
A paturia les Apatiiries fe eélèbroient à
Athènes pendant trois jours. On a prétendu
que leur nom venoit d’un mot qui fignifioit
tromperie , & rappelloit la maniéré dont Me-
lanthus, rei d’Athènes, trompa Xanthus roi de
Béotie : mais doït-on croire qu’un peuple ait
inftitué une fête pour perpétuer le fouvenir
honteux- de la fourberie d’ un fes rois : fur-
tout lorfque les détails de cette fête, n’y ont
aucun rapport. Il eft bien plus probable que
le mot apaturie fignifioit l’aflemblée des pères.
Cette fête duroit pendant trois jours. Le premier
jour, les membres d’une même tribu le
raffembloient fur lé foir, & célèbroient leur
réunion par un feftin : cè jour le nommoit
Dorpia du mot grec qui lignifie fouper. Le
fécond fe nommoit . ariarrhyfis, & ce nom
marquoit a fiez qu’ il étoit confacré à des fa-
crifices; ces facrifices s’adrefloient à Jupiter
Fratrius, c’eft-à-dire protecteur de l ’ union des
tribus, & à Minerve. Le troifième nommé
coureôtis étoit celui où les pères faifoiene inscrire
dans les tribus ceux de leurs enfans
qui entroient en âge de puberté. La confécra-
tion de ces enfans dans l’ordre des citoyens
fe faifoit en leur coupant les cheveux qu’ils
avoient laifie croître jufqu’à cet inftant. On
confacroit ces dépouilles à quelque divinité,
le plus fouvent à Apollon. Les pètes, en cette
Tolemnrté, fe plaifoient à faire briller l’éducation
de leurs enfans; & leur faifoient chanter
& expliquer les plus beaux vers de différents
poètes.
A scolia , fête Athèniénne en l’honneur
de Bacchus. Cette fête, ou plutôt ce jeu fe
célèbroit à la v i l le , fur le théâtre, & à la
campagne dans la prairie. On enfloit une
outre faite de peau de bouc, animal qu’on
facrifioit à Bacchus ; on frottoit cette outre
d’huile ou de graifle pour la rendre plus
gliflante ; les jeunes gens fautoient defius d’un
feul pied, & leur chûtes fréquentes faifoient
rire les fpeélateurs.
BRAURokiA ; fête ainfi nommée d’un bourg
de l’Attique nommé Brauron, dans lequel
Iphigénie, ayant pris la fuite de la'Tauride,
dépofa la ftatue en bois de Diane à laquelle
elle avoit été fi longtemps contrainte d’immoler
les etrangers. Les Rhapfodes, vêtus d’ une
longue robe , ayant en tête une couronne d’or &
une- verge à la main , chantoient à cette fête
l ’Iliade d’Homère. On y facrifioit une chèvre
à Diane. Mais ce qui rendoit cette folemsité
plus piquante, c’ étoit que les jeunes filles ,
âgées de cinq ans au moins & de dix au plus,
y étoient initiées au culte de Diane. I l fal-
îoit avoir été admife à cette initiation avant
de contraâer les noeuds du mariage.. On racontolt
qu’ une ourfe apprivoîfée avoit vécu
longtemps paifible dans cette tribu, mais qu’elle
déchira enfin une jeune fille qui l’avoit irritée,
& fut tuée par les frères de celle à
qui elle avoit donné la mort. Les Athéniens
furent alors attaqués de la pefte , & apprirent
de l’orâcle qu’ ils ne verroient la fin de leurs
maux qu’apres avoir conlàcré quelques unes
de leurs filles à Diane. On appelloit ces jeunes
filles des ourfes ; elles .étoient vêtues d’un
manteau flottant de couleur jaune.
C aneforià , fête en l’ honneur de Diane,
pendant laquelle les filles qui fe préparoient
a fe marier oft'roient à Diane, dans des corbeilles
, les plus beaux ouvrages de leurs mains.
