
fleurs ouvrages de Michel-Ange , de Duquef-
noi, de Pu je t , de Girardon, de Pigale & de
beaucoup d’autres des fculpteurs de notre
école. Cependant quand on veut faire connotcré
la maniéré d’ un peintre 8c d’ un ftatuaire qui
font fentir fortement les diverfes luffaces des
corps, fans y mettre une très-grande liaifon ,
comme on le voit dans les tableaux de Lan-
franc , de Gennaro , de Reftout, & dans la
plôpart des fculptures de Bernini, de leMoyne,
8c c. On dit ce tableau , cette figure font.fàits
par plans. Article de M. R o b in .
P LAN CH E , (fubft. fem). On ne fe fert
point de ce mot pour défigner Pais fur lequel
eft fait un tableau peint fur bois ; on lui donne
le nom de paneau.
Les .graveurs èn taille-douce, en manière
noire, en manière pointiüée;, & c . nomment
planche la feuille ou lame de cuivre rouge
fur laquelle ils gravent. Ils fe fervent même
du mot planche pour défigner le travail dont
ils la couvrent. Ainfi un graveur, dit que là
planche n’ eft qu’ébauchée ou qu’elle eft fort
avancée, pour exprimer queTon travail n’en
eft encore qu’ à l’ébauche ou qu’il approche
du fini. Quand les graveurs difent une belle
planche , une bonne planche , ils n’entendent
pas une lame d’ur. bel ou bon_ cuivre , telle
qu’elle eft fortie des mains du chaudronier,
mais une planche couverte d’ un bon travail
de gravure. Quand ils veulent défigner la planche
elle-même, confidérée indépendamment
de leur trav a il, ils difent ordinairement un
cuivre. Voilà un bon cuivre; je n’ai point
encore le cuivre fur lequel je dois graver ce
tableau.
La planche des graveurs en bois eft un ais
plat de bois de poirier, de buis, ou de quel-
qu’autre bois dur & fans noeuds, fur lequel
on grave avec divers inftrumens (L).
PLASTIQ U E , (fubft. fem). Ce mot eft
g r e c ; les latins en ont fait ufage, & lés nations
modernes l’employent quelquefois, fur-
tout en parlant de l’art antique. I l fignifie.
l ’ art de modeler. Voyez les articles Modèle
& Modeler.
PLATRE (fubft. mafe. ) Pierre qu’on employé
au lieu de moilon, telle qu’elle fort
de la carrière ; mais qu’on cu it, qu’on niet
en poudre & qu’on gâche avec de l ’eau pour
différents ufages de maçonnerie.
On fe fertdu/7/arre pour prendre des moules,
foit fur des objets naturels, & même fur ia
nature vivante ; foit fur des ouvrages de l ’art
qu’on veut multiplier, tels qu? des ftatues,
des modèles,
ifè moule fa it , l’ufagele plus commun eft d’y*
couler du plâtre, 8c alors on aunè représentation
fidèle , une répétition parfaitement lèmblable
de la ftatue, du bas-relief, fur lefqaels on a
pris le moule. Les plus petits détails y font
exprimés, 8c il n’y a plus de différence que
celle de la matière, moins folidè 8c moins
précieufe.
Mais fi l’objet moulé en plâtre a beaucoup
moins de prix que l’original, il eft bien plus
favorable à l’étude lorlqUe l ’original eft en
bronze, parce que les luifàns du bronze ne
permettent pas de lire aifément les formes.
On donne dans les atteliers le nom de plâtre
ï aux ftacues , aux bas-reliefs, aux parties
moulées en plâtre d’après les reftes les plus
précieux de l’antiquité & les chefs-d’oeuvre
des ftatuaires modernes. On d it, par exem?-
p le , que l’on a un beau plâtre de la Vénus
de Méçiic.is j de la tête du Laocoon, de celle
de Niobé, &c.
