
f in , de la force dans la couleur, une compétition
ingénieufe & réfléchie, de la grâce &
du fentiment. I l avoit formé fon goût fur les
plus grands maîtres de Rome, & l’ on compare
le caraélète de fon talent à celui du Pouflin.
I l eft mort en 1735 , à l*âge de foixante-huit
ans.O
n ne voit guère de fes ouvrages qu’à Tou-
louie. I l a gravé lui-même à l ’eau-forte la
vérité chaflant les vices ennemis des fciences
& des arts.
( 2S4) Jean K üpetski , né à Porfine , fur
la frontière de Hongrie en 1667 , étoit fils
d’un pauvre tifferand. I l fuit de la maifon paternelle
, eut le bonheur de trouver un pro-
teéîeur qui le mit fous la conduite d’un peintre
, & devint un très-bon peintre lui-même.
I l a peint le portrait & des figures de fan-
taifie avec une grande vérité, mais fans aucun
choix. I l tient de Rembrandt & de Van
D y ck . On dit que perfonne ne l’ a furpafle pour
la couleur 8c l’intelligence du clair -oblcur.
I l eft mort en 1740, à l’âge de foixante &
treize ans.
(2.95 ) Nicolas Bertin , de l’école Fran-
çoife , né à Paris en 1667, fut élève de Jouvenet
8c de Bon Boullonçne -, mais la nature ne l’a-
voit pas appelle à l’imitation de fes maîtres.
Quoiqu’ il ait fait de grands tableaux, tels que
le baptême de l’eunuque de la reine de Can-
d a c e , à Saint-Germain des Prés, & des tableaux
de grandeur moyenne , tel que fon
morceau de réception à l’académie royale qui
repréfente Hercule délivrant Prométhée, il a
furtout réufli dans les petits tableaux de cabinet.
I l eft mort à Paris en 1736, âgé de
foixante 8c neuf ans.
( 2.06) Gaspard Pierre Verbruggen, de
l ’école Flamande, né à Anvers en 1668, peignit
les fleurs d’une touche facile & légère,
qui ne fent pas le trav a il, 8c traita ce petit
genre d’ une grande manière II ne faut pas
juger de fon talent par fes derniers tableaux,
dans lefquels la facilité étoit dégénérée en négligence.
I l eft mort à Anvers en 172.0, âgé
de cinquante-deux ans.
(2 .9 7) Jean Rudolf Huber, de l ’école'
Allemande, né à Bâle en %668 , eft appelle
l e Tintoret de la Suifle , quoiqu’ il n’ait guère
fait que des portraits. I l a égalé le peintre Vénitien
par fon extrême facilité., Ses bons ouvrages
font d’ une couleur vigoureufe 8c d’ une
belle touche. I l eft mofct dans fa v ille natale
en 1748 , âgé de, quatre-vingt ans.
£298) D ominique Marie V iani , <Je fé -
colç Lombarde, né à Bologne en 1668, fut
élève de fon père. Il a cherché la manière du
Cignani 8c celle du Guide. Il avoit de la grâce
& de la finefle dans le deflin, un bon effet,
une aimable façon de peindre , une manière
large 8c de la grandeur de caraélère. Il a
cherché un coloris vague & lumineux, 8c eft
fouvent tombé dans le fade & le monotone.
I l eft mort en 1711 , âgé de quarante - trois
ans.
(299) F rédéric Moucheron, de l ’école
Hollandoife, né à Embden en 1633 , apprit
fon art dans fa patrie, fe perfeélionna à Paris
où fes ouvrages furent recherchés, & alla s’établir
à Amfterdam. I l n’ eft pas au premier
rang des payfagiftes des Pays-Bas, mais il
continue d’être eftimé. Le feuillé de fes arbres
eft d’une touche fa c ile , fes lointains font
variés 8c ont une belle vapeur, les de vans de
fes tableaux font vigoureux. I l eft mort à
Amfterdam en 1686, âgé de cinquante-trois
ans.
