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nues peuples du nord de l’Amérique , fout couverts
conftamment- de peaux d’animaux bien enduites
d’huile de poiffon ; c'eft-à-dire qu’ils font habituellement
dans un bain d’huile, & l’on oe voit point
cependant que dans ces climats, où il y a d’ ailleurs
une caufe toujours fubfîftante de tranfpiration ««tenue
, la prétendue obftipation des pores de la peau
par l’huile, occafipnne des maladies particulières.
Il paroit cependant que l’ufage de fe graiflei le
corps eft affez inutile, & il eft très-certainement
fort fale & fort puant, fort décrié meme quand ces
on&ions fé font avec des parfums. #
Ces considérations peuvent nous conduire , non
pas à une vraie théorie de i’aûion des onguens dans
les cas des maladies, mais au - moins à nous faire
raifonnablement foupçonner que l’explication de
leur vertu fondamentale 6c generique par 1 obltipa-
tion des pores de la peau, eft auffi précaire & auffi
gratuite que la plupart des théories médicinales.
Quant aux vertus particulières des divers onguens
■ qui font tous defficatifs, ou emolliens, ou matura-
tifs , ou mondificatifs,ou refolutifs , ou fortifians,
i i | M D e s s ic a t if , Émollient , Ma tu ra -
Tif 6-c. 6c les articles particuliers qui traitent des
divers onguens. ,
Il fera parlé de ces divers onguens, foit dans 1 article
des matières qui leur donnent leur nom, par
exemple au mot guimauve,. de l’onguent d’althea ;
au mot peuplier, dê l’onguent populeum, &c. foit
dans des articles exprès qu’on trouvera à la fuite de
celui-ci, ou fous leurs noms propres, martiatum,
tgiptiac, &c. pour les onguens- les plus ufités qui ne
tirent pas leur nom de l’un de leurs ingrédiens. (fi)
O nguent blanc deRhasls, communément ap-
pellé blanc-rhafis, 6c par corruption blanc -raijin ;
prenez cire blanche, trois onces; huile d’olive, .
douze onces : faites - les fondre enfemble dans un
vaifleau de fayence ; ajoutez enfuire cérufe préparée
6c lavée trois onces ; retirez le vaifleau du feu ,
& agitez fans ceffe avec un pilon de bois , jufqu’à
ce que le mélange foit refroidi, & qu’il ait pris la
confiftance d’onguent : le blanc-rhafis eft le remede
par excellence des écorchures.
O nguent ep ispast iq ue, ( Pharmacie. ) prenez
onguent populeum, une once ; onguent bafilicon &
cantharides récentes en poudre, de chacun demi-
once : mêlez, faites un onguent félon l’art.
Autre oaguent epifpaftique fans cantharides : prenez
femence de moutarde en poudre, demi-once;
pyrethre., ftaphyzaigre, poivre lon g , le tout en
poudre, de chacun un gros ; euphorbe en poudre,
quinze grains onguent baftlicon, deux onces; tere-
benthine fuffifante quantité : mêlez, faites un onguent
félon l’art. Voye.1 les ufages de l’un & l’autre
•onguent à l ’article V ÉSICATOIRE.
Onguen t gris , eft en Pharmacie le meme que
Xonguent mercuriel: il eft bon contre les poux.On
peut employer à fa place Vonguent indiqué & décrit
üansla maladie pédiculaire. Voye^ Péd icul aire.
Onguent de l a m e r e , ( Pharm. & Mat. mèd.
■ txot.) cet onguent appelle quelquefois auffi onguent
brun , unguentum fujcum, eft ainfi décrit dans la
Pharmacopée de Paris: prenez de fain-doux, de
beurre frais, de cire jaune, de fuif de mouton & de
litharge préparée, de chacun demi-livre; d’huile
d’olive une livre : cuifez en braffant à la maniéré
des emplâtres jufqu’à ce que votre matière prenne
une couleur brune très-foncée : cette préparation a
plutôt la confiftance d’emplâtre que celle d’onguent,
comme nous l’avons déjà remarqué au mot emplâtre.
Voyez cet article.
onguent de la. mere eft d’un ufage fort commun
à Paris : il tient lieu dans la pratique journalière des
panfemens de prefque tous les emplâtres Amplement
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émdliens, adouciffans 6c maturatifs. V>ye{ Em PL A-.
