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Ma NI L
gables à-préfent, que celles de Damiete & de Ro-
• Tant. cIue ce fleuve eft renfermé dans fon lit
ordinaire , il ne paroît pas plus large que la Tamife
J’ell à Londres ; & dans la faifon la plus feche de
l ’année , il eft guéable en beaucoup d’endroits. Il a
dans la partie fuperieure de fon cours, plulicurs ca-
îaraûes , où l’eau tombe en nappes d’une grande
hauteur avec un bruit prodigieux ; mais dans la baffe
Egypte il coule fort lentement, Si on y navige fans
peine.
Le .M'/reçoit en Ethiopie les eaux d’un grand nombre
de rivières & de rorrens que forment les pluies
abondantes qui tombent entre l’équateur & le tropique
avant & après le folftice: ces pluies font la feule
caufe des débordemens réglés du N il; débordemens
qui arrivent tous les ans à-peu-près au même tems,
mais avec quelques inégalités , parce qu’ils dépendent
du concours de diverfes circonftances phyfi-
qties qui ne fe trouvent pas toujours réunies de la
même façon.
La couleur des eaux du Nil qui change au tems
des crues, a fait croire qu’elles étoient alors chargées
d une très - grande quantité de limon : on a
évalue cette quantité fur des obfervations groffieres,
a un dixième du volume de l’eau. Une obfervation
plus exa&e faite par un voyageur anglois (M Shaw),
la réduit à — ; mais il refferoit encore à s’affurer de
nature de ce qui demeure après l’évaporation de
I eau : eff-ce une véritable terre compolëe de particules
fixes., capables de s’unir avec le terrein & d’en
augmenter la mafle? eff-ce une matière quife diflîpe
par l’a&ion du foleil, & qui puiffe être abforbée par
l’air ? C ’eft un point qu’on n’a pas encore examiné.
Le lefteur peut confulter fur la crue du Nil & fes
inondations , les Mém. de l'acad. des B elles-Leur es.
( B . J . )
N i l , ( Mythol. ) L ’utilité infinie que ce fleuve
d’ Egypte a toujours apportée aux Egyptiens * le fit
prendre pour un dieu, & même le plus grand des
dieux : c’étoit lui qu’ils vénéroient fous le titre
à’OJîris. On célébroit une grande fête en fon hon- j
neur vers le folftice d’é té, à caufe que le Nil commence
alors à croître & à fe répandre dans le pays.
Cette fête fe célébroit avec plus de folemnité & de
réjouiffance qu’aucune autre ; & pour remercier
d avance le fleuve des biens que fon inondation alloit
produire , on jettoit dedans, par forme de facrifice,
de l’orge , du blé, & d’autres fruits. La fête du Nil
fe célébré encore aujourd’hui par de grandes réjouif-
fances, mais les facrifices en ont été retranchés. On
voit au jardin des Tuileries un beau grouppe de marbre
copié fur l’antique, qui repréfente le Nil fous la
figure d’un vieillard couronné de laurier, à demi-
couche , & appuyé fur fon coude, tenant une corne
d’abondance ; il a fur les épaules , fur la hanche ,
aux bras, aux jambes , & de tous les côtés, de petits
garçons nuds au nombre de feize, qui marquent
les leize coudées d’accroiffement qu’il faut que le
Nil ait pour faire la grande fertilité de l’Eevvte.
(£ > .ƒ .) 6yy
N i l , { A n numifmat. ) Le Nil eft repréfenté fur
les monumenspublics, entr’autres fur les médailles
comme une des premières divinités des Egyptiens;
mais entre les monumens qui lui furent confacrés
il n’y en a pas de plus majefteux que la ftatue colof-
fale de Pierre Baîalte , qu’on voit au belvédere du
Vatican , & dont il y en a une belle copie dans le
jardin des Tuileries. Pline fait mention de ce chef-
d oeuvre de 1 art, & nous apprend que l’empereur
Vefpafien le fit placer dans le temple de la Paix. On
a eu foin de faire cifeler autour de cette ftatue les
principaux fymboles du N il, tels que font l’hyppo-
potame, le crocodile,l’ibis, l’ichneumon, la plante du
lotus, celle du papyrus, & feize enfans qui folâtrent
N I L
à 1 entour du dieu depuis les piés jufqu’au fommet de
la tete, pour defigner la crue du Nilk feize coudées,
hauteur qui annonce à l’Egypte l’année la plus fertile
qu elle puiffe fouhaiter. La ftatue de ce fleuve
tient aufli une corne d’abondance, ligne de la fer tilité
de 1 Egypte. Une médaillé de grand bronze de
1 empereur Hadrien, frappée à Alexandrie , nous
a conlervé la mémoire d’un débordement du Nil à
la hauteur de feize coudées, qui arriva la douzième
année de l ’empire de ce prince. ( D. J. )
Ni l , ( Monnoie du Mogol. ) monnoie de compte
dont on fe fert dans les états du grand-mogol. Un
nil de roupies vaut cent mille padans de roupies ;
un padant cent mille courons, & un couron cent
mille laoks. Savary. ( D . J , Y
N i l T R A N S E A T , te rm e d e ch a n c e lle r ie r om a in e ,
F o y e { Tr a n s e a t .
