
de l’académie royale de peinturé. II a fait le
tableau du maître-autel à Saint Euftache,
à Saint Nicolas des Champs & à Saint Merry -,
mais fur. tout le tableau de Saint François de
Paule , dans la chapelle dédiée à ce Saint aux
Minimes de la place royale. Mi ch. Dorigny
fon gendre , a beaucoup gravé d’après lu i , &
ces eftampes ne font pas rares.
( ioo ) Gaspard de Crayer , de l’école
Flamande, né à Anvers en i 58a , n’eut pour
maître qu’un peintre médiocre qui’il eut bientôt
furpalfé. Prenant pour guide les plus beaux
tableaux & la nature , il prouva que les dif-
poiitiens heureufes & les études peuvent Suppléer
à bien des reftources.. Mais fi Crayer
devint un très habile peintre fans avoir fréquenté
d’écoles célébrés , & fans avoir vu
l’ Italie , il n’ eft pas prouvé qu’ il ne fût pas |
devenu plus habile encore s’ il avoir eu les
fecouts qui lui manquèrent. Les grands maîtres
, les grands exemples , les grands rivaux
ne font pas les a^tiftes diftingués , mais ils
les forcent à développer toutes leurs facultés
naturelles.
Ciayer 'fut appelle par une forte penfion à
là-cour de Bruxelles & magnifiquement ré~
compensé par le roi d’Efpagne : mais une ré-
compenfe encore plus flatteul’e pour un artifte
fut la vifixe que lui fit Rubens & cés paroles
qu’ il lui adrefla : Crayer , perforine ne pourra
vous furpajfer.
Si Crayer n’avoit defiré: que les honneurs
& la fortune , il n’auroit pas quitté Bruxelles;
mais il n’aimoit que .le repos riéceflaire aux
arts , & malgré les prières & les proraefles
de la cour , il le démit d’ un emploi brillant
dont elle l’a voit- revêtu , & choifit Gand pour
fa retraite. Il a décoré de fes tableaux un grand
nombre d’autels dans les églifes de cette ville ,
& il trouvoit encore le temps de travailler
pour la plupart des villes de la Flandre &
du Brabant. A peine fe donnoit^il quelque
repos même dans un âge fort avancé , & la
famé dont il jouit, jufqu’à fes derniers momens
prouve qu’ un travail afiidu joint à une conduite
réglée , ne détruit pas les hommes bien
conftitués.
On n’a pas craint de comparer Crayer aux
plus habiles peintres de l’école Flamande. S’il
avoit moins de feu . que Ruberts-, il_aVoit plus
de corredion dans le deffin ; par la couleur ,
il pouvoir le lourenir à côté de ce grand1 peintre
y 8c le furpaiToit par la belle fonte des
■ teintés. Sage comme les anciens , que cependant
il n’avoit pu étudier, il fe plaifoità com
polèr -fes tableaux d’ un petit nombre de figures
8c fe faifoit une loi de rejetter tous les détails |
-fuperflus , ne s’attachant qu’aux grandes parties
qu’ il finiifoit ayec amour. I l emendoit l’ art de I
bien gvoupper tes figures , de les draper avec
umpheue, & il avoit l’art plus grand encore
de leur donner l ’exprertion, qui feule rend le
lujet que toutes les autres parties dé l’art ne
font qu’indiquer. Plus fin que Rubens , il ref-
femble mieux à Van - Dyck fon ami , & Fon
a peine a diftinguer fes tableaux de ceux de
cet aimable maître. S’ il fut fon rival dans les I
fujets d’hifioire , il le futaulfi dans le portrait.
Il mourut à Gand en 1669 à l’âge de quatre-
vingt- fept ans , laifiànt un tableau que la mort
ne^l.ui permit pas de terminer, & qui prouve
qu il avoit confervé, dans une grande vie-iilèf-
l e , la force de l ’âge florirtam.
