
Annibal Carrache & d’après lnUmême; fa pointe
e il plus fine que celle d*Annibal, & a plus de
propreté. Les quatre travaux' d’Hercule ont été
gravés par Rouflelet ; St. François en prière,
par Corn. Bîoëmaert : la fuite en Egypte, par
F . Poilly -, une Magdelaine pénitente , par
Strange.
(8S) Roland Savery , de l’école Flamande,
naquit à Courtrai en 15*76. Il fut d’abord
élève de fon père , peintre médiocre , mais qui
a voit reçu de bonnes leçons dans ~ l ’école de
Jean B o l, 8c qui avoit du moins le talent de
finir fes ouvrages avec beaucoup de patience
& de propreté; I l infpira à fon fils le goût de
ces parties agréables du métier , & l’appliqua
à delfiner &: oeindie le paylàge 8c la figure,
les quadrupèdes , les animaux y les infeéles.
Ro land vint en France, où il fut occupé par |
Henri IV dans les maifons royales. Appelle' j
enfuite par l’Empereur Rodolphe , & attaché
au fervice de ce Prince , il a lla , par fon ordre ,
lç renfermer pendant deux ans*dans les montagnes
& les forêts du Tirol , où la nature
offre des vues riches , pittorefques & variées.
L’arriftp y- raffembla un tréfqr d’ études qui fu - |
rent employées dans les ouvrages de toute fa
v ie , & qui les rendent tous fi piquans. On
reconnoit la nature dans les fi es dont il fait
ch o ix , on eft frappé des formes de fes arbres
qui femblent auffi vieux que le fol qui les
porte : on aime à le fuivre ën imagination à
travers des roches qu’il a fi *bien exprimées,
& d’où les eaux fe précipitent en fuperbes 1
cafcades. Ses payfages font .animés par le mouvement
de ces eaux & par des figures d’hommes
& d’animaux touchée^ avec cfprit. Son
feuille approche de celui de Paul B r il, & forme
des pannaches, arrondis. Ses idées font grandes,
parce quelles font fondées fur des études faites
dans un pays où la nature a de la grandeur;
fès diftributions font agréables, parce qu’ il
n-’avoit que la peine du choix dans l’abondante
richeffe de fon porte-feuille; on trouve
un grand art dans fes oppcfitions, parce qu’ il
avoit bien vu les variétés de la nature & fes
contraftes toujours frappans & toujours vrais.
Ses ouvrages traduits par la gravuré & privés
des fedu&ions de la couleur , confervent un
grand charme, & prouvent qu’avec des difpo-
fitions naturelles, le payfagifle fera toujours
l'ûr de plaire , quand il choiura bien le théâtre
de fès études. On reproche a Savery une teinte
bleuâtre qui domine dans fes tableaux , 8c
quelquefois de la fécherefie.
Après la mort de Rodolphe , Savery vint J
en Hollande, & s’établit à Utrecht, continuant J
de cultiver fon a r t , quoique le befoin ne lui j
impofât pas la néceffité du travail. Il donnoit I
fes matinées à la peinture, & le relie du jour I
: a l ’amitié. I l mourut i Utrecht en 1639, âgé
de foixante. & deux ans. Le plus grand nom^
bre de fes ouvrages eft à Prague dans le pa-->
lais de l'Empereur. On met $u rang de - les
chefs-d’psuvre un Saint-Jpiome dans un défère
cPune vafte étendue. Houbraken , dont le
' jugement eft ici d’un aflèz grand poids, célèbre
un tableau du même maître , repréfentant un
beau payfage, dans lequel Orphée , par le fort
de fa lyre., attire au tou p dp lui une multitude
d’animaux.
Giles. Sadeler a gravé feize beaux payfages
d apres Savery. Le Sr. Jérôme a été gravé par
Ii. Major, élève de Savery lui-même, pour
le dellin, 8c de Sadeler pour la gravure.
(8 9 ) Paul R ubens. V o y e z , fous l ’école
Flamande, ce qui a été dit 4e ce peintre à
l ’article Ecole.