C’efl: par le fecours des plâtres multipliés,
qu’on peut faire en Francey en Angleterre,
en Ruine, les mêmes études qui ont donné'à
Michel-Ange, à Raphaël, au Poulfin , une fi
grande fupériorité fur. les artiftes qui ont été
privés de -l’étude de l ’antique. Le marbre de
l’Apollon du Belvedere, ceux de la Vénus de
Médicis, de l’Hercule Farnèfe, du grouppe
de Laocoon refient à Rome : mais les p lâ tres
en font portés à Paris, à Londres, a S.
Pétersbourg, & Ton peut , dans toutes ces v ille
s , étudier ces chefs-d’oeuvre plus commode4-
ment encore que dans la v ille même qui en
conferve le dépôt. On peut confulter à chaque
inftant ces belles produ&ibns de l ’art des
Grecs dans les falles des académies ; chaque
artifte en poffède des parrtes dans fon attelier.
Il peut, fans quitter les foyers , étudier toutes
les beautés de l’antique.
Que l’étude àfïïdue des plâtres ait quelques
inçonvéniens, comme l ’a établi M. watelet,
article Bosse , c’eft ce qu’on ne peut nie r ,
& c’efl: en même temps ce dont on ne peut
tirer aucun rçfultat contraire à cette étude,
En effet, toute pratique | quelque parfaite
qu’elle foit , a fes inçonvéniens patticulieus
qui ne font pas attachés à une pratique différente
; mais celle-ci a de même des incon-
véniens qui lui font propres. Ce qu’ il faut
examiner, c’efl: laquelle a les plus grands in-
convéniens , laquelle a lès plus grands avantages.
Que préférerions-nous, fi nous prenions
intérêt aux luccès d’ un jeune Artifte , de ftii
voir fuivre une méthode qui lui prpmettr«it
les fuccès du Pouflin avec fes défauts, ou unB
méthode différente qui pourroit le garantir
de ces défauts, mais fans lui promettre la même
perfe&ion \
"Sans doute l ’ étude âflidue des plâtres tnou- |
lés fur l’antique ne donnera pas, auffi bien J
que le modèle vivant ; le fentiment de la j
chair, la connoiffance des plis de la peau, I
celle de ces petits détails qui fe multiplient
avec l’âge & qui font des témoignages .de l’infirmité
humaine : mais elle fera connoître la
véritable beauté des formes, leur plus parfaite
pureté, leur grandeur la plus fublime,; elle
donnera la plus profonde fcience des formes '
qui indiquent que l’homme v it , qu’i l agit,
qu il fe meut, & non de celles qui indiquent
feulement qu’ il doit fe dégrader ou périr.
De bea ux plâtres moulés fur l’antique vous
forceront d’étudier feulement lès attitudes fa-
gès y décentes & modérées que les plus beaux
genies de la Grèce ont cru devoir donner à
leurs modèles. Vous aurez beau les retourner,
les confidérer fous tous les points de vue ; ce
fera toujours la mêine pureté, la même fageffe :
il ne fera pas au pouvoir d’un téméraire pro-
fefl’eur de les tourmenter, de les contourner
pour les plier à fes caprices, comme il y fou-
met le modèle vivant. Cette étude vous laif-
fera donc dans une heureufe ignorance fur j
les attitudes recherchées ou forcées, fur les
grâces minaudières, furies mouvemens violens
8c exagérés. Perfonne ne pourra pétrir & réformer
votre plâtre antique comme les tailleurs,
les cordonniers, les maîtres de danfe,
les parens pétrifient & déforment la nature humaine.
Vous ne connoîtrez donc que les grâces
véritables, que la belle conformation ; celle
que donfte la nature qui croît & fe développe
fans contrainte.