Cette offrande avoit deux motifs ; l’ un d’ap-
paifer Diane, déefle protë&rice de la v irginité
: l’autre de fe la rendre favorable, parce
qu’elle procuroit aux femmes de doux accou-
chemens, & que c’étoit elle qui les frappoit
de morts fubites. Je n’oferai décider fi c’étoit
à cette fête que l’on portoit une quenouille
fur un char en l’honneur de Diane.
D aphn efo ria , fête célébrée tous les neuf
ans en Béotie , en l’honneur d’Apollon &
dont voici la principale cérémonie. Un'jeune
homme, ayant encore père & mère, rempîiflbît
les fondions, de prêtre. Un. autre jeune homme
le fuivoit & portoit une- branche d’olivier.
Au‘ haut de cette branche étoit une boule
d’airain d’où pendoient d’autres boulesplus
petites, & au milieu de la branche, étoit. une
autre boule d’une moindre circonférence que
celle d’en haut, à laquelle étoient attachées
des bandelettes couleur de pourpre. La branche
étoit ornée de toutes fortes de fleurs, &
entourée par le bas d’un morceau d’étoffe jaune.
La fphère fupérieure défignoit le fo le il, celle
de aeffous la lune, les petites fphères repré-
fentoient les planètes & les étoiles fixes, les
bandelettes au nombre de trois cent foixante
& cinq, les jours de l’année ; la pièce d’é»
toffe jaune défignoit la lumière dorée du foleil.
Le jeune homme qui portoit la brancha
avoit les cheveux épars, la tête ceinte d’ une
couronne d’o r , & étoit vêtu d’ une robe brillante
qui lui -flot-toit- fur les talons. Une forte
de proceflion fuivoit ; elle étoit formée par de
jeunes vierges qui portoient des branches
d’olivier.
D élia , fêtes deDélos inftituées par Théfée
en l’honneur d’Apollon : elles attiroient de
* de toute la Grece un concours extraordinaire.
Théfée revenant de C rc te , où il avoir délivré
les jeune* gens donnés en tribut pour être
dé-/ores par le Minotaure , s’ arrêta à Délos, 1 & y confacra une ftatue de Vénus, que l’aracle
de Delphes lui avoit ordonne d’emporter
avec lui comme prote&rice de fon entre -
prife. Lui-même, à la tête d e là jeuneffe qui
l ’accompagnoit, conduifit la danfe religieufe
qui faifoit partie de cette inftitution facrée.
Les Grecs continuèrent de célébrer l ’anniver-
faire de cette fêre, & ils s’y croyoient obligés
par un voeu de Théfée. Les députés qu’ ils
envoyoient à Délos pour remplir ce voeu, fe
nommoient Déliaftes. Ils montoient le meme
navire qui avoit porté Théfée-, & qui fut con-
l’ervé pendant quatre ficelés, julqu’au temps
de Démétrius de Phalère. L’autel d’Apollon
Délien étoit compté entre les fept merveilles
du monde -, il étoit- conftuit de cornes de
chèvres fi bien entrélaflféês enfemble , que fans
aucun lien , fans aucun ciment, il étoit de la
plus grande folidité. On prétendoit que c e-
toit Apollon lui même qui l’avoit conftruit,
à l’âge de quatre ans, des cornes des chevres
que 1a foeur Diane avoit tuées à la chaffe. Le
poète Callimaque ajoute que le Dieu avoit
auili employé des cornes pour les fondemens
& les murailles du temple.
Pendant la fête, les alTiftans en formant des
danfes autour de l’autel, fe frappoient avec
des fouets, & mordoient une branche d’o-
livfer en fe tenant les mains derrière le dos.
Ils fe partageoient en trois choeurs,, l’un
d’hommes faits , l’autre de femmes & le dernier
de jeunes gens; tou s, dans leur danfe, imi-
to :ent les détours finueux du labyrinthe. Les
muficiens fe rendoîent à cette foleiïTnité pour
y faire alfaut de leur arc, & les Athéniens
ajoutèrent dans la fuite aux autres jeux des
courfes de chars.
