
quelques graves défauts de convenance, maïs
qui n’ en refie pas moins célébré entre les plus
beaux ouvrages de la fculpture moderne. Les
autres figures qui font partie d e -ce monumen
t, & qui repréfentent Jules I I lui-même,
la Vierge , un prophète & une Cybille ne l'ont
pas de l'a main -, elles ont été exécutées fur
fes modèles par Raphaël da Monto-Lupo &
d’autres liatuâires habiles. Les deux figures
d’Eic laves , non terminées, que l’on voit aujourd’
hui à Paris dans le jardin de l’hôtel de
Riche lieu, faifoient parcie du premier projet
de ce monument & font.de la main de M ichel
Ange. La manoeuvre hardie de ces deux
morceaux e fl capable d’effrayer nos flatuait-es,
plutôt que de les engagera l’imiter.
( 7 ) Jacques T atti , n’efl connu que Tous
le nom de Sansôvino , qui efl celui d’ un bourg
de Tofcane près d’Arezzo, où il naquit en
1477. Cet arcifle efl célébré à deux titres ,
celui d’ architeéle & celui de fculpteur : nous
ne le çonfidérerons que fous le dernier. André
Contucci, qui avoit alors de la réputation
, lui donna les principes de la fculpture,*
André del Sarto, Ton ami, peintre célébré ,
lui infpira le goût.
Amené à Rome encore jeune, il fit en concurrence
avec deux fculpteurs habiles le modèle
du fameux grouppe antique de Laocoon
pour le jetter en bronze ; le lien eut la préférence,
& il l’obtint au jugement de Raphaël-.
II venait de copier un chef-d’oeuvre avec
fuccès : ce fut avec le même fuccès qu’il fut
occupé a en reftaurer d’autres.
Obligé par le mauvais état de fa fanté de
retourner à F lo rence, il y fit une Vierge
pour l’oratoire du marché neuf, & les figures
des apôtres pour l’églife de Sainte Marie des
fleurs; mais ce qui couronna la réputation, ce
fut la flatue en marbre du jeune Bacchus,
qui fut regardée comme le plus bel ouvrage de
c e temps. Placée dans la galerie du grand-duc,
elle a été détruite par un incendie en 176a,
& il n’en refie plus que la gravure dans le
tome I I I du Mufée de Florence.
De retour à Rome, Sanfovin fit, pour l ’églife
de Saint Auguilin, une Notre-Dame en
marbre , & un Saint-Jacques pour celle des
Efpagnols.
I l quitta cette -ville lorfqu’ elle fut faccagée
en 152/7 par les'troupes d’Efpagne. Son deffin
étoit de paffer en France, & il étoit engagé
à faire ce voyage par l’ invitation de François
I , mais il fut retenu à Venife & obtint la
place d’architecte de la république. I l fit une
Vierge en marbre, qui efl placée fur la porte
de l’églife' de Saint-Marc & trois figures en
bronze } repréfentant un miracle de ce Saint* On
les voit dans la chapelle ducale de ce même
temple.
La loge de la place de Saint-Marc efl l’ouvrage
de Sanfovin : il plaça dans les niches
quatre flatues de bronze, repréfentant Pallas,
Apollon , Mercure & la Paix , & un bas-relief
allégorique au milieu de l’attiquè,
La Vierge en marbre de l’églife de Saint-
Marc , & un Saint Jean-Baptifle, aufïi en
marbre , qui efl au defïus du bénitier de celle
de Cafa Grande, p a fient pour les chefs-d’oeuvre
du Sanfovin, en fculpture. On loue en géné-
raf la légèreté de fes draperies & l’aélion de
fes figures ; mais W inckeimann lui reproche
une excefïive monotonie dans l’exécution. I l
efl pour l’archite&ure l’ un des artïfles les plus
célébrés de l ’Italie. Il mourut à Venife en
157°» âgé de quatre-vingt treize ans.
