
îjs s c tr » meufe courtifane. Ce font de part & d’autre
» les même traits, le même regard. Nos jeunes
» artiftes y dêcouvroient en même temps le fou-
» ris enchanteur d’une autre maîtrefle de Pra~
» x îte le , nommée Cratine.
» G’ eft ainfi que les peintres & les fculpteurs,
» prenant leurs maîtrefles pour modèles, les ont
» expofées à la vénération publique fous les
» noms de differentes divinités. C’eft aihfi qu’ ils
» ont repréfenté la tête de Mercure d’après celle
» d’Alcibiade.
» Les Gnidiens s’enorgueilliflent d’un rréfor
» qui favorife à la fois les intérêts de leur
» commerce & ceux do leur gloire. Chez des
» peuples livrés à la fuperftition, paflionnés
» pour les arts, il fuffit d’un oracle ou d’un
» monument célèbre pour attirer les étrangers.
» On en voit très-fouvent qui paflent le» mers
» & -viennent à Gnide contempler le plus bel
» ouvrage qui l'oit forti des mains de Praxi-
» tele ».
Nous avons dit à l’article Mythologie , en
parlant de Vénus, que celle qui porte le nom
de Médicis, nous offre probablement, finon
une copie, du moins une imitation de la Vénus
de Gnide. On voyoit encore celle-ci à Constantinople
du temps de Théodofe.
Winckeimann loupçonne que les modernes
poflëdent encore un ouvrage original de Prax
itè le , c’ efl l’ Apollon Sauroclone ou tueur de
léfard dont Pline a parlé. Il eff tenté de le
reconnoî:re dans celui qui Te voit à la Villa-
Aibani, 8c qu’il regarde comme le plus beau
bronze de l’antiquité. Il eff haut de cinq palmes.
Cette ftatue a été trouvée dans les excavations
du mont Aventin. Les bras manquoient, on
les découvrit près de la figure. La tête eft ceinte
d’ un diadème incruflé en argent.
Le fameux amour donné par l’auteur à Phryné,
& confaçré à Thelpies par cette courtifane ,
attiroit l’affluence des étrangers dans cette ville
qui n’avoit d’ailleurs rien de remarquable. Il
futenlevépar Caligula, & reftitué aux Thefpiens
par Claude : mais Néron le fit reporter à Rome,
où il fut détruit dans un incendie. Ménodore,
pour dédommager autant qu’ il étoit poflible les
Thefpiens, leur fit une copie de ce chef-
d’oeuvre, & elle Ce voyoit encore chez eux du
temps de PauTanias.
Une épigramme de l’anthologie fuppofe que
l ’amour de Praxitèle étoit de bronze ; mais on
fait qu’ il étoit de marbre pentélique. C r o ie n t
aufïi des ouvrages de marbre que cette. Danaé,
ces nymphes, & ce fatyre portant une outre,
dont il eft parlé dans une autre épigramme du
même recueil, & cn-eMomus lui-même , y eft-
i l d it, eût été forcé de louer.
Praxitèle avoit pris quelques traits de Phryné
pour faire fa Vénus : il fit aufïi- la ftatue de
petto courtifane. : elle étoit dorée & portée fur
s c tr
Ph»™? I f raarbre P“ntai<3ue5 on y lifoit ; P hhyné. L i u u s m Thespiehne. Phryné la
confacra dans le temple de Delphes : une autre
1 “ ,, e du m*me arttfte, & repréfentant suffi
cette courtifane, le voyoit à Thelpies, aiiprè»
d une ftatue de Vénus, de la même main.
ûur le chemin du Tirée à Athènes étoit un
cavalier près de fon cheval, ouvrage de Praxitèle
dont nous voyons peut-être une imitation
lur une pierre antique de la colleaion
du duc de Malboroug. C’eft la quatante-cin-
quieme du recueil ; & elle y eft annoncé«
comme une repréfentation d’Alexandre. Dans
le temple de Céars, à Athènes, la ftatue de la
e e > celle de la fille , celle de Bacchus avec
un flambeau etoientauffi de Praxitèle. Dans un
des temples qui le trouyoient fur le chemin
qu on nommoit les trépieds, étoit fon fameu»
latyre, 11 un de les ouvrages qu’ il aimoit le plus ,
comme Phryné le lui avoit fait avouer. I l avoir
tait la Diane Brauronienne, dans le quartie»
nomme Brauron, où le célébraient les Diony-
tiaques; à Mégare, dans le temple d’Apollon,
ce dieu lui-même, Diane, & Latone; dans le
temple de Bacchus, un fatyre de marbre de
Paras; dans le temple de Diane, les ftatuea
des douze grands-dieux lui étoient attribuées :
| P % une ftatue^ de Bacchus dans le templ.
