont on fe fert pour les ouvrages
que l ’on veut dorer, eft celle de parchemin.
Elle eft faite de rognures de parchemin neuf
& non é crit, qu’on fait macérer & diffoudre
dans l’ eau bouillante pendant quatre à cinq
heures. On la coule enfuite , à travers un tamis
ou linge cla ir, dans un vafe très propre.
Pour la compofer, jettez une livre de parchemin
dans -fix pintes d’eau bouillante, laiflez
la fe macérer & bouillir- pendant le temps
prefcrit, lufqu’ à ce qu’elle foie réduite à moitié.
I l faut que l’eau bouille d’une manière
toujours égale. Cette c o lle , paflee. au linge
ou au tamis , & refroidie, doit avoir la con-
fiftance d’une forte gelée. Pour que , dans les
temps de grande chaleur, elle parvienne à
cette confiftance , il faut augmenter la dofe
du parchemin. La compofuion que l’on vient
de lire convient aux faifons tempérées.
La colle doit être confervée dans des vafes
de terre verniffée & dans un endroit frais
éloignée du fo le il, de route chaleur, & de
toute mauvaife exhalaifon : elle tourne aifé-
ment, fur-tout dans les temps d’orage, & fe
corrompt promptement en été; alors elleferé-
foud en une eau g ’üante qui entre bientôt en
«ne entière putréfaélion. Elle fe conferve bien
l ’hiver.
En langage de peintre & de doreur, cette
même colle , différemment abreuvée fe
nomme colle forte , colle moyennement forte
& colle foibie. Ainfi quand il eft queftion
de colle force dans ce qui c.oncerne des apprêts
de peinture ou de dorure, il ne faut pa*
prendra la colle-forte pour celle qui eft généralement
.connue fous ce nom , & qui eft à
l ’ ufage dea menuifiers & autres ouvriers en bois.
L a colle forte du peintre, eft celle dopt on
vient de -lire la compofition. En y ajoutant
«ne pinte d’eau , on en fait de la colle moyennement
forte , & avec quatre pintes d’ eau
pn la réduit à la qualité de colle foibie. Quçli
quefois en la rend encore plus légère, en Ÿ
ajoutant une plus grande quantité d’eau.
Pour dorer fur la pierre ou le plâtre, il faut
donner deux encollages : le premier de colle
foibie & bouillante , pour qu’elle pénétré bien
dans la pierre ; la lëconde de colle forte ou
moyennement forte. On ne met point alors de
Ici dans les encollages : il poiiffcro.it une pouf-
nçre faline fur la dorure, lorfque là pierre
s impregneroit de la plus foibie humidité. Le
mélange du fel n’a lieu que fur le bois , &
il y eft ndifpenfable.
2,. Arrêter de blanc. Faites bien chauffer une
pinte de très forte colle de parchemin, \ laquelle
vous aurez joinc un demi-feptier d’eau»
Saupoudrez la de deux bonnes poignées de blanc
de Bougival , vulgairemment appelle blanc
d Elpagne,. pulverifé 8c paffé au tamis de foie.
Lailfez -le une demi-heure s'infufér ; après
q uoi, vdus le remuerez bien. Donnez-en une
couche très chaude fur l’ouvrage , bien finement,
& prenant garde,, qu’ il ne refte trop
d’épaiffeur dans quelques endroits : Il faut
fouiller les fonds des fculptures avec une broffe
fine. Quoique cette couche de blanc doive
être légère , il faut cependant que le bois ou
la pierre foit fi bien atteint qq’on ne l’apper-f
çoive plus.
Prenez enfuite de la colle-forte de parche-*
min ; faupoudrez-Ia , à diferétion , de blanç
pulverifé & tamifé, jufqu’à ce que là colle nç
^paroiffe plus, & qu’ elle en foit couverte à-peu-
près de répaiffeur d’un doigt. Couvrez votre
pot, ne l’approchez du feu qu’aurant qu’il Le
faut pour le maintenir dans un état de tiédeur.
Demi-heure après, infufez votre blanc, qui
doit être remué avec la broffe , jufqu’à ce qu’on
ne voye plus de grumeaux & que le tout foit
bien mele. Quand le blanc eft un peu chaud
couchez-le avec une broffe, très finement &
très également; car fi le blanc étoit trop épais
l’ouvrage feront fujet à bouillonner. Donnez
ainfi fept, huit ou dix côuches , félon que la
défe&uoficé du bois ou du plâtre peut pex i-
'g e r , ayant foin dans les ouvrages où les parties
faillantes doivent être brunies, de bien
garnir ces parties dé blanc; car le bruni de
l ’or en eft plus beau.
On n’applique pas une nouvelle couche, que
la précédente ne foit bien féche, ce-qu’on re-
connoît en pofant le dos de la main; Il faut
aufli avoir grand foin que toutes le$ couches
foient bien égales entre e lle s ; c’eft-|-dire que
la colle foit dans toutes de la même force 8c
que la quantité de blanc qu’on y infufe Voit
la même. Si l’on mettoit une couche forte fup
une foibie, la prem:ere ne feroit pas en état
de foutenir la fécondé, qui la tireroit à elle
& l'ouvrage tomberoit par écailles.
La derniere çouefie de blanc doit être d’une
bonne chaleur , & donnée un peu claire , en
adouciflant légèremenr avec la broffe.
