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P A L E T T E . La palette pour la peinture à
l ’huile, eft une planche de bois fort mince,
ordinairement de forme ovale &' quelquefois
quarrée. Cette forme dépend de celui qui
remploie, & qui doit choifir celle qui lui
fembl'e la plûs commode. Elle doit.être plus
épaifie du côté du, pouce , ce qui la rend plus
légère à la main : fi la plus forte épaiffeur le
trou voit du côté oppofé, elle tendroit à être
entraînée par fon poids. ^ & feroit fatigante à
tenir. A l’endroit le plus épais , qui ne doit
être tout au plus que de deux lignes, on pratique
vers le bord, un trou défiguré ovale,
& aflez grand pour y p-afler à l’aile le pouce
de la main gauche. Ce r-rou eft taillé de biais
& en mourant, dans l’épaiffeur du bois : La
partie de dertous de la palette qui eft vers le
dedans de la main , eft un peu tranchante,
& au côté oppofé, c ’eft celle de defius. La
palette s’appuie en partie fur le bras.
, Le trou dans lequel on parte le pouce, doit
être d’une grandeur proportionnée à la palette :
une grande palette qui a un petit trou , incommode
fort le pouce par fa pefanteur -, une
petite palette, percée d’un grand trou , n’eft
pas aflez ferme à la main. Ce trou lé fait à
un grand pouce du bord.
. Le bois de la palette ne doit pas être poreux,
mais uni & fort plein. On fe fert ordinairement
de pommier, ou de poirier : on employé
rarement le noyer parcequ’il fe tourmente 8c
fe déjette. Les bois durs de l’Amérique font
propres à faire des palettes : la cherté de leur
prix empêche de les employer fouvent. Tels
l’ont les bois de B refil, de Gayac &c.
Avant de fe fervir d’une palette, il faut
l ’imbiber d’huMe de noix ou de queîqu’autre
huile ficca ive : Cette préparation doit'commencer
trois l’emaines ou un m'ois avant défaire
ufage de la palette-, on recommence l’ opéra:ion
à plusieurs reprifes, à melure que l’huile fe
fcche , & on ne la termine qu’au moment où
l’huile ne s’imbibe plus dans le bois : autrement
la couleur pénétreroit dans les pores &
feroit des taches , qui non-feulement nuiroient
à la propreté de la palette, mais qui emrê-
eheroient d’ y juger durement les nuances des
teintes. Enfin quand l’huile eft bien feche ,
©n ratifie la palette avec le tranchant d’un
couteau, & on la frotte d’un linge avec un
peu d’huile de noix ordinaire.
C’eft fur la palette qu’on difpofe les couleurs
avant de peindre. On les range fur le bord
d’en haut, qui fe trouve le plus éloigné du
corps quand on tient la palette à la main,
& on les place les unes à côté des autres,
fans qu’ elles fe touchent ; le milieu & le bas
de la palette fervent à faire les teintes & le
mélange des couleurs avec le couteau.
La propreté eft très- néceflaire dans la peinture
à l’huile. Pour entretenir cette propreté,
il faut avoir foin de nettoyer tous les jours
fa palette après avoir quitté le travail. On
commencera par lever avec le couteau, lés
couleurs qui reftent & qui peuvent fervir
une autre fois. Si l’qn a befoin d'employer le
lendemain ces même couleurs , il fuffit de les
remettre fur une autre palette : mais fi l’on
doit être ,quelque temps Tans en faire wlage,
il faut mettre dans de l’eau les couleurs les
plus ficcatives, telles que le blanc, la terre
d’ombre 8c le maflicot les autres peuvent
reftercinq à fix jours fur la palette fans ficher;
le noir d’os.& la grofle laque, qui ne lèchent
jamais, pourroient y relier bien davantage.
Lorfqu’on veut employer des relies de couleur
où il eft entré beaucoup de ficcatif, on peut
fe fervir commodément d’ une vitre ou d’un
morceau de verre plat & huilé, fur lequel on
les applique, & que Ion plonge dans de l’eau
nette , d’où il eft facile de les retirer quand
on veut s’en fervir. On remarquera cependant
qu’ il y a des couleurs, comme l’ochre jaune,
le ftil-de-grain, la terre v e r te , l’outremer,
&c. q u i, mifes dans l’eau, quittent leur
huile 8c fe délayent. Quand on veut faire ufage
des couleurs qu’on a confervées dans l’eau , il
faut, avant de les mettre fur la palette, fouffler
defius pour en ôter les gouttes qui s’y font attachées
, 8c les laiflèr fecher quelque temps,
pour diiïiper le peu d’humidité qui y refte.
Après que les principales couleurs qu’en veut
conferver ont été levées de defius la palette,
& mifes à part, on enlève tous les r eft es inutiles
le plus qu’ il eft pcftible ; puis avec un
petit lin g e , on eftliie la palette, on met defius
avec le doigt un peu d’ huile nette, qu’on
étend par le frottement. Enfin, avec un petit
lin g e , on efluie exaélement la palette, julqu’à
ce- que le linge ne contraste plus aucune fai été.
S’ il arrivoit-qu’on eût Jaifie fécher les couleurs
fur la palette, ilfaudroit la ratifier proprement,
avec le couteau , 8c la frotter enfuite, comme
ci-deyant, ayec un peu d’huile.
