
4So D É T
l i s , ou avec un linge blanc. Quand le trait eft
arrêté, on le met au net avec une petite brofle &
une couleur mêlée de beaucoup d’eau , afin
qu’elle n’ait pas de corps, qu’elle foit très-foi-
b le , & qu’elle n’altére pas la coulçur qu’on couchera
deffus. Quand ce dellin eft bien fé e , on
enlève avec la mie de pain ou le -linge, ce qui
peut refter des traits de crayon;
On faitlps teintes fur la palette. Ellegn’ éft pas
c e bois , comme pour la peinture à l’ huile , mais
de fer b la se , de figure quarrée, & feulement un
f'eu arrondie vers l’endroit où eft le trou dans
equel on pafle le pouce. On borde ce trou d’un
»norceau de peau ou de cuir mince, pour que le
.fer blanc ne blefle pas la main. La partie fiupc-
rieure de cette palette , c’eft-à^dire, l’extrémité
la plus éloignée du pouce, doit avoir des rebords
un peu relevés, pour retenir les couleurs qu’on
y arrange, en cas que l’on vienne à la pencher
un peu trop fans y penfer. On pratique aufli,
.vers le haut de la palette, quelques enfotf&e-
inens pour contenir chaque couleur dans fon
ordre : cet ordre eft le même que pour la peinture
à l’huile. Voyez l’article P a l e t t e . Ces
couleurs font feulement détrempées avec de l ’eau
n e tte , & tenues d’une confiftance un peu épaifle :
à mefure que l’on veut s’en fervir , on prend
avec la brofle ou le pinceau un peu de colle. On
tient toujours cette colle un peu liqu ide, en
laiflant levaifleau de terre qui la contient, fur
lin petit feu de cendres chaudes.
Lorfque la colle vient à fe figer fur la palette
pendant le travail, il fuffit de la préfenter au
feu , & elle fe fond auflitôt. Si, en le fondant,
e lle devenoit trop forte , il faudroit y mêler un
peu d’eau. On doit prendre garde aufli que les
couleurs entières, qui font arrangées au haut
de la palette , ne fe féchent pas trop par la chaleur
du feu.
On ne fe fert point du couteau, comme dans
la peinture à l ’huile, pour faire les teintes fur
cette palette : on les fait avec la bfofTe ou le
pinceau, à mefure qu’on en a befoîn. On nettoyé
la palette chaque fois que l’on quitte l’ouvrage
, on la la ve, & on la fait fécher aufliiôt
au fou , de peur qu’elle ne fe rouille.
Lorfqu’on peint en grand, & qu’on a à faire
de larges mafîes, on ne fe fort pas de la palette,
maison détrempe la teinte dans des godets ou
écuelles de terre verniflee, avec l’ eau de colle ,
néceflaire. On fait l’épreuve de la teinte fur des j
carreaux de plâtre, ou lur des planches préparées
comme le fond , ou fur de gros’ papier b lanc,
afin d’être fÛr de l’effet qu’elle doit produire
étant féche, On applique toujours les couleurs
un peu plus que tiedes ; ainfi il faut les mettre
de temps en temps fur un petit feu , ou fur des
cendres chaudes, pour les entretenir dans un
état de liquidité. On y ajoute un peu d’eau pure,
iguand la colle devient trop épaifle. I l faut aufli 1
DÉ T
avbir l’attention de remuer chaque fois la couleur
dans les godets, avant de la prendre à la
briffe, paroe qu elle fe précipite aifément.
. _Une obiervauon très-efFentielle, c’eftquele»
teintes dotvent toujours être tenues extrêmement
é llë r !> fft 'T elles s, aftoiMrimffern0tU raeuu rmeSo’ inpsa rcdee <îmu’oeinti é«. chI la nnte,
aut donc pas, dans ce genre , craindre de poufw
ï ï 1!!'” 011 ^travaillant : fi l’on n’a pas la
L ^ dr f ffridf°UtIr r d? viSuei‘ r ’ on peindra foible
gris. 11 laut favoir que les terres brûlées chanÉ
M » ^u.e lej autr«s , & que la laque , non
P îsijue les noirs, ne change point du tout. Mais
1 expenence en apprendra plus à cet égard que
tous les préceptes. 6 ^
, ,Une régie générale, & dont il ne faut point
secarter, c e l t que la détrempe ne veut pas être
natrdU( r ’ & " ' j , fouffre Pas fl“ ' l’on repeigne
par-deflus avec d’autrescouleurs que celles qu^on
a employées dans le même endroit, parce que
celle de deffous venant à fe détremper f fe mêleron
avec celle qu’on appliqueroit de nouveau , &
on detruiroit la teinte ; d'où il réfulteroit des
tons bizarres , fales & défagréables. La belle dé-
trempe demande à être peinte au premier coup*
comme elle feche très-vite, fi l’on ne travaille
pas d une maniéré prompte & expéditivé & fi
io n ne connoît pas parfaitement l’ efféc qui doit
refuker des teintes que l ’on employé, on rifque
de taire un ouvrage très-mal peint.'La peinture
a la détrempe eft , à cet égard , plus difficile que
la peinture a 1 huile.
