
donna cependant pour morceau de réception
que le portrait dû fcülpteur Desjardins-, mais
ce portrait eft hiftorié, & il montra en même
temps un crucifiement qui n’éroit pas terminé.
Ce fut apparemment pour s’ acquitter envers
l’Académie , qu’ il lui donna dans la fuite le
tableau qui repréfentë Saint-André. Quoiqu’ il
ait fait encore quelques autres tableaux historiques,
c’ eft fur la beauté de fes portraits
qu’eft fondée fa réputation , & elle eft-bien
méritée. Si l'on peut lui reprocher d’avoir un
fieu trop afféâé de répandre la richeffe dans
les acceffoirès , ce défaut brillant plaifoit à
ceux qui employaient (on pinceaù, & déve-
loppoit fon talent à traiter tous les genres. On
peut le plaindre de ce qu’ il a travaillé dans
un temps où regnoit la mode ridicule des
grandes perruques : on aime à rencontrer ceux
de fes pottraits où il n’a pas été obligé de
repréfenter .ce bizarre déguifement. I l eft mort
à Paris en 1745, à l’âge de quatre-vingt-
quatre ans. -
Entre le grand nombre de portraits gravés
d’après ce peintre, nous nous contenterons de
citer ceux de Boffuet & de Bernard Picard
par Drevet -, celui de Desjardins, par Edelinck •
celui de Mignard , par Smith.
$ qh’ell e convient à des orages &
i f a des tempêtes : aufiî eftime-t-on fes marines
» plus que fes payfages ».“I l occupa différentes
cnarges de magîftrature, cultiva l’art fans intérêt,
& avec autant d’afiiduité que s’il en
avoit attendu fa lùbfiftance. I l eft mort vers
172.0.
, >, . * ~ “ j uc rjecoie J.TOIlandoife
, fille du médecin Rüifch fi célèbre
par les admirables préparations anatomiques,
ifc époufe de Juriaen Pool , bon peintre de
portrait. Seule & fans maître, elle s’avança
dans l are du deffin , en crayonnant, d’apres
des tableaux ou des . eftampes, les objets nui
1 interefloient , & reçut enfuite les leçons 5.® Van Aelts peintre de fruits & de fleurs
Plie furpafla fon maître, & fembla même fur-
pafler la nature par le goût & l’ intelligence
avec lelquels elle choififfbit & difpofoit les
Heurs & les fruits, par-fa manière de les faire
contrafter. Elle les accompagnoit d’ infeâes dont
la vérité etoit capable de faire Mlnfion. Ses
ouvrages font rares même en Hollande, parce
que l’auteur les confacroit à l’élefteur Palatin.
Elle eft morte en 1750. âgée quatre-
vmgt-lix ans.
(2,84) R obert V an Oudenaerde , de l’ é-
.cdle Flamande , né à Gand en 1663 , prit les
leçons de plufieurs peintres de fon pays, entra
dan3 l’école de Carie Maratte à Rome ;
& grava les principaux ouvrages de ce maître
fous fes yeux. Il peignoit l’hiftoire & le portrait
, & paffoit pour Fun des meilleurs poètes
latins de fon temps. Ilre fta quinze ans à Rome
toujours chargé d’occupations, & retourna enfin
dans fa v ille natale où le voit le plus grand
nombre de fes ouvrages, & où il mourut en
1743 , âgé de quatre-vingt ans.
( 2.85 ) J ean-Antoine V andér L éepe , de
l ’école Flamande, né à Bruges en 1664, n’eut
jamais d’autres;leçons de peinture que celles
qu’ il reçut dans fon enfance de l ’une de ces
religieuses de Flandre qu’on appelle béguines.
Elle..peignoit à gouazze. des fujets qu’elle exé-r
cutoit enfuite en broderie ; il prit plaifir à la
voir travailler , & parvint bientôt «à l’imiter.
I l effaya enfuite de peindre à l’huile & ne
tarda pas à exciter l’admiration des artiftes.
Des études faites d'après nature dans, la campagne
& fur le bord de la mer achevèrent fon
éducation pittorefque.
