Nous n’ expliquerons ici que deux planches
de myologie, & ces explications ne feront pas
loin d’ êcre fuffifantes pour les artiftes. 11 fera
bon qu’ils y joignent quelque bon écorché en
plâtre , & qu’ ils faffent des études en grand pour
les mufcles de la tête=, des mains & des pieds.
I l faudra furtout, avant d’étudier les planches
de myologie, prendre une connoiflance exaâe
de celles d’ofléoîogie , & bien examiner d’apres
elles un lqueiette naturel. Voyez l’article Os-
TÉOtOGIE.
En étudiant la myologie relativement aux arts
du delïin , il faut penler que de l’origine 8c de
l ’ infertion du mu ici e , dépend la qualité de fon
aâ ion . Quand il a g i t , il tire toujours du côté de
l’on principe , comme pour y joindre la partie à
laquelle il eft inféré. Ses deux extrémités font
nerveufes , fon milieu eft charnu ■ ; ;fes fibres fe
>*eflerrant du côté de l’ inlertion , compofent un
fort tendon , qui eft comme une corde fortement
attachée à l’os. Ces tendons paroiffent bien plus
dans les mufcles des extrémités que dans ceux du
tronc.
Une réglé générale , touchant l’office des mufcles
, c’ eft que foutes les fois que le mufcle fait
mouvoir un os & qu’ il le tire de fon côté, il devient
plus court, plus relev é, plus large, plus
apparent , parce qu’ il fe ramafle dans fon milieu.
Au contraire , îorfque le mufcle laifle aller l’os
quiefttiré d’ un côté oppofé, fon ventre s’ allonge
& s’étrécit. Ainfi le defîinateur doit bien prendre
garde au ventre ou milieu du mufcle , & fe fou-
venir que le mouvement des mufcles fuit toujours
l’ordre des fibres qui vont de l’origine à
i ’infertion.
P L A N C H E P R E M I E R E ,
Tleprèfcntatit un écorché vu de face , d'après
Aibixvs*
a. a. Les mufcles frontaux.
b . Le mufcle fupérieur de l’oreille.
c. Le mufcle antérieur de l’oreille*
d. L’orbiculaire des paupières,
c . L e mafletier.
f . Le grand incifif.
g . Le petit zygomatique. h. Le grand zygomatique.
ï. Le triangulaire .de la levre inférieure,
le. Le quarréde la lèvre inférieure.
1. Le maftoïde ; il vient du fternum & d’une
partie de la clavicule , & va s’ inférer à une partie
de l’os de la tempe. Il tire la tête 8c la baiffe en
ayant*
m. Le fternoyoïde. Il vient du fternum ,& va
s’ inférer à l ’os yoïde , que le vulgaire appelle 1©
morceau d’Adan*.
n. Le Sternum , le brechet, ou l’os de la poitrine
que quelques uns divil’ent en 7 8c d’autres
en 4 ou 5. Toutes ces divifions s’unifient par
l’dge 9 8c ne font à la fin qu’un feul os. Il e ft
toujours fans chair & ne peut être couvert que
de la peau : de-là vient que l’on y voit paroître
le bout des côtes qui y font appuyées , à moins
que la graille n’en empêche, comme il arrive
aux femmes & aux jeunes hommes.
o. Portion du trapeze. Voyez le développement
de ce mufcle dans la planche II.
p. Deltoïde. I l vient d’une grande partie de la
clavicule , & de toute l’épine de l’omoplate
v a , par-deflus la jointure du bras, finir à la partie
fupérieure & poftérieure de l’os du bras. Ilé léve
le bras, & efteompofé de plufieurs lobes qui fe
réunifient tous en un feul tendon.
q. Le grand peétoral. Il prend fon origine de
prefque tout le fternum, 8c de la fixiéme, fep-
• riéme & quelquefois huitième côtes : il va finir
à l’os du bras entre le deltoïde & le biceps. Sa
fonélion eft d’amener le bras vers l’ eftomac.
r. Le biceps. Ce mufcle eft ainfi nommé parce
qu’ il a deux têtes. Il vient de l’emboiture de l’o*
moplate de part & d’autre, & va s’ inférer au
commencement du radius. Il fléchit l’avant bras.
s. Le long extenfeur du coude.
t. Le court extenfeur du coude. Le long extenfeur
vient de l’omoplate ; & le court, de la
partie fupérieure de l’os du. bras. Tous deux ne
font qu’ un même tendon fort large , & vont s’ inférer
au coude. Ces deux mufcles n’ont qu’une
feule infertion , & font fort charnus à leur principe.
