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couloit enfuîte de la cire dans ces moules, la
recou choit, & parvint par ce moyen à la plus
parfaite rertemblance. Un cherchoit plus avant
lui à faire de belles têtes, qu'à leur donner
une reffemblance exaéle. T e l eft du moins le
lensque je crois devoir donner au partage de
Pline qui concerne cet artrfte-, parce que
ce fens eft le feul raifonnable, le feul, comme
l ’ofeferve M. Falconet, qui lui épargne une
contradiSion ridicule. On cite de lui le portrait
de Mêla nippe, femme alors célèbre par
fes taie ns.
(76) Sthénis , d’ Olynthe , contemporain de
Lyfippe avoir fait une Cerès, un Jupiter, une
Minerve qu’ on voyoit à Rome dans le temple
de la Concorde. Il avoit aufii repréfenté des
femmes en larmes, des hommes en a été d’adoration
, ou faifant des facrifices. On fait auiïi
qu’ il avoit fait pour la v ille de Sinope la fta-
tue d’Autolycus, qui en partoic pour le fondateur.
Lucu]lus, ayant pris cette v ille , emporta
ce morceau qui lui fembla précieux. Il avoit
fait aurti la ftatue de Pyttalus, dont la mémoire
étoit révérée des habitans de l’Arcadie & de
ceux de l’É iide, parce que, choifi par eux pour
arbitre, il avoit terminé leur différent fur les
limites réciproques de leur pays.
(7 7 ) Sostrate dé Ch5o , contemporain de
Lyfippe, n’ efr cité ici que parce quîil étoit,
fuivant P lin e , neveu de Pythagore de Rhegium.
L ’âge connu du neveu peut conduire à établir
par approximation celui de l ’oncle. D’ailleurs
tout ce qu’on fait de Softrate, c’eft: qu’ il avoit
fait avec Hecatodore une fia tue d’airain de Minerve
confacrée dans la v ille d’Aliphère.
(78) Apollodore, trop ami de l’ extrême
exactitude & de la pi us grande corre&ion, fe
jugeoit lui-même avec la févérité d’ un ennemi.
Ne pouvant parvenir à exprimer l’ idée de perfection
qu’ il avoit conçue, il brifoit des ouvrages
parfaits, & fes emportemens contre fes
propres productions le firent furnommer l ’ in-
l'enfé. Il paroît qu’ il ne travailloit pas le marbre,
& qu’ il ne fai’oit que des modèles defiinés à
être fondus en bronze»
(70) Silaniok d’Athènes avoit fait le portrait
du”fiatuaire dont nous venons de parler.
Il exprima fur le bronze les emportemens ordinaires
de cet artifte, & Pline dit que ce
morceau repréfentoit moins un homme que la
colère elle-même. On célébroit l’Achille de
Silanion ; il paroît que fon infpeéleur des jeux
exerçant des arhietes étoit suffi un morceau
remarquable. On en peut dire autant de fa
Sapho, puifqu’ ii eft très-probable que c ’éroit
êecte ftatue qui avoit été enlevée par Verrès ;
s c ü il avoît fait aufii celle de Corinne. Sa Jocaftef
mourante devoit être un beau morceau d’exprefi*
fion. Les Athéniens donnoient à Silanion le
même rang entre les ftatuaires qu’à Parrhafiu*
entre les peintres; c’ efi dire allez qu’ ils le re-
gardoient comme un artifte du premier rang.
I l ne travailloit qu’ en bronze & le nombre
des artiftes en ce genre étoit .confidérable. Cependant
il n’ eft venu jufqu’à nous qu’un très-
petit nombre de leurs ouvrages, quoiqu’ils fuflenü
bien plus capables que ceux en marbre de braver
les outrages du temps : mais le bronze excite
la cupidité; on a détruit des chefs-d’oeuvre pour
en faire de vile monnoie ; & l’on ne peut en
détruifant le marbre, en tirer que de la
chaux.
( )s É utkycra te , fils de Lyfippe , imita
plutôt 1 afliduité que l ’élégance de Ion père.