Corn. Galle a gravé d’après Crayer une ré-
furreâion , & Van Schuppen une fainte-fa-i
mille*
( 101 ) François H a is , de Pécole Flamande
, n é à Malines en 1584, peintre de
portraits furpafle par Van -D y ck , mais que peu
d autres ont égalé. Il faifilïoit parfaitement? les
refiemblances & avoit une belle manière de
peindre. Il metpoit la plus grande précifion
dans les ébauches; c’étoient des études fervilesi
de la nature : mais ij revenait enfuite fur ce
travail par des touches hardies qui cachoient^
toute la peine de fes premières opérations &
donnoit à fes ouvrages une grande force &
une vive exprelïion. Van-Dyck ne confioiflbiil
aucun peintre plus maître de Ion pinceau ; mais
il regrettoit qu’ il n’eût pu parvenir à rendre;
fes couleurs plus tendres.
On v o it , dit M. Defcamps-, au mail de la
ville de D é lit , un tableau repréfenrant en pied{
les principaux- de la compagnie du mail dé
grandeur naturelle; la vie eft répandue dans
chaque figure.
Hais n’auroit p eut-ê tre pas en de rivaux
entre fes corftemporains s’ il n’eût pas été plongé
dans le vice de l’ivrognerie ; mais il paffoit
bien plus de temps, dans les cabarets que dans
fon attelier , & ne retou moi t à fes pinceaux
que lorfqu’il y étoit rappelle par l’extrême
difeite. :Sa mauvaife conduite & la milêre ne
l’empêcherent pas de vivre foixante & dix-huit
ans. I l mourut en 1666. Il eut un frère nommé
Thierry Hais qui peignit avec fuccès des con-
verfations & des animaux en petit.
(102 ) G t i u i tM t Ni î u i a n t , de l ’école
Flamande , né à Anvers en 1584 , élève de
Savary , voyagea en Italie avec Paul Bril dont I
il imita quelque temps la manière ; mais quand 1
il fut venu s’établir à Amfterdam , il. s'en fit
une qui lui étoit propre. I l avoit étudie à Rome
les monumens de l’antiquité , & choifit nour
fujèjs de fes tableaux des ruines , des bains
des maufolées , des arcs de triomphe. II eft
eftimé dans ce genre. I l mérite auffi une place
^ntre les graveurs au burin & à l’eau-forte, - .
f&même entre les poètes. Il mourut a Amlter-
fdam en 1635 , âgé de cinquante^un ans.
I ( 103 ) C o r n e il l e P o e l e n b u r g , de
fl’école Hollandoife , né à Utrecht en 1586,
»fut, dans fa patrie, élève d*Abraham Bioemaert,
;^nais il 1e rendit de bonne-heure a Roir.e^, où
(il s’attacha à la manière d’Adam Elzheirner.
|Il s’appliqua aufîi à l ’étude des ouvrages oe
^Raphaël, fans pouvoir jamais parvenir à def-
jfmer corre&ement. I l fe fit enfin un genre qui
h u i appartient , & fe borna à re,préfenter la
'-’nature en petit; quand il vouloit parter a de;
Iplus grandes propofitions , il n’avoit plus le,
même fuccès. ’
|T_ » Sa manière , dit M. Defcamps y eft fuave
» &c légère. La nature eft repréfentée dans tout
» ce qu’ il a peint : tout y eft vague & fait
» de peu de travail. Ses martes font larges ; il
» aimôit à retoucher fes ouvrages lorlqu’ ils
>ÿ étoient faits. tin travail léger les g terminoit ;
» il favoit choifir des lointains agréables q;u il
» embelUrtbit d’édifices fitués aux environs de
» Rome. Il entendoît bien le clair -- obfçur ,
b & donnoit aux objets qu’ il plaçoit fur le de-
I s? vant, des fonds qui en foutenoient l’harmonie.
» Les petites figures , qu’ il faifoit fouvent nues ;
; » font bien coloriées; il fe plaifoit fur tout a
» peindre des femmes* Sa touche eft pleine
! » d’efprit ; mais il lui manquoit dans le deftin
£■ » la finerte qu’ il avoit dans le pinceau ».
Malgré fon défaut de pureté , il fut plaire a
Rome & Florence , & y vit fes ouvrages recherchés
des amateurs & des princes : mais les-
: récompenfes qu’ ils accordoient à fes talens ne
purent lui faire oublier fa patrie. I l y revint
jouir de la réputation qu’ il méritoit , & de
l ’eftime de Rubens. Ce grand peintre orna fon
cabinet de tableaux de Poelenburg.