Lorfqu’on peint à, l ’huile, on a ordinairement
de l'huile de noix nette dans un godet ou vafe
de fayencc ou autre. On la prend avec le couteau
ou avec les pinceaux pour tous les ufages
auxquel > on peut en avoir befoin, ( Élément de
peinture'pratique. )
PAPIER^ ( fubft, mafe. ) Le papier à defiiner
au crayon , doit avoir de la force & du
grain , parpe que le grain du papier en donne
un agréable au .crayon, fur-tout à celui de
fanguine. On trouve, chez les marchands des
papiers de demi-teinte bleu & grife pour faire
aux crayons noir ou rouge , ou même avec
tous les deux, des defiins dont les lumières s’éta-
bliflènt avec du crayon blanc. Le papier bleu
a un duvet qui le rend difficile à ménager :
H ne faut pas le fatiguer avec le crayon. Oh
petit faire foi-même fur’le papier des demi-
teintes plus douces 8c plus agréables que celles
des papiers qui te trouvent dans les boutiques.
Pour daffiner en petit, à la mine de plomb ,
on choifit des papiers très-doux, tels que celui
de Hollande.
Le deiïin au lavis > exige du papier fort 8c
bien collé,
P A N T O G R A P H E , (fubft. mafe. ) Le
pantographe ou finge, eft un inftrument qui
1ère à copier le trait de toutes fortes de defiins!
8c de tableaux , & à les réduire fi l’ on veu.t en
grand ou en petit; il eft çompofé de quatre,
réglée, mobiles, ajuftées enfemble fur quatre!
pivots, 8c qui forment enfemble un parallélogramme.
A l’extrémité d’une de, ces régies
prolongées , eft une pointe, q u i, parcourt tous ■
les traits du tableau, tandis qu’ un'crayon fixé
à l ’extrémité d’une autre branche fernblable ,
trace légèrement ces traits ou de même grandeur,
ou dans une plus grande ou plus petite
proportion , fur le papier ou plan quelconque,
fur lequel on veut les rapporter.
Cet inftrument n’eft pas feulement utile aux
perfonnes qui ne lavent pas defiiner ; il eft
encore très-commode pour les plus habiles ,
qui fe procurent par fon moyen des copies/fidèles
du premier trait, 8c dès réduûions qu’ils
ne pourroient avoir qu’ en beaucoup de temps,,
avec bien de la peine, & vraifemblablement,
ou même très-certainement , avec moins de fidélité.
. Cependant de la manière dont pendant longtemps
le pantographe avoit été conftruit, il.étoit
fujet à bien des inconvéniens qui en faifoient
négliger l’ufage. Le crayon porté à l ’extrémité
de l’ une des branches, ne pouvoir pas toujours-,
iiiivre les inégalités du plan fur lequel on
defiinoit; fouvent il cefioic de marquer le
,trait, & plus fouvent encore fa pointe venant
à febrifer, gâtoit une copie déjà fort ayancée:
lorfqu’ iL falloit quitter un trait achevé pour
en commencer un autre ; on, étoit obligé de
déplacer les,réglés , ce.qui arrivoit à tous mo-
msns.
M. Langloisingénieur du- ro i, à très-heu-
reufemenc corrigé tous ces défauts dans le no-u-»
veau pantographe qu’ il a prélènté à l ’acadcmie
des fri en ces en 1743 , & c’ eft principalement
par le moyen d’un canon de métal dans lequel
il place- un porte-crayon , q u i, preffant feulement
par fon poids , & autant qu’ il le faut,
fur le plan qui doit recevoir la copie, cède
aifcment 8c de lui-même, en s’élevant 8c s’ab-
baiflant, aux inégalités qu’il rencontre lur ce
plan, À la tête du porte-crayon s’attache un
fil , avec lequel on le foulève à volonté, pour
quitter un trait 8c en commencer un autre,
fans interrompre le mouvement des réglés,
& fans les déplacer.
Outre ces corrections, M. Langlois ajufte là
poince à calquer de l'on pantographe f i e porte*
crayon , & le pivot des règles , fur des efpèces
de boëtes ou cou lifte s qui peuvent fe combine?
diverfement fur ces règles, félon qu’on veut
copier, d’ une proportion égale à celle de i o-~
riginal, ou plus grande ou plus petite , 8c il
rend tous les mouvemens beaucoup plus ailés ,
en faisant foutenir les règles, par de petits
piliers garnis de roulettes excentriques. Le
pantographé, ainfi reétifié, eft un inftrument
propre à réduire en grand 8c en_petit toute*
fortes de figures, de plans; de cartes, d’or-
nernens, & c . très-commodément, 8c avec beau»-
coup de prreifion 8c de promptitude.
Quand le trait a jrté donné par le pantographe,
on eft fûr qu’ il eft de l’exaétitude la plus fé-
vère , s’il a été conduit par une main exercée ;
mais il faut encore que l’homme habile le réparte,
pour y répandre le ta& , l’efprit & le
goût. Sans cela le fin g e , comme le diibit unt.
bon defiinateur, ne produiroit que des fin g e - ?
ries.
C’ eft à l’aide du pantographe , qu’ont été
réduites la plupart des vues des porcs de France,
peints par Vernet,: 8c gravés par Cochin 8ç
Lebas. Mais Lé bas , & fuivtouc un de Tes élèves,
M. Marillier, avoit une habileté rare à fe fervir
de cet inftrument. Voyez à l’article Deflïn
de ce diélïonnaite pratique , ce qui a été d it.
du Pautographe.
PANNEAU (fubft. raafe.) Planche imprimée
fur laquelle on peint. Les Grées & les Romains
paroiftent n’àvoir peint que fur bois,
ou fur dès murailles. I l n’eft fait mention d’ç
peinture fur toile,"que fous le règne de Néron,
& encore peut-on croire qu’un feu! ouvrage
fut exécuté de cette manière, C’étoit le
portrait collofial de ce prince , dans la proportion
dé çent vingt pieds, On choifit vraifembla»