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lorlqu’on le deftine à la détrempe, on veut le
mettre à l’huile, il faut, après l’avoir broyé pour
la quatrième fois, y incorporer de l'huile
d’oeillets très *» blanche, en battant le blanc à
petits coups répétés , pour en faire fortir l’eau
que l ’huile remplace. On le rebroye enfuite
trè s - fin par petites parties ; on le dépofe dans
un pot de terre verniffé , en mettant un demi-
pouce d’eau par-deffus le blanc pour qu’il le
conferve & qu’il ne s’y forme pas de peau.
Le blanc de plomb préparé à l’ eau eft plus
blanc 8c plus fin, que fi on le broyoit tout
de fuite à l’ huile* Le meilleur venoît autrefois
de Venife -, cette branche de commerce a paffé
dans les mains des Anglois & des Hollandois.
C’ eft de nous qu’ ils achètent le vinaigre &
Couvent même le plomb , & ils nous revendent
enfuite très - cher les marières premières que
lious leur avons cédées à bon prix. Cependant
là fabrique du blanc de plomb eft fimple & ne
devroit pas être capable d’ effrayer notre in-
duftrie : il nous feroit aifé d’établir des fabriques
en concurrence avec ces nations rivales,
8c de partager avec e lle s , & même de leur
enlever peut-être par l’ infériorité du p r ix , un
bénéfice dont elles Ce l'ont emparées.
• Le Blanc de céruse n*eft autre chofe que
le blanc de plortib mêlé avec de la craie ou
de la marne. M. Watin ne penle pas qu’on
ïéufsît à faire de belle céruje avec la marne
ou la craie que la France produit ; il les croit
trop légères & trop friables, & incapables de
donner à la céruje a fiez de confiftance. Nous
la recevons des Hollandois *, elle eft lourde ;
«lie a beaucoup de corps, & notre craie qui en
manque ne feroit pas capable de lui en procurer :
il faut que celle des Hollandois tienne à cet
égard de la nature des ochres. La céruje fe
diftingue du blanc de plomb par fa couleur
qui eil moins blanche , 8c par Ion poids qui
eft plus foible à volume égal. Elle fe mélange
arec les autres couleurs, leur donne du corps,
& les rend plus ficcatives.
Ces blancs tirés du plomb ont de grands
inconvéniens , dit l’auteur du traité de la peinture
au pafleL Indépendamment des altérations
qu’ils cautent à la fanté quand ils font employés
en grand, comme dans la peinture des bâtimens,
ils ont, comme beaucoup d’autres chaux métalliques
, le défaut de noircir dans des lieux
expofes à des vapeurs capables de revivifier leur
principe de métallifation. L’ huile même qui
paroit les envelopper, n’ eft pas capable de les
défendre contre ces malignes influences. En un
inftant la vapeur du foie de fouffre fait pouffer
éu brun le blanc de plomb le plus pur. C’eft ce
qui a engagé cet auteur à chercher des blancs
qui n’euffent pas ce défaut, & il croit que le
foivant répondrait à f«s vues»
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Blanc de régule d’antimoine. Il exifie,
d it- il, une autre chaux métallique toute préparée
, & qu’on peut employér à l’ huile , fans
aucun des inconvéniens attachés aux préparations
du plomb. C’eft la neige ou fleurs argent
tines du régule d’antimoine \ c’e f t - à - d i r e , la
chaux de ce demi-métal fublimé par le feu.
Cette neige, lorlqu’elle eft recueillie avec foin ,
fournit un blanc fuperbe. Elle a tout le corps
néceflàire à l ’h u ile , & n’eft point fufceptible
d’altération, quoique beaucoup d’autres chaux
produites par ce demi-métal, foient très-fujettes
à noircir, telles que le béfoard minéral, le
précipité rouge , la matiète perlée, & plufieurs
autres. En général , les chaux métalliques
obtenues par voie delublimation , ne dégénèrent
point. On trouve de cette neige à Paris chez
prefque tous ceux dont la profefiion a quelque
rapport à la chymie , tels que les maîtres èn
pharmacie. Mais il faut choifir*, car elle n’eft
pas très-blanche ou très-pure chez quelques-
uns. Suppofe qu’on ne fût pas à portée de s’en
procurer, voici comment on pourroit la faire..