I l aima mieux en impofer par un ftyle auftère
que fe faire des partifans par un ftyle agréable.
On diftîngnoit entre fes ouvrages un Keroufe
.1 Delphes, le chafleur Thefpis, les Mules révérées
à Thefpies, la ftatue de Trophonius,
plufieurs figures de Médée fur des quadriges,
un cheval mufelé, des chiens de charte; la
ftatue de Mnéfarchis, femme éphéfienne, celle
de la courtïfane Anyta qu’il fit en fociété avec
Cephifodote, enfin celle d’une fille nommée-
Panteuchis enceinte des fuites d’ un viol. Appa-
I animent que l’outrage qu’elle avoit reçu
lui avoit donné de la célébrité.
(8r ) Euthychide de Sicyone étoit élèv®
deLyfippe. i l avoit fait la ftatue de l’Eurotas,
& Pline dit que cette figure étoit plus coulante
qne les eaux mêmes du fleuve. On louoit aufii
un Baçchus de cet artifte qui faifoit partie des
monumens rartemblés par Afinius Pollion. On
n’eftimoit pas moins fa figure de la Fortune.
Une épigramme de l’Anthologie nous apprend
qu’ il avoit fait un dieu des jardins. Les éloges
des poètes ne font pas toujours un témoignage
aflurédu mérite d’un ouvrage; mais.ils en conf-
tarent ordinairement la célébrité. Entre les ouvrages
d’Eutychide , ont remarquoit une ftatu®
de Démofthène.
(82) Dahippx ou L a h 1 ppe ; on auroit perdu
le fouvenir de tous fes ouvrages, fi Pline ne
nous apprenoit pas qu’ il avoit fait un homme
qui fe frottoir à la fortie du bain, ou fuivant
la correélion de Brotier, favant éditeur
( de Pline, un homrr.e tombant en défaillance.
II étoit élève de I yfippe.
( 83 ) Bedas de Byzance étoit aufii élève de
Lyfippe; Pline dit qu’ il avoit fait un homme
en adoration. Cet artifte,. ainfi que Dahippe,
ne manquok.pas de talent; mais dit Vitruyp,.
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Ï1 ne s’elf pas fait de réputation , parce que la
fortune lui a manqué.
(84) Cephissodote ; il y eut un artifte
de ce nom contemporain dë L; fippe, & qui travailla
conjointement avec Euthycrate , fils
de ce célèbre ftatuaire. Voyez Cepkijfodote
fous le chiffre 61.
( 85 ) PyroMaque. Il y a eu deux ftatuaires
de ce nom. L’ un contemporain des élèves de
Lyfippe, qui fit un quadrige monté par Alcibiade;
l’autre poftérieur qui travailla à repré-'
feriter les combats d’Attale & d’Eumène contre
les Gaulois.
(86) Charès de Linde , élève de Lyfippe,
fut célèbre pour avoir fait le collorte de Rhodes,
repréfentant le foleil. » Cet figure, dit P line,
» ( rraduclion de M. Falconet) avoit foixante
» dix coudées de hauteur : elle fut renverfée
» trente fix ans après par un tremblement de
» terre; mais toute abbattue qu’elle e ft, on
» ne fauroit s’empêcher de l’admirer. Il y a peu
» d’hommes qui puirtent embrafler fon pouce;
» fes doigts font plus grands que la plupart
» desftatues; le vuide de fes membres rompus
» reflemble à l’ouverture de vaftes cavernes.
» On voit au dedans des pierres d’une grorteur
» extrême, dont le poids l’ affermirtbit fur fa
» bafe. On dit qu’elle fut achevée en douze
» ans , & qu’elle coûta trois cent talens,
» (1,620,000 li /. dé notre monnoie) que pro-
» duifirent les machines de guerre laiflees par
» le Roi Démétrius ennuyé de la longueur du
» fiège ». Un oracle empêcha les Rhodiens dé
rétablir cette ftatue. Les fragmens de ce col-
lofîe relièrent négligés jufqu’ au règne de C on fian
t, petit fils d’HéracHtis. Alors un Juif lès
acheta & ils produifirent la charge de neuf
cent chameaux.