NILACUNDI, ( Hift» nat- ) nom donné par quelques
auteurs à une pierre précieufe des Indes, que
l’on croit participer du faphir & du rubis.
NILICA-M ARAM, ( Hiß. nat. Botan. ) arbre des
Indes orientales qui eft une efpece de prunier; fes
feuilles priles en décoûion paffent pour un grand re-
mede dans les fievres chaudes. Son fruit & fes premières
feuilles féchés, pulvérifés & pris dans du lait
caille, font un remede pour la dyffenterie. On attribue
encore des vertus à fon fruit confit avec du
fucre & à la liqueur que l’on en tire par la diftilla-
tion.
N IL l O S T IA , ( Geogr. anc. ) c’eft-à-dire Bouches
ou embouchures du Nil. Hérodote, Pomponius Mêla
Diodore de Sicile, Strabon & Ptolomée prétendent
que le NU a neuf embouchures , tant naturelles que
fauffes , par lefquelles il fe décharge dans la mer ;
mais tous ces auteurs ne conviennent point enfem-
ble fur le nom de ces neuf embouchures , & ce fe-
roitune peine inutile quede chercher à les concilier.
Les Poètes ont pris plaifir à ne donner au Nil que
fept bouches, & en conféquence Virgile le furnom-
m e fept emgeminus; & feptem gemini turbant trépida oßia
Nili. Ovide l’appelle aufliJeptemfluus :
Perque papyriferi feptemflua flumina Nili.
Ce nombre de fept conve'noit à la Poéfie. Les voya-
' geurs modernes ne connoiffent que deux bras du
Nil qui tombent dans la Méditerranée, celui de D amiette^
celui de Rofette.il paroît que l’embouchure
de Damiette eft l'oßium pathmeticum ou phamiticum
des anciens géopraphes ; Hérodote l ’appelle buco-
lium. Or le Bogas dans lequel eft Damiette étoit le
Pathmétique de l’antiquité. L ’embouchure de Rofette ■
eft Cofiium Bolbitinum des anciens ; car Rofette eft
félon toute apparence , l’ancienne ville Bolbitina.
En un mot, il eft vraiffemblable que les autres bouches
du N il étoient des canaux pratiqués de l’un de
fes deux bras, qu’on a pris pour des embouchures
naturelles. ( D . J. )
NILLE, 1. f. ( Jardinage. ) ornement de parterre
qui n’eft qu’un filet fimple ou qu’un trait de buis
dont on fe fe r t , tant pour la variété , que quand on
n’a pas affez de place pour tracer une palmette. Ce
terme eft emprunté des Vignerons , qui appellent
ainfi un petit filet rond qui fort du bois de la vigne
lorfqu’elle eft en fleur. ( K )
\ Nilles , f. f. pl. ( Architecl. ) petits pitons quar-
rés de fer, qui étant rivés aux croifillons & traverfes
aufli de fer des vitraux d’églife, retiennent avec des
clavettes ou petits coins les panneaux de leurs formes.
( D . J. )
Njlle , en terme de Boyaudier, c’eft une petite roite
de bois plus longue que groffe, furpaffée à chaque
bout d’une verge de fer terminée d’un côté par un
bouton qui l’empêche de fortir de fa place , & de
l ’autre par un crochet auquel on attache le boyau
N I M
qu’on veut retordre ; le long de ce petit cylindre il
y a plufieurs petits creux dans lefquels la corde du
rouet qui fait remuer les nilles eft retenue. Chaque
rouet a toujours deux nilles, & retord deux cordes
à-la fois.