I sa a c Moucheron, fon fils 8c fon élève,'
né en 1670, l’a furpafle. Il étonne par la variété
& la vérité de fon payfage : fa çouleu*
eft celle de la nature ; la fraîcheur y eft jointe
à la force & à l’harmonie. Il avoit vu l ’ Ira-
lie , & avoit fait un grand nombre d’études
dans la campagne de Rome. I l eft mort en
1744, âgé de foixante 8c quatorze ans,
I l a gravé à l’ eau-forte d’après lui-même &
d’après le Gafore.
(300) Louis Galloche, de l’école Fran-*
co ife , né en 1670, fut élève de Louis Boul-
longne & for-tput de l’Italie. I l avoit une
théorie profonde de l’ar t, qui nuifit peut-être
à la pratique. On voit de lui à Notre-Dame,
le départ de Saint P a u l, de Milet pour Jéru-
falem ; à l’academie roy ale, Hercule rendant
Alcefte à fon époux : mais fon chef-d’oeuvre
eft dans la lacriftie des Petits-Pères,, & repréfente,
la tranflation des reliques de« Saint
Auguftin. I l eft mort en 17 6 1 , âgé de quatre-
vingt onze ans.
(301) Paul F arinato, de l ’école Vénitienne,
eft né à Vérone, on ne fait en quelle
année : on ignore également celle de fa mort.
Il deflinôit d’un grand çaraélère, mais avec
beaucoup d’ incorre&ion, faifoit de belles têtes
8c les coëftoit avec g oû t, avoit une manière
large.* mais étoit fujet à tomber dans une couleur
bife 8c fans effeç.
( 302 ) Donàto C r e t i , de l’école Lombarde,"
né à Cremonne en 1671, avoit un genre fac
ile 8c pafla pour un des bons peintres de fon
tepips. I l drapoit b ien , quoiqu’il peignît fes
draperie®
draperies avec un peu de fécherefle ; 11 étQit
fin deflinateur ; mais la couleur étoit foible,
& l’on préféré fes grifailles à fes tableaux
coloriés. Il eft mort en 1742, âgé de foixante-
onze ans.
(303) Rosa A lba Carriera, qu’on nomme
Kofalba, de l’écoieVénitienne, naquit à Venife
en 1672 , peignît d’abord à l ’huile, s’attacha
enfuite à la miniature & furtout au paftel.
Ç’eft dans ces genres qu’elle s’eft fait une
très grande réputation pour le portrait, &
pour des têtes de fantaiue très agréables &
d’ iîne couleur fraîche. Elle a fejourné longtemps
à Paris 8c a donné pour morceau de
réception à l’Académie royale un paftel représentant
une mufe.
» Plufieurs dames , dit M. Cochin, s’étoient
» déjà rendu célèbres dans les arts -, mais on
» peut dire qu’ à l’exception d’Elifabeth Sirani,
» de Bologne, l’admiration qu’on leur ac-
» cordoit étoit accompagnée de quelqu’in-
» dulgence, & fondée plutôt fur la rareté
» de leurs fu.ccès que fur l’ excellence de
» leurs taie ns. Privées de la liberté d’étudier
» la nature nue comme le font les hommes,
» on n’ çft pas en droit d’exiger d’elles un
» fovoir aufli étendu dans des arts où cette
» étude eft d’ une néceflité indifpenfable f
» Rofalba s’étant attachée aux talen.s du paftel
» & de la miniature, les a portés à un fi
» haut degré de mérite, que non feulement
» les hommes les plus célébrés dans ces deux
x> genres ne J ’orit point furpaflee , mais même
» qu’ il en eft bien peu qui puiffent lui être
» comparés. L’extrême correélion 8c la feiençe
» profonde du dellin n’étant pas aufli abfolu-
» ment eflentielles dans ces genres, que dans
» celui de l’hiftoire, elle a atteint ie but
» qu’on peut s’y propofer par la beauté de
» fa couleur. La pureté & la fraîcheur des
» tons qu’elle a fu employer dans fon coloris,
». font admirables, 8c la belle facilité, aufli
» bien que la largeur de fa manière, l ’ont
» égalée au plus grands maîtres. Elle cher-
choit fa récréation dans,la mufique & tou-
choit très bien du clavefin. Ses talens lui
procurèrent une fortune confidérable. Elle
eft morte à V enife en 1757, âgée de quatre-
yingt-cinq ans.