(90) Mathieu Rosselli, de l’écoje FloV
rentine , né à Florence en 1578. « I l commença
» de très-bonne heure , dit Lépicié, à manier
» le pinceau & ne le quitta qu’à la mort
» cependant, comme il ne fit prefque d’au-
» très tableaux que ceux qtij lui furent or-
» donnés pour des églifes où pour des lieux
» publics , à peine e li- il fait mention de lui
» hors de Florence. Il faut convenir que ce
» n’eft pas un peintre de la première <clafle 5
» il eft maniéré , ainfi que l’ont été la pluparp
» des maîtres avec lefquels il a vécu : fon
» dellin n’ a rien de grand ni de mâle ; on
» peut, au contraire , lui reprocher d’être mou
» & de tomber dans le mefquin ; fes compo-
» fitions , fes figures font fans verve , & ne
» font pas aflez animées. I l manquojt lui-même
» de feu ; un caraéière doux 8c paiftble l’avoir
» toujours tenu, éloigné des paffions violentes,
» & comment eût-il pu exprimer ce que fon
» ame n’avoit jamais reffenti ? Malgré ces dé-
» fauts, fes tableaux opt de Bagrément, quel-
» qqés-uns ont mérité de pafler fous le nom
» du C ivo li; on les regarde avec plaifir, ce
» qui vient de ce que les fujets en font bien
» pris 8c traités avec fagëlfe , & de ce cju*
» les têtes qui y font employées font d’ un beau
» choix. .Quant à fa couleur, elle n’eft ni
» vraie , ni fort piquante ; mais il y a de l’ac-
» cord 8c de l’harmonie dans le^ tons : 8c
» lorfque le Roflelli a peint à Frefque, il a
» prefque toujours été fûr de réuffir; auffi per-
» lonne p’ y a - t - il apporté de plus grandes
» précautions. Sa parfaite expérience, fon af-
» fiduité.au travail, lui ont fait mettre dans
» fes frefques une fraîcheur & une pureté?
» qu’on voit rarement dans celles des autres
» peintres. Jamais il ne fut obligé de retoq-
» che r. les^fiennes à fec ; il étoit fûr de .leur
» effet ; des peintures à l’huilç ne font pas
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>} plus vïgoureufes. Pietre de Gortone. en^ ju-
» geoit ainfi toutes les fois qu’ il confidéroit
» les*'ouvrages du Roflelli dans le cloître de
» l’Annonciade à Florence, & entre autres le' ,
»v morceau où le pape Alexandre IV approuve,
» en plein confiftoire, le nouvel inftitut des
» Servîtes. On peut bien s’en tenir a la deci-
» fion de ce grand artifte, lui dont les belles
» frefques au palais Pitti firent, au premier
.» coup - d’oeil , une telle impreffion fur le
» Roflelli, que, dans fon tranfport, il s’ ima-
» g in o it, dîfoic-il , faire alors un beau reve,
» tant ces peintures lui parurent tuperieures
» à tout ce qu’ il avoit fait 8c à tout ce qu’il
» avoit vu. \. . v :
« Homme vertueux , fes. moeurs douces &
» infinuantes gagnoient aifément l’ affeélion de
» ceux qui ^entroient en commerce avec lui.
» Bon ami, bon maître , bon parent^ tous ceux
» q u i, dans leurs befoins , avoient recours a
» lu i, éprou voient l’excellence de fon coeur.
» I l nn fut à la'fin la vidime^ Etroitement
» uni à une famille dont il étoit. adoré y il
» eut le chagrin de voir périr en peu de temps
» fous ,fes yeux plufieurs neveux qu’ il avoit
» élevés dans la peinture & fur lefquels il fon-
. » doit de grandes efpérances. Une fièvre lente
» s’empara de lui & le conduifit au tombeau
» au commencement de l’ année 1560 , à.l’âge \
» de quatre-vingtrdeux ans.
« Le tableau du cloître de l’Annonciade ,
» dont nous venons de parler , a été gravé à
» Auglbourg , 1 & l ’on ne, peut s’empêcher,
» en le voyant, de prendre une grande idée
» du mérite de l’artifte.
Le roi pofsède deux tableaux du Roflelli.
