
Ver, a-peu-près comme une plume à écrire. Maïs
que fa main foit »an peu plus tournée & penchée
vers le corp.®. Que le bifeau du taillant de la
pointe foit du même côté, enforte qu’on ne voye
prefque que l’épaiffeur de la lame, obliquement,
Crès-péu du plat, du taillant & du bout de la
pointe, & le deffus de la main. Qu’il enfonce
i ’outil dans le bois , fur le plan incliné du bifeau
du taillant, & qu’ il faite la coupe. C’eft la première
& la principale opération du graveur. Que
les deux derniers doigts de l'a main pofent fur la
planche , pour ne pas être gênés , en tirant la
pointe de gauche à droite , comme on voit en A.
planche III. fig. 44. C’eft le contraire de la gra-
vure»au burin, où l’outil eft pouffé de droite à
gauche.
Pour enlever le bois coupé, on fait la recoupe
; c’eft la fecon.de opération. Que la main foit
tournée en dehors du corps, de façon qu’on n’en
voye que le pouce & l’index qui tiennent la
pointe , avec le bout du doigt du milieu : que
les autres doigts foient pofés & prefque cachés
fur la planche :■ qu’on enfonce la pointe au-deffus
de la coupe & où l’on a ccm-nencé à la former,
enforte qu’elle entre dans le bois, appuyée en
dehors du corps , lur le côté du taillant qui n’a
pas de bifeau, &^que l’on voye tout le côté du
taillant du bifeau, malgré l’ombte. Cela fuppo-
fé, fi l’on tire parallèlement l’outil de gauche à
droite , on enlèvera le bois à mefure qu’ il fe détachera
, comme on le voit en B , fig. 45.
Pour achever de former ou graver le trait,
contour , ou la taille'commencée, on en fera
autant qu’il a été.dit, par une coupe & une recoupe
du côté oppofé à celui que l’on aura gravé:
& on donnera à ce trait, ce contour, ou taille,
une figure pyramidale fur toute fa langueur,
plus ou moins menue y félon qu’on l’aura voulu.
Onfe formera la main en failant des traits en
travers du fil du bois , comme en C fig. 46 , retournant
la planche , le fil du bois montant toujours
devapr foi, & faifant une autre coupe ,
comme en D , fig . 47. Les deux coupes faites ,
on retournera la planche d’un autre fiens, le fil
du bois en travers devant foi, & on y tracera à
des diftances éga‘ ?s d’autres coupes en échelle ,
depuis le haut jufqu’en bas, comme on voit en
IL) fig* 48. Les lignes tracées fig. 48, dénotant
où l’on a paffé la pointe, il s’agit d’enlever le bois
à cette efpéce d’échelle : pour cela on recoupe
& l’on achevé les tailles, comme dans la fig .
49 , commerçant toujours par celle d’-en-hauc,
& finiffant par celle d’en bas. On voit \fig- 50
& 51 , la forme que doivent avoir les tailles.
Ce font comme des dents de feie, & l’efpace qui
les conftitue eft une efpece de gouttière*
Il faut bien prendre garde , à la coupe , de ne
pas coucher la pointe vers le corps plus qu’il n’a été preferit : on s’expoferoit à endommager les
tailles par le pîed, fe caffer. ce qui les rendroît fujettes &
Q u an d on a fait d es tailles en travers du fil du
b ois , s’il arrive q u ’il foit d ifpofé à s'égrener , on
exécu te la recou p e avan t la cou p e.
V o ilà pour les ta illes d r o ite s. Les circu laires
o u co u rb es fe fo n t en tou rn ant un peu la main
fur e lle -m êm e d evan t foi , tou jours de g a u c h e à
d roite , tan t à la coupe qu’à la recou p e , faifan t
con co u rir à c e tte opération la m ain q u i tien t la
p la n c h e , 8c q u i la d o it faire m o u v o ir dans le
fe a s oppofé à ce lu i d e là m ain q u i tie n t l’in ftru -
m en t : on com m en ce la cou p e & la recou p e e n
A , & on -les fin it en B , fig. 55 , dans la q u e lle
les traits b lan cs m arq u en t le r e lie f, & l’om b re
m arq u e les c r e u x .