TRE, C h ir u r g ie .
ONGUENT de LA COMTESSE ,(P h a rm a c . & M a t.:
médic. e x o t . ) prenez noix de galle cueillies avant,
leur maturité, une once ; noix de cyprès, femences
d’épine-vinette 6c de plantain, écorce de grenade ,
de chacun deux gros ; fumac 6c alun de roche, d e ,
chacun demi-once : mêlez, faites une poudre. D au- }
tre part prenez cire jaune, trois onces ; huile d’o li-.
v e , demi-livre; maftic, deux gros: faites fondre
ces matières enfemble, 6c mêlez-y exa&ement votre
poudre, pour faire un o n g u e n t félon lart.
Cet onguent eft compolè de plufieurs ftyptiques
très-puiflans,parmi lefquels onnedevroit point trouver
les femences d’épine-vinette 6c de plantain, 6c-
le maftic, dont la vertu aftringente eft fuppofée très-
gratuitement, & qui du - moins n’a nulle proportion,
avec celle des autres ingrédiens.
11 n’eft pas étonnant que l'invention de cet o n - ,
g u e n t foit due , ou au - moins attribuée à une fem-
m e , puifque c’eft un remede de toilette.
Quoique ce remede foit principalement connu
par l’abus qui en a été fa it, les Médecins font cependant
obligés d’en confeiller quelquefois l’ufage,
pour remédier, par exemple, au relâchement du
vagin, qui fuit fouvent des accouchemens laborieux.
Le mangonium virginitatis qu’on execute facilement
au moyen de ce remede ou de remedes
analogues , doit être regardé, ce femble, comme
une aâion licite, & même comme un aâe très-
méritoire, comme une tromperie obligeante, lorf-
qu’il s’agit d’affurer les douceurs d’un commerce
légitime.
Au refte, comme l’huile 6c la cire qui conftitqent
l’excipient de cet o n g u e n t n’ajoutent rien à fon efficacité,
qu’ils la diminuent au contraire: 6c que
d’ailleurs lorfqu’il a été applique les liqueurs aqueu-
fes ne l’enlevent point, ne lavent point la partie
qui en eft enduite, il eft plus utile & plus commode
de fubftituer à cet excipient huileux une quantité
convenable de conferve de rofes, dont la vertu eft
analogue à celle des poudres ,6c qui eft facilement
emportée par les lotions aqueufes. ( b )
Onguent h ém o r rh o ïd a l , ( P h a rm a c ie . ) cet
o n g u e n t eft décrit de la maniéré fui vante dans la
pharmacopée de Paris fous le nom ü u n g u e n t u m h t -
m o r rh o id a le e x t em p o r a n e u m , c’eft-à-dire pour être
préparé fur le champ.
Prenez o n g u e n t p o p u le u m & n u t r i tum de chacun
trois onces , trois jaunes d’oeufs , faffran en poudre
une drachme 6c demie, opium une drachme ; mêlez,
faites un o n g u e n t .
Cet onguent paroît très-propre à calmer les douleurs
atroces qui accompagnent fouvent les paro-.
xyfmes d’hémorrhoïde. ( b )
O nguent mer cur iel c itr in pour.la galle ÿ
yoye^ Mer CUR e , Mat. mèd.
ONGUENS froids , les quatre, (Pharmacie.') on
trouve claffés fous ce titre dans les anciennes pharmacies
l’onguent album rhafis , le cérat de Galien ,
l’onguent rofat & l’onguent populeum. Voyc{ O nguent
RHASIS , CÉRAT D.E GALIEN , PEUPLIER
& ROSE, Pharmacicr
On a auffi rangé quelques o n g u e n s fous la dénomination
commune dûo n g u e n s chauds ; mais ils font
beaucoup moins ufités que les précédens.
Onguen t sym pa th iq u e , forte d’onguent qu’on
fuppofe guérir les bleflures fans 1 appliquer fur la
plaie , mais feulement à l’arme qui a bleffé. Voye£
Poudre sym pa th iq u e & T r ansp lantat io n.,
V o y e ^ U n g u e n t u m a r m a r i u m .