3. Reboucher & peau de-ckienner, Entre les
différentes -couches de blanc, il faut abattre1,
les petites boffes , boucher les défauts qui
peuvent fe trouver dans le bois, ou dans le
plâtre ou la pierre, ce qu’on fait avec un
maftic compofé de blanc & de collé , qu on
appelle gros-blanc ; enfuite on ôte les barbes
du bois en frottant avec une peau de chien
de mer, ce que les doreurs appellent peau-
de-chienner-
4. Poncer & adoucir. Quand les couches de
blanc font féches , on raille uniment des
pierres-ponces ,en les ufant fur . le quarreau ;
on en forme de plates pour adoucir les grandes
parties, & de rondes, pour atteindre les moulures
ou ce qui en a à-peu-près la forme, &
l ’on a de petits bâtons de bois blanc très
minces, pour fouiller dans les parties enfoncées
qui peuvent être engorgées de blanc.
On mouille l’ouvrage par petites parties pour
y paffer la_ pierre-ponce ; on frotte légèrement
pour lifter l’impreffion, & à mefurc qu’on
adoucit, on lave la furface avec une brofle
douce qui ait fervi au blanc, pour ôter la
bourbe qui fe forme fur l’ouvrage. On pompe
enfuite l’eau avec une petite éponge , on a
grand foin d’éviter qu’il en refte, & on enleve
très légèrement avec le doigt tous les petits
grains qui peuvent fe trouver fur le blanc.
Enfin , on paffe fur toute la furface une toile
un peu rude-, pour achever de la nettoyer.
5. Réparer. Quand l’ouvrage eft adouci,
poncé & lé c , il faut rendre à la fculpture les
premières fineffes, que lés différentes couches
de blar.c dont on l’a couverte n’ont pu manquer
d’altérer. On fe fert pour cette opération
d’ébauchoirs ou fers tournés en crochets de
différentes efpèces ; & ce travail répond à celui
par lequel on termine un morceau de fculpture.
On fent bien que fi l’ouvrage qu’on doit
réparer eft de quelque prix du côté de l’art ,
il faut que le répareur foit un artifte habile.
6. Dégraijfer. Cette opération confifte à
rendre au blanc fa première propreté. Plus
l ’ouvrage eft précieux, plus la réparation a exigé
de temps, & plus la furface a éprouvé de frottement
de main & d’outils, ce qui a terni, & ,
comme on d it, graijje le blanc. On le netcoye
avec un linge mouillé qu’on paffe légèrement
furies parties qui doivent être martes & brunies’;
& l’on fe fert d’une broffe douce, & mouillée
pour le refte. On lave enfuite le tout avec une
éponge douce,^en prenant garde qu’ il ne refte
aucun grain , ni aucun poil de broffe.
7. Prêter. L’ouvrage fe c , on le prèle légèrement
, c’ eft-à-dire qu’on en lifte bien toutes les
parties avec de la prêle, ayant foin de ne pas
«fer le blanc. On appelle prêle les tuyaux
cannelés, rudes & ftriés d’une plante qui porte
le même nom.
8. Jaunir. On met dans un demi -feptier da
bonne colle de parchemin , bien nette & tranfi«
parente, deux .onces d’ochre jaune broyée très-
fine à l ’eau. On la laifle détremper & dépofer
dans la colle chaude. Cette colle doit être de
moitié moins forte que celle qu’on emploie pour
le blanc.
Quand l’ochre eft précipitée au fond, on pafle
le deffus à travers un tamis de foie, ou une
moufleline fine, ce qui donne une teinture
jaune. On la fait chauffer, & on l’emploie très-
chaude avec une broffe fort douce & bien nette.
On jaunit ainfi tout l ’ouvrage, avec l’ attention
de ne le pas frotter trop long-temps; car on
détremperoit le blanc, on lui feroit perdre les
fineffes de la réparation, & tout l’ouvrage feroic
gâté. '
Cette teinture jaune remplit les parties enfoncées
où l’or ne pourra pénétrer : elle fert auffi
démordant pour renit l’aflietre & happer l’or.
9. Engrainer. Il faut attendre que le jaune
foit bien fec. Alors on prêle encore une fois
''toutl’ouvrage, dont la furface ne doit conferver
‘aucune inégalité.
10. Coucher d ’affietie. Nous avons donné la
préparation de l’alliette dans le vocabulaire des
fubftances & inftruinens néceffaires au doreur.
On détrempe cette affiette dans de la colle
légère de parchemin , un peu chaude, paffée ,
tamifée, & très.-nette. On en donne trois
couches avec une petite broffe de foies de porc
longue, mince, & douce.
11. Frotter. Quand les trois couches d’ aftiette
font sèches, on frotte avec un linge neuf 8c
feb les parties qui doivent refter mattes. Par
ce moyen , l’or qu’on ne doit pas brunir s’étend
& devient brillant ; & quand on applique l’or
l’eau coule deffous, fans tacher.
Mats on ne touche point avec le linge les
parties qui feront brunies ; on donne fur ces
parties deux couches de la même afiiette ■ détrempée
dans de la colle à laquelle on ajoutera
un peu d’eau pour la rendre plus douce.
iz . Dorer. Prenez de l’or très - beau, d’égale
couleur, & non piqué; il fe vend en livrets
depuis le prix de foixante-dix livres le millier
en feuilles, jufqu’à cent cinquante. Les ors les
plus généralement employés dans la dorure
coûtent depuis quatre-vingt jufqu’à cent vingt
livres le millier de feuilles.
Vuidez un livret d’or fur votre couffin. En-
fuite, avec des pinceaux de différentes groffeurs
proportionnés aux formes de ce que vous voulez
dorer, mouillez votre ouvrage avec de l ’ eau
• claire, pure, nette , & très-fraîche ; dans Pété
on y ajoute meme de la glace^. Il faut changer
d’eau de demi-heure en demi-heure, ne mouil-
1 lant chaque place qu’ à mefure qu’on y veut