Quand l’ouvrage eft fini, on peut le retoucher
tant qu on veut-, pourvu du moins que ce foit
avec les mêmes teintes. C’eft ainfi qu’on ajoute
de la force aux endroits foibles. Il faut feulement
attendre que la peinture foit bien féche.
Aprèsla retouche, on unit proprement les teintes
avec une broffe que l’on trempe dans de l’eau
pure. Quelquefois , comme il fé pratique dans
la peinture à frefque , on adoucit deux teintes
voifinesen hachant avec une couleur qui parti-
cipe de tontes deux.
- Si l’ouvrage doit être touché fans être adouci
, tel que le payfage, on couche d'abord des
teintes affez brunes pour fervir d’ébauches.
Quand elles font féches , on frappe par-deflus
des touches claires, & encore par-deflus, lorf.
qu elles lont lèches elles mêmes, d’autres tou— -
ches encore plus claires.
Quelquefois au lieu de retoucher par des hachures
, on retouche en glaçant. Cela fe fait
avec des teintures qu’on couche le plus également
qu’il eft pofiiMè avec une brofle ou un
pinceau de poil doux : il faut être expéditif dans
cette opération pour ne pas détremper le fond
i'ur lequel on glace. I l faut aufli prendre garde
que c e fond ne boive pas la couleur avec laquelle
on fait le g la c is , car il s’y feroit des ta.
ches comme fi l ’on deffinoit au lavis fur du papier
fpongieux,
D E T
li t ig ie u x . Pour éviter cet inconvénient, .on
encolle l’ouvrage avant de le glacer. Cet encollage
fe fait en paflant légèrement (ur fo tableau
une couche de colle claire , bien nette , & médiocrement
forte : quand cette colle eft féche,
on glace par-deflus.
Il arrive fouvent que la couleur qu’on èm*
ployé pour retoucher , refofo de/ prendre fur
celle qui eft déjà féche. Lacaufe de. cette.réfil-
tancQ eft la trop grande quantité de colle employée
dans la peinture que^’omyeut retoucher.
On parvient à vaincre cet obftacle, en mettant
un peu de fiel de boeuf dans la couleur que
l ’on veut appUquer.de nouveau.
Pour la manière , de rehaufler la détrempe avec
de l’ o r , voyçz l’article Rehausser.
Quelquefois i. pour préferver de l’ eau la peinture
à détrempe-, on- y pafle d’abord un blanc
d’oeuf bien battu quand il eft fèc,,on le reJ.
couvre d’une couche de vernis-: mais c’eft détruire
un avantage de cette peinture, qui eft dé
m’avoir pas de luifant, & de pouvoir être regardée
commodément même lorfqu’elle eft frappée
de la lumière direâe.
I l ne refte plus à parler que des-cou leurs dont
on.fait ufage dans la détrempe.
On y employé le blanc de craye , 8e le blanc
d’Elpagne , de Rouen , ou de Rougi v,al., qn’on:
trouve en gros pains dans les boutiques On le
purifie, on lui ôte fon gravier en le faifant dif-
foudre dans de l’ eau nette en grande quantité.