» Ses payfageT, dit M. Defcamps , font com-
» pofés dans la manière ^’Abraham Genoels,*
» & quelquefois comme ceux du ,Pouflin. Il
>5 peignoit avec une facilité lingulière. Sa ton-
» çhe eft-très-libre , fes arbres bien feuilles
p fy. couleur affez bonne, mais un peu grife ’
(287) Joseph-Marie Crespi , dit VEfpa•
gnol, de l ’école Lombarde,, naquit à Bologne
en 1665 , eut plufieurs maîtres, & fe forma
furtout par l’étude des célèbres peintres de-
l’éçole Vénitienne ^ du Barroche & dé Rubens.
Guidé par de tels modèles, il dût devenir
colorifte.' Pour rendre l’effet de fes tableaux
plus piquant, il affedoit de tenir fes
fonds obfcurs, & de répandre fur les figures
des premiers plans de grandes lumières, tantôt
empruntant la clarté du fo le il, tantôt celle
d’un flambeau élevé. I l faifoit un grand ufage
de la chambre noire. Il fe plaifoit à repréfenter
des .nuits & des mers tourmentées de
la tempête.' Ses tableaux, dans lefquels il a
cru pouvoir remplacer le génie par la bizar-
reriè , font terminés avec un grand foin. I l
en a fait un-grand nombre qui repréfentent
des caricatures & des fujéts facétieux. Il eft
mort aveugle à B ologne, en 1747, âgé- de
quatre-vingt deux ans. •
Daniel Crespi. Je ne "fais à quelle époque
ni. dans quelle école placer cet artifte , qui
eft plus connu fous le nom de Cerano. M. Co-
chin lui accorde un beau pinceau, un faire
facile , une couleur aimable & fraîche , des
tons fort agréables, quoiqu’ un peu maniérés
un deffin hardi & de bon goût quoique peu
correét., .une chaleur d’imagination peut-être
exceffive.
(288) Corneille dv Sa r t , de l’école Hol*-
ïandoîfe , né à Harlem en i66f & éïeve de
Van Oftade, eft inférieur à fon maîtré quant
à l’exécution pittorefque, mais il eft plus noble
dans Tes compofitions , plus fpirituel dans fés
conceptions. Il a furtout reprelente des laboratoires
de chymiftes , 'dès fet.es flamandes ,
des buvettes î il a auffi peint les fleurs , &
a fait des deflirïs eftimés, à l’en c r e ‘ de la
chine, aû crayon & à l’aquarelle. Il eft
mort fubitèment en 1704 > a l’âge de trente-
neuf ans.
I l a gravé lui-même à l’eau fo r teW o lle t t
a gravé deux payfages d’après ce peintre.
(289 ) Benedetto Lutti , de l’école F lo rentine,
né à Florence en 1666, eft peut-être -,
le feul peintre de cette école qui air plus recherché
la couleur que le deffin. On ajoute
qu’ il eftimoit les bons peintres françoî's, ce qui
eft encore une qualité rare entre les artiftes
florentins. Il n’étoic pas toujours corred dans-
les formes, avoit de belles parties de coule
u r , faifoit de belles têtes & agençoit bien
fes compofitions. Il vint a Rome vers 1 âge
de vingt-quatre ans1, & y mourut en 1724,
âgé de cinquante-huit ans. On compte entre
fés éleves Jean-Baptifte & Carie Vanloo.