■ dédié à ce dieu; à Platée, en marbre panté-
liqup, la ftatue de Junon, & celle de Rhéa
portant à Saturne une pierre enveloppée dâ
langes, comme fi c’ étoit l’enfant qu’elle venois
de mettre an jour; dans le bois facré de Tro-
phonius, la ftatue d’Efculape ; à Anticyre celle
de Diane , ayant le carquois fur l’épaule , un
flambeau à la main, un chien à côté d’e lle -
à Manrinée, Junon fur un trône, & ayant auprès
d’elle Minerve & Hébé. Il avoit fait auffi
pour le Panthéon d’Athènes deux chevaux
places au delfus du grand portail.
Vitruve compte Praxitèle au nombre des ar-
tiftes qui travaillèrent au tombeau de Maufole.
Ce roi de Carie mourut dans la quatrième an-
née de la 106' olympiade , 353 ans avan»
notre ere, Cette date s’accorde avec celle d .
Pline qui fait fleurir notre artifie vers la 1.04»
olympiade. “
(61) Ce pHissodor* , ou plutôt Ctphiffedot,.
Il y eut plufieurs fculpteurs de ce nom. L’ un
contemporain de Praxitèle , commença à fleuri»
quelques années avant ce grand ftatuaire c’eft
ad iré , dans la i<?le olympiade. L’autre étoi®
fils de Praxitèle , & fe montra le digne héritier
du talent de fon père. On voyoit de lui i
Pergame un grouppe qui paraît avoir été difc
tingué par le fentiment' de la chair. Cette partie
de l’ar t, qui en fait reffembler les productions
à la nature, n’eft pas une de celles quj
/e trouvent les fry»jprès, t e jjrejùers
S C O
liftes quï s'élèvent à la perfection coîîfefveïit
un ftyle auftère qui ne s’accorde pas avec cette
aimable mollette. Les anciens ont remarqué
que Praxitèle avoit mis , dans fes ouvrages,
plus de vérité que fes prédécelfeurs , & fon fils
marcha fur fes traces. On voyoit de lui à Rome ,
au temps de Pliae , une Latone dans le temple
du mont Palatin, une Vénus dans les monu-
mens d’Afinius P o llion , & un Efculape 8c
une Diane, dans un temple de Junon. Je ne
fais fi c’eft de ce même CéphifTodote qu’ on ad-
miroit une Minerve fur le port d’Athènes, un
Mercure nourriflant Bacchus encore enfant ,
un orateur tenant la main élevée , & les deux
courtifanes Anyta & Myro. Il y eut un troi-
fième Cephiffodote qui ne fleurit que dans la
iz o c olympiade. Je ne déciderai pas fi c’eft à
ce dernier, ou au fils de Praxitèle, que Pline
attribue des ftatues de philofophes.
(62) Hypatodore, que Pline range fous la
même époque que le premier Céphiffodote,
parole avoir été un très-habile artifte, quoiqu’on
n’ait confervé le fouvenir que d’un petit
nombre de fes ouvrages. Paufanias- parle
d’ une ftatue de Minerve , en bronze, qui étoit
placée dans un temple de cette déefle , à Ali- '
phère en Arcadie , & qui ne méritoit pas j
moins d’attacher les regards par fa beauté que
par fa grandeur. On voyoit fouvent dans l’anii-
quité plufieurs artiftes aflbcier leurs talens. C ’ eft
àinfi qu’à Delphes, les ftatues des chefs devant
Thèbes, avoient été faites en commun
par Hypatodore, & un Ariftogiton dont on
ne fait rien de plus. Près de ces figures héroïques
étoit le char d’Amphiaraüs, monté par
Bâton , cocher & parent de ce prince.
