
de fes Coeurs, tué Lyncée fon époux, elle gagna
fa caiile au jugement des Argiens.
A Herinione , dans le bois facré qui s’étend
du mont Pontin à la mer, on voyoit, près
du r ivage , une autre llatue de Vénus qu’on
difoit avoir été dédiée par les filles de te même
Danaiis. Paufanias, en parlant de cette flame,
le contredit lui-même; car il dit qu’elle étoit
de marbre, & il affure ailleurs que les ouvrages
faits par les Egyptiens qui vinrent en Grèce
dans lés temps anciens, & même toutes les
anciennes flacues > n’étoient q u e d e b o is .il ell
vraifemblable qu’ il avoit raifon alors, & qu’ il
s’ eft trompé quand il a regardé une llatue- e n.
marbre comme une offrande des filles de Da-
naüs. On peut conjèélurer que cette llatue
plus récente, avoit été faite pour remplacer
l’ancienne offrande que le temps ou quelqu’ac-
cident avoit détruire.
On doit rapporter encore à des temps voi-
fins de Danaiis, des flatues faites par des
artilles égyptiens , & qu’on voyoit à Mefsène
dans le gymnatè.
La Phénicie peut difputer à l’Egypte la
gloire d’avoir donné des inftituteurs à la
Grèce & d’avoir contribués la policer. A-peu-
près en même temps que Danaiis y venoit d’Egypte
, CaJmus y aborda de T y r , & y
bâtit la v ille de Thèbes, en mémoire de la
Thèbes d’ Egypte dont on prétend qu’ il éroit
originaire. On voyoit dans la v ille qu'il avoit
fondée une llatue qu’on affuroit qu’ il avoit
dédiée lui-même. On y voyoit aufii trois flatues
de Vénus que l’on difoit faites du bois
dés vaiffeaux qui avoient amené Cadmus. On
ajout oit qu’elles avoient été dédiées par Harmonie,
fa fille.
Mais fi la Grèce reçut quelques colonies de
l’Egypte & dé la Phénicie, des favans, tels
que Freret, & M. Heyne, croyent que des
peuplés venus d'u Nord contribuèrent le plus
a fa population.. On peut donc rapporter à des
temps encore plus anciens que ceux des émigrations
de Cecrops, de Danaiis, de Cadmus,
lés ouvrages de l’art qu’on artribuoic aux
Pelalges ; c’ell le nom que reçurent ces émi-
grans feptentrionaux. On regardôit comme le
travail des Pelafges, une llatue d’Orphée
fculptéè en bois, dans un temple de Cérès
Eleulme, bâti en Laconie, non loin des fom-
mités du Taygete. Si les Pélafges qui d’abord
s’établirent dans la Theffaîie, d’où ils le répandirent
dans le refte de la Grèce, étoient
des Thraces, comme on a lieu de le penfer,
ils dévoient rendre un cuire à Orphée , ce
poète religieux de la Thrace, qui y établit
le culte divin, fut l ’auteur de la plus ancienne
théogonie, l’inventeur des myflères, Su celui
des cérémonies magiques qui furent toujours
jte font encore aujourd’hui pratiquées dan« la
Theffalîe plus que dans aucun autre endroit
de la Grèce.
(i) Athènes qui devoit produire un jour de
fi grands ai tilles, & acquérir par eux tant de
i g lo ire , vit naître dans ion fein, treize fiècles
& demi avant notre ère , le plus ancien des
, artjftes dont le nom ait été confervé. C’ eft
D é d a l e , petit fils d’Erechtée, roi, d’Athènes.
On fait que le mot Dédale, Doedala , défi-
■ gnoit autrefois, dans la langue grecque, tous
S les ouvrages faits avec art, enforce qu’on elb
incertain fi. Dédale donna fon nom- à l’a r t ,
ou fi ce fut* de l’art "qu’il reçut fon nom.