« Mettez du régule d’antimoine, par exemple,
» une liv r e , dans un creufet do-nt l’ouverture
» foit un peu large. Que cette ouverture foie
» féparée du foyer pair quelque corp> ïntermé-
» diaire , afin que la pouilière du charbon ne
» puiffe pénétrer dans le creufet. Afiujettïffez-
» le , pour cet effet , avec dès tuileaux dans
» une fttuation inclinée ; enfin cou vrez -le
» d’ un autre creufet femblatîie,.& faites rougir
» à blanc celui qui contient le régule.. En très-
» peu de temps le couvercle 1e remplira de
» très- petites paillettes blanches & brillantes.
» qu’on peut ramaffer en mettant un autre
» couvercle a la place du premier. C’eft la
» neige dont il s’agit. Il faut continuer le feu,
» juiqu à ce que tout le régule fe foit converti
» de la forte en flocons de neige ou dè fuie
» blanche. On doit prendre garde qu’il ne
» s’agit pas d’ antimoine crud, mais de régule
» d’ antimoine. »
Voici encore un autre blanc que propofe le
même écrivain-, dont l’ ouvrage eft rempli de
recherches utiles à l’art. I l eft à fouhaiter
que les artiftes en vérifient l ’utilité par des*
épreuves'.
Blanc de fleurs de Zinc* On peut,,
continue - 1 - il , fe fervir aufli de ce que les'
alchimiftes avoient nommé Pompholix, nihit
album, laine pkilofophique, en un mot , des
fleurs de fine. Les vapeurs les plus méphitiques,
i le feu même , ni le contaél du foie de foufre
ne leur caufent pas la moindre altération. Je
garantis en un mot les fleurs de Tpnc comme le
meilleur blanc qu’bn puiffe employer à l’ huile*
Ces fleurs ne font autre ehofe que la chaux de
ce demi - métal, qu’on obtient auffi par fubli*
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matîon , de la même manière, à-pei:-}5rès , que
la néige du régule d’ antimoine, & elle vaut
encore mieux. Cette fuie, du plus beau blanc,
fe ferme quand on enflamme le zin c , & fe.
raffemble dans le vàfe & contre les parois du
eouvercle. Mais il y a fouvent des floceons
jaunes ou gris : il faut choifir les fleurs les
plus blanches, & même les purifier de la même
manière que la craie , afin de précipiter au
fond de l ’eau toutes les parcelles du métal,
qui , fans (e Convertir en chaux, fe feroieht
élevées avec les fleurs. Au furplus , je dois
’ prévenir qu’oil ne doit pas faire ces fortes de
fubiimations dans* un lieu trop fermé. La fumée
en eft fuffocante comme la vapeur du charbon.
Les fleurs de zinc ont même pafie pour avoir
de l’émétieïté •, mais cet effet eft affez douteux. ;
Rien ne prouve du moins qu’elles l’aient pro- I
d u it , quand Oh n’ en a pas pris en fubftance , &
jamais ceux qui les préparent ne fe font plaints
d’en avoir été incommodés.
Les peintres à l’h u ile , ajoute notre auteur, \
trouveront peut-être què les blancs dont je
viens de parler ne sèchent pas affez v i t e , &
voudront les. gâter avec leur huiie ficcative1. :
En ce cas, ce ne feroit pas la peine d’employer ;
d’autre blanc què celui dont ils. ont coutume
de fe fe rv ir , puifque cette huile eft préparée
avec des chaux de plomb , telles que le minium,
le fel ou lucre de faturne , la litharge , ou
même avec de la côuperofe blanche, qui n’eft
que du zinc diffout par l’acide vitriolique ;
ce qui ne vaut pas mieux, attendu l’extrême
dilpofition de l’acide vitriol'que à fe
rembrunir. Ainfi tout cela reviendrait au
même.
Le moyen d’avoir une huile qui feche bien,
c’eft de faire concentrer un peu celle de noix,
en lafaifant bouillir une heure au bain-marie.