Quand il eft bien diffbut, on agite l’eau avec un.
bâton propre ^ & l’ayant laifle repofer un peuiide
temps, pour que le gravier puifle fe dépofér , on
verfe toute l ’eau blanche dans un vafe bien n e t,
& on la, laifle encore repolèr jufqu’à ce que tout
le blanc foit précipité au fond du vaifleâu. On
.ote enfuite, par inclinaifon , ou.avec unfyphon,
toute l’ eau , & quand Le blanc eft prèfque fec ,
on, en forme des pe'it^ pains .qu’on faiç-fécber
fur des carreaux de plâtre ,,ou fur des briques.,
au grand air , en les tenant à l’abri de-la pouf-
fièrë. Get-te manière de. purifier le;blanc.,; eft
propre à purifier de thème toutes les terres-co-
Joreçs , ochre, brun rouge,'
Quand on veut fe"fervir du blanc à la détrempe
, il faut avoir foin de le faire d’abord infufer
-dans un peu d’eau, pour le-réduire en; pâte un
peu liquide, &. y mêle enfuite la cojfo
chaude pour travailler. Si l ’on ne çommençoit
pas par le faire infufer, il prendroit très-difficilement
la colle.
Le blanc de plomb & celui decérufe fe mêlent
avec le blanc de Rouen , pour varier les teintes
& donner plus de corps à la couleur.
On fe fert du mafliçpt blanc & du miflicot
doré; le jaune de Naples, plus doux & plus
gras que ies maflicots , eft excellent dans les
petits ouvrages j fon prix le fait épargner dans
jles grands.
Meaux-Arts* Jome 11a
D E T
, Entre les ochr;es, la ^gfràlfoc.eft’ lâ 'meT'lleilré':
oh rejette la lableüfo. L’ ochre de rue èftiëxcél-
lentp & sbnfiifeiaifomentl Si>on- la»fait rougir au
fou., elle devient d’un-jauneirouge-brun.
Le ftil-de-grain , fait avec- le blanc de Rouen
& la teinture de graines d’Avignon , n’eft bon
que pour les- glacis.
La terre d’ombre naturelle & brûlée, fait
très-bien dans Wdétrempe, f
La.gomme-guttè eft bonne dans les ouvrages
eR îpetjv, de- même que la pierre de fiel.
? Lé biftre ne.sfemployé point, ou du moins
s employé tiès-rarcment dans les ouvrages en
grand, °
Le cinnabre ou vermillon change à la détrempe,
& devient d’un rouge violet un peu laie. Dans
la gouache en petit, on l ’ empêche de noircir
en. y mêlant un peu - de gomme - gutte , après
l ’avoir purifié» . " ; ’’ , -, r -
. Le, brun-rouge d’Angleterre & le brun-rouge
commun font bons: il faut les broyer comme
les autres,couleurs.
Le minium , où mine de plomb , eft très-beau
fans la détrempe : il eft d’un rouge orangé-fort
vif. ■ .
La laque fine eft la feule qu’on doive em-
ployer : .elle, a beaucoup d’éçlat. On a déjà dit
dans cèc article comment on la rend plus
foncée, j ; f . , r
, Le carmin eft bon ; mais comme il eft extrê--
mement cher , on ne. i’employe que dans les
petits ouvrages qui tiennent de la miniature. '
L’âzur. à poudrer., &. 3’émail qui ne, différent
que parce-,que j’éniaileeft broyé plus menu, &
d’une_coùJeur plus pâle q u e .l’azur , font très*- j bons a la .détrempe. Hs paroiflent gris dans lea
décorations vues aux lumières, „
Les cendres bleues font d’ un très-grand ufage
dans la detrempe , particulièrement dans les
morceaux qu/on ne voit qu’aux lumières, comme
les décorations de théâtre.
- L’ outre-mier eft le plus beau bleu. I l efl trop
cher pour qu’on l’employé dans les: grands ouvrages
: fon grand prix, fait qu’on le falfifie
quelquefois. Quand il efl mêlé de cendre bleue,
il noircit.au feu. .
I l y a encore une forte de b leu , l ’Inde
.& l’Indigo. L?inde eft plus claire & plus v ive
que l ’ indigo , qui:,eft brun: Ces deux couleurs
font bonnes à \a.détrempey particulièrement pour
faire les verds.
On. fe fert du verd de montagne & des cendres
vertes.
Le verd de veffie 8e le verd d’ iris ne doivent
être employés que dans les ouvrages en petits ,
qu’on veut emborder & mettre fous verre.
Toutes les terres & pierres noires peuvent
fervir pour la détrempe. Quelques uns font ufage
du noir de fumée calciné , mais toujours pur Sç
fafis le rompre ay.ee aucune autre couleur : i l
? p p