(8 ) Baccio Bandinelli, né à Florence
en 1487, eut pour maître fon père qui étoit
orfèvre & qui le deflinoit à fa profèfiion. L’or-,
fevrerie efl bien une branche de la fculpture,
mais le jeune Baccio vouloir exercer cet arc
dans toute fon étendue, & il en reçut les le -
| çons du Ruflici- I l étoit encore plus animé par
l’envie que par les difpofitions naturelles. &
par l’émulation. Bon defïinateur , il crut pouvoir
le rendre l’émule de MicheNAnge, &
entreprit de peindre à l’huile & à frefque :
mais il ne recueillit de cette tentative que
des dégoûts, & retourna fans partage à la fculpture.
Il n’avoit guère fait encore que de petits
modèles; il exécuta, en marbre un Mercure
tenant une flûte, figure eflimée , & qui fut
envoyéeà François I. Il fit à Rome pour Léon
X , Orphée qui adoucit Cerbere par le fon de
fa lyre. Chargé de copier en marbre pour la
France le grouppe du Làqeoon, il parut avoir
égalé fon modèle. Clément V i l voulut garder
cet ouvrage pour la galerie de Florence où
il a été détruit en 1762. par un incendie , &
il a ma mieux envoyer à François T de véritables
antiques d’un mérite inférieur, que
ceue belle copie d’un chef-d’oeuvre de l’an-
i tiquité.
| Le Bandinelli finit en 1534, à Florence
Hercule étouffant Càcus. Ce morceau efl placé
près du David de Michel-Ange , & fou-
tient cet effrayant voifinage, Mais fes talens
furent.dégradés par fon caraélére. Ardent à envahir
toutes les entreprifes, il employoit tous
les moyens de les enlever a fes confrères ,-Jes
commençoit, recevoit des à-comptes fur lç
prix convenu , & il les abandonnoit. La réputation
des grands artifles faifoir fon tourment
, & on l’accufe d’avoir détruit des car-?
tons célèbres de Michel-Ange & de Léonard
de Vinci. Sa manière étoit lavante , mais fau-
vagç : on y reconnoît un imitateur de Michel-
Ange qui n’avoit pas reçu de la nature le
grand caraélère de ce maître. On voit cependant
de lu i, au palais P itti, un Bacchus en
marbre traité d’ une manière gracieufe. C’efl
lui qui a reflauré le bras droit du Laocoon
dont l’original étoit perdu. Savant dans l’anatomie,
on l’ accufe en général d’avoir trop af-
feélé de montrer toute fa fcience. On voit de
lui à Rome les bas-reliefs des tombeaux de
Léon X & de Clément V U . Il efl mort, en 1
1559, âgé de foixante & douze ans. Son caraélère
avoit nui à fa réputation qui augmenta
après fa mort.
F (9) Benvenuto Cellini, né à Florence
en 1.500 , fut peintre, orfèvre & lculpteur. Il
efl du nombre des artifles qui furent appelles
en France par François I. Il fit pour ce prince
plufieurs figures en bronze & des ouvrages d’or-
. fevrerie. De retour dans fa patrie, il prouva que
les beaux arts peuvent s’accorder avec les talens'
guerriers. Clément V I I lui confia la dé^
fenfe du château Saint Ange , & Parti fie fe
diflingua par fa prudence & fa valeur. Il a
publié l’hiftoire de fa vie & un traité de la
fculpture. I l efl mort à Florence en 1570, âgé
de. foixante & dix ans.