Les Rhodiens aimoient les coliofies, ils en
avoient cent dans leur v ille ; mais tous étoient
|fius petits que le fameux collorte du l'oléil.
(87) T i s k r a t e de Sicyone fut élève
d’Eutycrate, lui-même élève & fils de Lyfippe,
mais il tendit bien plus de la manière du père
que de celle du fils, & l’on pouvoit à peine
.difeerner plufieurs de fes ouvrages de ceux de
ce grand maître : tels étoient fon vieillard Thé-
bain , fon Roi Démétrius; (a ftatue de Peucefte
qui avoit fauvé la vie à Alexandre.
. (88) Piston, élève de Tificrate, n’ eft connu
que pour avoir fait un Mars & un Mercure,
ouvrages fans doute eftimés , puifqu’ils furent
apportés à Rome & placés dans le jemple de
la Concorde.
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(89 ) Cantharus de Sicyone, élève d’Eu-
thychides, étoit de ces artiftes qui pertedene
| a un degré, eftiniable les differentes parties de
■ Jeur ar t, fans en porter aucune à ce degré
qurdonne de la célébrité - ils tiennent pendant
ï Ieur v ie , un rang honorable entre les artiftes;
ils font même quelquefois oppofés par leurs contemporains
à des hommes qui leur font bien
fupérreurs; mais la poftérité oublie bientôt leur*
noms, ou ne fe les rappelle qu’avec indifférence.
On pourroit dire qu’ ils font plutôt destinés
à foutenir la continuité des écoles, &
a en "remplir les lacunes, qu’à faire la gloire
de l ’art. On voyoit de Cantharus, à Olympie,
la ftatue d’un certain Alexinicus d’Êlide, q u i,
dans les combats des enfans , avoit remporté 1©
prix de la paleftre.
(9©) A gesander, l’ un des auteurs du fameux
grouppe du Laocoon , & même, .vrai-
lemblablement, le principal auteur de ce chef-
d’oeuvre, puifqu’il eft nommé avant P olydorb
& Athénodore qui ont concouru avec lui à
produire ce bel ouvrage. On fait que ces artiftes.
étoient de Rhodes ; mais ce n’eft que par
conjeélure que quelques favans les rangent
entre les artiftes qui ont vécu dans le beau
fiècle d’Alexandre. Ces favans ne peuvent fe
j perfuader que d’autres fiècles, moins célèbres
dans l’hiftoire de l’a r t, aient vu naître de®
artiftes capables d’ une telle production.
Cependant Mengs loin de foutenir que ce
grouppe appartienne au fiècle brillant d’A lexandre,
n’ofe même arturer que ce foit celui
dont Pline a parlé. Le grouppe que Pline
avoit fous les yeux étoit, ou lui paroiflbit être,
d’ un feul bloc; celui que nous poffédons eft
de plufieurs. morceaux. Et d’ailleurs, ajoute-
t-il , quand ce fero.it le -même dont Pline a
fait l’éloge , fait-on s’ il n’a pas été fait fous le
règne de T itu s , & fi ce n’ eft pas pour cette
raifon qü’ il en parle avec tant d’admiration ,
& en même temps avec fi peu de connoiftance,
puifqu’après avoir dit que c’ eft un ouvrage auquel
on ne peut rien préférer en peinture &
en fcuîpture, il fe contente de célébrer les
noeuds que forment les ferpens ?
Il eft cependant bien difficile de douter que
le grouppe du Laocoon, dont Pline a parlé,
& qui étoit dans le palais de Titu s, ne fût
le même qu’on voit aujourd'hui à Rome, &
qui a été trouvé dans un fallon qui faifoit partie
des thermes de Titus. Cette découverte s’e fl
faite fous le pontificat de Jules I I .
Le bras droit n’ eft qu’en terre cuite , dit
Winckelmann, & c’eft le Bernin qui l’a reftauré.
Michel-Ange avoit été chargé de cette reftau-
ration, & avoit déjà dégroffi ce bras en marbre.
Le mouvement qu’ il lui avoit donné étoit tourmenté
& ne pouyoit être celui de l ’original.