Après avoir parlé de l’hommage que lui rendit
. le plus grand peintre de la Flandre , il eft
I inutile d’ajouter qu’ il fut appelle en Angleterre
• par le malheureux Charles I. La fortune s’of-
I froit à lui dans ce royaume ; mais il ne tarda
pas à venir chercher dans fon pays la douce
$ médiocrité que.lui procuroient fes travaux. Il ne
I quitta les pinceaux qu’en ceffant de vivre en
| 1660 , âgé de foixante & quatorze ans. Il a
t gravé à l’ eau-forte avec beaucoup de fuccès :
mais les planches fe font perdues , & il eft
ï plus difficile de fe procurer de fes eftampes I que de fes tableaux.
( 10 4 ) F rançois Gessi , de l’école Loin-
talent fort eftimable ; mais ce talent «’ étoit
pas à lu i , & n’était dû qu’à la facilité d’ imircr.
Si fes ouvrages , avec le mérite qu’ ils ont
d’ailleurs , a voient un earadère qui fut propre
a leur auteur , ils lui procureroient un rang
diftingué entre les artiftés ; mais on reconnoît
qu’il s’eft traîné ferviiement fur les traces de
fon maître & qu’ il ne pouvoit faire un pas de
lui-même. Ses tableaux font dans le goût du
Guide ; mais il y font trop ; ce font plutôt
des pafticlies , que des conceptions originales.
On-dit qu’ il étoit rarement content de lui-même*
& .qu’ il gâtojt fouvent fes tableaux en voulant
les changer. Ce n’eft point là le earadère du
géniefévère qui voit au delà de ce qu’ il a fait,
8c ne peut fe fatisfaire qu’en approchant de
l’idée qu’ il a reçue ; c’eft la foiblerte d’un efprit
borné, qui cherche des idées & n’en trouve pas,
& q u i, ne connoiftant pas artez le bien & j e
mal , abandonne aifément l’ un pour l’autre;..
Cependant les bons tableaux du Gerti plaifent
par leur grande rertemblance avec ceux du
Guide. Il mourut à Bologne en lôz.o âgé de
trpnte-deux ans.
( 1 0 5 ) Les Breüghel , peintres de l’école
Flamande. Nous avons choifi l’époque de Jean ,
le plus célébré des Breüghel , pour parler de
fon père & de fon frère.
Pierre Breüghel , dit le V ie u x , ou le
Drôle , naquit vers 1510 près de Bréda , dans
le village de B reüghe l, d’où il tira fon nom;
on ignore quel étoit celui de fa famille ,- on-
dit que fon père étoit un payfan. Il voyagea
en France & en I ta lie , fit dans cette dernière
contrée & dans les Alpes du Tirol des études
des vues les plus pittorefques , dont il enrichit
énfuite fes tableaux. Il s’établit d’abord à Anvers
& enfuite à Bruxelles.
Il.aimoit à fe vêtir en villageois & à' fe
mêler aux fêtes champêtres: il les animoit par
fa gaité qui lui a fait donner le furnom de
Drôle : mais, lorfqu’ il paroifioit fe livrer entièrement
^ barde, né à Bologne en 1588 , d’une famille
I noble, fut appliqué d’abord à l’étude des lettres
l & n’y fit aucun progrès. Placé dans l’école-du
| Guide, il devint bientôt capable d’ aider fon I
maître dans fes grands ouvrages* I l acquit un 1
au plaifir , il étoit occupé de fon
art , & fes div-ertiflemens étoient des études.
I l ob fer voit des vêtemens, les phyfionemies ,
les exprefiions , les attitudes, les aélions , les
danfes , & c’étoient autant de richefles' qù’il
plaçoit dans fes tableaux. Quoiqu’ il ait traité
en petit des fujets d’hiftoire, il repréfen.ta plus
ordinairement des noces de v illage , des danfes,
des attaques de coches, 8cc. Il auroit remporté
le prix de fon art pour ces fujets tirés de la
vie commune , s’ il n’avoit été dans la fuite
furparte par Téniers. » Ses compofitions , dit
» M. Defcamps, font bien entendues, fon deilin
» correél , fes habillemens bien choifis j, les
» têtes , les mains fpiritueîiement touchées ».
Il eut le mérite qui caraclérife les écoles de
Flandre & de Hollande ; celui d’offrir des
H ij