Dédale ayant tué le fils de fa foeur, le réfug’a
; auprès de Minos I I , roi de.Crète, & fit un
! grand nombre d’ouvrages de fculpture pour
j ce monarque & pour lès filles. On prétend
j;q u e , le premier, il détacha les membres des
figures, & leur ouvrit les yeux. Il fe diffin-
guoit également dans l’archite&ure & dars
la mécanique. Le même feu qui le rendit le
premier artifle de fon temps, lui donnoit aufli
une grande violence de car,a&ère. Il avoit
j fui fa patrie pour s’être fouillé du fan g de fon
j neveu : il commit encore un crime capital dans
les Etats du Souverain qui lui donnoit un
a (y l e , & fut renfermé dans une étroite prifon
avec fon fils. Il parvint cependant à prendre
la fuite, & fe retira à Inychus, ville de
S ic ile , auprès de Caucalûs, & occafionna une
guerre entre les Siciliens & Minos qui le récla-
moit. Ses ouvrages rendirent fon nom célèbre
dans la Sicile & dans une grande partie de l’ Ita- 1 e, & l’on peut croire'- que les Siciliens & les
Etrufqu.es furent les élèves de cet artifle cé^
lèbre. On voyoit encore, où l’on fe rappelloit
du temps de Paufanias, plufieurs de fes ouvrages,
ou du moins des ouvrages qui lui
étoient attribués: à Athènes, un liège ou espèce
de trône, à Corinthe, près du temple
de Pallas Chalinitis, un Hercule nud, en
bois ; une llatue aulfi de bois , dans le temple
d’Hercule à Thèbes: la llatue de Trophonit ®
à Lébadée. On poffédoit de cet artifle la M p
tomartis à Olynte, ville de^Çrète, & une
Minerve à Cnoffe. Cette ville" confervoit de
Dédale un morceau fameux par les vers d’Hc-
mère qui l’avoit célébré: c’étoit un choeur de
danfe qu’ il avoit fait pour Àriadne. Paufanias
dit que cet ouvrage étoit en marbre: ce qui
doit faire préfumer que ce n’étoit pas un original
de Dédale, mais une copie, ou plùtàt
une compofition du même fujet, par laquelle
on avoit remplacé l’original détruit par le
temps.
Les arts ont été floriffans à Gela, ville de
S ic ile , & un favant italien a prétendu qu’ ils
y étoient nés dans des temps antérieurs à ceux
où ils furent connus dans la Grèce : mais quan.d
%fn li t dans Paufanias que des ouvrages de Dédale
avoient été transportés d’Omphaë dans
cette ville, on voit qu’ il faut attribuer a ces
ouvrages, le goût que les habitans ont pris
pour les arts, dont ils leur ont offert les premiers
modèles , qu’ ils ont enfuite perfectionnés. Il
ne faut qu’ouvrir la carrière à des peuples
ingénieux, pour qu’ ils la franchisent d’ un pas
alluré.
Il elt inutile d’avertir que les ouvrages du
premier artifle qui ait détaché les bras & les
jambes des figures, & qui leur ait ouvert
les yeux, ne dévoient pas être des chefs-d’oeuvre :
mais Paufanias obferve que tout groffiers qu’ ils
étoient, on y remarquoit quelque chofe de ;
divin. On y voyoit-ce qu'auroit pu faire Parti
l i e , s’il étoit venu dans des fiècles, où il
eût pu-profiter des découvertes & des progrès
de fes prédéceffeurs.
(2) Smilis d’Egine fut contemporain de
Dédale, mais il ne parvint pas à la même
célébrité : o_n n’ elt pas obligé d’en conclure,qu’il
lui fut'inférieür en talent. Les voyages & les
aventures de Dédale, l’occafion qu’ il eut de
laiffer de fes ouvrages dans un grand nombre
de contrées différentes, durent contribuer a
étendre fa réputation. Paufanias vit à Samos,
dans un temple antique confacré à Junon, la
flatuè dé cette, déeffe de la main de Smilis.
Depuis Dédale .& Smilis, il s’écoula un
grand nombre âfe fiècles pendant îefquels les
noms d’aucun artifle n’ont été confervés: mais
fi les noms des ouvriers fe font perdus, on a
perpétué le fouvenir d’un affez grand nombre
d’ouvrages qui prouvent que l’art ne ceffa pas
d’être cultivé, fans faire cependant de progrès
remarquables.