Les grands maîtres de la Grèce, nés dans
un climat qui leur offroit les plus beaux modèles
, & fous des moeurs qui leur montroient
journellement ces modèles- nuds 8c dans des
attitudes toujours variées; & toujours b e lle s ,
puifqu’elles étoient celles de la nature, ont
employé tout leur génie à repréfeftter ces modèles
qu’ ils s’attachoient encore à dépouiller
de leurs imperfeélions. Ayant toujours fous
les yeux des modèles différens , ils corrigeoient
par les beautés de l ’ un les défeéluofités de l’autre,
8c font parvenus au beau de choix: &
d’union; par la fiiblimité de leur penfée , ils
fe font élevés jufqu’ à l’ idée d’une nature plus
parfaite encore que celle de la nature la mieux
choifie, & font parvenus jufqu’ au beau idéal ':
ils ont créé une beauté que l’art moderne ne
connoîtroit pas fans eux & qu’ il s’efforce d’atteindre
fans ofer même efpérer d’y parvenir.
C’eft: par l’étude des plâtres que nous deviendrons
les élèves de ces grands maîtres, &
s’ il exifte un moyen de lés égaler, c’eft de
commencer par fréquenter leurs écoles. ;
L’ étude du plâtre eft , dira-t-on , nuifiblé
à la beauté de la couleur. Gela peut être. On
Beaux-Arts. Tome JI,
vëuç être. à. la fois grand defTinateur , grand
peintre d’exprefiion, grand compofiteur, grand
coJorifte , grand machinifte. On veut être
tout, on cherche à la fois la perfeélion de
toutes les parties , & on ne produit qu’un
tout médiocre ou du moins que des ouvrages
agréables, 8c dont la plus grande perfection
eft de n’a.voir pas d’imperfe&ions choquantes,
mais dont le plus grand défaut eft
de n’avoir pas de beautés fupérieures. Tel eft
.généralement le caraâère modernfe. On fait
bien que la malignité des contemporains cherchera
toujours la partie foible d’un habile Artifte
pour le déprimer. Mais celui qui veut
atteindre au grand, doit d’abord fe rendre
affez grand lui-rmême pour méprifer les traits
de l’envie, de l’ ignorance 8c de la malignité.
Placé au-defius de fon fiècle, fupérieur aux
jugemens de ceux qui v iven t, il doit confa-
crer fes chëfs-d’oeuvre à ceux qui naîtront.
Enfin, par le moyen des plâtres, nous
pouvons, dès nos premiers pas dans l’art, mettre
fous nos yeux l’expérience de tous les fiè-
cles & les chefs-d’oeuvre qui les ont illuftrés.
Cependant en louant l’étude des plâtres moulés
fur V ’antique , .nous ne prétendons pas donner
l’exclufion à celle de la nature : ce fe-
roit faire perdre à l’art un trop grand nombre
de fes avantages. Mais c’efl: en confultant
afïiduement l’antique, que l’art pourra corriger
& aggrandir la nature. .
L’étude des plâtres moulés fur de belles
ftatues ou fur la nature elle-même , eft: d’une
utilité prefqu’ indifpenfable aux commencans.
Sans elle , ils ne parvièndront peut-être jamais
à la précifion. La nature vivante eft trop mobile
pour qu’ un élève qui n’a point encore
d’habitude, qui n’a point encore une multiplicité
de formes gravées dans la mémoire
puifie l’imiter avec exaâitude. Pendant qu’ il
baiffe les yeux., le modèle refpire, 8c quand
il les relève, il ne retrouve plus la même
forme qu’il avoit commencée. Le même muf-
cle offrira peut-être dans fa copie incertaine
des mouvemens contradi&oires. Mais le p lâ tre
refte immobile fous les yeux de l ’élève j
le mouvement, les formes ne changent pas ;
il peut retrouver fon modèle toujours le même,
& par conféquent fe corriger.
Les plâtres moulés fur l’antique feront toujours
utiles à l’Artifte avancé. Ils l’avertiront
des défauts du modèle v iv a n t ,.ils lui montreront
les formes dans leur plus grande pureté
, la beauté! dans fa perfe&ion fuprême
le grand ftyle de l’art dans ce qu’ il a de
plus fublime. Et quel Artifte croira qu’ il eft
temps pour lui de négliger une étude qui fut
toujours celle de Raphaël ? Quand croira-t-on
ne pouvoir plus rien apprendre dans ce qui
apprit toujours quelque çhofe au Pouflin ? La