Ilsétendentle coude & l’avant-bras, comme
leur nom l’exprime.
u. Lebrachial. Il prend fon origine au commencement
ou environ de l’os du bras , y étant
fortement attaché, & va s’inférer, par deflbus 3e biceps, à la partie 111 péri eure de l’os du coude.
On ne voit ici qu’ une partie de ce mufcle : le
refte eft recouvert par le biceps. Us concourent
tous deux à fléchir l’avant «bras. Tl eft inutile aux
artiftes de chercher à réfoudre s’il y a un brachial
externe 8c un brachial interne, ou, comme
d’autres s’expriment, un brachial antérieur & un
poftérieur , ou bien fi ce n’ eft qu’une raaffe de
chair attachée aux extenfeurs.
x. Le longfupinateur du rayon. Tl vient de la
partie inférieure du bras, & fe termine à la partie
inférieure du rayon. Il fe r t, comme fon nom
l’ indique, àé’ever le bras. Ce mufcle , ainfi que
les autres de l’avant-bras , n’eft jamais fi marqué
que quand la main eft fermée , ou qu’elle ferre
quelque chofe avec force. Car les mufcles du
dedans agîffent dans cette aélion avec violence |
& fe ramaflant au dedans du bras, pouffent ceux
qui font au dehors & les font paroître davantage.
C ’eft ce qui n’arrive point dans les aélïons contraires
9 dans lefquelles les doigts font étendus.
y . Le rond pronateur du rayon. Il vient de la
tête interne de l’os du bras , & va obliquement
s’ inférer à la partie interne du rayon. Son nom
marque qu’ il tourne le rayon en bas ; fon aélion eft abfolument contraire à celle du fupinateur.
z. Le radial interne , ou fléchifleur fupérieur
du carpe* Il vient de la tête interne de
l ’os du bras •, 8c va , montant obliquement par-
defiiis l’os du rayon , finir au -premier os du métacarpe
qui foutient le pouce. Son a&ion eft de fléchir
le poignet.
1. Lelongpalma:re vient de la tête interne de
l ’os du bras , & va dans la paume de la main fe I
diftribuer aux quatre doigts. Il tire fon nom du
mot palma qui fignifie la paume de la main : il
fléchit les doigts au moyen des quatre tendons
par lesquels il fe termine.
а. Le fléchifieur du pouce ; fon nom fait con-
noître là fon&ion.
5. Extenfeurs du pouce. Ce mufcle eft double :
i l naît vers le milieu de l’avant-bras, 8c va s’ inférer
parties & Ibuvent en cinq , par de fortes inter-
feélions nerveufes , lefquelles font autant de
bandes qui croifenc la ligne blanche pour fortifier
obliquement anx jointures du pouce.
4. Le radial externe : Ion afticn eft oppofée à
celle du radial interne.
5. Le long extenfeur du pouce. Voyez 3.
б . Le ligament annulaire externe. *
7. Les digitations du grand dentelé. Ce mufcle
prend fon origine de toute la partie intérieure
de la bafe de l’omoplate , & va tranfverfalement
s'inférer aux huit côtes fu péri eu tes ; quelquefois
même il va jufqu’àla neuvième. Il finit en forme
de doigts , comme on peut l’obferver. Ces fortes
de doigts ou de feftons qui le font nommer dente
lé , font au nombre de huit. I l fe joint au mufc
le oblique par digitation; c’eft-à-dire, comme
des doigts qui s’entreferrent les uns les autres.