( 1 0 ) P roperzia Ro s s i , , de Bologne, efl
la feule femme qui fe foit fait connoître dans
la fculpture , jufqu’ à ce q ue , de nos jours , une
autre à étonné par Tes talens la Ruffie 8c la
Hollande. On ignore l’année de la naiffance
de Properzia/ Nous ne -parlerons pas ici dès
figures qu’elle tailla fur des noyaux de peche,
ni de la pafïion de Jéfus-Chrifl qu’elle traita
en bas-relief fur l’ un de ces noyaux ; ces petits
ouvrages fuppofent de la patience & l’a-
dreffe ; mais ils fe perdent devant les grands
ouvrages de Part. La réputation de Properzia
efl fondée fur le bufle du comte Guido & fur deux
anges en marbre dont elle décora la façade
de l’églife de Ste Pétronie. Etant mariée, elle
e u t , dit-on, le malheur de concevoir une pafi-
fion violente pour un aiitre que fon époux ,
& de ne pouvoir la faire partager. Dans une
fituation femblable à celle de la femme de
de Putiphar, elle efpéra de foulager fon coeur
en repréfentant dans un bas-relief la pafïion
de cette malheureufe Égyptienne; mais rien
ne put charmer fa douleur qui la conduifit au
tombeau. D’autres récits font plus favorables
à la mémoire de cette iméreffante artifle. On
dit que calomniée par un certain Amiconi,
elle mourut de douleur à la fleur de l’âge en
1530. Née pour tous les talens, elle avoit
peint & gravé quleques fujets d’ hifloire , &
trou voit fies délaffemens dans la mufiq.ue. Avec
tant de moyens de plaire, efl-il vraifcmblable
qu’elle ait aimé & n’ait reçu qhe des mépris?
Croyons plutôt kti .caraélère atroce d’Amiconi ?
qu’ à la folle pafïion de Properzia.
( 1 1 ) Daniel Ricciarelli, dit de Vol-
terre , parce qa’ il naquit dans cette v ille de
la Tofcane en 1509. Voyez ce que nous avons
dit de cet artifle à l’article Peintres,. Sa lenteur
au travail l’a empêché de faire un grand
nombre d’ouvrages en fculpture, & il en a
laiffé plufieurs imparfaits.
( i z ) Jean Goujon, né à P an s , on ne fait
en quelle année ( efl le premier 'fculpteur dont
la France fe glorifie. Ôn ignore les circonf-
tances de fia vie ; il n’e fl connu que par fes
ouvrages. On voyoit de lui à la porte de la
pompe Notre-Dame un bas-relief repréfentant
un fleuve & une nayade; le deffin en étoit
d’une grande élégance. I l a orné de quatorze
mafcaroas l’arcade qui conduit à l’hôtel du
premier préfident. Dans la cour du louvre à
l’ordre compofne, il a repréfenté dans une
frife des en fans entrelacés avec des feflons>
Dans les frontons circulaires qui couronnent
les corps avancés de l’ordre compofite, il a
repréfenté Mercure, l ’Abondance,, & au milieu
deux génies qui fupportent les armes du
roi. Dans les entrepilaflres de l ’attique, les
efclaves enchaînés 8c les figures allégoriques
font des ouvrages de ce maître. . G’ êfl aufïi
de lui qu’on v o it , au château de Ste Geneviève
des bois, à deux lieues de Corbeil
j deux nayades coèflées de rofeaux & épanchant
leurs urnes. Mais les chefs-d’oeuvres de cet
artifle font les bas-reliefs de la fontaine des
nymphes , qu’on nommoit la fontaine des In-
nocens ; ouvrages traniportés depuis peu à la
nouvelle halle. Le faillant en efl très doux.
» L’intelligence , dit Dandré Bardon , qui a
» ménagé les tournans des objets en 1 aille ap-
» percevoir toute la rondeur. Les figures n’y
» parodient nullement appliquées fur un fond :
» elles ont fur leur milieu une faillie fuffi-
» fante qui leur prêtre la convexité du r.atu-
» r e l, & qui les met en harmonie avec l ’en-
» femble dont elle font portion. Cet ouvrage
» efl un de ceux par léfquels les fculpteurs
» modernes fe rapprochent le plus des ficulp-
» teurs anciens. Il préfente une compofition
» d’une noble fimplicité; des nayades deffi-
» nées d’un goût correét, dans des propor-
» tions fveltes 8c dans des attitudes animées par
» les grâces. Leurs draperies légères, comme
» étoient celles dont on ufoit anciennement
; » dans f ille de C o s , laiffent décemment en-
» trevoir le nud qu’elles cachent, & n’ y font
- » adhérentes qu’avec une forte de difcrétion,
» Des perfonnages des deux fexes & d’âge
» divers y forment de gracieux contraflesj