
continue de laiffçr tomber la diffolutîon de fel
d’urine, jufqu’à ce qu’ il ne le précipite plus
rien : par ce moyen, on obtient un précipité
de la plus belle couleur de citron.
Cette couleur, dont la découverte eft dûe
au célèbre chy mille Marggraf, pourroit, félon
toute apparence, dit l’éditeur des mémoires de
M. de Montamy, être employée avec fuccès fur
l ’émail & la porcelaine, en l ’édulcorant foigneu-
lement, & en la faifant calciner avant de
l ’appliquer.
Vo ic i le moyen d’ obtenir le fel d’ urine dont
on vient de parler. Il faut amaffer une grande
quantité d’urine de perfonnes faines, & préférer
cel^e de,^perfonnes qui boivent de la bière ;
on l’expôfera à une" chaleur modérée pour la
faire entrer en putréfaction : après quoi, on la
fera bouillir lentement dans des valès de terre
vernilïee, juf’qu’ à ce que l’urine prenne la
confiflance d’ un lirop qù*e l’on mettra au frais
pour cryftallifer. Au bout d’ un mois, ou même
plutôt en hiver, on aura des cryftaux que l ’on
diffoudra dans de l’ eau chaude bien pure que
l ’on filtrera toute chaude -, par ce moyen, on
aura de nouveaux cryftaux. On réitérera cette
dépuration jufqu’à ce que les cryftaux l'oient
parfaitement blancs & dégagés d’odeur. Cent
vingt pintes d’ urine donnent trois ou quatre
onces de ce fe l , qui eft celui qui fe çryflalife
le premier,
D o r u r e fu r Vémail G* fu r la porcelaine.
On prendra un gros d’or pur, battu bien mince.,
ou bien d’or en feuilles. On mettra cet or dans ,
un creulet que l’on placera dans le feu pour i
le faire bien rougir , fans pourtant que l’or
entre en fufion. On mettra pareillement dans
un a litre creufet une once de mercure très-pur
ou revivifié de cinnabre, mais on ne fera que
le chauffer. Quand l’or fera bien rouge , or»'
verfera par - deffus le mercure chauffé ; on
remuera bien le mélange avec une baguette de
fer , & lorfqu’ il commencera à s’elever en
fumée, on jettera promptement ce mélange dans
un vaiffeau de terre verniffé & rempli d’eau,
Lorfque le mélange fe fera épaiffi, on décantera
l ’eau, & on paffera le mélange au travers d’ un
chamois pouf en féparer le mercure. La matière
qui refiera dans le chamois fera mife dans un
vafe verniffé 8c plat, ou bien dans une foucoupe
de porcelaine que l’on placera fur un feu doux,
cependant affez fort pour évaporer le mercure.
Par ce moyen, l’or réduit en une poudre très-
fine refiera fur la foucoupe.
Quand on voudra dorer une pièce d’émail ou
de porcelaine , on mêlera de cet or en poudre
avec un peu de borax bien pur, & d’eau gommée
; & , à l’aide d’ un pinceau , on tracera les
lignes & les figures que l’on voudra. Lorfque I
le tout fera féché, on paffepa la pièce au fe u , !
i qui n’aura qu’au tant de force qu’il en faut
pour fondre légèrement lafurface delà peinture
en email, ou de la couverte de la porcelaine,
& pour lors , on éteindra le feu. En fortant du
fourneau, Tor fera noirâtre ; mais, pour lui
rendre fon é c la t, on n’aura qu’ à frotter les
endroits dorés avec un peu de potée ou d’cmeril.
( Article extrait des mémoires de Jif. d e M o N*
t a m y ).
EMBOUTIR. Voyez A mboutir.