L es e n tr e -ta ille s , o u ta ille s cou rtes en tre d es
ta ille s lo n g u e s , com m e on en v o it f ig . 57 , fe
fo n t com m e les ta illes o rd in aires , le s raccou r-
ciffant feu lem en t à v o lo n té.
Les en tr e -ta ille s ou ta ille s rentrées ou g r o f-
fies par en d ro its , n e fe fo n t pas autrem ent o u e
les ta ille s , o b ferv a n t, fur leu r lo n g u eu r , d e réfer
v er d es en d ro its plus épais & p lu s nourris 9
com m e on en voit fig. 5 6 ,
P ou r les c o n tr e -ta ille s , ou fécon d és ta ille s ,
on fait d’abord tou tes le s cou pes p a r a llè le s,
com m e a des ta illes fim p les : puis on cr o ife ce s
cou pés par d’autres fou s tou tes fortes d’a n gles ,
ob fervan t d e n e pas trop en fo n cer la pointe , d e
peur d’égren er ou m êm e d e détach er les cr o i-
fëes. O n p rocéd é en fu ite quarreaux par quar-
reaux , en éq u e r r e , & on recou p e à con tre fen s
d e c e q u i a été cou pé. L orfq ue to u t e ft gravé j on
paffe en frottant l’o n g le fur les cro T ies pour les
raffermir V o y é\ la fig . 50 où les quarreaux fon t
c r e u x , & le s ta ille s croifees d e r e lie f. -
T o u t c e q u e nous d iron s d es triples ta ille s ,
c ’e ft q u ’il fa u t, à ch a q u e fens d e ch a q u e ta ille ,
-faire d’abord les trois cou pes , c e q ui d iv ife ou
cou p e tou tes leurs croifées. O n va pôfém ent , on
paffe d’un p etit quarreau à un autre ,o n y fait
la recoup e , & on e n lè v e le b ois , ce q u i fu p p ofev
un a rtifte exercé, f^oÿe^fig. 60.
S’il arrive q u e , parmi des t a ille s , on en faffe
q u i fo ien t d e beau cou p plus baffes q u e c e lle s
en tre lelq u e lle s e lle s fe tr o u v e n t, d e forte q u e
ces d ern ieres em p êch en t la b a lle d’attein d re
aux a u tres , & par con féq u en t c e lle s-c i d e laiffer
a u cu n trait fur le papier , on appel le ces ta ille s
tailles perdues L’effet en e ft irrép arab le, fu r-
tour. dans les m orceaux d élicats.
L es p o in ts, fi fa c ile s à faire dans la gravure
en cu iv re , fon t très-d ifficiles dans la gravure en
b o is. I l fau t qu’ils fo ien t de r e lie f, v u id és tou t
autour , & affez fo lid es à la bafe pour n e point fe
caffer ou s’écrafer. Pour cet e ffe t, il faut faire
cette bafe à quatre fa c e s , en pyram ide. On n e
les arrangera p o in t par co lo n n es , com m e fon t
ceu x q u i, apres avo ir gravé le s ta ille s , les cou p
en t 8r recou p en t tou t en tra v ers, pour abréger
l ’o u v ra g e , en exécu tan t d’u n e fe u le cou p e 8c recou
p e tou s îçs points q u ’ils o n t à m arquer : c’e ft
hatarder de faire partir & fau ter tou s les points
q u ’ils g ra v e n t a in fi, par le s fou brelauts d e la
p o in te d e v aille en ta ille . I l fa u t, après avo ir di-
vifé to u te la lo n g u eu r d’u n e ta ille par des p o in ts,
un à un , form er à la ta ille d’à -cô té le s p oin ts cor-
refpon dans à l’en tre-d eu x d e ch a cu n d es a u tre s,
& ain fi d e fu ite , com m e on v o it fig. 58. S i le s
poin ts n ’étoien t p o in t affez fin s pour paroître
r ç n d s, il fau d roit en abbattre ou adoucir le s
a n g les ; car rien n ’e ft plus d éfag réab le q u e d es
points quarrés à des o u vra ges d é lic a ts , fu rtôu t à
des ch airs p o in tillé s, s’il a rrivo it d’en fa ir e ; ç e
q ui e ft rare dans la gravure en bois , où l’on n e
porte g u ère le fin i ju fq u es-la.