Wagner à gravé le portrait de cette fille
célébré peint par elle même. J. Smith a gravé
d’après elle , en manière noire, le printemps &
l ’innocence.
(304) Claude Gi-llot , de l’école Fran-
çoife, né à Langres en 1673 , n’eut point de
fuccès dans l’ hiftoire, & en eut beaucoup dans
îles fujets grotefques. Il doit fur-tout fa réputation
à fes petits deflins, agréablement bi-
£ eaux-Arcs. Tome. II,
zarres, qu’ il a graves d’ une pointe très-fpin-
tuelle. I l eft mort en 172,2, âgé de quarante-
neuf ans..
On eftime juftçment les eftampes qu’ il a
faites pour les fables de la Motte.
(305 ) Jean-Pierre Zanotti, de l’école
Lombarde, né à Paris en 1674, mais mené
à Bologne après fes études de la langue latin
e , fut éleve de Pafinelli , peintre bolo-
nois, agréable colorifte 8c habile dans la com-
pofition. Zanotti acquit une couleur fraîche ,
un pinceau moelleux, une bonne intelligence
du çlair-obfcur. On loue fon tableau de Saint-
Thomas dans la paroifle dédiée à cet apôtre,
à Bologne. I l s’eft aufli diftingué dans la poé-
fie, a fait une tragédie de Djaon , & a été de
plufieurs académies littéraires, On ignore l ’année
de fa mort : on fait feulement qu’ il eft parvenu
à un âge avancé,
(306) T hierry Valkenburg , de l’école
Hollandoife , né à Amfterdam en 1675 , fut
élève de jean Weeninx. Il a fait le portrait,
mais fa réputation eft fondée fur fes tableaux
de nature morte, qui font très-recherchés &
portés à un très-haut prix. Quoiqu’ il ne fott
pas parvenu à la vieillefle, fes derniers ouvrages
font bien plus foibles que ceux de fon
bon temps. Il eft mort d’apoplexie en 17 2 1,
à l’âge de quarante-fix ans.
(3°7) Jean-Antoine Pellegrini, de l’ë-
coie Vénitienne, né à Venife en 1675, peir
gnoit bien & d’une grande manière, avoit un
pinceau large & facile & beaucoup de goût.
Il entendoit la grande machine de la çom-
pefition & faifoit bien le payfage. A force
d’étendre fes mafles de lumières, il étoit fujet
à détruire le relief. Ses bons ouvrages font
biens deflinés. Il eft mort à Venife en 1741
à l’âge de foixante & fîx ans.
(308) Pierre-Jacques Cazes , de l’école
Frànçoife , né en 1676, fut élève de Bon Boul-
longne..Quand il parut, la peinture étoit dans
un état de décadence, & il lui fut aifé de
fe faire une réputation fupérieure à fes talens
ou plutôt il n’ eut pas la peine de la faire
on s’emprefla de la lui accorder pour abbaif-
fer celle de le Moyne qui lui-étoit bien fu-
périeur. C’écoit un de ces artiftes qui poffedent
aflez bien leur profefîion pour mériter des éîoçes
modérés, & qui ont de la facilité à produire
de ces ouvrages fans caraflère, qui donnent
peu de prile à la critique. On peut voir de lui
l’Hémorroïfle à Notre-Dame, & beaucoup de
tableaux dans le choeur de Saint-Germain-des-
Prés. Il eft mort en 1754, âgé de foixante &
i dix-huit ans. n