( fubft- mafc. ) Mine de fer dure
réfracta ire & vorace-, méprifable par le peu d®
métal quelle contient, eflimable par les fer-
vices qu’elle rend aux arts. Elle eft utile aux
lapidaires; elle fert à dégroiïir 8c à polir les
ouvrages de verrerie ; enfin les graveurs en
pierres fines en font ufage dans leurs ébauches
oc dans les grandes maffes. Mais on ne peut
approuver ceux q u i, par économie , la font
fuppléer à la poudre de diamant, même dans
les, travaux qui exigent de - la délicaceffe : elle
a} défaut de faire beaucoup de b oue, &
d empêcher l’artifle de bien voir fon ouvrage#
E M P R E IN T E (fubft. fém.). Tirer une
empreinte, c’éfl imprimer une chofe fur une
autre, & donner à cette fécondé chofe la
figure de la première. L’empreinte eft donc
1 impteffion de la chofe & une repréfentation
fi parfaite , qu’ abflraétiôn faite dé ..la matière,
elle eft aufli préeieufè que la ehofe elle*
même,
Oa tire des empreintes de médailles, de
monnoiës, de cachets, de pierres gravées.,
c’eft-à-dire , on en prend artiflement une repréfentation
rigoureufement fembîable à l’ori*
- ginal , par le moyen d’ un corps mou. Cependant,
comme d’un côté on n’y fauroit parvenir
fans en favoir la manoeuvre, & que, de
l’autre, il eft aufli utile que fat-isfaifant, pour
un vrai curieux, d’avoir en fa poffeflion le
plus grand nombre qu’il eft pofïible d'empreintes
tirées fur les plus belles pierres gra--
vées 8c les autres ouvrages de l ’a r t, on fera
bien aife de favoir la manière de les faire. Je
vais l’apprendre d’après M Mariette.
Cette pratique n’a rien de difficile pou ries
gravures en creux -, toute perfonne, pour peu
qu'elle ait d’adreffe , en eft capable. Les matières
qu’on employé ordinairement pour cette
opération, font la cire d’Efpagne , le foufre
8c le plâtre. ’
La première a cet avantage, que les empreintes
fe font fur le champ fans beaucoup,
de préparation , & que la matière encore liquide
s’ infinuant exa&ement dans toutes les
cavités de la gravure, le relief qui fort eft
prefque toujours très-complet & trèsrnet ; U
s'agît feulement d’avoir de la meilleure cire
de graveur.
Au lieu d’appliquer la cire fur une carte à
jouer; ou fur du carton, il faut au contraire
faire ufage de papier bien uni. Pour faire cette
opération avec foin 8c avec propreté ,• on aura
une aflietre d’argent qu?on mettra fur un réchaud,
rempli de feu ( i ) , & .lorfqu’ elle fera
fuffifamment échauffée.on ppleradans le. fond
un morceau de papier bien fec, fur lequel on
répandra la cire qu’on aura fait fondre en
î ’expofant au fe u , & non. en la préfefitant à
la flamme d’une bougie. On évite par ce
moyen que la fumée ne. s’attache., comme il
eft ordinaire , au. bâ^on de cire, & n’en altère
la couleur. On tiendra pendant quel que .romps
la cire.en fufion , on la remuera , & quand on
verra qu’elle eft bien unie & bien liée,, on y
imprimera le: cacher. II. eft comme indubitablp-
qu’ il en fortira une bonne empreinte..
Mais comme toutes ces précautions n’empêchent
point la cire d’être une matière , cal-
fante, qui fe fond très-aifément, M. Mariette
feroit d’ àvis qu’on renonçât aux empreintes de
cette efpèce, a moins que la néceflité n’y obligeât
; comme s’ il n’y avoit aucune efpérançe
de retrouver l’ occafion de tirer autrement Ÿempreinte
d’une belle pierre gravée qui fe préfente,
& qu’ il fallât;abfolumehE la faire fur le
champ.
On trouve encore un autre défaut aux empreintes
on cire d’Efpagne : elles ont un lui-
faiit qui ne permet pas de jouir de Ja gravure
& ôte le repos qui doit y régner, C’eft pourquoi
les. connoifleurs préféré nu. les ' empreintes
qui fe font avec le plâtre. La difficulté èli de
trouver du plâtre affez fin;: & peut-être vau-
droit-il mieux prendre des morceaux de talc’,
les faire calciner loi-même dans un feu ardent
, & 3 quand ils feroient refroidis , les
broyer dans un mortier , en poudre la plus
fine qu’ il -ferôît pofïible. Enfuite on paffera plu-
fieurs fois cette poudrje au tamis , 8c on l ’employer
». comme on fait le plâtre , en la coulant
un peu claire für la furface de la pierre
gravée - qu’on a eu la précaution d’entourer
d’ une carte ou d’une petite lame de plomb ,
pour contenir le plâtre, 8c empêcher qu’il ne
le répande au-dehors.