. Nille , f. f. terme de Vigneron, forte de petit filet
rond qui fort du bois de la vigne lorfqu’elle eft en
fleur.
Nille , en terme de Blafon , fe dit d’une efpece de
croix ancrée beaucoup plus étroite & menue qu’à
l’ordinaire.
NILLÉ. On d it , en terme de Blafon , croix nillée ,
pour dire une croix faite de deux bandes féparées &
crochues par le bout. Cette croix eft ancrée & fort
déliée, comme eft la nille ou le fer d’un moulin, ce
qui la fait aufli appeller croix de moulin.
NILOMETRE ou NïLOSCOPE, f. m. (Hiß. anc.)
inftrument dont les anciens faifoient ufage pour me-
furer la hauteur des eaux du Nil dans fes débordemens.
Ce mot vient du grec Ne/Aoç , N il( qui vient lui-
même de vta. iXuç, nouveau limon, ou , félon d’autres,
de vta ,/c coule, & de /Ai*, limon ) , & de ptlpov, me-
fure. Les Grecs appelaient ordinairement cet inftrument
l'ê/Aoff^GCT/OJ'.
Dans la bibliothèque du roi il y a un traité écrit
en arabe fur les nilometres , intitulé neilfi alnal al
N i l , dans lequel on décrit tous les débordemens du
N il, depuis la première année de l’hégire , jufqu’à
la l f e v . ‘ '
Hérodote parle d’une colonne qu’on avoit .élevée
dans un endroit de l’île Delta , pour fervir de nilometre
; il y en a encore une femblable au même endroit
dans une mofquée.
Comme toutes les richeffes de l’Egypte viennent
des inondations du Nil, lesEgyptiens les demandoient
avec in fiance à leur dieu Sérapis, employant à cet
effet plufieurs fuperftitions, & entr’autres le .facrifice
d’une jeune fille qu’on noyoit tous les ans dans
le Nil : ce qui obligea Conftantin de leur défendre
les facrifi çes , & d’ordonner que le nilometre , qui
avoit été jufqu’alors dans le temple de Sérapis, fe-
roit mis dans une églife. Julien l ’apoftat replaça le
nilometre dans le .temple de Sérapis , où il refta juf-
qu au tems du grand Théodofe. Voye£, au fujet des
nilometres, les actes de Lêipfic , année 168G. p. 147.
CG)
N IL S . Voye^ E u r ip e s .
NIMB;E,:f.m. (Artnumif.) en latin nimbus ; c’eft
un cercle qu’on remarque fur certaines médailles,
.particulièrement fur celles du bas empire, autour de
la tête de quelques empereurs ; ce cercle eft affez
femblable aux cercles de lumière, qu’oil met aux
images des faints.
La plus ancienne médaille que nous connoiflions,
iu r laquelle on voie le nimbe, eft d’Antonjn.Pie, &
rapportée par Oifelius., thef. num. tpb. ' Gy. n. 1. ce
prince eft repréfenté fur le revers, de b out, , en habit
militaire, la main droite.étendue, tenant de là
igauche une hqße fans fe r , avec un nimbe fur la tête.
On trouve enfuite le nimbe fur un médaillon de Fau-
» & f»r une médaille de Conftantin , publiée par
André Morel , fpecim. tabul. 4. n. 4. & tab. y. n. 1.
t e nimbe devint encore plus commun fous les fuc-
ceffeurs de ce prince, & le grammairien -.Servais,
qui écrivoit fous les enfans du grand Théodofe ,
femble le regarder, comme un ornement de tête ,
également ufité pour les dieux & pour les enme- !
-reurs. r i
On peut confulter fur le nimbe des divinités payen- i
«es , des empereurs & des faints , une differtation
intitulée : .Difiquifitio de nimbis antiquorum, imagini-
bus deorim , imperatorum olim, & nunc Chrißi apo(lo- I
lorum. a Jocmnc Nicolai , h m iffs 3 , in / u . & les ;
N I M 143
obfervations du fénateur Bonarotti, fur les vers antiques
trouvés dans les cimetières de Rome. Voyer
OJJerva[. fopr. fracum. di , vetr. p. 59. (D . J .)