Beauvais a gravé d’après ce peintre^, une
Magdelaine pénitente de la galerie de Drefde;
F r. Bartolozzi, Atalante 8c Hippomene, &
Karciffe». ' ' '., î' s,' ' '
(2,90) Georges Philippe Rugendas , de
l ’école Allemande, né à Au g (bourg en 1666, ;
'fe décida de bonne heure pour le genre des
batailles : des tableaux du Bourguignon, les
eftampes de Tempefte , fortifièrent en lui cette,
inclination , & guidèrent fes premiers pas
dans la carrière. Il fe fortifia par les études
opiniâtres qu’ il fit à Vénife & à Rome ; &
acheva de le perfeéfionner en voyant le fie g e ,
' Je bombardement, la prife & le pillage d’Augf-
bourg; Pendant que toute la ville étoit plongée
dans la crainte, le tumulte, le défefpoir ,
pendant que lui-même étoit ruiné par ce fu-
nefte événement, il s’expofoit aux plus grands-
dangers pour obfetver d’ un oeil ftudieux , les
. effets du féu de l’artillerie.& de la moufque-
terie , lès attaqués de l’ infanterie & dé la ci-1
■ valcrié, les hotreurs de l’ affaut & celles du
carnage. Son génie étoit à la fois abondant
& f é d é r é &: fon deffin correcf3 fes bons ouvrages
fe fentent de l’étude de la nature. Il
a eu trois manières dans les diftérens'âges de
fa vie. Dans la première, il cherchoit peu la
correction -, il s’occupoit de la couleur & de,
la touche/Îîans1 la fécondé -il a néglige la
' couleur, & s’éft appliqué furtout a exprimer
correctement la vérité. Dans la troifiemè, il
a fait concourir la couleur à .la jufteflb des
expreflions, â la vivacité des mouvemens* Cec
artifte, qui tient un rang diftingué entre les
peintres de batailles, eft mort en 1742, âgé
de foixante 8c leize ans.
I l a : g f é un grand nombre de fes compo-
fitions'a l’eau-forte eu en manière noire. Il y
a même eu d’aflez longues périodes de fa v ie ,
pendant lefquelies il ne s’eft occupé que de
la gravure.
(291 ) Joseph-Gabriél Imbert, de l’école
Françoile, né à Marfeille "en 1666, fut éleve
de Vander-Meulen & de Lebrun , 8c ne con-
ferva la manière de Fun ni de l ’autre de fes
'maîtres. Il entra vers l’âge de trente-quatre
ans., en qualité de frère, dans l ’ordre de Saint-
Bruno , 8c prit l’ habit dans la chartreule de
Villeneuve d’Avignon où il . a, paffé fa v ie.
Quelquefois fes talens furent fécondés & quelquefois
contrariés par les fupérieurs. I l a travaillé
pour differentes maifons de fon ordre,
& furtout pour celle où il vivoit. On regarde
comme fon chef-d’oeuvre le calyaire., tableau
du maître-autel de la chartreufe de Marfeille.
» Le goût du deffin , dit Dandré Bardon, le
» ton de la couleur, les nuances du pathé-
» tique & du p it to r e fq u e le contrafte , la
» jufteffé des expreflions, y font ménagés avec
». intelligence. L’ouvrage3. en général , eft fi
» intéreflant qu’on ne peut le confidérer avec
» attention fans être affeClé des fentimens que
» doit inlpirer le fujet ». Ses, élèves publient
qu’ il avoir fur fon art dès principes profonds.
Il eft mort en, 1749 > ûgé de quatre - vingt
trois ans.\
(2 9 2 ) Antoine Bai,es-tra , de l ’école Vénitienne,
naquit à Vérone en 1666. Il ne fe
contenta>pas d’étudier les grands colorîftes
de fa nation , il alla fe mettre à Rome fous
la conduite de Carie Maratte : ,&.paffa enfuite
à Naples pour y obferver les beautés particulières
aux peintres de ce royaume. I l fe for;-
ma un bon caraftère de deffin , une grande
-& large mardffere, une belle façon de compo-
l'er. 11 eut de la grâce, de l’effet, de l’accord
, & l’on voit de fort belles têtes darts
fes tableaux. I l eft mort à Vérone en 1740 ,
âgé de foixante & quatorze ans.
( 1 9 3 ) Antoine Rïv alz r de l’école Fran-
çoife , né à Touloüfe en 16 67, rççut de fon
père , qui 'étoit peîntrè , les'premières leçons
^de l’art, vint füivre à Paris-les exercices de
l’académie, alla fe perfeéHonner à Rome, 8c
retourna, dans fa v ille natale, où il ^ft toujours
demeuré.'Comme il a vécu & travaillé
loin de la capitale , ‘ oh ne doit pas être fur-
pris q u e fa réputation ne. réponde pas à fe»
talèhs. I l avoit de la correftion dans le de&