8. Le mufcle droit du bas-ventre qui paroît à
travers l’aponévrofe du grand oblique. U prend
fon origine à l’os pubis , & va s’ inférer à côté du
cartilage xiphoïde, Plufieurs penfenr, au contraire
, qu’ il prend fon origine à côté du cartilage
xiphoïde, & qu’il va s’inférer à l ’os pubis. Ce
qui rend la première opinion plus vraifemblable,
c ’ eft qu’ il tire le corps en avant, & qu’il le foutient
lorfqu’ il eft penché en arriéré , ou qu’ il eft
fur le dos. Toutes ces éminences & cavités que
nous voyons fur le ventre, depuis le fternum
jusqu’au pénil, ne font donc pas plufieurs mufcles
différens ; mais un feul divifé en plufieurs interférions
, qui font autant débandés pour le fortifier
à caufe de fa longueur. Ce mufcle s’étend I
tout le long du ventre. I l eft diyifé en quatre 1
le mufcle à caufe de fa longueur. Si la figure
qu’on repréfente eft fv e ite , il nefaur pas craindre
d’y fpécifier, au-deflous du nombril, une de ces
interfeélions , puifqu’ on peut même en tifer delà
forte dans les figures d’ une mefure ordinaire &
bien proportionnées. Mais il eft bon de ne la pas
marquer dans les figures auxquelles on juge à
propos de donner une proportion courte. Ces interférions
ne font pas tout-à-fait également d atantes
entre elles : mais il y en a toujours trois
au-deffus du nombril, & celle du milieu eft toujours
la plus grande. Quant à l ’mterléélion qui
e f t près du nombril, le naturel n'eft pas toujours
le même. Certains fujets l’ont au milieu du nombril
; quelques uns un peu au-deflus, d’autres
encore plus élevée. Les deux premières conformations
font celles qui 1e remarquent le plusor-
dinairement dans les antiques. Ce mufcle, airfi
fortifié par fes interferions nerveufes, fert à relever
le corps , lorfqu’il eft couché fur le dos,
8c à foutenir fon poids quand il panche en arriéré.
Les mufcles obliques lui prêtent fecours
en cette occafion. Mais l’aponévrofe de l’oblique
qu> couvre ce mufcle eft fort mince, & les interferions
nerveufes en font tellement bandées ,
j que la peau ne les peut dérober à la vue. Ce
mufcle eft double & n’eft féparé d’avec fon compagnon
que par la ligne blanche.
9, L’oblique. Il vient delà fixiéme ou feptiéme
côte du thorax^ joint le dentelé par digitation ,
& va s’ inférer à la côte extérieure de l’ os des
îles & de. l’os pubis: il fe perd par un tendon
fort étendu & fort mince à la ligne blanche. On
peut croire cependant que fon origine eft en bas
& fon infertion en haut ; car il partage les fonctions
du droit 8c a la-^nême a rion : celle de foutenir
le corps qui panehe en arriéré, & de l’aider
à revenir en avant. I l fert, ainfi que le dentelé,
à la refpiration. Ces deux mufcles Ce font fentir
d’autant plus diftinélement, que le corps agit
avec plus de violence & fe porte davantage du
côté oppofé. Il fa it, par cette a&ion , étendre la
peau, qui en devient moins épaiffe ; mais le
contraire fe fait de l’autre côté » car la peau venant
à fe ramafle r , ne laifle voir les dents de ces
mufcles que confufément, & elles celfent même
abfolument d’être fenfibles quand le corps eft fort
penché : cet effet eft encore plus remarquable
chez les vieillards, parce qu’ ils ont la peau
moins adhérente au mufcle. L’oblique couvre
tout le ventre ; mais il eft fi mince par-deffus le
mufcle droit, qu’il ne l’empêche point du tout
de paroître. Ce mufcle droit eft encore très-évident
, même avec la peau.
10. La ligne blanche. C ’eft ainfiqu’onappelle, à caufe de fa couleur, une longue bande, forte