NIMBO, f. m. ( Hiß. nat. Bot. exot. ) arbre des
Indes orientales, nommé par Jean Bauhin nimbo-folio
& fruclu olea ; par C. Bauhin, arbor indicafraxi.
noßmilis, olea fruclu ; & par Herman , aredarach flo-
nbusalbisfemper virent. Cet arbre eft de la groffeur
du trene, & eft verd toute l’année ; fon écorce eft
fort mince, fes feuilles font vertes, ameres au goût
dentelées aux bords & terminées en pointe • fes
fleurs font petites , blanches , compofées chacune
de cinq pétales , ayant au milieu de courtes étamines
jaunes; leur odeur approche de celle du triolet
odorant. Quand les fleurs font paffées , il leur fuc-
céde des fruits de la figure d’une petite olive de
couleur jaunâtre ; on en tire une huile par expref-
fion , dont les habitans de Malabar font grand ufa-
ge pour les plaies , les piquûres & les contrarions
de nerfs.
Les auteurs du jardin de Malabar ont décrit une
autre efpece de nimbo qu’ils appellent karibepon,
feu nimbo altera : c’eft un bel arbre, fort grand,toujours
v erd , & portant fleur & fruit deux fois l’année.
On le trouve aufli dans plufieurs contrées de
Malabar. (D . J.)
NIMEGUE, ( Géog.) ville des Pays-bas, capitale
delà Gueldre hollandoife ,avec une citadelle, un ancien
palais & plufieurs forts. Cette ville entra dans
I alliance d Utrecht en 1 579 ; les Èfpagnojs la prirent
en 15^5 > mais le comte Maurice la reprit pour
les Provinces-Unies en 1591. Elle eft famenfe par
la paix générale qui s’y conclut en 1678 & en 1679.
Elle eft fu,r le Vaha l, entre le Rhin & la Meufe ou
fi l’on v e u t , entre Arahem & Graves, à 4 lieues
de Clèves , 14 S. E. d’Utrecht, 20 S. E. d’Amfter-
dam, 16 N. O. de Cologne , 26 N. E. d’Anvers.
Long. 23. 2 J. lut. 61. SS.
Le nom de cette ville eft diyerfement écrit dans
la langue du pays , comme Niew-Méegen, Nimwegen
, Nimmegen, d’où les François ont dit Nimegue.
II ne faudroit pas d’autres preuves de fon ancienneté
, que les monumens d’antiquité romaine qu’on
y découvre fréquemment. De plus, on la trouve
nommée Novio.magus dans la table de Peutinger.
Après la décadence de l’empire romain , le pays
ayant été fournis à la puiffance de plufieurs comtes
de l’empire , la ville de Nimegue appartint au roi
d’Auftrafie, & enfuite aux empereurs dont .elle obtint
divers privilèges , & entr’autres la dignité de
ville impériale. Enfin, Philippe. II. ayant violé par
des emprifonnemens & des perfécutions pour caufe
.de religion, les libertés des habitans en 1579, ils fe
virent obligés d’entrer dans l’alliance d’Utrecht, qui
a donné le nom aux Provinces-Unies des pays-bas.
Quelques-uns de les citoyens fe font acquis de la
réputation dans le.parti des armes, &: d’autres dans
la république des,lettres. Je n’en, citerai que trois :
Geldenhaut ( Gérard) en latin Geldenhaurius, tenoit
un rang parmi les favans hommes du feizieme fie-
,cle. Il étoit plus connu fous le nom de fa patrie ,
que fous celui de fa famille, car Erafme & la plupart
de fes. contemporains, l ’appellent toujours, Gé-
raldus Noviomagus. Il fie diftinguadans la poéfie &
l’art oratoire,. ce qui lui gagna les bonnes grâces de
Maximilien de Bourgogne, qui l’envoya .à Vittem-
berg pour examiner l’état de l’églife. Il revint de ce
voyage fi fort enchanté de la doftrine des protef-
tans, qu’il changea de. religion & quitta fon pays ;
mais ne fachant où s’établir , il alla d’abord à
Worms , enfuite à Strasbourg, à Ausbonrg , & finalement
à Marbourg, où il enfeigna la Théologie.
Il mourut de la .pefte en 1542 , à l’âge de foixante
ans. Il a écrit en latin une hifioria Batavica ? une hif