Diônysia , fêtes de Bacchus , qu’on appello
it aufli bacchanales,. Elles fe célèbroient
dans un bourg nommé Limnce. Le pontife de
ce culte portoit le titre de roi ; c’écoit lui
qui faifoit les facrifices : fa femme, avec le
titre de reine, avoit foin des myftères, qu’ il
étoit interdit aux hommes de v o ir , dont ils
ne pouvoient même entendre parler. Quatorzè
femmes, choi.fies par.le ro i, faifoient les fonctions
de prêtreffes. Malgré la mauvaife réputation
de ce culte ÿ le roi ne pouvoit épou-
fér qu’une v ierge, & il auroit été dépouillé:
de fa dignité, il la chafteté de fa femme fût
devenue fufpeéte. Lui-même étoit élu par le
peuple entre les citoyens de la meilleure réputation.
On célèbroit les grandes bacchanales
au commencement du printemps.
Les petites bacchanales fe célèbroient à la
campagne, dans l’h iv e r , pendant le mois de
Janvier. 'Les Lénéiennes , ou fêtes du prefloir
fe célèbroient en' autonne.
On fait que dans les grandes bacchanales
$n portoit d.es thyrfes, c’eft-à-dire des lances
enveloppées de lie rre , dont l’armée du dieu
avoit fait ufage dans l ’ Inde pour tromper les
habitans. Les cymbales, les flattes, les clochettes
, les tympanons femblables à nos tambours
de b a (que, étoient des inftrumens d’ u-
fage dans ces folemnités. Elles fe célèbroient
pendant jla nujt ; les bacchants & les bacchantes,
ténant des flambeaux allumés, cou-
roient dans la ville comme des gens furieux
d’ ivreffe. Les myftères étoient renfermés dans
des corbeilles. Plufieurs bacchants, pour imiter
Bacchus lui-même dans fon expédition de
l’ Inde, fe couvroient de peaux de tygres & fe
ceignoient la tête de bandelettes. Ces fêtes fe
nommoient Orgies par excellence , quoique
ce nom appartînt en général à toutes les folemnités
religieufes. Les initiés, le corps entouré
de ferpens , mordoient les entrailles des
viclimes pour imiter l’aâion de gens furieux.
Ces fêtes fe célèbroient dans les temps anciens
avec {implicite : la gaieté , quelques amphores
de v in , des branches de lierre, un bouc qu’on
promenoir en cérémonie, quelques figures que
l’on por.oit dans des corbeilles, en faifoient
les frais. Mais dans la fuite on y porta des
yafes d’or & d V g en t , on s’ y montra vêtu des
plus riches habits, mafqué. & traîné fur des
chars magnifiques : ce qui nVmpêchoit pas
qu’on ne vît toujours des hommes déguifés en
fatyres ou en filenes, & montés fur des ânes,
traînant des boucs qu’ ils deftinoient au facri-
fice. Tous fe permetroient les mouvemens les
plus lafeifs, jettoient la tête en arrière, &
rempliffoient l’air de leurs cris : à la fuite de
cette proGeffion tumulaieufe venoient les pro-
vifions. On voyo'.t d’abord des vafes remplis
d’eau. De jeunes fille s , des familles les plus
diftinguées, portoient, dans des corbeilles, les
prémices des fruits. Mais d’autres'corbeilles
renfermoient les clvofes facrées & fecrettes,
dont la vue n’étoit permife qu’aux initiés. Après
les jeunes vierges porteufes de corbeilles, venoit
un fpeétacle ôfrenfant pour la pudeur :
c’étoient les phallus, imitations des parties
viriles , que des hommes portoient aveG fo -
lemnité fufpendus à, de longues perches ; un
choeur de chantres les fuivoit. On voyoit en-
fuite les Itÿphalles, ayant des malques qui
repréfentoient l’ ivreffe , des couronnes fur la
tête , des robes de femmes.
E leüsiuia , fêtes ou miftères d’Eleufis, bourg
de l’A ttique, dans lequel on prétendoit que
Cèrès avoit enfin trouvé fa f ille , & avoit inftitué
elle-même les myftères & les initiations.
Les Athéniens y -firent conftruire un temple
magnifique. Les fecrets de ces fêtes, cachés
avec foin par les initiés, font devenus impénétrables.
On en connoît feulement quelques
cérémonies extérieures. L’hierophanie,