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p. E I N T R E S M O D E R N E S .
N o u s avons fait connoître à l’ aticle Ecole
les chefs des écoles différentes dans lefquelles
les peintres de l’ Europe ont été clalfés. I l nous
refte à donner ici l’hiftoire de tous les peintres
quî fe font diftingués. Nous difpoferons ces
artiftes fuivant l’ordre chronologique, & après
leurs noms j nons indiquerons l’ecole a laquelle
ils appartiennent. Pour completter cette chronologie
, nous placerons , à leurs ^époques ,
les artiftes dont nous avons déjà parlé â
l ’article E c o l e ; mais nous ne répéterons
pas ce que nous en avons dit à cet article,
auquel nous nous contenterons de renvoyer :
cependant il nous arrivera fouvenc d’ajouter
quelques nouvelles circonftances ou fur la
vie ou fur les ouvrages de ces artiftes.
Nous croyons qu’après la vie de chaque
àrtifte, il ne fera pas inutile d’ indiquer ceux
de fes meilleurs ouvrages qui fe trouvent à
Paris, ou dans la colleéiion du cabinet du roi,
qui doit être un jour tranfportée au Mufeum
du Louvre. Enfin , pour que les le'&eurs qui
ne feront pas à portée de voir les tableaux de
ces peintres, puiffent du moins prendre con-
noiffance de leurs ouvrages par le moyen de
la gravure , nous indiquerons quelques-unes
des principales eftampes faites d’après les ouvrages
de chacun des peintres dont nous donnerons
la vie.
(x) Pietro V anucci , dit Perugincy, le Pe-
rugin , de l’école romaine. I l naquit à Peroufe
de parens très-pauvres en 1446, parvint à fur-
pafler tous les artiftes dé fon temps, & acquit
de très-grandes richeffes. Il travailla furtout
pour lés églifes 8c pour les couvens. Son avarice
étoit extrême, mais en même temps fa
paffion pour fa femme étoit fi violente, qu’ il
ne lui favoit rien refufer, & portoit mêtrie
îufqu’ à la profufion les dépenfes qu’ il faifoit
pour elle. La précaution qu’ il avoit de porter
toujours avec lui à la campagne la caffette qui
renfermoit fon or , fut un avertiffement & un
appat pour les voleurs qui la lui enlevèrent.
La douleur qu’il éprouva de cette perte, ne
i j î permit pas d*y furvivre longtemps . iL
qipurut en 1524 à l’âge de 78 ans, peu re-
Jj eaux-Art s, fyrne IL
gretté de fes émules, dont fon orgueil lui avoit
fait autant d’ennemis.
Quoiqu’ il confervât quelque chofe de la
roideur & de la fécherefle gothique, il mérite
des éloges par la précifion avec laquelle il
imitoit la nature, par la (implicite qui carac-
térifoit fes ouvrages, par une certaine grâce
qu’ il donnoit à fes figures. I l fuffit à fon éloge
de dire qu’on trouve en lui le germe de quelques
unes des qualités qui diftinguèrent Raphaël
; mais indépendamment des défauts qu’ il
tenoit de fon temps , la nature ne lui avoit
pas accordé le génie qu’elle a prodigué à fon
illnftre élève. Sa couleur étoit aflez bonne pour
le fiècle où il v îvo it; une grande pratique lui
avoir donné de la facilité ; les couleurs avoient
de l’éclat, 8c fon pinceau de la propreté. Trop
peu de gradation dans les plans, trop d’ uniformité
dans les tons, prouvent qu’ il connoif-
foit peu le clair-obfcur & la perfpeélive aerienne.
Ses tableaux font d’un fini précieux : on igno-
roit encore l’art d’ imitèr la nature par de fa-
vantes indications ; on la rendoit avec un fcru-
pule qui avoit quelque chofe de fervile,
C ’étoit un défaut, mais il en réfultoit une vertu ;
celle de l’exa&itude dont on s’eft, dans la fuite,
trop écarté. Nous ne reprocherons pas au Pé-
rugin d’avoir employé l ’or dans les accelfoires
de fes ouvrages ; c’eft un reproche qui appartient
à fon temps plutôt f[u’ à lui-même.
Le roi de France ne pofsède que quatre ta-,
bleaux de ce maître, dont le plus grand 8c
le plus capital n’a guère plus de quatre pieds.
I l repréfente le Chrift détaché, de la Croix. La
douleur de la Magdeîaine eft aflez bien exprimée,
la compoution eft (impie , mais elle
tient un peu du gothique.
Ce tableau a été gravé par le Comte de Cay-
lus. On a aufli du même peintre un Chrift au
tonbeau, gravé par Claude Duflos.
(x) Leonard de V inci , de l’école F lo rentine,
né en 1445 » mort en ijx o . Voye^ ce
qui a été dit de ce peintre fous l’école F lo rentine,
à l’article Ecole. I l eft le premier
des modernes qui ait fait une étude appro