ONIENSES , ( Géog. anc.) anciens peuples dont
le nom fe trouve fur une médaille de Pofthumus ;
le revers de cette médaille a la figure d’Hercule,
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avec ces mots ÿ Hercules Deus Onitnfié. OrteliuS
croit qu’il s’agit d’un peuple de la Belgique. Il y a
du-moins deux endroits qui portent le nom d’Onia ;
l’un fur la Sambre , l’autre dans le voifinage de
Douai.
ONII-MONTES ou ONEU-MONTES , ( Géog.
anc. ) en grec oW« o’p» , montagnes de Grece près
de l’ifthme de Corinthe. Elles s’étendoient, dit Stra-
bon, depuis les rochers Scironides fur le chemin de
l’Attique , jufqu’à la Boeotie 6c au mont Cithéron.
Leur nom fignifie les montagnes des ânes. Plutarque,
dans la rie. de Cléomene , parle de ces montagnes.
Thucydide, Polyen & Xénophon en parlent auffi ,
mais au fingulier o'vuov O ’pot.- ■
ONIROCRITIQUE , l’ , f. f . . (T h é o l. p a ïe n n e .)
c’eft la meme chofe que Xonèirocritie , compofé pareillement
de ovupcç , fo n g e , 6c xperrico , j e ppfiede.
F o y e i On è ir o c r it ie . J’ajouterai feulement que
quand cet art prétendu ne fut plus entre les mains
des prêtres , 6c que les feuls difeurs de bonnes-
avantures s’en mêlèrent, on ne craignit plus-de s’en
moquer ouvertement. On fait les beaux vers d’En-
nius, dont voici la tradudion : « Je ne fais nul
» compte!, dit-il, des augures Marfes, ni des devins
» des coins des rues , ni des aftrologues du cirque ,
» ni des prognoftiques d’Ifis, ni des interprètes des
» fonges ; car ils n’orft ni l’art ni la fcience^ de devi-
» ner ; mais ce font des difeurs de bonne-avanture
» ou fuperftitieux, ouimpuderts, ou.fainéans, ou
» fous ,. ou des gens qui fe laifl’ant maîtrifer par la
»» pauvreté , fuppofent des prophéties pour attirer
» du gain ; aveugles, ils veulent montrer le chemin
» aux autres , &£ nous demandent un drachme en
» nous promettant des tréfors ; qu’ils prennent cette
».drachme fur ces tréfors , &C qu’ils nous rendent le
» refte ». ( D . J .)
ON1VAU , (Hifioire nat. Bot. ) arbre de l’île de
Màdagafcar, qui produit uneefpece d’amande très-
bonne à manger, & dont on tire de l’huile.
ONIUM, ( Géog.facrée. ) Onifim dans la vulgate,
& o’vîov dans le grec , eft le nom qu’on donna au temple
qu’Onias IV. fit bâtir en Egypte, fur le modèle
de celui de Jérufalem , 150 ans avant l’ere vulgaire.
D . Calmet vous en inftruira fort au-long, Ôcjo-
fephe , /. V II. de bello jud. c. x x x , vous en donnera
la defeription. Lupus, préfet d’Egypte fous le régné
de Vefpafien, ferma ce temple vers l’an 73 de l ’ere
commune, environ 223 ans après fa fondation. Paulin
, fucceflcur de Lupus , en enleva tous les orne-
mens & les richeffes, & en fit murer les portes. T el
fut la fin du temple d’Onium.
ONKOTOMIE, f. f. terme Chirurgie, eft l’opération
de l’ouverture d’une tutnfeur ou d’un abfcès.
C e mot eft formé du grec ovxec, tumeur, &t rty.vu,
je coupe. Voyey A b SCÈS. & INCISION. ( T )
ON OBA, (Géog. anc.) ville d’Efpagne dans la
Bétique chez lesTurdules. Pline, l. I II. c . j , la met
dans les terres. Ptolomée en établit la long, à 6d. io '.
& la lotit, à 3 6d. 20'.
Il ne faut pas confondre cette ville avec Onoba
(Rfiuaria ; cette derniere étoit dans la Bétique au
pays des Turditains, au bord de la mer & au couchant
de l’embouchure orientale du.fleuve Boetus
ou Guadalquivir ; c’eft préfentement Gibraléon.
ONOBRYCHIS, ( Botan. ) on peut carattérifer
ce genre de plante en deux mots : fes goufles font
coupées en crete de coq , & renferment une fe-
mence qui a la figure d’un petit rein. Ses fleurs font
légumineufes, difpofées en épis longs & épais.To.ur-
nefort en compte fix efpeces ; nous décrirons la principale
fous ion nom françois, qui eft Sa infoin.