. k e s points lo n g s , ou ta ille s cou rtes fe fon t
q u elq u efo is au bou t des gran d es ta ille s , en les
fëpa/ant à leu rs extrém ités. I lfa u tle s rendre très-
d éliés & très-p o in tu s à l’en d ro it où ils d o iv e n t
fe perdre dans les clairs. O n en g liffe aufli parmi
des ta ille s q ui om bren t la p ierre, & c . A lo rs il
fem b le q u ’il les fa ille faire d’é g a le épaiffeur dans
leu r cou rte lo n g u e u r , afin d’en o b ten ir l’effet
des en tre-ta illes. M ais l’ufage de ces points lo n g s
e ft rare dans la gravure en bois.
V o ilà des m anoe uvres a u xq u elles il fau t s’exercer
avan t q u e de paffer à des fuj'ets. O n paffera
du poirier au b u is , des traits aux d effjn s, & des
eon tou rs fim ples aux v u id es. Il s’a g it m ain ten ant
d e vu id er fo lid em en t & proprem ent la gravure.
^Dégagez d’abord fermement v o s con tou rs a vec
la p oin te q u e vou s pafferez & repafferçz dans
tou c le creu x d e la gravure, q u i bordera les
champs o u parties d e buis qu ’il fau t e n lev e r &
creulèr ; fervez-vou s en fu ite du ferm o ir pour e n le
v e r au tou r de ces traits le b o is , partie par partie
. L e d ég ag em en t avec la p oin te q u i aura préc
é d é , em pêchera le fi! du b ois d’ en traîner le ferm
oir , & les cop eaux qu ’on féparera d’en attirer
d’autres.
L’art d e b ien vu id er a étéaffefc n ég lig é. O u les
artiftes fon t ma.l o u tillés pour c ette m anoe uvre ,
ou ils n e fo n t con fifter la p erfection q u e dans les'
ta ille s , o u ils facrifien t tou t à la d ilig e n c e , n ég
lig e n t la propreté & la fo lid ité , & n e v u id en t
les cham ps q u e fu p erficielîem en t ou gro fliere-
ïn e n t, fans le s rag reer, p olir & fin ir à la g o u g e ;
ou ils abandonnent ce travail à d es apprentifs
q u i, n e prenant a ucu n e atten tion pour n e pas
appuyer la lam e de l’o u til fur les tra its, les m eu rtr
ir e n t , les écrafent 8c le s fon t égren er ; ou q ui
baiffant trop le cou d e en a g iffa n t, & ten an t la
lam e du ferm oir ou de la g o u g e prefque d e n iveau
au plan fur leq u e l la p lan ch e e ft pofée ,
fon t paffer l’o u til tou t au travers d e la gravitre
& la défigu ren t par fept à h u it échappades ou
b rech es ; ou q u i n e con ten an t pas leu r m ain
d ro ite par la g a u c h e , v o n t d on n er du ta illa n t
d e I’o n tîl au p ied d ’un c o n to u r , ou d ’u n e ta ille
q u ’ils c o u p e n t, caffent & é b rech en t tou r-à-fair.
O n n e repare ces a ccid en s q u e par des p iè c e s ,
& ce tte réparation laiffe tou jou rs d e très-m au vais
effets. D ’ailleu rs le vuidé peu profon d & g re ffie r ,
fait q u e d es places q u i d o iv en t être b la n c h e s ,
' v ie n n e n t m acu lées d ’en cre.