Ôn peut encore en effayer d’autres. Je me
contenterai d’ indiquer celle de copahu : nette,
limpide, odoriférante, cettè huile m’a paru
lécher très-vîte , même avec les couleurs le*s
moins ficcatives ; on pourroit y mêler un
peu d’ huile de noix ou de lin. Mais après
to u t, les blancs que je viens d’ indiquer
féchent en fort peu de temps, quoique, peut-
être, un peu moins promptement qu’avec le
feeours de la litharge & des autres préparations
de faturne.
B lanc de c h a u x . Il eft d’ un grand ufage
pour la frefque. I l fe fait avec de la chaux éteinte
depuis un an, s’ il eft poflible , ou depuis fix
mois au moins. Elle doit être reftée à l’air pendant
tout ce temps. On la délaye dans de l’ eau
pure, on la pafie au tamis de crin , & on la laiffe
repofer dans un vafe capable de contenir une
affez grande quantité d’eau. On decante l’ eau ,
& l’on conferve l^e blanc qui s’eft dépofé au
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fond. Il faut le tenir à l’abri de la poufliere.
Blanc de marbre pour la frefque. On préféré
en Italie \eblanc de marbre de Carrare. On.
le p ile, on le réduit en poudre très-fine , & o n le
mêle avec une plus ou moins grande quantité de
blanc de chaux. I l eft plus fage d’ excéder dans
la quantité de la chaux , que dans celle du marbre.
Blanc de coquilles d’<sufs , excellent pour
la frefque ; il peut fervir aufli pour la gouache
& la miniature , & l’on en feroit de bons paf-
tels. Il faut raffembïer une grande quantité àfe
coquilles d’oeufs , les nettoyer , les réduire en.
poudre , & les faire bouillir dans de l ’eau avec
un peu de chaux vive. On leur fait égoutter
l’eau dans un tamis, on les lave encore à l’eau
claire, on les pile encore une fois , on les relav
e , & on les fait égoutter de nouveau. Ces lavages
doivent fe réitérer jufqu’à ce que l ’eau
forte aufli claire qu’au moment où on l ’a verfée.
Alors on broyé le blanc fur le porphyre, on le
réduit en pâte très-fine , & on en fait de petits
pains qu’on laiffe féchèr au fo le il, ou à l’ombre,
mais dans un lieu non fermé. Si on enfermoit
ce blanc pendant qu’il aurait encore de l’humidité
, il fe corromprait, 8c exhaleroit une-odeur
iniuppor table.
Blanc de plâtre. Il fè fait avec du plâtre
bien battu, qu’on paffe à un tamis très fin , &
qu’on affine à force de le noyer dans l’eau. On
en forme enfuite des pains qu’on laiffe fécher ;
on le délaye dans l’eàu pour s’ en fe rv ir , & on
l’applique à plufieurs couches fur les ouvrages eh
bois deftinés à être dorés. M. Warin , homme du
métier, ne parle pas de ce blanc dans fon art dit
Doreur ; il preferit d’ employer pour cette opé-i
ration, le blanc d'Efpagtie ou de Bougival.
Blanc de roi. , dans la langue des Peintres
de bâtimens . eft du blanc de plomb & de la eé-
rufe,mêlés en quantité égale, auxquels on ajouri
te un peu de bleu d’indigo.
Blanc des carmes : c’ eft le plus beau que
l’on employé pour blanchir les murailles. I l
fout, ditM. Watin , que nousfuivrons dans roue
ce qui concernera la peinture des bâtimens 9
avoirune grande quantité de la plus bellechaux
qu’ on puiffe trouver, & la palier par un linge*
bien fin. On met cette chaux dans un baqrer ou
cuvier de bois, garni d’ un robinet à la hauteur
de l’efpace qu’elle occupe. On remplit la cuve
d’ eau claire de fontaine , on bat bien la chaux
avec de gros bâtons , 8t on la laiffe repofer pendant
vingt-quatre heures.
Alors on ouvré le robinet, on laifle couler
l’ çau qui a dû fufeager la chaux de deux doigts