{ D . J •)
ONOCENTAURE, f, m. (Gramm.) monftre fabuleux
, moitié homme, moitié âne.
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ONOCROTALE, v o y t^ P é l i c a n *
ONOLOSAT ou O BOLE, poids des anciens, pe-
fant un demi fcrupule.
ONOMANCIE,o«ONOMAMANCIE,o«ONO-
MATOMANCIE, f. f. (Divin.) divination par les
noms ou l’art dé prélagqr par les lettres d’un nom
d’une perfonne , le bien ou le mal qui lui doit arriver.
Le mot onomancie pris à la rigueur devroit plutôt
fignifier divination y** les ânes que par les noms ,
puifqu’oi'oç en grec lignifie âne. Auffi la plupart des
auteurs difehc - ils onomarnancie 6c onomatomancie,
pour exprimer celle dont il s’agit ic i , & qui vient
d’ovo/xa., nom , & de fj-arruct, divination.
L’onomancie étoit fort en ufage chez les anciens..
Les Pythagoriciens prétendoient que les efprits, les
aérions & les fuccès des hommes étoient conformes
à leur deftin , à leur génie, & à leur nom. Platon
lui-même femble incliner vers cette opinion, 6c
Aufone l’a exprimée dans ces vers :
Qiialem creavit moribüS ,
Jujfit .vocari nomine
Mundi fupremus arbiter.
Le me lire auteur plaifante l’ivrogne Meroé fur ce
que fon nom fembloit fignifier qu’il bûvoit beaucoup
de vin pur, merum, merum. On remarquoit auffi
qu’Hypolite avoit été déchiré & mis .en pièces par
fes chevaux, comme fon nom le portoit. Ce fut par
la même raifon que S. Hypolite martyr dut à fon
nom le genre du fixppüce que lui fit louffrir un juge
païen, félon Prudence.
Illt fupinatâ tefidens, cervice , qui s inqùit,
Dicitur ? affirmant dicier Hypolituïn ;
Ergofit Hypoli tus , quatitat turbetque jugales
Irttcreatque feris dilamatus equis.
De même on diloit d’Agamemnon que , fuivant
fon nom, ildevoit refter long-tems devant T roie,
& de Priant qu’il devoit être racheté d’efclavaga
dans fon enfance. C ’eft encore ainfi , dit-on, qu’Au-
gufte la veille de la bataille d’Aérium ayant rencontré
un homme qui conduifoit un âne , & ayant appris
que cet animal fe nommoit nicon , c’eft-à-dira
victorieux , 6c le conducteur Eutyches , qui fignifie
heureux, fortuné, tira de cette rencontre un bon
préfage de la victoire qu’il remporta le lendemain,
& en mémoire de laquelle il fonda une ville fous le
nom de Nicopolis. Enfin on peut rapporter à cette
idée ces vers de Claudius Rutilius :
Nominibus certis credam decurrere mores ?
Moribus aut potius nomina certa dariï
C ’eft une obfervation fréquente dans l’hiftoire ,
que les grands empires ont été .détruits fous des
princes qui portoient le même nom que ceux qui les
avoient fondés. Ainfi la monarchie des Perfts commença
par Cyrus fils de Cambyfe , & finit par C y-
rus fils de Darius. Darius fils d’Hyftafpes la rétablir,
& fous Darius fils d’Arfamis elle pafià au pouvoir
des Macédoniens. Le royaume de ceux-ci avoit été
confidérablemeut augmenté par Philippe fils d’A-
myntas ; un autre Philippe fils d’Antigone le perdit
entièrement. Augufte a été le premier empereur de
R om e , 6c l’on compte Auguftule pour le dernier.
Conftantin établit l’empire à Conftantinople, & un
autre Çonftantin le vit détruire par l’invafion des
Turcs. On a encore oblèrvé que certains noms font
çonftamment malheureux pour les princes, comme
Caïus parmi les Romains , Jean en France, en Angleterre
6c en Ecofle , 6c Henri en France-
Une des réglés de l ’onomancie parmi les Pythagoriciens
, étoit qu’ un nombre pair de voyelles dans le
nom d’une perfonne fignifioit quelqu’impeifeûion
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