Pour b ien v u id er u n e p lan ch e , il fau t êtr e
affis plus h a u t q u e pour la g ravér. C ela f a it ,
on p lan te u n e c h e v ille dans un d es trous répandus
a d ifta n ce fur l’é ta b li, pour y appuyer l’o u v
ra ge s’il en e ft b efoin . O n a un ferm oir dans la
• m ain d ro ite. C e fprm oir d o it être d e m o y e n n e
largeu r , com m e de, d eu x lig n e s ou e n v ir o n : la
partie du bou ton de Ion -m an ch e e ft p lacée dans
la m a in , le b ifeau du ta illa n t d e l’o u til & u n
peu d e l ’épaifleur d e la lam e parçiffant du c ô té
d ro it fur to u te là lo n g u eu r. O n tien t la p la n ch e
d e la m ain g a u c h e , o n écarte le p o u ce pour rec
e v o ir & fo u ten ir le b o u t du p ou ce d e l’au tre
m ain q u i tie n t le ferm oir : p a rce m o y e n la lam e
d e l ’o u til , appuyée du côté g a u ch e , p eut fa c ilem
en t g liffer d ’en v iro n la lon g u eu r d e q u a tre
lig n e s fe u lem e n t, en a van çan t & retiran t v er s
le creu x d e la m ain le s q u atre autres d o ig ts.
C ’e ft a in fi q u e l ’o u til va & v ie n t à d ilcrétio n
dans le bois. C ep en d an t c e tte p ofitîon n ’eft en core
q u e préparatoire ; pour d é g a g e r , . on tirera
le bras d roit affez pour q u e l’o u til pouffé en tre
d iag on a lem en t dans le b o is. A lors la fitu a tio n
des m ains ch a n g e r a , èc l’on v u iie r a fans d a n g er.
L e b o is ainfi e n lev é dans to u te u n e lo n g u e u r
à v o lo n té , & la p lan ch e ain fi v u id é e , on y r e -
paffera le ferm o ir pour la p olir p a rto u t, ju fq u ’à
la baie des con tou rs ou ti a its.
Si l’on f e n t, e ù d é g a g e a n t, q u e l ’on e ft d a n s
le fil du b o is , & qu ’on en e ft e n tr a în é , on reprendra
la p o in te q u ’o n repaffera au p ied du trait ;
ou , pour le m ie u x , on en fon cera m o in s l’o u til
par le côté du fil qu ’à co n tre-fil.
S’il y a d e p e tite s parties à v u id er q u i n’e x ig e n c
pas d e d ég ag em en t avec le ferm o ir , il fau t le s
v u id er en plein a v e c d es o u tils p rop ortion n és à
leu rs efpaces.
O n v oit m êm e p lan ch e 111. fig . 61 & 6x , u n e
p lan ch e en tièrem en t d ég ag ée a v e c le ferm o ir.
I l s’a g it d e vu id er le g ran d ch am p . I l fau t y
procéder a coups d e m a ille t, a v e c des g o u g e s
p ro p o rtio n n ées, com m e o n le v o it dans la v i»
g n e tte , fig. a. O n com m en cera c ette m a n oe u vre
à c o n tr e - f il, puis d e d roit fil : on form era a in fi
un b lo c d e copeau qu ’on en lèv era . O n réparera
en fu ite ces creu x à la g o u g e fan s m a ille t, plaçan
t le s m ain s com m e n o u s l’a v o n s in d iq u é c i-
d e ffu s, & con d u isan t l’o u til d e m an iéré à n e
faire a u cu n e échap pade. P lu s le s p laces à v u id e r
feron t g r a n d e s , plus il faudra le s c r e u fe r , afin
q u e le s b a lle s & le papier n’y a tte ig n e n t pas à
l’im p reffion . A in fi u n e p lace d’un p o u ce d e dût*