Mais les. empreintes qui fe font en foufre
méritent encore la préférence , parce qu’ il eft
plus ailé d’y réufiir , 8c que la diverfité des \
couleurs qu’on peut leur donner en rend l’af-■
peél plus agréable. Voici comme il faut y
procéder.
Oh fera fondre dans une cuiller de f e r , fur
un feii modéré , autant , de- foufre qu’on aura
deffein d’en employer, 8c lorfque ce foufre
fera liquéfié, on le jettera dans la couleur dont
pq voudra le. colorier-. Sur une once de fqufre ,
on. ne peut mettre moins d’une demi-once de
c.ouleur, autrement les foufies feroient trop
pâles. L e cinnabre ou le vermillon, la terre
verte, l’ochre jaune , le maiïicot, ainfi que le
noir de fumée, font, de toutes les couleurs,
celles qui s’incorporent le mieux avec le fou-
frç : mais fi la jon61 fon de ce dernier minéral
fe fàifoit moins difficilement avec la mine de
plomb réduite en une poudre très-fine, ce fe- -
rôit une des teintes les plus flatteufes à la vue.
Celle que donne le vermillon eft aufli très-
bonne ; & quand oh veut qu’ il ait plus de
b rillant, on frotte à fec avec un pinceau &
un peu de carmin la furface de l’empreinte.
La couleur jettée dans le foufre , on aura
attention de tenir la cuiller dans une agitation
continuelle, tant afin que le foufre ne
s/attache pas à la cuiller & ne fe brûle point,
que pour faciliter l’ incorporation de la couleur..
Pendant ce temps-là , il fe forme fur la
furface du foufre une efpèce de craffe ou d’écume
, qu’ il faut en féparer & enlever avec
une fpatule ou le tranchant d’un couteau. Au
bout d’ un demj-q;uarc d’heure , la cuiller étant
toujours reftée fur le feu , pour empêcher le
foufre de fig e r , on verfe le fourre par in cl i -
naifon ou fur une feuille de fer-blanc bien
planée, ou fur une feuille de papier huilé, 8c
on l’y laiffe refroidir. Le. foufre en fort ayant
la forme d’ un gâteau., Cette première prépar
a t io n e ft . pour le colorier & le purifier de
les ordures les plus grofïières.
Veut-on faire des empreintes ? On coupe un
morceau de ce gâteau de foufre ; on le fait
fondre une fécondé fois dans la cuiller de fer
.toujours fur un feu modéré : on remue la cuiller
, pour empêcher le foufre de brûler;.on en
enlève encore- la craffe , en cas q'u’ il en pa-
roiffe ,. & l’on en verle doucement fur la pierre
gravée qu’on a préparée pour recevoir ce foufre
liquéfié. On l ’a enveloppée , .ou' plutôt on
l’a environnée d’un morceau de carte fine , ou
d’ un papier fort, qui eft affujetti arec un fil
de laiton, & replié fous la pierre, de façon
qu’ il prend la forme d’un petit god e t, & ne
peut permettre au foufre de s’échapper par aucune
ouverture. Au lieu de carte ou de papier,
on peut entourer la pierre d’une petite
lame de plomb mince , qui l’embraffe exactement.
Ces diffère ns moyens réuffiffent également,
on choisira celui qui parokra le plus
commode.
A peine le foufre aura-t-il étéverfé dans cette
■ efpèce de petit moule , qu’ il commencera à
figer. Mais , fans lui en donner le temps ,
aufli-tôt qu’on jugera qu’ il fe fera déjà formé
f i ) Une plaque de cuivre tèndioit le même fervice
qu’une afliette 4 ’argent, - -