Le plus ancien de ces ouvrages feroit une
llatue qu’on regardôit comme une offrande
des Argonautes. Mais comme cette llatue étoit
en bronze, & qu’ il ell très-probable que l’art
de, couler en bronze les ouvrages de fculpture
n’ écoit pas encore connu des Grecs, au temps
des Argonautes , on a lieu de penfer que cette
llatue étoit d’ un âge bien pollérieur. On pour-
roit croire, tout au plus, qu’elle avoit remplacé
celle qui avoit été dédiée par les Argonautes.
Sur le chemin 'd’Argos à Mantinée, on voyoit
un temple qui avoit une porte âu levant &
l ’autre au couchant. Du côte ,du levant étoit
une llatue en bois de Vénus, & du côté du
couchant, celle de Mars. On croyoit que
c’étoit des offrandes de Polynice & des Argiens,
dont ces divinités avoient embraffé la
caufe ; ce q u i, fuivant les marbres de Paros;,
feroit remonter l’âge de çes ffatuès à 1251
ans avant notre ère.
Je n’ai point parlé d’ un lion de marbre qu’on
jrétendoit avoir été dédié par Hercule après
fa vîéloïre fur Erginus roi d’Orchomène: on
netravailloit pas le marbre du temps d’Hercule.
On voyoit dans la Laconie la llatue de la
Pudeur, qu’on croyoit avoir été dédiée par
Icare, père de Pénélope. Icare ayant donné la
fille en mariage à Ulyffe, lui demanda fi elle
vouloit liiivre fon époux, ou retourner avec
fon père à Lacédémone. Pénélope, pour toute
réponfe, le couvrit le vïfage de fon v o ile ,
témoignant par fa honte & fon filence qu’elle
vouloit relier auprès de fon époux. Ce fut cet
a£te de pudeur qu’ Icare confacra par une
llatue.
Une llatue bien remarquable étoit celle
que l’on voyoit à Corinthe dans le temple de
Pallas. ' Elle éroit de bois, comme tous les
morceaux qui remontoient à, des fiècles recules
; on peut croire qu’ elle n’étoit pas dillinguée
par la beauté du travail; ce qui mérite l ’attention
des curieux de l’antiquité, c’e ll la manière
dont l’artifle avoit exprimé que Jupiter
domine fur la terre, dans le ciel & fur la
mer j. & que rien de ce qui s’y paffe ne lui
peut être caché. Il avoit donné à ce Dieu
trois y e u x , dont l’un étoit placé au milieu du
front. On croyoit que cette llatue avoit été
placée à Troie dans le vellibule du Palais de
Priam & que ce fut aux pieds de ce fimulacre
que ce prince fe réfugia lors de la prilè d’ I-
lion. On ajoutoit que dans le partage du
butin, elle étoit échue à Sthénélus, fils de
Capanée. Troie fut prife fuivant les marbres
d’Arondel 1209 ans avant notre ère, & en
admettant la tradition rapportée par Paufanias,
la llatue pouvoit remonter à une époque bien
plus reculée, puifqu’ elle pouvoit avoir été consacrée
par les ancêtres de Priam.
Une autre llatue étrangère fut apportée vers
le même temps dans la Grèce; c’étoit cette
fameufe llatue de Diane devant laquelle on
avoit facrifié des étrangers en Tauride. .On
croyoit que c’étoit la même qu’on voyoit encore
du temps de Paufanias, à Athènes, dans le
bourg nommé JBrauron : elle n’étoit que de
bois.
(3) Epéus , cet artifle qui fuivit les Grecs
au fi£ge de Troie, & qui fit le fameux cheval
de bois qui leur procura la conquête de cette
v i l l e , étoit un fculpteur. On croît que le
cheval de bois n’étoit autre chofe que la machine
nommée dans la fuite bélier, & qu’E-
péus termina par une tête de cheval. Une llatue
.„de bois repréfentant Mercure, qu’on voyoit à
Corinthe, paffoit pour un ouvrage de cet
ar tille.
La ville de Trèzene renfermoit un temple
dédié à Hippolyte : la llaeue du jeune héros
étoit de bois & avoit le caraélère de la haut©
antiquité. On croyoit que la ffatue & le temple