L’un repréfente David tenant la tête 8c l’épée
de Goliath. « La compofition en eft agréable,
» les têtes gracieufès, & la couleur, fans être
x> vraie, a de l’accord & de l ’harmonie dans
» les tons ». L’autre qui repréfente le triomphe
de Judith eft du même faire•
. (91) François Albani , que nous appelions
VAlbatie, de l’école Lombarde, naquit
à Bologne en 1578. Fils d’ un marchand de
{oie , il fut deftiné par fon père d’abord aux
lettres, & enfuite au commerde ; mais un
penchant invincible l’entraînoit vers la peinture.
Privé bientôt de fon père, il obtint de
fon onple la permiffion de fuivre fes inclinations.,
& fut placé che^: ee Denys C alva r t,
qui a fait ou du moins commencé de fi grands
élèves.. Là il trouva le Guide élève déjà fort
avancé, & que l’on peut regarder comme fon
maître. Tous deux quittèrent enfuite.l’éèole de
Calvart pour entrer dans celle des Carraches,
8c l’Albane s’y attacha principalement à Louis. J
Tous deux devenus eux-mêmes des maîtres, al- ]
gèrent enfemble à Rome, & ils y furent fou vent \
Tojjie Jlf
occupes enfomble. La jaloufie rompit cette
union : l’Albane ne put Apporter de fe voir
préférer fon compagnon d’études & fon anft*
Déjà le Guide 1e diflinguoit par une manière •
qui lui étoit propre ; l’Albane confervoit encore
ce lle d’Annibal Carrache, & fe contén-
toit de la gloire d’être un excellent imitateur.
On ne doit donc pas être étonné qu’ Annibal
lui ait donné la préférence fur fon émule ,
ait employé7 fon pinceau dans la. galerie F*r-
nefe. Il le chargea auffi de.décorer, d’après
fes deffins, Téglife de Saint-Jacques des Ef-
pagnols. > *
L’Albane eut peu de temps après les entre-
prifes de deux grands plafonds : celui du
palais Verolpi à Home, & celui du château
de Baffano. Ces deux ouvrages , les plus grands
qu’il ait faits , ont-des beautés; m aisja réputation
de l’Albane eft bien moins fondée fiir
ces grandes machines , que fur les fujets agréables
qui firent fa gloire & le placent au rang
des grands maîtres. Ii excelloit furtout dans
les compofitions où il pouvoir faire entrer des
femmes & des enfans. Le grand, le terrible
convenoient mal à fon caraftère--; les beautés
auftères ne lui cenvenoient pas davantage : la
■ nature gracieufe étoit le feul objet de fon
imitation.
Il fentoit que le peintre eft un poëte , &
que la leâurc des poëtçs doit être le principal
aliment des peintres. Il regrettoit de ne
s’être pas rendu familière la langue’ des poëte s
de l’ancienne Rome, & fe confoloit par une
leélure affidue des poètes de l’ Italie moderne.
Il avoit une eftim^ profonde pour le Côr-
reg e ; mais fon refpeél pour Raphaël tenoit de
la vénération.’ I l ne prononçoit jamais , fans
fe découvrir, le nom de ce grand maître.
Il vouloic que le peintre pût rendre compte
des moindres objets qu’ il fiaifoit entrer dans
fes ouvrages , 8c démontrer qu’ il n’en avoit
admis aucun fans une raifon particulière.
I l difoit que la nature , dont le peintre doit
être le fidèle imitateur, eft très - finie, &
n’offre ni touches ni manière : il n’eftimoit
pas les peintres dont les ouvrages empruntent
leur mérite principal de la touche , quelque
fine & fpi rituel le qu’ elle pût etre.
Les fujets bas lui *déplaifoient ; il étoit indigné
des fujets lafeifs. Il s’étonnoit que des
a étions qui révoltçroient ou cauferoient le
dégoût, fi elles fe paffoient en public , puflent
être admifes en peinture dans les palais des
grands.
I l avoit une.pudeùr bien rare, furtout parmi
les artiftes. C’étoit fa fécondé époufe qui lui
for v o itde modèle pour les figures'de femme,
8c elle lui vendoit cher ce fervice par fes
hauteurs. Quand elle fut trop âgée pour devenir
l’objet de fes. imitations & qu’il fus
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