(63) Pamphile. Tout ce que nous favons
fie ce ftatuaire , élève de Praxitèle , c ’ eft qu’un
de fes ouvrages, repréfentant Jupiter Hofpita-
lie r , faifoit partie des monumens qu’Afinius
Pollion s’étoit plu à raflembler. On peut préfumer
que ce Romain n’avoit fait apporter de
la Grèce que des ouvrages diftîngués. Mais
comme de tout temps on a pu tromper lès
riches amateurs , cette préfohiption prouve peu
de chofe en faveur de Pamphile.
(■ 54) Euphranor eft placé, fur la foi de
P l in e , entre les contemporains de Praxitèle.
Nous avons manifefté nos doutes fur la jufteffe
de cette époque à l’article Peintre y car Eu-
chranor étoit à la fois peintre & fculpteur.
« Il y a de cet ârtifte, dit Pline, ( traduc-
a» tion de M. Falconet ) un Pâris eftimé , en
» ce qu’ on y reconnoît tout enfemble & le
» juge des déeffes, & l’amant d’Hélène , & l e
meurtrier d’Achille. Il y a de lui à Rome
» une Minerve , qu’on appelle Catulienne ,
S C O
fSÎ'cfe qu’ elle a été dédiée au bas du Capi-
* tôle par Q. Lutatius Catulus, & une figure
» du Bon-Succès, qui tient de la main droite
» une coupe, & de l’autre un épi & un pa-
» vot : une Latone qui porte Apollon & Diane
» qu’ elle vient d’enfanter ; cette figure eft
» dans le petit temple de la Concorde. I l a
» fait auffi des quadriges & des chars à deux
» chevaux ; un Pluton d’une rare beauté ; la
» Vertu & la Grâce, toutes deux coloffales ,
» & une femme en admiration & qui adore ;
» un Alexandre & un Philippe fur des qua-
» driges ». On connoiffoic auffi de lui une
ftatue de Vulcain.
En admettant, fuivant la leçon d’ un manuf-
crit de P lin e , que ce fut avec Ptolemée & non
avec A tta le , que Nicias qui avoit appris fon
art d’ un élève d’Euphranor , fut en marché
pour un tableau, on pourrait admettre , s’ il ne
reftoit pas d’autres difficultés, que celui-ci fleurit
à-peu-près dans le même temps que Praxitèle.
M. Falconet révoque judicieufeinent en
doute la triplé expreffion que Pline attribue au
Paris d’Euphranor. » S’ il avoit trouvé, dit-il ,
» le fecret merveilleux , & perdu depuis, de
» donner à la fois aune ftatue trois expreffions
» différentes, manifeftées en même temps, &
» dont chacune fût également claire pour le
» fpedateur , il paroît que Pline' a eu tort de
» ne pas appuyer davantage fur une circonf-
» tance fi extraordinaire , pour faire fentir
» dans toute Ion étendue , l’ inconcevable
» talent de l’artifte qu’il vouloit c é léb re r ... .
» Vous plaît-il de croire que ces trois ex»
» preffions étoient rendues fur le vifage dePâ-
» ris? Je le veux bien ; pourvu cependant que
» vous puïffiez allier dans les traits d’ un vifage
» de ^ bronze , l’air judicieux y impofant „
» majeftueux , à l’ air charmant, pafïionné,- ga-
» la n t, & à l’air c ru e l, fourbe & lâche ».
(65) Lêocharès fut contemporain de Praxitèle
, puifqu’ il travailla au tombeau de Maufole.
Vitruve le compte au nombre des artifte*
diftingués, quand il dit en parlant d’un Mar*
coloffal qui étoit dans la citadelle d’Halycar-
naffe, nobili manu Leocharis fcictam. Ce mêm*
artifte avoit fa i t , au portique d’Athènes, Jupiter
, le Peuple , Apollon. Près de la fortie
de l’Altis , on vovoit de lu i, dans un templ*
élevé par Philippe, ce prince & Alexandre,
Amyntas, Olympiade , & Eurydice , ftatues
dor & d’ ivoire. Il avoit fait lin Ganymède ; &
s’il avoit bien réuffi dans cette figure qui exi-
geoit de la grâce , de la mollefle & de la
beauté, il méritoit un rang diftingué entre le*
artiftes aimables.
(6 6 ) T himothêe travailla auffi au maufo-
lée* Or voyoit de lui à Rome, dans le